mercredi 26 juin 2019

La bienveillance, la joie, le jeu

par Anne Gillain Mauffette
Une lecture pour mieux comprendre nos enfants :



Pour les parents :  Vivre heureux avec son enfant (2014), 
Un nouveau regard sur l’éducation au quotidien, grâce aux neurosciences affectives

et pour les éducatrices et enseignantes :  Pour une enfance heureuse (2015),
Repenser l’éducation à la lumière des nouvelles découvertes sur le cerveau 

 par Catherine Gueguen, aux éditions Robert Laffont,

«L’enfant jusqu’à 5-6 ans dérange. Il vit et pense différemment de l’adulte. Son énergie vitale considérable le pousse à courir, grimper, explorer. Son enthousiasme est débordant. Il est curieux, il veut toucher à tout, comprendre, jouer. Souvent ses rêveries le conduisent dans l’imaginaire. Il ne vit pas dans le devoir. Il n’a pas la notion du temps et ne se soucie pas à la réalité quotidienne. Toutes ces particularités inhérentes à l’enfant perturbent de nombreux adultes qui souhaiteraient «qu’il rentre dans le rang»…« Il faut qu’il soit sage, qu’il ne bouge pas dans tous les sens, qu’il reste assis tranquillement, qu’il obéisse aux ordres, qu’il soit propre, ordonné, etc. bref…qu’il ne soit plus un enfant.»

Pour une enfance heureuse, P. 194 


Voici comment Catherine Gueguen décrit les jeunes enfants. Les reconnaissez-vous? Dans ses deux livres, elle explique clairement aux parents, aux éducatrices et aux enseignantes ce qui favorise le développement du cerveau de l’enfant (la bienveillance, la joie, le jeu) ou l’inhibe (le stress, l’anxiété, la violence éducative ordinaire). 

Ses vidéos sur YouTube sont aussi des plus intéressantes : 

À voir lorsqu’on a un 13 minutes de temps libre : Et si on changeait de regard sur l'enfant ? | Catherine Gueguen 



samedi 15 juin 2019

Sélectionner, classifier, ordonner



Cette vidéo est une première sur notre toute nouvelle chaîne YouTube.
C'est une première d'une série qui vise à illustrer comment l'enfant apprend en s'inventant des jeux, ce qu'il apprend, et comment l'observer au vol pour mieux le soutenir dans ces apprentissages.

Les voix des enfants

Voices of Children Documentary from COMOVA on Vimeo.


Un petit film avec un grand coeur, par la World Forum Foundation, qui réunit des professionnels
de la petite enfance de 151 pays, un film pour susciter la réflexion, le partage d’idées sur les services
de qualité pour les jeunes enfants.


Des enfants à travers le monde expriment leurs désirs, leurs préoccupations: ils voudraient rire et courir davantage,
de la gentillesse, plus de justice. Ils nous font visiter avec fierté leurs environnements.
On y voit de l'entraide, des amitiés, des gestes quotidiens différents mais en même temps semblables.
On y sent leur vivacité, leur énergie, leur intelligence. Cela m'a beaucoup émue.
Les paroles des enfants ne sont malheureusement pas traduites en français mais on comprend leurs besoins
fondamentaux de bouger, de relations.

Et vous, quel message entendez-vous?

jeudi 6 juin 2019

Méfiez-vous du Guide à l’intention des équipes-écoles

Par Anne Mauffette
et Marie B. Jobin
Ce nouveau guide a soulevé notre inquiétude :
Une transition des apprentissages de l'écrit entre la maternelle et la première année, oui, l’intention paraît louable, mais à la lecture on s’aperçoit que cela pourrait devenir un carcan de plus, susceptible d'emprisonner les enseignantes de maternelle et diminuer encore leur autonomie professionnelle, si leur ordre d'enseignement n'est pas reconnu : les enseignantes à la maternelle ont développé des compétences particulières pour le niveau où elles enseignent, ont adopté des manières différentes d'aider les enfants à progresser, les plus jeunes ayant leurs propres façons d'apprendre, par le jeu libre par exemple.

Si les autres membres de l'équipe ne sont pas sensibilisées à l'approche différente au préscolaire, notamment l'approche par le jeu libre, elles pourraient avoir tendance à mettre des pressions sur l'enseignante de maternelle pour adopter des approches plus traditionnelles structurées en grand groupe, moins adaptées à l'âge des petits, au détriment des périodes de temps précieux réservées aux jeux actifs adaptés au développement global, ce qui constitue la mission première du préscolaire.
Si on suit le protocole de ce guide, l'enseignante de maternelle risquerait alors d'avoir 4 patrons :
  1. L’enseignante de première année avec laquelle elles vont co-enseigner. Ensemble, elles vont «s’approprier les pratiques et le matériel exploité dans les deux ordres d’enseignement», «ajuster les contenus» lors de rencontres obligatoires. S'il y a deux ordres d'enseignement, c'est donc qu'on devrait reconnaître que chacun a ses spécificités pour le niveau où elles enseignent. Qui va s’adapter à qui? La maternelle devra-t-elle adopter des approches particulières au programme de première année? L'enseignante de première année sera-t-elle prête à adopter des approches de la maternelle en début d'année? L’enseignante de 1ere année fait un suivi des  élèves (on ne dit pas enfants) de la maternelle.  
  2. C’est l’orthopédagogue qui a « le leadership en ce qui a trait aux évaluations » (dont la fréquence et les dates sont prédéterminées) qui établit «des bilans d’apprentissages» «planifie des interventions avec l’enseignante». L’enseignante devra-t-elle obligatoirement adopter les méthodes prônées par l’orthopédagogue?
  3. La conseillère pédagogique qui «ira dans les classes, une fois par mois, expérimenter avec les enseignantes de nouvelles approches issues de la recherche». Ces approches leur seront-elles imposées ensuite? Voir : La recherche en éducation.
  4. La direction qui organisera les horaires de rencontre, une journée d’ateliers d’écriture de contes ainsi qu’en juin, une rencontre avec l’orthopédagogue, les enseignantes de maternelle et de première année pour planifier le plan de transition.
Les enseignantes seront donc très encadrées, pour ne pas dire surveillées, dans leurs façons de soutenir le développement de la compréhension et l’utilisation de l’écrit des enfants. Quelle latitude auront-elles pour enseigner selon leurs valeurs, styles et connaissances?
Tout cela est énoncé sur un ton péremptoire  et non comme des propositions ou suggestions d’idées.
On y parle «d’attentes graduées», de « lignes du temps concernant les attentes», « d’enseignement tantôt ludique, tantôt plus formel», de «carte de sons» (on revient aux flash cards!), de« périodes d’écriture libre inscrites à l’horaire» (pour tous, tous en même temps), de «maintien du calendrier et des «objectifs» ciblés, prédéfinis. Où est le respect du rythme de l’enfant, de l’évolution de son cerveau et de la diversité des parcours? Où est l’enfant?
Enfin, on remarque que dans les partenaires on a complètement oublié les parents!
L’apprentissage de la lecture et de l’écriture est très important, personne ne peut le nier. Cependant, l'ajout à l'horaire d'un temps consacré à des exercices dirigés obligatoires de pré-lecture et de pré-écriture peut mettre en péril le temps précieux et nécessaire qu’on prend pour parler et écouter avec les enfants, pour se raconter des histoires, regarder des livres de recettes, peindre des affiches pour jouer au magasin, le temps de faire semblant d’être lecteur et scripteur dans les jeux inventés par les enfants, les jeux libres, le temps d'encourager les enfants à trouver un sens au langage écrit, ce qu'on nomme "l'émergence de l'écrit".
Personne n’est contre la réussite scolaire, au contraire, cependant le jeu libre est nécessaire au développement d’habiletés, de compétences et d’attitudes pour une transition réussie vers la première année et du succès dans toutes les matières de l'école primaire.
On ne peut être contre toute activité dirigée non plus, elles sont utiles et nécessaires aussi : la causerie, le calendrier et l’ordre des activités de la journée pour construire la notion du temps, notion qui permet à l’enfant de s'orienter lui-même dans le temps, d’anticiper, de planifier lui-même ses projets et les mener à terme, de créer en tenant compte du temps et le matériel disponibles.
Seulement, si l’ajout de trop activités dirigées prennent toute la place, et qu’il n’en reste plus suffisamment  pour les jeux libres, il y a déséquilibre et carences dans les apprentissages. Si, dans certains milieux, l’enseignante au préscolaire se sent en minorité, incomprise de sa direction, des enseignantes de 1ere année, de l’orthopédagogue et autres professionnels qui n’ont pas été formés, ni conscientisés à l’importance du temps consacré au jeu libre pour apprendre à cet âge, cette enseignante au préscolaire risque de perdre, de guerre lasse, son autonomie professionnelle qui lui donne le droit d’utiliser sa formation, son observation et son jugement professionnels pour choisir et doser les activités d’apprentissages selon les besoins de son groupe.
“ (...)une croyance populaire stipulant que le ludique est antipode du sérieux place l’enseignant de la maternelle dans une situation délicate lorsqu’il est appelé à enseigner par le jeu. Au Québec, Lessard et Tardif (2003), soulignent que la «pédagogie du jeu, centrale en maternelle […], apparaît comme un élément de la facilité» (49) et représente un facteur d’exclusion des enseignantes du préscolaire par le corps enseignant de l’école.” Krasimira Marinova

C’est un pensez-y bien, une enseignante avertie, bien préparée, en vaut deux ....




dimanche 2 juin 2019

Sur le toit de la maison!


Prendre des risques et développer l’estime de soi
par Anne Mauffette et Marie Jobin


Prendre des risques, c’est un élément très intéressant du jeu libre. De façon naturelle, les enfants se donnent des défis à relever, et l’élément du risque est attirant.

Dans cette vidéo, pendant les jeux libres, prise en salle de jeux communautaire, les enfants  nous disent clairement leur besoin de grimper. Pourquoi sont-ils ainsi attirés par les hauteurs: un sentiment de puissance peut-être, être pour une fois plus grand que les adultes, les «dominer » comme ils le sont par nous à cause de notre taille? Est-ce parce qu'ils ont ainsi une vue d'ensemble sur ce qui se passe dans la pièce? Est-ce un petit endroit pour se retrouver entre complices ? On peut répondre oui à toutes ces questions.

On sait que l'exercice de grimper renforce les muscles de tout le corps, mais il amène aussi une plus grande densité osseuse, ce qui rend les enfants moins susceptibles aux accidents (au parc, etc.). L'habileté qu'ils développent va être transférée à d'autres situations. On voit, dans cette vidéo, l'audace de l'une, sa détermination, sa force, sa coordination, sa capacité à trouver des alternatives , à résoudre des problèmes donc. Par son exemple, elle stimule l'autre enfant à essayer. Cette dernière nous montre qu'elle est capable de demander de l'aide s'il le faut.

L'adulte est là pour étayer l'action (parfois, juste un petit soutien, une douce poussée suffit) et rendre l'activité sécuritaire. Tous les enfants juchés expriment leur fierté, leur plaisir. Ce goût de l'escalade, on le retrouve chez les enfants du monde entier. Quelles autres occasions ont-ils de le faire dans cet environnement ou un autre qu'ils fréquentent?

Les essais, les erreurs, ainsi que la recherche pour résoudre les problèmes, contribuent à construire une bonne estime de soi.
  • Qu’est-ce qu’une bonne estime de soi ?
  • Comment est-ce que la prise de risque y contribue?
  • Quel est le rôle de l’adulte, pour permettre et encourager l’enfant ?
Qu’est-ce qu’une «bonne» «estime» ?
Le qualificatif «bonne» ici, a le sens de «juste» ou «justesse». Ni trop, ni pas assez. Surestimer ou sous-estimer, ne sont pas de «bons» estimés de nos capacités réelles. «Estimer» a le sens de juger, en considérant l’expérience, et évaluer pour prévoir. Pour faire un «bon» estimé, il faut avoir fait des expériences pour pouvoir évaluer la situation présente et comparer avec son expérience. Pour l’enfant, ses capacités sont en constante évolution, et il doit constamment expérimenter pour réviser l’évaluation qu’il fait de ses capacités.
Afin de prendre des décisions, l’enfant a avantage à tenir compte de ses capacités, et pour ce faire de développer une bonne estime de soi.

Comment est-ce que la prise de risques contribue à une bonne estime de soi?
Pour pousser toujours plus loin ses capacités, l’enfant prend des risques. C’est comme ça que non seulement il ajuste l’estimation qu’il a de ses capacités grandissantes, mais aussi il bâtit sa confiance en sa capacité de prendre des risques : c’est un cercle vertueux.

Le rôle de l’adulte ?
L’adulte doit-il intervenir? C’est une question de jugement, mais d’abord d’observation de la part de l’adulte. L’adulte observe les jeux jeux libres de l’enfant : d’après son tempérament plus craintif ou plus fonceur, l’enfant balance entre la peur et l’excitation, il prendra de plus petits risques à la fois, aura plus ou moins besoin d’être rassuré. S’il n’y a pas de danger, l’adulte prend le temps d’observer afin de juger s’il doit intervenir ou non. L’adulte accorde à l’enfant le temps de prendre des initiatives, de faire des essais, de réévaluer et essayer encore, de résoudre par lui-même et à sa manière les  problèmes qui se posent à lui. L’adulte peut partager le sourire victorieux de l’enfant!

Quelques idées d’expériences à faire à l’extérieur

  Par Anne Gillain Mauffette Il ne s’agit pas de reproduire une classe à l’extérieur avec tableau etc. mais de profiter de ce que l’exté...