lundi 9 novembre 2020

À la recherche d'un modèle pédagogique respectueux de l'enfance

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)
Photo Garderie Imagine inspirée de l’approche pédagogique Reggio

Il est reconnu internationalement que les écoles préscolaires municipales de Reggio Emilia offrent des conditions de développement optimal aux enfants. À nous de nous en inspirer. La Finlande est aussi un exemple à suivre, mais notre ministre de l’Éducation n’adopte pas leurs stratégies (qui évitent l’enseignement formel jusqu’à 7 ans) pour le cycle préscolaire. « La France et les États-Unis ne sont pas des modèles intéressants pour l’éducation et les conditions de vie des enfants 6, p.481». Pourtant c’est souvent vers eux que l’on se tourne.

Conclusion


Photo gracieuseté de Frode Svane

«Les enfants ont besoin d’un retour à une éducation humaniste 6, p.482». «Redonnons toute sa place à l’enfance 8, p 200». Et efforçons-nous de « trouver des pistes d’interventions qui s’avèrent offrir une meilleure adéquation en regard de l’apport des neurosciences pour développer des stratégies qui partent des forces de l’enfant plutôt que de leurs déficits 1, p.17».

«Les neurosciences nous invitent à revenir à une conception plus humaniste. L’imagerie cérébrale apporte… des preuves montrant la réorganisation neuronale qui s’opère grâce aux interventions éducatives» 6, p.4811, p. «Il serait profitable que les adultes en contact avec des enfants connaissent les dernières recherches sur le cerveau 4, p. 122». Il est désormais établi que les interventions modifient les processus biologiques faisant émerger les actions, les pensées, les émotions et les sentiments. Les neurosciences nous font prendre conscience « à quel point la qualité de notre bienveillance (est) le meilleur outil d’intervention», 1, p. 42 » et la nécessité du respect du développement de toute la personne de l’enfant.

«La véritable éducation se base sur une vision globale de l’être humain 6 p. 322». « C’est à l’âge de la maternelle que les enfants peuvent apprendre le mieux la vie collective, la tolérance et la générosité ainsi que la communication , le toucher, le rire, le regard 6, p. 37».« Nous ferons advenir un développement plus global lorsque nous pourrons émerger de la confusion régnante concernant les besoins essentiels des petits» et «résister à une société axée sur la performance» 6 p. 371».

« Pour un peu de tendresse» chantait Jacques Brel.

C’est ce que les enfants nous demandent. Et de la joie ajouterait Malaguzzi ∗.

«Il est tout à fait extraordinaire de laisser l’enfant advenir, sans jugement, sans pronostic, de devenir comme adulte -parent, psychologue, professeur- un témoin de l’évolution de l’esprit de cet enfant. Et de reconnaître sans cesse ses particularités qui se déploient». Devenons des «sentinelles» 6, p.354 afin de protéger les enfants. «Nous sommes tous solidaires et responsables de faire changer les choses pour améliorer le sort des enfants 6, p. 485». «On peut penser qu’un grand nombre d’enfants (…) souffrent d’un manque de développement global qu’on pourrait nommer avec ironie : le syndrome du déficit de développement global 6, p. 488». En éducation préscolaire, opposons-nous, « à l’abstraction, à l’accélération des apprentissages» et à tout ce qui est «négation de leurs besoins réels 6, p.482-83».

Les connaissances sur le développement des enfants progressent. Gardons-nous informés et résistons à tout ce qui peut entraver leur actualisation.

Anne Gillain Mauffette




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La psychomotricité

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)
Ramper sur les tables renforce les muscles du dos des bras et des mains. (Photo Danielle Jasmin)

«L’exercice psychomoteur mise sur le jeu de l’enfant; ceci est congruent avec les données scientifiques qui reconnaissent le jeu comme premier moyen d’apprentissage indispensable au développement pendant la petite enfance et pendant la période préscolaire 1 p. 175»».

Malheureusement, les enfants manquent d’activités physiques 6, p. 486»». Pourtant, «les données récentes sur l’état de la santé mentale des enfants justifient de mettre l’accent sur un contexte d’activités où l’enfant peut bouger librement (Marie Claude Cloutier) 1, p.175»». «Se mouvoir dans l’espace, c’est une porte pour dire et se dire, représenter et se représenter. C’est se rendre disponible à être et à apprendre». «La pratique éducative psychomotrice intègre les connaissances actuelles que nous avons du parcours de maturation psychologique de l’enfant de moins de 7 ans et correspond en tous points aux objectifs des programmes éducatifs pour enfants d’âge préscolaires». «Comme l’enfant apprend plus facilement par l’expérience vécue concrètement et le jeu, les séances de psychomotricité… les aident à mieux gérer leurs émotions et contribuent à les rendre plus disponibles pour effectuer les apprentissages scolaires. Elles peuvent contribuer à la qualité de la présence, de l’attention et de la concentration de l’enfant »1, p.170. C’est une intervention éducative qui permet de réduire progressivement l’importance des indices comportementaux, notamment chez les enfants qui vivent de l’anxiété, qui ont tendance à bouger et à être impulsifs ou lunatiques ou qui ont de la difficulté à s’adapter à un milieu perçu comme insécurisant 1, p.170»».

«Comme le constatait Piaget, le jeune enfant construit sa pensée à partir de son activité sensorimotrice1, »p. 174». « Permettre à l’enfant de bouger et d’agir, c’est donc lui permettre non seulement de développer ses habiletés motrices, mais c’est aussi lui permettre d’apprendre à penser 1, p. 175». «Le développement cognitif repose sur le développement psychomoteur 1, p.49»».




Suite : Le contact avec la nature

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Pour favoriser le développement de l'enfant : références

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette


© Danielle Jasmin

Ce texte est un montage d’extraits et de citations, regroupés par thèmes, tirés des lectures suivantes :

MONZÉE, Joël. :
(1) Soutenir le développement affectif de l’enfant. CARD, 2014
(2) J’ai juste besoin de votre attention : Aider l’enfant et l’adolescent aux prises avec l’anxiété et le stress, Le dauphin blanc 2016 (2) ;
(3) J’ai juste besoin d’être compris : Comprendre les comportements dérangeants chez l’enfant et l’adolescent. Le Dauphin Blanc, 2014
(3B) Et si on les laissait vivre : Accompagner avec bienveillance les enfants et les adolescents. Le Dauphin Blanc, 2018

GUEGUEN, Catherine.
(4) Vivre heureux avec son enfant. Robert Lafont, 2014
(5) Pour une enfance heureuse : Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau. Pocket 2015

(6) PROULX, Chantal. Plaidoyer pour une enfance heureuse. Éditions du Cram, 2015

(7) HOUSE, Richard. Too Much too soon? Early learning and the erosion of childhood. Hawthorn Press, Early Learning Series, 2011

(8) HONORÉ, Carl. Manifeste pour une enfance heureuse. Marabout, 2008

(9) VYGOTSKI, Lev. La zone de développement proximale dans le jeu de l’enfant. Finlande : Université de Oulv, 2011 ∗

(10) MALAGUZZI, Loriz. Loris Malaguzzi and the Schools of Reggio Emilia: a Selection of His Writings and Speeches 1945-1993. Routledge : Edited by Paola Cagliari, et al, , 2016 ∗


∗ Note: certains passages ont été écourtés et des liens ont été créés entre eux pour faciliter la lecture. Quelques ajouts ont été faits pour commenter ou compléter certaines entrées. Des soulignés et des caractères gras ont été ajoutés.


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Le contact avec la nature

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)

« Rien ne remplace la nature 8 p.147». Il faut favoriser les contacts permanents (des enfants) avec la nature et avec les animaux, ce qui est une grande source d’harmonie pour leurs esprits 6, p. 97». « De plus, la nature offre (à l’enfant) une source inépuisable d’émerveillement : les animaux, la végétation, le ciel, les étoiles, la campagne, la forêt, les montagnes, la mer, les saisons, les minéraux, etc. Il reste à médiatiser ces découvertes de façon ludique 5, p. 262». « C’est une offense à l’enfance de ne pas tenir compte de la puissance de la nature sur son développement 6, p.390». Il faudrait « le mettre en situation de tomber amoureux avec la nature 6, p.391». « Il est impératif d’inviter l’enfant à s’initier à la nature avant de lui donner des cours de sciences naturelles 6, p. 456

Louv 6,p.395 dénonce «le déficit de nature» créé chez les enfants par notre mode de vie. Pourtant, dit-il, juste un quart d’heure dans la nature fait diminuer les manifestations d’hyperactivité. D’où l’importance d’intégrer la nature dans nos cours d’école.

La respiration, la marche

Les enfants ont souvent plutôt une respiration courte (thoracique). Pour les aider à développer une respiration plus complète (abdominale et thoracique) on peut faire des exercices avec eux : les faire d’abord souffler (pour vider les poumons, puis inspirer). « Les ballons, les sacs de riz ou tout autre outil déposé sur le ventre et le torse peuvent aider l’enfant à explorer ces deux formes respiratoires 2, p. 320 ».

«L’activité rythmique cyclique comme la marche et la course peut également contribuer à une meilleure respiration, alors que ces activités permettent d’évacuer les hormones de stress…tout en libérant beaucoup de sérotonine 2, p. 321».


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Le jeu

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)



«Jouer tous les jours suffisamment longtemps, participe au développement de l’intelligence sociale, émotionnelle de l’enfant ainsi qu’à son équilibre psychologique global 5, p. 260».

  • Le jeu et le cerveau

    - «Le jeu et le plaisir qui l’accompagne fertilisent la croissance des circuits de l’amygdale et du cortex préfrontal. Les circuits corticaux qui incitent les enfants à batifoler à se taquiner, se bagarrer ont un rôle vital dans la croissance neuronale 5, p. 259». «Jouer, rire, s’amuser, grimper et courir sont des activités indispensables au développement du cerveau.

    Dans ces moments-là, une molécule appelée BDVF est sécrétée et assure le bon développement du cerveau intellectuel et affectif. Cette molécule intervient dans la prolifération, la survie, la différenciation des neurones et de leurs connexions». «Pendant les jeux, cet engrais (…) augmente dans les régions des lobes frontaux qui agissent sur le comportement émotionnel 5, p. 259». Le stress diminue le BDNV cérébral 4 p. 181».

  • Le jeu « libre» ou authentique

    « Le jeu libre, ce n’est pas qu’une récréation, mais une activité émotivo-tonique, sensorimotrice ou symbolique qui est choisie et rythmée par l’enfant sous le regard bienveillant de l’adulte»
    Joël Monzée 2, p.206.



    « C’est la condition gagnante pour que l’enfant se sente en sécurité et libre d’explorer ses besoins, son corps et la relation à l’autre» « L’efficacité de son action lui permet de développer la confiance en soi, le plaisir d’être soi et ainsi l’estime de soi 2, p. 206».

    «Des études en neurosciences montrent l’effet structurant sur le développement neuropsychique de l’enfant des jeux de faire semblant et des jeux de « tiraillages».» (Pellis et Pellis). De nos jours, « il manque aux enfants l’expression par le jeu 6, p.59».

    Pourtant «L’enfant a un besoin vital de jouer…Le jeu est non seulement un grand plaisir pour l’enfant, mais un moyen indispensable pour apprendre, apprivoiser ses peurs, ses difficultés, progresser et se structurer psychologiquement. Comme le sportif qui s’entraîne en répétant mentalement les actes à accomplir, grâce aux neurones miroirs, avant une épreuve, «l’enfant petit s’entraîne à longueur de journée. Il répète les mots, les gestes, les situations qu’il a vécues. Il joue, il mime les scènes de la vie quotidienne. Ainsi, il apprend, comprend et apprivoise progressivement le monde qui l’entoure (…) Jouer pour lui est essentiel. 2, p. 212, 5 p.212»

    «Il semble que ce qui profite le plus aux enfants en maternelle, c’est la liberté d’explorer le monde qui l’entoure, dans un environnement sécuritaire et détendu, foisonnant d’histoires, de rimes , de chansons, de discussions et de jeu. Ils ont besoin de se dépasser et faire des efforts, mais pas dans le même sens que beaucoup d’adultes l’entendent 8, p. 85». «Le jeu n’est que la forme naturelle de l’apprentissage plus structuré qui a lieu à l’école 8 p. 75». «Il peut fonder les bases pour la lecture écriture et du calcul. Selon Ginsburg, les enfants passent 46% de leur temps libre à compter, examiner des formes et des motifs, à trier des objets en d’autres termes à faire des mathématiques 8 p. 75». « Si nous évoquons volontiers l’importance du jeu, nous évitons de lui donner libre cours. Nous voulons le contrôler et le quantifier, l’adapter à nos objectifs, nos calendriers, à en faire une sorte de travail. Cela ne veut pas dire que les adultes doivent totalement s’abstenir d’intervenir dans le jeu de l’enfant. Leur contribution est essentielle, mais davantage en tant que public attentif ou comme source de suggestions légères <8 p. 76».

    J’ajouterais une contribution comme planificateur d’espace, de matériel, et comme soutien et médiateur. « Grâce au jeu, l’enfant comprend qu’il y a des règles à suivre, il apprend à perdre sans s’effondrer, à rebondir, à persévérer. Les jeux sont multiples et développent des plaisirs, des habiletés, des connaissances, des apprentissages très divers. Certains jeux font découvrir aux enfants le sens de la coopération, la créativité, d’autres éveillent la curiosité, l’imagination, l’envie de bâtir une maison, une ville; d’autres jeux apprennent l’équilibre, la notion d’espace, de temps; d’autres encore éveillent les sens, le toucher, la vue, l’audition, le goût, l’odorat, et permettent de faire de vraies expériences de chimie, physique, d’astronomie, sans oublier…le monde de la musique, de la magie, du cirque, du théâtre, du cinéma et des différents sports 5, p. 262».

    « Le jeu et le plaisir font partie de l’éducation 8, p. 187». Le jeu est primordial 8, p. 73.

    « Pendant le jeu, les enfants élaborent des théories sur le monde puis les testent et les corrigent.» «Les jeux collectifs sans l’arbitrage de l’adulte aident les enfants à deviner les émotions des autres et à gérer les frustrations et les compromis qui font partie de toute relation». « Les enfants apprennent aussi à définir leurs champs d’intérêt ainsi que leurs forces et leurs faiblesses 8, p. 74». «C’est le développement de l’imaginaire et de l’intuition, de la capacité de communiquer avec les autres, du jugement de situation, du sentiment de confiance et de l’acceptation de l’imprévisible qui peuvent fournir des moyens de se projeter avec sécurité dans le monde 6, p.103». Le jeu permet tout cela. Mais « la perspective de la joie et du plaisir par le biais de l’activité ludique est souvent pervertie par des objectifs d’apprentissages. Les jeux de nos enfants sont détournés de leur objectif principal qui serait de s’amuser, de créer sa vie et de se dépasser 6, p.59».

  • Le Jeu symbolique



    «Bien que la mise en place de l’activité symbolique soit caractéristique de la période 3-5ans, des travaux récents montrent que son élaboration peut débuter plus tôt 2, p. 212». Jouer « en situation libre…cela (…) permet de déduire, de construire des modèles et de se représenter « C’est la condition gagnante pour que l’enfant se sente en sécurité et libre d’explorer ses besoins, son corps et la relation à l’autre» « L’efficacité de son action lui permet de développer la confiance en soi, le plaisir d’être soi et ainsi l’estime de soi 2, p. 206».

    «Des études en neurosciences montrent l’effet structurant sur le développement neuropsychique de l’enfant des jeux de faire semblant et des jeux de « tiraillages».» (Pellis et Pellis). De nos jours, « il manque aux enfants l’expression par le jeu 6, p.59».

    Pourtant «L’enfant a un besoin vital de jouer…Le jeu est non seulement un grand plaisir pour l’enfant, mais un moyen indispensable pour apprendre, apprivoiser ses peurs, ses difficultés, progresser et se structurer psychologiquement. Comme le sportif qui s’entraîne en répétant mentalement les actes à accomplir, grâce aux neurones miroirs, avant une épreuve, «l’enfant petit s’entraîne à longueur de journée. Il répète les mots, les gestes, les situations qu’il a vécues. Il joue, il mime les scènes de la vie quotidienne. Ainsi, il apprend, comprend et apprivoise progressivement le monde qui l’entoure. 5 p.212»

  • Le Jeu, l'imagination et la créativité

    «Le petit enfant contemporain manque souvent d’occasions d’exprimer sa joie et d’avoir recours à son imaginaire. Beaucoup d’entre eux doivent sacrifier leurs plaisirs pour nos attentes de performance 6, p.322». «Ils sont empêchés de se développer librement et à leur rythme(…) ce qui leur cause un déficit de l’imaginaire 6, p. 488»». « Par le biais des activités structurées, on retire aux enfants la puissance de l’imaginaire 6 p. 455-56». «Les enfants ont des problèmes d’apprentissages à l’école parce qu’ils manquent de ressources sur le plan de l’imaginaire (Wickers) 6, p.308».

  • Le jeu et la coopération


    Ils ont construit ensemble la plus haute tour (Photo Danielle Jasmin)
    «Le véritable jeu coopératif apparait vers 6 ans 1, p.178».
    À cet âge, ce n'est donc pas le temps de priver les enfants de cette forme puissante d’apprentissage sous prétexte de la remplacer par des jeux didactiques.

    Au contraire on devrait l'encourager. Certains matériaux ouverts tels que les blocs de bois ou la construction avec des matériaux recyclés favorisent la coopération.


  • Le jeu calme l'anxiété

    «Se rouler par terre est source de joie et diminue l’anxiété. Les jeux de contacts réduisent l’anxiété naturellement. Lorsqu’un enfant chahute avec un camarade, se roule par terre, joue à la bagarre, il modifie son équilibre émotionnel en stimulant fortement la sécrétion d’endorphines. Celles-ci procurent un sentiment de profond bien-être, de joie, tout en diminuant le stress et l’anxiété 5, p. 260».

  • Le jeu à l’extérieur


    Photo © Aurélie Jobin
«Jouer dehors procure un sentiment de liberté. L’enfant a besoin d’espace. L’espace donne un sentiment de liberté 5, p.262». Si les enfants ont plus d’occasions d’exercer leur motricité globale (et leur expression vocale) dehors, on remarque que les garçons s’y adonnent davantage au jeu symbolique. Quand la cour est naturalisée, on a constaté une augmentation de la créativité et des comportements prosociaux.






Suite : La psychomotricité

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Le système de motivation-récompense

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)

«Plus l’enfant est motivé, a du plaisir, plus il mémorise et apprend
Catherine Gueguen 4, p. 181».




«Un des neurotransmetteurs du système motivation-récompense est la dopamine. Plus il est activé, plus on devient créatif, curieux. On a plus de plaisir à vivre. Nous avons de l’allant, nous formulons des idées, des projets 5, p. 255». « La dopamine est sécrétée lors de moments d’intimité».

«Quand certaines personnes n’ont pas de bonheur dans leurs relations affectives», elles peuvent chercher des satisfactions compensatoires…»…« Quand le système de motivation/récompense n’est pas soutenu, le taux de dopamine est faible. La personne peut perdre ses motivations, son envie ou son plaisir de vivre 5, p.255».

«Quand l’adulte freine toutes les tentatives d’entreprendre de la part de l’enfant, il ralentit son système de motivation». « Certaines circonstances à première vue banales peuvent insidieusement émousser son élan de vie. L’enfant sera sans force, découragé par la moindre difficulté 5, p.257».

«Voici quelques exemples où l’adulte freine l’enfant dans son envie de jouer, d’échanger, de comprendre, de partager, de créer; « L’enfant tout à son jeu, il est joyeux, rempli d’imagination, se raconte des histoires et l’adulte intervient : «Fais moins de bruit. Arrête de courir. Quel désordre! Va jouer ailleurs.» «L’adulte évite le dialogue : « Arrête de me poser des questions tout le temps». Il ne l’écoute pas, le laisse devant la télévision sans passer un moment en tête à tête».

«L’adulte submerge l’enfant d’activités. L’enfant n’a pas une minute à lui « sans rien faire» ce qui stresse l’enfant. Il n’a plus aucun espace pour laisser libre cours à sa propre initiative, à son imagination, à sa créativité.»

«Certains adultes ne s’intéressent pas aux activités des enfants, ne les soutiennent pas quand ils dessinent, inventent. L’enfant peut alors perdre toute persévérance, p. 258». (Note : La documentation pédagogique valorise les activités des enfants tant à leurs yeux qu’à ceux des parents).

«Toutes ces situations freinent l’élan de l’enfant, étouffent sa créativité, restreignent sa liberté, son bonheur de vivre. L’enfant perd confiance en lui, s’ennuie ou au contraire s’agite dans tous les sens comme s’il avait perdu la boussole. Il est sans guide, sans soutien 5, p. 258».


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Le rôle de l'adulte

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)

«Toute personne offre un modèle, bon ou mauvais. L’enfant sera très influencé par les adultes autour de lui. Il se produit donc un apprentissage implicite par les neurones-miroirs 5, p. 21». «On peut se demander : «qu’est-ce que je veux transmettre à mes enfants ou à mes élèves ?» «Qu’est-ce que je fais chaque jour pour aider à apprendre cette valeur? 6, p 371». « L’affection, la tendresse se transmettent et s’apprennent, tout comme la violence 5, p 214».

  • La communication non violente

    «Si nous voulons que l’enfant soit empathique, aimant, non agressif et qu’il n’entretienne pas des rapports de force, il faudrait qu’en sa présence nous soyons empathiques, affectueux, non agressifs et que nous évitions de nourrir des rapports de domination 4, p 37». «Pratiquer la communication bienveillante ou non violente (COV) est une très grande aide. Celle-ci modifie en profondeur notre façon d’être et permet d’adopter une attitude empathique avec soi-même et avec les autres 4, p. 213».

  • L'attitude et le rôle de l’enseignante


    Le jeu de l’autobus (Photo Danielle Jasmin)

    «C’est le professeur émerveillé qui suscite l’intérêt et l’étonnement de l’enfant 6, p.173».

    «Pour que l’enfant aille bien, l’adulte doit « savoir créer une ambiance sans stress dans la classe, favorable au bien-être, à la coopération et donc à l’apprentissage
    Catherine Gueguen 4 p. 214 et 219».

    « Il est utile de comprendre autant le processus de développement de l’enfant en général que la singularité de l’enfant.» « Une autre clé de la réussite d’une intervention, outre notre bienveillance et notre remise en question continue, c’est l’observation! Observer l’effet de nos actes, de chacune des réactions, de chacun des effets positifs et négatifs 3, p. 76».

  • La relation enseignant-enfant

    «Créer des relations bienveillantes et chaleureuses… aide l’enfant à évoluer positivement, à augmenter son sentiment de bien-être, de confiance, à diminuer son anxiété et son agressivité». «Cela a aussi des effets bénéfiques sur les enseignants et crée une atmosphère de confiance et bien-être favorable à l’apprentissage 5, p.244».

  • L’apport des neurosciences dans la formation des éducateurs

    «Les neurosciences affectives aident à mieux connaître et comprendre l’enfant, à découvrir ses besoins fondamentaux (et) ce qui peut contribuer ou au contraire faire obstacle à son développement harmonieux 5, p.18».

    Une meilleure connaissance des neurosciences devrait nous permettre « d’honorer de mieux en mieux la vie des enfants dans toutes ses étapes (Ansembourg) 5, p.16».



Suite : Le système de motivation-récompense

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Pour favoriser le développement de l'enfant

Troisième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs
par Anne Mauffette

«L’environnement est une source de développement pas juste un contexte » (Vygotsky)



Sommaire


  • La relation

    « Les relations qu’il (l’enfant) vit avec son entourage modifient le développement global de son cerveau et agissent sur son cerveau intellectuel (mémoire, apprentissage, pensée) et sur son cerveau affectif (émotions, sentiments, capacités relationnelles). Les rapports de force entraînent un stress très nuisible pour le cerveau de l’enfant et provoque de véritables troubles de comportement : agressivité, anxiété, dépression 4, p.67 ». «Donner des repères se fait dans la douceur et la bienveillance, pas la domination 4, p.54».

    • La bienveillance

      «Le cerveau de l’enfant ne se développe bien intellectuellement et affectivement que s’il reçoit de la bienveillance, de l’empathie, du soutien.» L’adulte participe à la maturation progressive du cerveau de l’enfant (cortex préfrontal et orbitofrontal) 4 p. 211-212». « C’est en voyant agir des adultes bienveillants que les enfants développeront progressivement leurs propres règles intérieures 4, p.145». «Plusieurs adultes confondent bienveillance et laxisme 4, p.208». «Être bienveillant, c’est porter sur autrui un regard aimant compréhensif, sans jugement, en souhaitant qu’il se sente bien et en y veillant 4, p. 15».

    • Le sentiment de sécurité

      «Il se développe dans un quotidien ritualisé 6, p.104».

      La routine sécurise. Lorsque l’enfant navigue dans un horaire habituel, lorsqu’il peut compter sur des façons de faire qui lui sont familières, cela lui donne des points de repère qui lui permettent de s’orienter dans le temps et dans l’espace. Cette stabilité lui permet de prendre des initiatives adaptées à son environnement physique et social.

      L’enfant a besoin de savoir à quoi s’attendre. Il a besoin de relations stables avec des personnes signifiantes et affectueuses, d’un accueil chaleureux. Il a besoin de constance et de cohérence dans son milieu et dans les réponses et interventions des adultes qui l’entourent..

    • Oser toucher : la puissance des câlins

      « As-tu besoin d’un câlin?»

      « C’est la qualité de la présence des participants qui fait qu’un câlin est agréable. Si la personne est distraite, le câlin ne sera pas agréable pour l’autre personne 2, p. 314». «Le toucher et la qualité de présence créent un sentiment de sécurité…». «Les câlins libèrent de la sérotonine essentielle pour développer de la profondeur dans la relation, pour la compassion, pour la résonnance émotionnelle.» « Ils déclenchent (aussi) la libération d’ocytocine, ce qui réduit la libération de cortisol, une hormone liée au stress». «Du point de vue psychologique, on remarque que l’ocytocine et le contact corporel contribuent tous deux à réduire le stress et l’anxiété des enfants.

      Conjointement, les hormones libérées par le câlin contribuent à la santé du cerveau». «Cela contribue à ce que nous nous enracinions dans le moment présent 2, p. 316». Certains enfants peuvent être réticents, mal à l’aise ou « anxieux face à l’idée d’être touchés». « S’il vient à vous voir, c’est qu’il a confiance». Sinon on peut « se positionner à distance et lui dire : «si tu veux recevoir un câlin, tu es le bienvenu». Monzée conseille de ne pas donner des câlins trop rapidement lorsqu’un enfant a de la peine, cela pourrait avoir l’effet de renforcer le sentiment d’impuissance 2, p. 317».



    Suite : Le rôle de l'adulte

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samedi 7 novembre 2020

ACCUEILLIR D'ABORD: Que penser des tests universels de dépistages précoces?

par Anne Gillain Mauffette


 

Depuis quelques années, un courant ou des directives ont fait qu’on impose des «tests» de dépistage systématiques, formels et universels au début puis plusieurs fois dans l’année aux enfants du préscolaire.


Plus les enfants «testés» sont jeunes,
plus on a de chances de se tromper.

(Lilian Katz, 1995)


 

Les enfants de 4 ans, tous capables ou tous à risques?

Quelle présomption adopterons-nous? Quel message enverrons-nous aux enfants?

 

Les notions de prévention précoce, de mesures de protection, de dépistage, louables en soi et  les bonnes intentions par rapport au succès de tous, ont donné naissance, en maternelle, à des méthodes universelles d’apprentissage systématique formel en grand groupe de la lecture et à une pléthore d’outils de dépistage de la maîtrise des contenus de celles-ci. Pourtant, les enfants à qui on enseigne de façon formelle à lire plus tôt n’ont pas plus de succès  académiques que d’autres ayant appris plus tard.  En effet  plusieurs auteurs ont démontré que les progrès (minimes) des enfants dont les enseignantes appliquaient des méthodes didactiques ne duraient pas  (Krashen 2004, Suggate, 2011, dans House 2017) et qu’un enseignement de style trop académique avait de nombreux effets pervers chez des enfants de cet âge (surtout des garçons): stress, anxiété de performance, passivité, absentéisme, etc. (Marcon ,2002; Hirsh Pasek et al. , 2009).

L’identification de variables isolées, dites déterminantes mais pas toujours justifiées (les fameux «prédicteurs»)  ayant pour objectif la réussite éducative et la diminution du décrochage scolaire ont aussi provoqué des solutions inappropriées pour de jeunes enfants.

Les pronostics

On justifie ce type d’interventions par des statistiques établissant qu’un quart des  enfants de 4 ans seraient à risque ou vulnérables, alors «qu’on n’a pas commencé  à les entourer, les éduquer » (NPS, 2012). À risque de quoi?

 À risque de problèmes d’apprentissages, d’échec, de décrochage ou de délinquance futurs.  Dans ces projections négatives, on considère des enfants de 3-4-5 ans déjà comme de possibles futurs délinquants! Il y a une confusion entre corrélation et causalité, entre les risques auxquels peut être exposé un enfant et une supposée relation de cause à effet qui l’amènerait automatiquement vers le décrochage ou la délinquance. Cela «transforme le regard sur l’enfant et donc le déforme risquant d’induire ce qu’on voulait éviter» (Giampino, NPS, 2012). « Les trajectoires des enfants peuvent se modifier très radicalement» (Rousseau dans NPS, 2012). Les auteurs dans La prévention précoce en question regrettent qu’on «réduise des phénomènes complexes à un nombre de variables observables qui pourront être soumises à des expériences et des tests de corrélation statistique (Parazelli 2010, dans NPS).

Pourquoi automatiquement supposer ces enfants «inadéquats» avant  même qu’il n’aient été immergés dans des environnements stimulants, accompagnés par des éducatrices ou enseignantes bien informées qui leur permettraient de construire et démontrer leurs compétences et connaissances  grandissantes?

 

 Si les enfants sont placés dans des conditions respectant et stimulant leur développement  (climat chaleureux, jeu, exposition aux livres, conversations, sorties, etc.), leurs trajectoires peuvent se modifier considérablement. Et pourtant nous nous apprêtons, à traquer leurs failles («détecter» dit-on au Ministère) dès leur entrée en CPE ou à l’école, par des tests fréquents, aux indices étroits, au lieu d’identifier quotidiennement leurs capacités naissantes et s’en émerveiller. Et qu’est-ce qu’on va chercher à vérifier? Que l’enfant a acquis les connaissances en lecture  prescrites par des méthodes qui souvent dépassent les attentes des programmes préscolaires actuels ou ses capacités biologiques?  Ou bien qu’il bouge trop? Qu’il est trop impulsif, qu’il ne contrôle pas ses émotions? Qu’il résiste à se conformer? Ce ne sont, le plus souvent, que des caractéristiques de l’enfance! Pas toujours  des signes d’hyperactivité ou de troubles de comportements.

 

Plusieurs interventions sont basées sur une vision «déficitaire» de l’enfant, soulignant à gros traits « ce qui lui manque» plutôt que de partir de ses compétences.  Cette vision déterministe, pessimiste des enfants, ne tient pas compte de leur capacité extraordinaire de progresser. Basée sur ce qui manque, elle est contraire aux principes d’inclusion et de respect des différences, concepts fondamentaux dans une école démocratique. Axée sur le déficit, elle entraîne des attitudes et modalités très différentes par rapport au rôle de l’enseignante et aux pratiques à privilégier.

 

Un « test» est très différent d’une observation bienveillante, attentive et continue des progrès d’un enfant et d’une intervention différenciée en fonction de celle-ci. Et si nous adoptions le postulat qu’ils sont tous compétents à leur manière et que les éducatrices et enseignantes sauront utiliser leur autonomie professionnelle pour choisir les façons adéquates de soutenir l’évolution de chacun. Que celles-ci sauront juger rapidement (elles l’ont toujours fait, ce sont les ressources qui manquaient à l’appel) si un enfant a besoin d’évaluations plus poussées et de soutien additionnels. Oui, les éducatrices et enseignantes ont besoin de référer certains enfants à du personnel spécialisé mais pas tous! Il est inutile, par exemple, d’ouvrir un dossier en orthophonie pour tous les enfants de 4 ans!

 

Les  risques  de certains dépistages, évaluations ou formes de prévention


 


« Les écoles sont de plus en plus animées par la volonté d’effectuer du dépistage et les psychologues scolaires sont contraints de faire de la psychométrie, car certains diagnostics permettent soit la médication, soit plus de subventions pour l’école..»(Monzée, 2016).

Les enfants « sont-ils trop rapidement étiquetés, stigmatisés par des comportements qui ne correspondent pas aux attentes sociales?»« On peut s’inquiéter que le message envoyé à ces enfants soit plus proche du règlement d’une défectuosité que de son individualité».

«Le processus de dépistage d’un trouble permet d’orienter les interventions. Toutefois, ce processus induit aussi de dommages collatéraux» (Monzée, 2014).  « Combien d’enfants sont meurtris par les diagnostics qu’on leur sert en pâture»« Souvent le diagnostic réduit les rêves et l’estime de soi, et ce, même si la médication aide à la réussite scolaire (Monzée, 2016). Il faut être très prudent avec les diagnostics, les étiquettes et leurs interprétations. « Les indices sont-ils  seulement valides?»« L’impulsivité n’est pas une trace de maladie mentale, surtout chez un jeune enfant qui est encore contrôlé par ses affects et ses réflexes de survie» (Monzée, 2014).

On confond souvent « l’attention avec la concentration, la distraction avec le déficit  d’attention, l’hyperactivité et la sur réactivité causée par l’anxiété trop envahissante, l’hyper vigilance et la curiosité, l’Impulsivité et la désorganisation régulière, le manque d’intérêt ou de motivation et le TDAH…» (Monzée, 2014). «Les tests psychométriques ne tiennent pas compte du contexte dans lequel apparaissent les comportements.»« (Ils) donne(nt) tellement peu d’informations sur les habiletés et sur l’autonomie; il(s) mesure(nt) des déficits.»… «La durée de ces évaluations formelles apparait souvent trop longue pour des enfants qui se fatiguent vite». (Monzée 2016)

 

Méfions-nous des conséquences de ces dépistages systématisés, trop hâtifs, basés sur des variables érigées en  normes et les jugements qui les accompagnent. Il y a, de plus en plus de faux diagnostics qui entraînent de fausses solutions et diminuent l’estime de soi de l’enfant et la confiance de tous en son avenir.  Ces tests ne se passent pas toujours dans des conditions favorisant leur validité donc leur utilité: personnes étrangères à l’enfant, local non familier, distractions. En fait les tests sont peu fiables chez les jeunes enfants et les conditions d’administration variables (dans les corridors par exemple) rendent les résultats peu valides.

Soit nos attentes sont irréalistes, soit le stress, ou la timidité inhibent l’enfant ou l’évaluation est trop longue ou son interprétation est erronée. La plupart des tests donnent  d’ailleurs peu d’informations sur d’autres éléments plus essentiels  à la réussite éducative et personnelle.


Un autre inconvénient de ces tests pour tous est qu’ils finissent par déterminer l’enseignement : afin que les enfants « réussissent» cette épreuve, on enseigne le même type de contenu que ce qui est dans le test («teaching to the test»). Cela  entraîne un enseignement systématique des connaissances attendues. L’enseignant est centré sur l’acquisition de la matière (essentiellement en littératie et numératie), plus que sur l’enfant et son développement global.

 

Ces pratiques et des programmes d’intervention prédéterminés, codifiés, peu adaptés aux façons d’apprendre des enfants, peuvent être contreproductives et risquent  de créer des décrocheurs plus tôt, de jeunes enfants trouvant l’école ennuyante  (en particulier des garçons qui trouvaient dans le jeu et les projets des occasions de bouger). De plus, le fait de se sentir  « pas bon», à 4-5 ans, n’aide pas à aimer l’école ni à persévérer.

 

La question que pose (la) prévention n’est pas de « débusquer» mais  «comment entourer», n’est pas « comment adapter  l’enfant à», mais «comment étayer, sécuriser, socialiser, soutenir, accompagner…» (Giampino dans NPS, 2012). Comme enseignante socioconstructiviste, on se reconnait dans cette description de rôle. Les auteurs nous encouragent dans une attention «subtile» «délicate» et respectueuse de l’enfant (de qui il est) et de sa famille.

Alors, avant d’accepter de faire passer un test, analysons bien ce qu’il mesure et ce qu’il demande de l’enfant. Est-ce approprié à pour son niveau de développement ? Le contenu dépasse-t-il les attentes du programme préscolaire québécois? Demande-t-il des pré requis qui ne font pas partie du programme? Touche-t-il à  tous les aspects du développement?  Ou est-il axé presque exclusivement sur les connaissances en lecture et mathématiques? Comment évalue-t-on  l’autorégulation, l’empathie, la créativité, la coopération, l’engagement, l’agentivité, les capacités d’entrer en relations positives, tous ces éléments tout aussi importants que de reconnaître la lettre initiale d’un mot mais plus difficiles à quantifier? Donne-t-il un portrait juste complexe de l’enfant qu’on a devant soi.

 

Conclusion :

Et si nous décidions de d’abord accueillir, sans préjugés,  les enfants, de les écouter, les regarder jouer pour les connaître vraiment,  de leur parler avec bienveillance, de soutenir le développement de leur langage par des conversations signifiantes,  par la lecture de livres jeunesse, d’entretenir leur curiosité et leur créativité par du matériel ouvert, de leur refléter leurs habiletés et de leur donner un peu de temps avant de les soumettre à des tests.  Ils vous surprendront sans doute par leur évolution rapide. Et si,  pour certains enfants, nous éprouvons un doute, un questionnement, une inquiétude : alors, oui, faisons appel aux parents, à d’autres spécialistes du développement et apprentissage de l’enfant et décidons ensemble si une évaluation formelle est nécessaire. Mais appliquer à tous un test en début d’année et continuellement à tous n’est sans doute pas nécessaire et peut être même nuisible. C’est en fait un manque de confiance dans les enfants et quant ils sont imposés par des directions ou autres un manque de confiance dans les enseignantes.

Efforçons nous de « trouver des pistes d’interventions qui s’avèrent offrir une meilleure adéquation en regard de l’apport des neurosciences pour développer des stratégies qui partent des forces de  l’enfant plutôt que de leurs défi (cits)» (Monzée, 2014).

 L’exemple des écoles préscolaires italiennes de Reggio Emilia pourrait nous servir de phare pour comprendre ce que sont des pratiques qui révèlent le véritable  potentiel  de  tous les enfants de cet âge. Leurs façons de documenter pourraient nous renseigner sur comment témoigner de la progression réelle de ceux-ci, sans tomber dans des formes d’enseignement et une accumulation d’évaluations formelles contreproductives. 

Anne Gillain Mauffette,


 Références :

Gueguen, Catherine:

 Vivre heureux avec son enfant (2014), Robert Lafont;

Pour une enfance heureuse : Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau. (2015) Pocket .

 

Hirsh-Pasek , K., Golingoff R.M., Berk L. E., & Singer D.G. (2009). A Mandate for Playful Learning in Preschool. Presenting the evidence. Oxford University Press , dans Zigler (2011) Pre K Debates.


Honoré Carl: Manifeste pour une enfance heureuse, Marabout ,2008


House, Richard (2011): « Too Much too soon? Early learning and the erosion of childhood , Hawthorn Press, Early Learning Series, 2011 (7)

 

Nouvelles pratiques sociales (2012) Hors Série no 1. La prévention précoce en question

 

Marcon, Rebecca A. (2002): Moving up the grades : relationship between preschool model and later school success. Early Childhood Research and Practice, 4 (1)

 

Monzée, Joël:  

Soutenir le développement affectif de l’enfant , CARD, 2014;

J’ai juste besoin d’être compris : Comprendre les comportements dérangeants chez l’enfant et l’adolescent  Le Dauphin Blanc, 2014 b ;

 J’ai juste besoin de votre attention : Aider l’enfant et l’adolescent aux prises avec l’anxiété et le stress, Le dauphin blanc 2016 ; 

Et si on les laissait vivre, Le Dauphin Blanc, 2018.


Impliquer les enfants dans la création des coins de jeu.

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