mardi 13 mai 2025

Vous voulez que les enfants deviennent de bons lecteurs et qu’ils aiment les livres?


Par Anne Gillain Mauffette

Photo Anne Mauffette

À ma grande surprise et déception, j’ai appris, dans le Portrait régional 2024 de l’Outaouais*, que 49.9% des enfants de cinq ans n’étaient jamais allés à la bibliothèque de leur municipalité ou leur quartier ou très peu souvent. C’était la même chose pour les enfants dans le reste du Québec!

Il y a donc là un apprivoisement à faire, tant pour les enfants que pour les parents.

Et les garderies, CPE et maternelles ont un rôle à jouer comme médiateurs de cette expérience.

Les parents qui ne fréquentent pas les bibliothèques, n’y vont pas pour toutes sortes de raisons : pas de bibliothèque à distance de marche, ils sont trop occupés, n’en voient pas l’utilité n’étant pas des  lecteurs enthousiastes, sont intimidés n’ayant pas eux-mêmes eus cette occasion, ne parlent pas encore bien la langue française, ne savent pas que c’est gratuit, etc.

Il y a aussi des parents qui trouvent trop compliqué la gestion des livres : ceux de la maison, de l’école et de la bibliothèque.  Danielle Jasmin proposait cette idée aux parents : un sac réservé aux  livres de bibliothèques.

Quant à ceux qui n’y retournaient pas à cause des arrérages de frais de retards, ceux-ci ont été annulés dans la plupart des bibliothèques.

Je sais que les éducatrices et enseignantes ont des livres dans leurs locaux et que dans la plupart des écoles, il y a encore des bibliothèques (à moins qu’on manque de locaux) que tous les cycles peuvent fréquenter y compris les maternelles.

Certaines enseignantes de maternelles ont des systèmes de prêt qui permettent aux enfants d’emprunter un livre et l’amener à la maison dans un sac à dos prévu à cet effet.

Mais si on veut que les parents s’impliquent régulièrement dans des activités de lecture avec leurs enfants, il faut qu’ils puissent acquérir des livres et ceux-ci coûtent cher. Heureusement les bibliothèques municipales, elles, sont gratuites. Il faut juste oser y aller. Pour certains parents, ce n’est pas évident. Ils ont besoin, au début, d’un petit coup de pouce et d’un accompagnement.

Photo Danielle Jasmin

Se faire lire des histoires est un des facteurs déterminant dans le développement du goût de la lecture. Le contact parent-enfants (ou grand parent) pendant la lecture qui allie la voix, la proximité et l’affectif, en  est un élément fondateur. La variété des textes lus, diversifie le vocabulaire et enrichit les connaissances acquises sur toutes sortes de sujets (des facteurs de maturité scolaire).

Une collègue ayant enseigné à Enfant Soleil à Montréal, dans un milieu à caractère multiethnique, me disait qu’elle avait facilité l’accès des familles à la bibliothèque en organisant des activités en collaboration avec la bibliothèque locale.

Elle avait d’abord invité, à une rencontre de parents-enfants, une bibliothécaire. Celle-ci avait d’abord raconté une histoire aux enfants qui étaient ensuite allés jouer et avaient poursuivi avec les parents pour leur expliquer les différents services offerts. Ceci est encore possible.  Certaines «maternelles quatre ans» le  font d’ailleurs déjà, lors de leurs rencontres obligatoires avec les parents.

La bibliothèque peut aussi fournir à l’éducatrice ou l’enseignante des formulaires que les parents pourront remplir sur place, ce qui facilitera l’inscription des enfants lors de leur visite à la bibliothèque. Il restera alors à prendre la photo de l’enfant et faire faire une carte plastifiée.

Ensuite, elle avait proposé une deuxième activité où parents et enfants étaient invités à la bibliothèque avec leurs enfants pour se familiariser avec les lieux et le fonctionnement. Vérification faite, il y a encore des animatrices qui accueillent des groupes pour les aider à apprivoiser ce nouvel environnement.

En fait, en communiquant avec votre bibliothèque, ils pourront personnaliser leurs services selon vos besoins.

On pourrait commencer par demander aux enfants s’ils vont à la bibliothèque. Qu’est-ce qu’une bibliothèque? Comment ils y vont? Selon les milieux, cela va sans doute être assez variable.

Puis, au besoin, contacter la bibliothèque du quartier de l’école et établir les collaborations possibles.

Les bibliothécaires veulent intensifier leurs relations avec les milieux éducatifs. Elles peuvent organiser des animations en milieu familial, en garderie, CPE ou en classe et bien sûr à la bibliothèque.

Photo Anne Mauffette

Elles peuvent aussi vous aider pour avoir une rencontre d’auteur par exemple.

Il est encore temps de faire un saut à la bibliothèque d’ici la fin de l’année.

Les enfants vont sans doute aimer et vont en parler avec leurs parents. Si vous leur fournissez les coordonnés de la bibliothèque (adresse, site internet) sur un petit signet par exemple, cela leur facilitera la tâche. Les parents prendraient peut-être l’habitude d’y aller pendant l’été alors que leur horaire est un peu plus flexible.

Et en préparant le terrain pour l’année suivante nous arriverons peut-être ensemble à faire bouger ces statistiques vers le haut!

Je sais, que lorsque la bibliothèque est trop éloignée du milieu éducatif, cela veut dire des frais de déplacement, car il est révolu le temps où on pouvait simplement demander à  quelques parents de transporter les enfants. Mais quand on considère qu’une des fonctions du préscolaire est de favoriser l’émergence de la lecture/écriture et d’établir de bonnes habitudes de vie non seulement dans l’alimentation et l’exercice mais intellectuellement, nous devons trouver des moyens pour que les garderies, CPE, les écoles intègrent dans leur budget et leurs activités des visites à la bibliothèque. Et que le personnel de ces milieux encourage les familles à en faire une de leurs occupations régulière.

J’imagine même qu’il serait possible, si notre petite communauté de parents était suffisamment développée, que des jumelages puissent être faits entre parents possédant une auto et d’autres non, pour qu’ils planifient ensemble des visites à la bibliothèque. D'ailleurs, des parents font déjà du covoiturage pour des activités sportives ou culturelles.

Mais c’est à nous de commencer la ronde : en  aidant les parents pour qu’ils en voient les  avantages et s’y sentent accueillis et à l’aise; cela les incitera sans doute à fréquenter ces lieux de culture.

Si leurs enfants y trouvent du plaisir et eux aussi, ils risquent d’y retourner…

 À suivre donc.

 

* Portrait régional 2024 Outaouais. Dans quels environnements grandissent les tout-petits au Québec? L’Observatoire des tout-petits.

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