samedi 5 décembre 2020

DES TECHNIQUES D'IMPRESSION

Par Anne Gillain Mauffette

Introduction

Dans son livre * et sur son blogue (thinkingwithaline.com), Cathy Weisman Topal propose une série d’explorations, facile à organiser aussi bien à la maison qu’au CPE ou en maternelle. En fait, cette activité sied à tous les âges, même aux adultes : imprimer à l’aide de petits cartons et de la gouache.

Elle peut se faire en solo, en duo, en petits groupes ou en grand groupe. Les premières expériences peuvent se faire en collectif sur un grand papier ou avec des supports individuels.

Les enfants vont pouvoir faire des compositions à partir de lignes droites puis de courbes et enfin avec des petits objets et créer toutes sortes de motifs et de représentations.

On va leur permettre de faire plusieurs ateliers car au début, ils vont apprendre à manipuler le matériel, expérimenter et constater les effets de leurs gestes. Puis ils vont pouvoir mieux utiliser les outils pour faire ce qu’ils veulent représenter.

Le matériel

 Le matériel est des plus simple et se trouve partout :

On commence par utiliser de petits cartons de 3’’ x 2,5’’.

Et de la gouache (une seule couleur) sur un plateau en styromousse.

On aura pris soin de couvrir la table de papier journal sous les feuilles ou cartons.

On va aussi donner aux enfants des feuilles pour se pratiquer, pour ensuite leur donner du papier ou des cartons plus grands.

L’auteur recommande de laisser les enfants d’abord explorer avec un seul outil pour voir ce qu’ils peuvent réaliser avec.

Puis on va ajouter des cartons de 1,5’’ x 2,5’’

Les petits cartons seront déposés sur le bord des plateaux lorsqu’ils ne sont pas utilisés.


Le processus

Les enfants vont tremper le bout des cartons dans la gouache puis appuyer le carton sur une feuille.

Premières expérimentations.              Photo© Mélany Cannavino

En combinant les lignes et les formes, les enfants vont pouvoir créer des structures complexes : des arbres, des étoiles, des édifices, des plantes, des lettres, des séquences, des lettres. Les cartons vont compenser leurs difficultés à tracer des lignes droites par exemple.  

                                  

Après avoir tracé son étoile, l’enfant avait fait plein de lignes dedans. Il trouvait qu’il y en avait trop et a glissé le carton pour remplir la forme au complet. Les enfants jeunes vont avoir tendance à traîner ainsi le carton, comme pour peindre. Il faut les laisser faire. Certains vont vous demander un pinceau pour remplir leur forme. Et on le leur donnera. On pourrait aussi leur offrir des pastels à l’huile pour enrichir leurs formes.

On peut à un moment donné, quand on voit que les enfants sont prêts pour une addition qui maintiendra leur intérêt et complexifiera leurs impressions, échanger les couleurs (ceux qui n’avaient que du rouge font un échange avec ceux qui n’avaient que du bleu).

Si on ajoute ensuite des outils courbes, cela va faciliter la construction de dômes, d’arches, de ponts et autres structures. On découpera le bord de verres en carton en deux, des rouleaux de ruban vides, des contenants de styromousse.

                                    Photo © Suzie Nadeau

En essayant une forme courbe, N. dit : celle-là va être pratique pour construire une auto.

Cette activité permet entre autres aux enfants de:

    -     Réfléchir à la façon dont ils doivent placer leur main pour faire tel tracé. Contrôler leur mouvement.

 -    D'acquérir une conscience des différents types de lignes (lignes verticales, horizontales, diagonales dans un sens puis dans l’autre, les diagonales croisées, les zigzags, les croix, des lignes plus longues et plus courtes. Puis de les remarquer dans leur environnement.

              


  
Ils vont se forger une sorte d’alphabet, de répertoire de lignes à associer entre elles.

Photo © Mélany Cannavino














De constater qu’en combinant les lignes on peut faire des triangles de toutes sortes, des carrés, des rectangles, des hexagones, octogones, des cercles des demi-cercles qui vont leur permettre de représenter toutes sortes de choses.

Les enfants s’observent et se stimulent mutuellement, se donnant des idées.

Photo © Mélany Cannavino 


 
On peut aussi ajouter de petits cylindres (rouleaux de papier de toilette, rouleaux vides de ruban mince). En utilisant une certaine sorte de cylindre, plus épais, les enfants avec lesquels j’ai expérimenté se sont aperçus que certains faisaient des bulles de couleurs.



un slinky

                                                                                                             Photo © Suzie Nadeau

 On pourra ensuite présenter aux enfants des petits objets pour enjoliver leurs compositions : petits cubes, bobines de fil, bouchon de colle ou de crayon-feutre.



Z. en voyant la bobine de fil a eu l'idée

de la pencher et la rouler sur le côté.

 

     

Puis Z. a rincé sa bobine et a recommencé avec une autre couleur et encore une autre.   

On va aussi varier les fonds : carton noir ou bleu foncé ou bleu ciel et peinture blanche par exemple 

Note: les dessins irradiants d'un point central sont plus difficiles à réaliser pour les plus jeunes. Utiliser de préférence des feuilles de 12''x 12''.

Une fois la technique maîtrisée, les enfants pourront faire toutes sortes de choses : des édifices, des machines, des arbres, des plantes, des flocons de neige, des étoiles, soleils, etc.


Les enfants vont apprendre rapidement à installer l’atelier si on le leur permet. Ils pourront ainsi retourner à l’atelier pour faire, au besoin, des affiches par exemple (pour demander de conserver une structure, faire une invitation à un spectacle, etc.).

L’auteure parle d’une rencontre de parents où les parents ont été invités à créer des édifices qu’ils ont laissés en surprise, pour leurs enfants le lendemain.

D’autres apprentissages 

Dans ces explorations les enfants vont :

Développer :

   -   une compréhension de la ligne comme un élément de base du dessin et de la construction

 -    la capacité de faire des marques et de contrôler leur placement ce qui demande des habiletés motrices, visuelles et intellectuelles.

-       le contrôle de la pression à exercer 

-   leur concentration et leur persévérance

-       du nouveau vocabulaire mathématique (le nom des formes géométriques, etc.) et autre

-       une pensée critique et créative

-        l’utilisation de ce langage des lignes pour exprimer leurs idées

-         leur langage en explicitant ce qu’ils ont fait

-         la pensée géométrique : le nom des formes et les associations de formes

-         l’habileté à analyser

-       la planification

-         le transfert de stratégies

-        leur sens esthétique

Explorer

Une petite fille trace sa main avec le carton. Photo © Suzie Nadeau

-  la composition

-      l' idée de répétition, de séquence

-        le nombre de répétitions possibles avant de reprendre de la peinture

-          différents matériaux et leurs propriétés

-         l’espace et les relations spatiales

-          les formes et leurs différences : les carrés, rectangles, différentes sortes de triangles (isocèle, équilatéral, etc.), les octogones et hexagones, les cercles, les demi-cercles

-          la façon de faire un cercle avec deux demi-cercles, des ondulations

-          des questions de longueurs, de distances, d’alternance, de nombre, de regroupements, de direction, de position

-          la notion de symétrie

-          la façon de tracer certaines figures (un hexagone par exemple)

-          certaines notions d’architecture

-          des principes de design

-         l’émergence de l’écriture : reconnaissance des noms et sons de certaines lettres et graphie en majuscules et minuscules

-         la façon de faire une lettre qui a une courbe

-         des façons alternatives d’utiliser un outil

Construire :

-         des formes, des bâtiments

-          des lettres, des mots, leurs noms

-          des motifs

-          des dessins en radiants

N. a tracé Noël avec un petit carton. « C'est Noël 2020, le père Noël a un masque».


















Certains enfants qui hésitent à dessiner peuvent faire un bond en avant en utilisant ces techniques, osant ensuite intégrer leurs nouvelles habiletés (construire une maison par exemple), dans le dessin libre.

Le rôle de l’adulte 

Le parent, l’éducatrice ou l’enseignante va soutenir et enrichir l’activité des enfants en :

-           préparant et variant le matériel et évaluer quand les enfants sont prêts pour un ajout intéressant

-          observant, écoutant et notant les mots des enfants au fur et à mesure de leurs découvertes

-          revisitant l’activité, en discutant avec les enfants à propos de leurs réalisations

-          utilisant un vocabulaire descriptif plutôt qu’évaluatif

-          posant des questions sur les lignes utilisées et les processus mentaux de l’enfant derrière leurs constructions

-          leur fournissant des livres où il est question de lignes ou d’édifices et des photos d’arbres, etc.

-           apportant des objets qui ont des motifs répétitifs (poterie, petits tapis et autres textiles) ou en amenant les enfants à en remarquer dans leur environnement (écharpes, tuques, etc.). On expliquera qu’un motif est formé quand un élément est répété plusieurs fois de la même façon.

-           observant ensemble et discutant des œuvres de peintres tels que Paul Klee, Piet Mondrian, Wassily Kandinsky

-           déposant des images de bâtiments intéressants dans le coin blocs

-          offrant des images d’affiches (de circulation, panneaux publicitaires)

-            proposant plusieurs thèmes au choix pour ceux qui seraient intéressés (sans écarter ceux des enfants qui préfèrent représenter autre chose).

-           pensant à des enrichissements pour des explorations futures (la visite d’un parent architecte ou d’un artiste, une sortie dans le quartier, une visite au musée, etc.)

-          ayant de la souplesse, en acceptant les gestes et trouvailles des enfants

Alors que les enfants avaient demandé de continuer l’atelier et avaient peint leur feuille en entier avec les cartons, une enseignante a simplement déposé des bâtonnets sur la table, les invitant ainsi, sans mot dire, à construire avec des lignes autrement.


                                     Photos © Mélany Cannavino


Conclusion

Dans plusieurs classes, lors de l’essai de ce type d’activité, ce qui nous a le plus surpris est l’attention que les enfants portaient à ce qu’ils faisaient, il y régnait un calme mêlé d’excitation.

Voici un exemple des enfants de 4-5 ans de la garderie Imagine qui ont exploré ce médium.

Et si on regarde les programmes du préscolaire ou même le nouveau programme-cycle, on se rend compte que ce genre d’activité contribue au développement de nombreuses compétences tant au niveau moteur qu’affectif, social, langagier et cognitif.

Alors… à vos cartons!                                    Anne Gillain Mauffette

Référence



 







lundi 9 novembre 2020

À la recherche d'un modèle pédagogique respectueux de l'enfance

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)
Photo Garderie Imagine inspirée de l’approche pédagogique Reggio

Il est reconnu internationalement que les écoles préscolaires municipales de Reggio Emilia offrent des conditions de développement optimal aux enfants. À nous de nous en inspirer. La Finlande est aussi un exemple à suivre, mais notre ministre de l’Éducation n’adopte pas leurs stratégies (qui évitent l’enseignement formel jusqu’à 7 ans) pour le cycle préscolaire. « La France et les États-Unis ne sont pas des modèles intéressants pour l’éducation et les conditions de vie des enfants 6, p.481». Pourtant c’est souvent vers eux que l’on se tourne.

Conclusion


Photo gracieuseté de Frode Svane

«Les enfants ont besoin d’un retour à une éducation humaniste 6, p.482». «Redonnons toute sa place à l’enfance 8, p 200». Et efforçons-nous de « trouver des pistes d’interventions qui s’avèrent offrir une meilleure adéquation en regard de l’apport des neurosciences pour développer des stratégies qui partent des forces de l’enfant plutôt que de leurs déficits 1, p.17».

«Les neurosciences nous invitent à revenir à une conception plus humaniste. L’imagerie cérébrale apporte… des preuves montrant la réorganisation neuronale qui s’opère grâce aux interventions éducatives» 6, p.4811, p. «Il serait profitable que les adultes en contact avec des enfants connaissent les dernières recherches sur le cerveau 4, p. 122». Il est désormais établi que les interventions modifient les processus biologiques faisant émerger les actions, les pensées, les émotions et les sentiments. Les neurosciences nous font prendre conscience « à quel point la qualité de notre bienveillance (est) le meilleur outil d’intervention», 1, p. 42 » et la nécessité du respect du développement de toute la personne de l’enfant.

«La véritable éducation se base sur une vision globale de l’être humain 6 p. 322». « C’est à l’âge de la maternelle que les enfants peuvent apprendre le mieux la vie collective, la tolérance et la générosité ainsi que la communication , le toucher, le rire, le regard 6, p. 37».« Nous ferons advenir un développement plus global lorsque nous pourrons émerger de la confusion régnante concernant les besoins essentiels des petits» et «résister à une société axée sur la performance» 6 p. 371».

« Pour un peu de tendresse» chantait Jacques Brel.

C’est ce que les enfants nous demandent. Et de la joie ajouterait Malaguzzi ∗.

«Il est tout à fait extraordinaire de laisser l’enfant advenir, sans jugement, sans pronostic, de devenir comme adulte -parent, psychologue, professeur- un témoin de l’évolution de l’esprit de cet enfant. Et de reconnaître sans cesse ses particularités qui se déploient». Devenons des «sentinelles» 6, p.354 afin de protéger les enfants. «Nous sommes tous solidaires et responsables de faire changer les choses pour améliorer le sort des enfants 6, p. 485». «On peut penser qu’un grand nombre d’enfants (…) souffrent d’un manque de développement global qu’on pourrait nommer avec ironie : le syndrome du déficit de développement global 6, p. 488». En éducation préscolaire, opposons-nous, « à l’abstraction, à l’accélération des apprentissages» et à tout ce qui est «négation de leurs besoins réels 6, p.482-83».

Les connaissances sur le développement des enfants progressent. Gardons-nous informés et résistons à tout ce qui peut entraver leur actualisation.

Anne Gillain Mauffette




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La psychomotricité

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)
Ramper sur les tables renforce les muscles du dos des bras et des mains. (Photo Danielle Jasmin)

«L’exercice psychomoteur mise sur le jeu de l’enfant; ceci est congruent avec les données scientifiques qui reconnaissent le jeu comme premier moyen d’apprentissage indispensable au développement pendant la petite enfance et pendant la période préscolaire 1 p. 175»».

Malheureusement, les enfants manquent d’activités physiques 6, p. 486»». Pourtant, «les données récentes sur l’état de la santé mentale des enfants justifient de mettre l’accent sur un contexte d’activités où l’enfant peut bouger librement (Marie Claude Cloutier) 1, p.175»». «Se mouvoir dans l’espace, c’est une porte pour dire et se dire, représenter et se représenter. C’est se rendre disponible à être et à apprendre». «La pratique éducative psychomotrice intègre les connaissances actuelles que nous avons du parcours de maturation psychologique de l’enfant de moins de 7 ans et correspond en tous points aux objectifs des programmes éducatifs pour enfants d’âge préscolaires». «Comme l’enfant apprend plus facilement par l’expérience vécue concrètement et le jeu, les séances de psychomotricité… les aident à mieux gérer leurs émotions et contribuent à les rendre plus disponibles pour effectuer les apprentissages scolaires. Elles peuvent contribuer à la qualité de la présence, de l’attention et de la concentration de l’enfant »1, p.170. C’est une intervention éducative qui permet de réduire progressivement l’importance des indices comportementaux, notamment chez les enfants qui vivent de l’anxiété, qui ont tendance à bouger et à être impulsifs ou lunatiques ou qui ont de la difficulté à s’adapter à un milieu perçu comme insécurisant 1, p.170»».

«Comme le constatait Piaget, le jeune enfant construit sa pensée à partir de son activité sensorimotrice1, »p. 174». « Permettre à l’enfant de bouger et d’agir, c’est donc lui permettre non seulement de développer ses habiletés motrices, mais c’est aussi lui permettre d’apprendre à penser 1, p. 175». «Le développement cognitif repose sur le développement psychomoteur 1, p.49»».




Suite : Le contact avec la nature

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Pour favoriser le développement de l'enfant : références

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette


© Danielle Jasmin

Ce texte est un montage d’extraits et de citations, regroupés par thèmes, tirés des lectures suivantes :

MONZÉE, Joël. :
(1) Soutenir le développement affectif de l’enfant. CARD, 2014
(2) J’ai juste besoin de votre attention : Aider l’enfant et l’adolescent aux prises avec l’anxiété et le stress, Le dauphin blanc 2016 (2) ;
(3) J’ai juste besoin d’être compris : Comprendre les comportements dérangeants chez l’enfant et l’adolescent. Le Dauphin Blanc, 2014
(3B) Et si on les laissait vivre : Accompagner avec bienveillance les enfants et les adolescents. Le Dauphin Blanc, 2018

GUEGUEN, Catherine.
(4) Vivre heureux avec son enfant. Robert Lafont, 2014
(5) Pour une enfance heureuse : Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau. Pocket 2015

(6) PROULX, Chantal. Plaidoyer pour une enfance heureuse. Éditions du Cram, 2015

(7) HOUSE, Richard. Too Much too soon? Early learning and the erosion of childhood. Hawthorn Press, Early Learning Series, 2011

(8) HONORÉ, Carl. Manifeste pour une enfance heureuse. Marabout, 2008

(9) VYGOTSKI, Lev. La zone de développement proximale dans le jeu de l’enfant. Finlande : Université de Oulv, 2011 ∗

(10) MALAGUZZI, Loriz. Loris Malaguzzi and the Schools of Reggio Emilia: a Selection of His Writings and Speeches 1945-1993. Routledge : Edited by Paola Cagliari, et al, , 2016 ∗


∗ Note: certains passages ont été écourtés et des liens ont été créés entre eux pour faciliter la lecture. Quelques ajouts ont été faits pour commenter ou compléter certaines entrées. Des soulignés et des caractères gras ont été ajoutés.


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Le contact avec la nature

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)

« Rien ne remplace la nature 8 p.147». Il faut favoriser les contacts permanents (des enfants) avec la nature et avec les animaux, ce qui est une grande source d’harmonie pour leurs esprits 6, p. 97». « De plus, la nature offre (à l’enfant) une source inépuisable d’émerveillement : les animaux, la végétation, le ciel, les étoiles, la campagne, la forêt, les montagnes, la mer, les saisons, les minéraux, etc. Il reste à médiatiser ces découvertes de façon ludique 5, p. 262». « C’est une offense à l’enfance de ne pas tenir compte de la puissance de la nature sur son développement 6, p.390». Il faudrait « le mettre en situation de tomber amoureux avec la nature 6, p.391». « Il est impératif d’inviter l’enfant à s’initier à la nature avant de lui donner des cours de sciences naturelles 6, p. 456

Louv 6,p.395 dénonce «le déficit de nature» créé chez les enfants par notre mode de vie. Pourtant, dit-il, juste un quart d’heure dans la nature fait diminuer les manifestations d’hyperactivité. D’où l’importance d’intégrer la nature dans nos cours d’école.

La respiration, la marche

Les enfants ont souvent plutôt une respiration courte (thoracique). Pour les aider à développer une respiration plus complète (abdominale et thoracique) on peut faire des exercices avec eux : les faire d’abord souffler (pour vider les poumons, puis inspirer). « Les ballons, les sacs de riz ou tout autre outil déposé sur le ventre et le torse peuvent aider l’enfant à explorer ces deux formes respiratoires 2, p. 320 ».

«L’activité rythmique cyclique comme la marche et la course peut également contribuer à une meilleure respiration, alors que ces activités permettent d’évacuer les hormones de stress…tout en libérant beaucoup de sérotonine 2, p. 321».


Suite : À la recherche d'un modèle pédagogique respectueux de l'enfance

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Le jeu

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)



«Jouer tous les jours suffisamment longtemps, participe au développement de l’intelligence sociale, émotionnelle de l’enfant ainsi qu’à son équilibre psychologique global 5, p. 260».

  • Le jeu et le cerveau

    - «Le jeu et le plaisir qui l’accompagne fertilisent la croissance des circuits de l’amygdale et du cortex préfrontal. Les circuits corticaux qui incitent les enfants à batifoler à se taquiner, se bagarrer ont un rôle vital dans la croissance neuronale 5, p. 259». «Jouer, rire, s’amuser, grimper et courir sont des activités indispensables au développement du cerveau.

    Dans ces moments-là, une molécule appelée BDVF est sécrétée et assure le bon développement du cerveau intellectuel et affectif. Cette molécule intervient dans la prolifération, la survie, la différenciation des neurones et de leurs connexions». «Pendant les jeux, cet engrais (…) augmente dans les régions des lobes frontaux qui agissent sur le comportement émotionnel 5, p. 259». Le stress diminue le BDNV cérébral 4 p. 181».

  • Le jeu « libre» ou authentique

    « Le jeu libre, ce n’est pas qu’une récréation, mais une activité émotivo-tonique, sensorimotrice ou symbolique qui est choisie et rythmée par l’enfant sous le regard bienveillant de l’adulte»
    Joël Monzée 2, p.206.



    « C’est la condition gagnante pour que l’enfant se sente en sécurité et libre d’explorer ses besoins, son corps et la relation à l’autre» « L’efficacité de son action lui permet de développer la confiance en soi, le plaisir d’être soi et ainsi l’estime de soi 2, p. 206».

    «Des études en neurosciences montrent l’effet structurant sur le développement neuropsychique de l’enfant des jeux de faire semblant et des jeux de « tiraillages».» (Pellis et Pellis). De nos jours, « il manque aux enfants l’expression par le jeu 6, p.59».

    Pourtant «L’enfant a un besoin vital de jouer…Le jeu est non seulement un grand plaisir pour l’enfant, mais un moyen indispensable pour apprendre, apprivoiser ses peurs, ses difficultés, progresser et se structurer psychologiquement. Comme le sportif qui s’entraîne en répétant mentalement les actes à accomplir, grâce aux neurones miroirs, avant une épreuve, «l’enfant petit s’entraîne à longueur de journée. Il répète les mots, les gestes, les situations qu’il a vécues. Il joue, il mime les scènes de la vie quotidienne. Ainsi, il apprend, comprend et apprivoise progressivement le monde qui l’entoure (…) Jouer pour lui est essentiel. 2, p. 212, 5 p.212»

    «Il semble que ce qui profite le plus aux enfants en maternelle, c’est la liberté d’explorer le monde qui l’entoure, dans un environnement sécuritaire et détendu, foisonnant d’histoires, de rimes , de chansons, de discussions et de jeu. Ils ont besoin de se dépasser et faire des efforts, mais pas dans le même sens que beaucoup d’adultes l’entendent 8, p. 85». «Le jeu n’est que la forme naturelle de l’apprentissage plus structuré qui a lieu à l’école 8 p. 75». «Il peut fonder les bases pour la lecture écriture et du calcul. Selon Ginsburg, les enfants passent 46% de leur temps libre à compter, examiner des formes et des motifs, à trier des objets en d’autres termes à faire des mathématiques 8 p. 75». « Si nous évoquons volontiers l’importance du jeu, nous évitons de lui donner libre cours. Nous voulons le contrôler et le quantifier, l’adapter à nos objectifs, nos calendriers, à en faire une sorte de travail. Cela ne veut pas dire que les adultes doivent totalement s’abstenir d’intervenir dans le jeu de l’enfant. Leur contribution est essentielle, mais davantage en tant que public attentif ou comme source de suggestions légères <8 p. 76».

    J’ajouterais une contribution comme planificateur d’espace, de matériel, et comme soutien et médiateur. « Grâce au jeu, l’enfant comprend qu’il y a des règles à suivre, il apprend à perdre sans s’effondrer, à rebondir, à persévérer. Les jeux sont multiples et développent des plaisirs, des habiletés, des connaissances, des apprentissages très divers. Certains jeux font découvrir aux enfants le sens de la coopération, la créativité, d’autres éveillent la curiosité, l’imagination, l’envie de bâtir une maison, une ville; d’autres jeux apprennent l’équilibre, la notion d’espace, de temps; d’autres encore éveillent les sens, le toucher, la vue, l’audition, le goût, l’odorat, et permettent de faire de vraies expériences de chimie, physique, d’astronomie, sans oublier…le monde de la musique, de la magie, du cirque, du théâtre, du cinéma et des différents sports 5, p. 262».

    « Le jeu et le plaisir font partie de l’éducation 8, p. 187». Le jeu est primordial 8, p. 73.

    « Pendant le jeu, les enfants élaborent des théories sur le monde puis les testent et les corrigent.» «Les jeux collectifs sans l’arbitrage de l’adulte aident les enfants à deviner les émotions des autres et à gérer les frustrations et les compromis qui font partie de toute relation». « Les enfants apprennent aussi à définir leurs champs d’intérêt ainsi que leurs forces et leurs faiblesses 8, p. 74». «C’est le développement de l’imaginaire et de l’intuition, de la capacité de communiquer avec les autres, du jugement de situation, du sentiment de confiance et de l’acceptation de l’imprévisible qui peuvent fournir des moyens de se projeter avec sécurité dans le monde 6, p.103». Le jeu permet tout cela. Mais « la perspective de la joie et du plaisir par le biais de l’activité ludique est souvent pervertie par des objectifs d’apprentissages. Les jeux de nos enfants sont détournés de leur objectif principal qui serait de s’amuser, de créer sa vie et de se dépasser 6, p.59».

  • Le Jeu symbolique



    «Bien que la mise en place de l’activité symbolique soit caractéristique de la période 3-5ans, des travaux récents montrent que son élaboration peut débuter plus tôt 2, p. 212». Jouer « en situation libre…cela (…) permet de déduire, de construire des modèles et de se représenter « C’est la condition gagnante pour que l’enfant se sente en sécurité et libre d’explorer ses besoins, son corps et la relation à l’autre» « L’efficacité de son action lui permet de développer la confiance en soi, le plaisir d’être soi et ainsi l’estime de soi 2, p. 206».

    «Des études en neurosciences montrent l’effet structurant sur le développement neuropsychique de l’enfant des jeux de faire semblant et des jeux de « tiraillages».» (Pellis et Pellis). De nos jours, « il manque aux enfants l’expression par le jeu 6, p.59».

    Pourtant «L’enfant a un besoin vital de jouer…Le jeu est non seulement un grand plaisir pour l’enfant, mais un moyen indispensable pour apprendre, apprivoiser ses peurs, ses difficultés, progresser et se structurer psychologiquement. Comme le sportif qui s’entraîne en répétant mentalement les actes à accomplir, grâce aux neurones miroirs, avant une épreuve, «l’enfant petit s’entraîne à longueur de journée. Il répète les mots, les gestes, les situations qu’il a vécues. Il joue, il mime les scènes de la vie quotidienne. Ainsi, il apprend, comprend et apprivoise progressivement le monde qui l’entoure. 5 p.212»

  • Le Jeu, l'imagination et la créativité

    «Le petit enfant contemporain manque souvent d’occasions d’exprimer sa joie et d’avoir recours à son imaginaire. Beaucoup d’entre eux doivent sacrifier leurs plaisirs pour nos attentes de performance 6, p.322». «Ils sont empêchés de se développer librement et à leur rythme(…) ce qui leur cause un déficit de l’imaginaire 6, p. 488»». « Par le biais des activités structurées, on retire aux enfants la puissance de l’imaginaire 6 p. 455-56». «Les enfants ont des problèmes d’apprentissages à l’école parce qu’ils manquent de ressources sur le plan de l’imaginaire (Wickers) 6, p.308».

  • Le jeu et la coopération


    Ils ont construit ensemble la plus haute tour (Photo Danielle Jasmin)
    «Le véritable jeu coopératif apparait vers 6 ans 1, p.178».
    À cet âge, ce n'est donc pas le temps de priver les enfants de cette forme puissante d’apprentissage sous prétexte de la remplacer par des jeux didactiques.

    Au contraire on devrait l'encourager. Certains matériaux ouverts tels que les blocs de bois ou la construction avec des matériaux recyclés favorisent la coopération.


  • Le jeu calme l'anxiété

    «Se rouler par terre est source de joie et diminue l’anxiété. Les jeux de contacts réduisent l’anxiété naturellement. Lorsqu’un enfant chahute avec un camarade, se roule par terre, joue à la bagarre, il modifie son équilibre émotionnel en stimulant fortement la sécrétion d’endorphines. Celles-ci procurent un sentiment de profond bien-être, de joie, tout en diminuant le stress et l’anxiété 5, p. 260».

  • Le jeu à l’extérieur


    Photo © Aurélie Jobin
«Jouer dehors procure un sentiment de liberté. L’enfant a besoin d’espace. L’espace donne un sentiment de liberté 5, p.262». Si les enfants ont plus d’occasions d’exercer leur motricité globale (et leur expression vocale) dehors, on remarque que les garçons s’y adonnent davantage au jeu symbolique. Quand la cour est naturalisée, on a constaté une augmentation de la créativité et des comportements prosociaux.






Suite : La psychomotricité

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Impliquer les enfants dans la création des coins de jeu.

Par Anne Gillain Mauffette C’est après avoir écouté une histoire d’arbre (The spooky old tree), où trois petits ours bravent leurs peurs  ...