mardi 6 septembre 2022

Intervenir ou pas dans le jeu libre des enfants au préscolaire?


Par Anne Gillain Mauffette



C’est la question que des parents, des éducatrices et des enseignantes en maternelle se posent.

Ce sera le sujet de cet article.

Le rôle de l’adulte dans le jeu des enfants est un sujet de débat depuis des décennies et en particulier dans le jeu dit  «libre».

Qu’est-ce que le jeu libre?

«Le jeu est la forme la plus élevée de recherche» 2(Einstein).

Le jeu totalement libre n’existe pas puisqu’il est toujours soumis aux conditions qu’on réserve au jeu spontané des enfants : temps alloué, environnement, matériel, camarades et permissivité, etc.

Mais il se distingue par la liberté de choix des enfants dans ce qu’ils font: ils initient et contrôlent le jeu, l’orientent selon leurs intérêts, préoccupations et imaginaires.










 Un bateau

Photo:  GardenGate Development Centre

Le jeu libre contribue au développement social et cognitif. Il développe entre autres : l’autorégulation sociale, émotionnelle et cognitive, l’autonomie, l’agentivité, un sentiment de contrôle et d’estime de soi, la motivation, la créativité, la coopération, la pensée symbolique, la perspective de l’autre, l’élaboration de concepts et théories, la résolution de problèmes et de conflits ainsi que le langage.

La coopération


Photo:  Garden Gate Development Center


 Dans le jeu libre les enfants raffinent leurs comportements, apprennent la citoyenneté; c’est une véritable école de la démocratie. Sans oublier son aspect thérapeutique (diminution du stress et développement de la résilience).

Le concept de jeu libre implique qu’il est, en principe, libre d’objectifs de développement prédéterminés, imposés par l’adulte et que l’enfant est libre de choisir le contenu de son jeu, avec quoi et avec qui il veut jouer. Il peut aussi décider de modifier ou interrompre le jeu à son gré.

Mais l’adulte futé sait que le matériel choisi et mis à la portée des enfants, porte en lui des apprentissages possibles. Cependant, il va falloir les déduire grâce à ses observations des enfants au jeu. En préparant le contexte qui permet aux enfants d’explorer, de jouer, l’adulte intervient déjà fortement et conditionne en quelque sorte les possibilités d’actions des enfants.



L’environnement

Photo:  GardenGate Development Center

 

 









De plus, il y a des règles implicites ou explicites régies par l’adulte et qui vont varier selon sa conception des enfants et de l’apprentissage, sa confiance dans le potentiel du jeu, sa tolérance au mouvement, au bruit, au « désordre», aux « dégâts», sa sensibilité à certains thèmes, sa perception du risque et du danger, sa culture, son genre.

Dans une approche interactionniste, on croit que les enfants enrichissent leur pensée en observant les autres et en intégrant certains schèmes et concepts dont l’autre fait la démonstration. C’est pourquoi nous encourageons la mixité des groupes (différents milieux socio-économiques, culturels, etc.).

Il s’agit d’une approche holistique de l’enseignement/apprentissage basée sur l’engagement des enfants dans le jeu auto dirigé et qui permet d’explorer et de concrétiser les concepts (mathématiques par exemple).

Explorer des concepts

  

Le jeu est une façon pour les enfants d’apprendre sur le monde et à apprendre à interagir aves les personnes, les matériaux, la nature. Comme des scientifiques, ils vont découvrir comment les choses fonctionnent.

Ils découvrent leurs corps et tout ce qu’il peut faire.

            Photos:  Garden Gate Development Center             Motricité globale (danse)
Avec mes deux mains, je peux...

Dans le jeu libre, les enfants créent en quelque sorte leur propre curriculum et les méthodes et contenus de leurs apprentissages. Ils y organisent leurs connaissances et découvrent leurs compétences et certains nouveaux intérêts.

Voir : La construction et l'apprentissage

https://jeulibrequebec.blogspot.com/2019/04/la-construction-et-lapprentissage.html

et : Ce qu'un enfant apprend en faisant de la peinture:

https://jeulibrequebec.blogspot.com/2021/08/ce-quun-enfant-apprend-en-faisant-de-la.html

Compétences et analyse des activités à la maternelle: le modelage: la Pâte à modeler et la glaise :

https://jeulibrequebec.blogspot.com/2021/08/analyse-des-activites-le-modelage-la.html

 

On cherche aussi comment l’intérêt de l’enfant peut être utilisé pour enrichir les possibilités d’apprentissage (un enfant qui collectionne les cailloux  par exemple, va nous inciter à ajouter des livres sur les minéraux, du matériel pour les peser, un autre s’intéresse à la menuiserie, etc.).

 

Faut-il intervenir dans le jeu libre des enfants? Cela dépend.

Pour les tout jeunes enfants, la participation de l’adulte est essentielle. Le jeu est une pratique culturelle apprise : le jeu symbolique, par exemple, s’apprend dans les échanges et significations mutuelles, le langage aussi.

                                        Photo : Anne Mauffette

 

Mais après, est-ce nécessaire, profitable?

Et si oui, pourquoi, quand, comment, pour qui? Faut-il intervenir directement ou indirectement?


Les actions de l’adulte peuvent être multiples :

Mais avant d’intervenir :

«Faisons un pas de côté et laissons la place à l’apprentissage, observons attentivement ce qui se passe et ce que les enfants peuvent faire, et puis, si nous comprenons assez bien, peut-être que notre enseignement sera différent.» Malguzzi

Intervenir auprès de qui?

Certains enfants vont avoir besoin d’un soutien temporaire dans leur jeu.

-          Certains enfants ne savent pas, ou ont désappris à jouer et auront besoin d’un coup de pouce. L’adulte va soit faire du jeu parallèle et en variant les gestes pour les inciter à oser ou leur proposant de jouer avec eux ou encore les pairant avec un camarade bienveillant, au jeu plus mature.

 

-          Certains enfants n’osent pas utiliser le matériel de façon originale de peur de se faire gronder. Il faut donc les encourager à faire des essais et des erreurs.

 

-         D’autres manquent de confiance en eux («je ne suis pas capable») et auront aussi besoin d’encouragements.

-          Certains sont hésitants à rentrer dans un jeu et seront plus observateurs. Les aider à devenir des acteurs. D’autre peuvent être malhabiles pour s’insérer dans un jeu et ont besoin d’apprendre à observer le jeu des autres d’abord pour trouver une fenêtre, un rôle à jouer dans le jeu.  Certains ne savent pas comment demander de participer à un jeu déjà commencé ou n’oseront pas de peur d’être rejeté. L’adulte accompagnera l’enfant dans sa démarche d’observation et d’intégration. Au besoin, l’adulte proposera aux joueurs; « Vous semblez avoir besoin d’un réceptionniste dans votre clinique vétérinaire, peut-être que X pourrait jouer ce rôle?». Certains ont encore de la difficulté à s’exprimer : on leur donnera les mots qu’il faut pour entrer en relation avec les autres.

 

-          Certains enfants ont tendance à répéter inlassablement les mêmes scénarios        (souvent inspirés par les médias) et auront besoin d’aide pour varier ou complexifier ceux-ci et étendre leur zone proximale de développement. Cela peut se faire par la lecture d’histoires connexes, en posant des questions : «Il fait quoi, après, ton personnage?» ou en introduisant des variantes. Par contre si un enfant qui va souvent faire des constructions et que ses constructions sont de plus en plus complexes ou collaboratives, cela ne pose pas de problème.

 

 Certains choisissent toujours des jeux solitaires (style casse-tête). Trouver des moyens pour les amener vers des jeux associatifs puis collaboratifs.

 

Voir aussi : Faciliter le jeu sociodramatique de haut niveau et en particulier celui des enfants issus de milieux économiquement moins favorisés.

Vous y trouverez plus en détail certaines caractéristiques du jeu de certains enfants ainsi que d’autres exemples d’interventions possibles :

https://jeulibrequebec.blogspot.com/search?q=Favoriser+le+jeu+sociodramatique

 

Quand

- Avant le jeu

Établir un climat où les enfants se sentent en confiance et en sécurité, savent qu’ils peuvent commettre des erreurs sans être jugés où ils peuvent s’exprimer et essayer des choses.

S' exprimer                    Mélanger les couleurs


Préparer un environnement qui permette le développement d’attitudes scientifiques, de pensée critique  et d’expression en  proposant du matériel ouvert qui invite à l’exploration et aux découvertes, à la créativité et aux relations.

Vidéo: https://fb.watch/flM2ws4O23/                        Photo: Garden Gate Development Centre                                

Il ne s’agit pas de choisir d’avance des thématiques mais de planifier l’espace, de réfléchir sur les matériaux les plus à même de favoriser l’épanouissement des enfants dans toutes leurs sphères de développement.

 

-En dehors du jeu, pendant le jeu

«On peut en apprendre plus sur une personne dans une heure de jeu que dans une année de conversation» 2 (Platon)

· Observer et documenter le jeu.

Les enfants communiquent d’importantes informations dans leur jeu libre par rapport à leurs histoires de vie, ils nous montrent ce qui leur arrive, comment ils se sentent, ce dont ils ont besoin. En les regardant, les écoutant et en tentant d’interpréter les significations de leur jeu, on va apprendre à les connaître et les comprendre à travers leur jeu.

Observer les enfants dans leur jeu libre est une occasion de voir à quoi ils pensent, comment ils pensent, ce qu’ils ressentent et ce qu’ils cherchent à comprendre. Pour cela il faut pratiquer une écoute attentive.  On y découvre ce qu’ils savent, savent faire, leurs théories.  Observer aussi, le mouvement, l’énergie, le non verbal qui irriguent le champ interpersonnel. Observer les dires, les non dits, les actions, les gestes faciaux mais aussi les pauses que fait l’enfant qui prend conscience sur les effets de son action et réfléchit sur ses possibilités d’actions. Cette habileté de réfléchir sur ses actions les amène vers la pensée abstraite.

 

Observer les individus mais le groupe aussi. Observer les expériences socio-émotionnelles des enfants dans le jeu. Qui joue avec qui? Comment les idées émergent et sont communiquées? Qui initie? Qui écoute-t-on?

Observer le jeu spontané des enfants aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur car les jeux et relations sont différents et donc les apprentissages aussi.


On peut prendre des notes, mais aussi des photos ou enregistrer (vidéos, audio) des séquences de jeu.

· Identifier leurs intérêts, leurs émotions, leurs relations (qui initie, qui suit, qui évite…).

· Identifier les thématiques abordées de façon explicite ou sous jacente (les super héros traitent de pouvoir, les petits minous, peuvent témoigner soit d’un désir d’attention et d’affection ou de la famille).

· Identifier les enfants timides, malhabiles à s’insérer dans le jeu d’autrui, ceux qui ne savent pas jouer ou dont le jeu est peu complexe.

· Observer le niveau de jeu de chacun (tenir et persévérer dans un rôle, capacité de substitution, de verbaliser des actions et situations sans les jouer, interagir avec plusieurs joueurs, durée du jeu, nombre et longueur des échanges,  la compréhension sociale démontrée, etc.).

· Observer l’environnement : y a-t-il des coins moins utilisés. Cherchez à voir ce qui rendrait le coin plus attrayant. Demandez- aux enfants pourquoi ils ne vont pas souvent dans ce coin-là, qu’est-ce qu’il manque? Est-ce que autre chose serait plus pertinent? Ou des coins surchargés ou accaparés par certains? Des coins où il y a plus de conflits? Pourquoi (manque de matériel pour tous par exemple)?

 

· Aider les enfants à organiser leur jeu (cela peut aussi se faire avant) : « On pourrait bouger ces tables pour vous faire plus de place…»

· Rediriger un jeu qui incommode d’autres enfants, qui pose des risques excessifs ou qui a tendance à devenir violent.

­- À proximité du jeu :

·Faire des rotations dans tous les coins de jeu (attention, il y a des activités qui nous attirent plus que d’autres). Manifester son intérêt par sa présence discrète.

· Y a-t-il des enfants qui ont besoin de soutien (pour entrer dans le jeu, persévérer dans le jeu, pour s’entendre avec les autres, pour tempérer leurs réactions)? D’être encouragés par un sourire, un commentaire bienveillant, une question?

Pourrais-je leur fournir quelque chose qui les aiderait dans leur jeu en ce moment?

 

- Dans le jeu

· Être co-joueur si on y est invité, sans toutefois accaparer le rôle de leader du jeu. Laisser les enfants nous dire quoi faire : « Tu dirais ceci…» ou si le jeu s’épuise, suggérer une piste tout en acceptant qu’elle ne soit pas suivie.

· Aider une enfant qui se frustre et va sans doute abandonner : «Ton personnage en glaise ne tient pas; qu’est-ce qu’on pourrait faire? J’ai ici du fil de fer ou un bâton qui pourrait peut-être t’aider.»

· Poser des questions ouvertes : « Je me demande ce qui arriverait si…?». Éviter les questions de type factuel à connotation didactique : « Combien de dinosaures, y a-t-il, lequel est le plus gros, de quelle couleur est cet objet…» qui risquent que le jeu ne tourne court.

- Lors d’une pause dans le jeu :

· Demander aux enfants ce qui les aiderait pour continuer leur jeu

· Aider des enfants dans leur résolution de conflits au besoin

Voir la vidéo : Le jeu symbolique et la résolution de conflits. On joue au docteur 

https://youtu.be/N2InSbQelmc

 

- En dehors, après le jeu

On a parfois tendance à oublier le retour sur le jeu et le partage qui peut se faire entre enfants et adultes à propos du jeu et les extensions que l’adulte peut proposer après le jeu. Ainsi que les occasions d’enseignement/apprentissages reliés possibles.

· Est-ce que la période de jeu s’est bien passée pour eux? Quels problèmes ont-ils rencontrés?

· Poser des questions pertinentes c’est-à dire en lien avec les intérêts et la pensée du moment (et non pas avec une visée didactique).

· Revisiter avec les enfants les séances enregistrées ou les photos prises : ils fourniront d’autres informations et vous pourrez commenter. Les revisiter avec des parents, des collègues. C’est fou ce qu’on peut constater dans une vidéo.

· Souligner et discuter des concepts abordés dans le jeu. Exemple : « J’ai vu que vous parliez d’un personnage qui était riche (ou pauvre) ou courageux ou généreux…»

Voir aussi : Concepts qu’on peut aborder dans le jeu : https://jeulibrequebec.blogspot.com/2019/04/concepts-que-lon-peut-aborder-dans-le.html

· Identifier les apprentissages observés, rendus visibles dans le jeu et les consigner : les compétences, habiletés, connaissances, stratégies démontrées. Les partager avec les enfants, les parents, les collègues.

                                                    Laissés libres, les enfants aiment explorer les lettres.

 

Pour plus de précisions sur pourquoi et comment documenter, voir :

Documenter le jeu ça sert à quoi? :

https://jeulibrequebec.blogspot.com/p/documenter-le-jeu-quoi-nca-sert.html

Et : Les lettres parlons-en (1) :

https://jeulibrequebec.blogspot.com/2021/04/les-lettres-parlons-en-1.html


· Se servir de notre documentation du jeu pour nos évaluations car celui-ci est un bon indicateur des compétences sociales et cognitives des enfants et des autres aspects de son développement.

· Ajouter ou proposer du matériel pour enrichir le jeu : Soit questionner les enfants sur ce qui les aideraient dans leur jeu ou commenter : « J’ai vu que vous aviez peut-être besoin de… Ceci vous aiderait-il?». « Aimeriez-vous mettre des noms sur vos gâteaux dans votre pâtisserie ou des prix sur les items dans votre épicerie?»

· Lire des histoires en rapport avec la thématique où les enfants trouveront du vocabulaire lié à la situation ainsi que des variantes possibles.

·  Exposer les enfants à des situations/expériences qui vont leur permettre de complexifier leur jeu : proposer une sortie en rapport avec le thème (visite de chantier par exemple, la boulangerie, une galerie d’art etc.) ou la visite d’une personne ressource. Car l’augmentation des connaissances influe sur le niveau de jeu des enfants.

                                             Photos : Garden Gate Development Centre


 

· Profiter de ce qui a été entendu pour revenir sur certaines expressions ou particularités de la langue (« J’ai entendu X dire Clémentine c’est comme Justine». «C’est une rime : est-ce que vous pourriez en trouver d’autres?»)

· Proposer des jeux dirigés de substitution pour stimuler la pensée divergente des enfants: « Qu’est-ce qu’on peut faire avec une feuille de papier, un cylindre, une boîte, un foulard?

 Photo: Garden Gate Development Centre

· Commenter sur leurs bons coups (feedback positif): « J’ai vu que untel avait aidé untel…»

· Revenir sur les stéréotypes observés, les exclusions soit directement, en discutant avec les enfants de ces problématiques ou à travers une histoire. On peut aborder les notions d’équité et de justice auxquelles les enfants sont sensibles.

· Examiner notre degré de confort avec certaines thématiques abordées, avec le jeu actif et risqué.

Autres actions nécessaires :

· Se tenir au courant des recherches sur le jeu sous toutes ses formes

· Rassurer les parents sur le rôle pédagogique du jeu libre et expliciter toutes les compétences démontrées par leurs enfants ou en acquisition dans tous les types de jeu (jeux moteurs, de construction, arts, jeux symbolique, jeux de règles, etc.). Pour ce faire la documentation est un véhicule puissant.

· Exercer notre créativité pour trouver des matériaux riches en possibilités.

Photo: Garden Gate Development Centre               Photo: Wondrous Minds


· Examiner le type de jeu qu’on favorise et ceux qu’on néglige. (« Je ne suis pas à l’aise avec les jeux musicaux ou l’expression corporelle»).


Qu’en est-il du jeu «guidé» ou «accompagné»?

Ces activités ne sont pas de même nature que le jeu libre et ne le remplace pas.

Le guide est celui qui sait, qui prend les devants, qui montre le chemin, qui oriente. Le jeu guidé a souvent pour objet de cibler un apprentissage déterminé par l’adulte ou de proposer de nouveaux défis tout en laissant une certaine latitude à l’enfant.

Dans ce type d’activité on cherche aussi enrichir le jeu et le rendre plus complexe, plus mature. Il s’agit donc d’orienter le jeu (subtilement) pour atteindre des objectifs ou intentions définis par l’adulte (dont la lecture/ écriture et les mathématiques) à l’intérieur de la zone proximale de développement de l’enfant. C’est surtout le jeu symbolique qui a été visé par cette tendance. Certains auteurs suggèrent d’inclure du jeu symbolique obligatoire à l’intérieur de période d’ateliers (en dehors du jeu libre) pour mieux intervenir surtout sur le langage oral et écrit.

Et c’est quoi les «Playworlds» dont on entend parler de plus en plus?

Cette forme d’activité qualifiée de ludique, commence souvent par une lecture d’histoire qui va amener un scénario et un environnement de jeu co-construit, dans lequel l’adulte va jouer un rôle actif. Cela emprunte à la fois au théâtre et à la narration. Cette tendance est encouragée par des politiques éducatives en Finlande par exemple et se répand aux États-Unis.

Un des objectifs est de s’assurer que tous les enfants participent et d’encourager l’équité et la justice. Les séances ont lieu 2 ou 3 fois par semaine.

Et le jeu dirigé?

Quelle différence y a-t-il ente le jeu guidé et le jeu dirigé ou « contraint»?

Là, l’adulte prend une place encore plus importante : il a le contrôle du jeu. Il peut décider des thèmes, des consignes. Il a pour but de favoriser des apprentissages communs.

Pour plus d’informations sur les différents types d’activités dites ludiques voir aussi :

Qu’entendons-nous par le jeu :

 https://jeulibrequebec.blogspot.com/p/quentendons-nous-par-le-jeu.html

Le jeu dit libre et les activités dites « ludiques» et moins ludiques: quelles différence pour les enfants?

https://jeulibrequebec.blogspot.com/2020/02/le-jeu-dit-libre-et-les-activites-dites.html

 

Conclusion :

«Chaque fois qu'on enseigne quelque chose`prématurément à un enfant qu'il aurait pu découvrir par lui-même, on l'a empêché de l'inventer et conséquemment de le comprendre complètement.» ( Jean Piaget) 

Photo: Garden Gate Development Centre


Il faut se rappeler que les enfants de 4 ans en sont à leurs débuts de projets de jeu collectif et que les 5 ans ont besoin de perfectionner leurs jeux collaboratifs.

Il faut aussi noter que le programme cycle des maternelles insiste sur deux périodes de jeu libre.

Est-ce pour répondre à des exigences par rapport à la lecture écriture et aux mathématiques que nous avons de plus en plus tendance à intervenir de façon directe dans le jeu des enfants?


Pourrions-nous faire confiance au jeu libre pour aider les enfants à développer progressivement toutes les compétences qui leur sont nécessaires. Serions-nous prêtes à nous laisse guider plutôt que de guider? Pourrions-nous donner le pouvoir aux enfants de créer leur environnement de jeu, de transformer les espaces et le matériel existant et forger leurs propres expériences?

« Lorsque les enfants jouent avec d'autres enfants loin des adultes, ils apprennent à prendre leurs propres décisions, à contrôler leur émotions et leurs impulsions, à voir la perspective de l'autre, à négocier leurs différences et à se faire des amis. Bref le jeu est leur façon de prendre contrôle de leur vie.» ( Peter Gray dans Free to Learn) 

Ne risque-t-on pas de dénaturer le jeu si on intervient trop? 

Quand les adultes sont trop impliqués dans le jeu des enfants, ils leur volent leur pouvoir sur leur jeu. Le jeu est bien plus riche quand les enfants ont plein contrôle sur leur jeux. En fait, sinon, on peut même se demander si c'est encore du jeu.

Devons-nous «programmer»  en quelque sorte le jeu des enfants en décidant des thématiques d’avance? Ceci n’empêche-t-il pas les enfants d’exprimer leurs intérêts réels et leurs préoccupations même s’ils y trouvent du plaisir?

S’il s’agit d’enrichir leur imaginaire et donc leur jeu, il suffit parfois d’une histoire lue ou un événement raconté par un enfant ou un adulte ou d’une sortie pour déclencher ou relancer un intérêt.

Le niveau de contrôle que les enfants ont sur leur jeu, fait que c’est perçu par eux comme du jeu ou pas.

Nous croyons que le jeu libre est la voie royale pour le développement intégral de l’enfant qu’il est un plaisir de l’enfance et que l’adulte peut y intervenir mais de façon sporadique et différenciée, selon les individus et les situations.

Références :

Cet article a été fortement influencé par la lecture des deux livres suivants :

1.      Fleet, Alma and Reed Michael (2019) Rethinking Play as Pedagogy. Thinking about Pedagogy in Early Education Edited by Sophie Alcock and Nicola Stobbs, Routledge, Taylor and Francis Group, London and New York.

 

2.      Nicholson, Julie and Wisneski, Debora B. (2020) Reconsidering the Role of Play in Early Childhood. Routledge, Taylor and Francis Group, London and New York.

 

Ainsi que par mes lectures antécédentes qui ont donné lieu aux articles cités dans le texte.

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