vendredi 26 février 2021

Pistoia, une ville et des centres préscolaires pensés pour les familles et les enfants (1)

 Par Anne Gillain Mauffette

Pouvez-vous imaginer une ville où on donnerait priorité aux enfants et aux familles? 

  

L’ours,  symbole ludique de la ville qu’on retrouve partout sous toutes sortes de formes. Photos tirées de bambino2.

Et bien cela existe, en Italie, racontent Sylvie Rayna et ses collègues  dans le livre : 
PiSTOiA, une culture de la petite enfance1.


Sommaire

A la suite de Reggio Emilia, plusieurs villes italiennes «ont opéré une ‘véritable révolution’ pédagogique» dans leurs écoles maternelles. Mais en plus, à Pistoia, on a ajouté des centres communautaires (Aree bambini ), spécialisés  dans certains domaines (artistiques, littérature, nature), animés par des enseignantes. On a aussi mis en place un accueil et un accompagnement personnalisé et respectueux des nouveaux arrivants. Des projets et fêtes sont organisés pour la collectivité, en collaboration avec les écoles. On a également créé une signalisation claire et ludique dans la ville et ses institutions pour les parents et les enfants.

 
La serre dans L’Area verde. Photo © Sylvie Rayna *
                                                                    https://vimeo.com/111743430


Parmi les caractéristiques de l’organisation municipale on retrouve:

-          L’image d’un enfant créatif dont on peut s’émerveiller

-          Un pari positif sur les potentialités de tous (enfants et adultes)

-          Une image de familles « riches» qui fait écho à celle des ressources des enfants

-          La valorisation de l’identité des enfants

-          Un souci d’assurer à l’enfant une continuité entre la vie chez lui et dans le milieu éducatif

-          L’aménagement d’espaces et de situations soigneusement pensé pour cultiver ces potentialités et les relations entre tous

-          La prise en compte de ce que disent, pensent et ressentent les différents protagonistes dont les petits

-          Des structures éducatives chaleureuses et des aires de jeu communautaires comme de petits laboratoires pensés dans la lignée des pédagogies actives

-           La pratique de la documentation

-          L’impératif de l’inclusion et de la participation de tous

-          Une approche ouverte à l’altérité

-          Des coordonnatrices pédagogiques

-          Des groupes de recherches-actions-formations

-          Des stratégies pour faciliter  la participation des familles migrantes dans les structures

Cela parait trop beau pour être vrai et pourtant grâce à  une continuité de choix politiques de la part de la municipalité : défense soutenue des droits des enfants, lien étroits avec la recherche, engagement dans des réseaux régionaux, nationaux et internationaux, ils ont réussi à créer une ville et des écoles amiables et accueillantes.

Regardons de plus près leurs valeurs et les moyens pour les mettre en action.

Voir la suite  partie (2): le projet éducatif et la documentation

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Pistoia, une ville et des centres préscolaires pensés pour les familles et les enfants (2)

Par Anne Gillain Mauffette

Retour à la partie précédente (1):Sommaire, introduction et organisation municipale:


 Le projet éducatif

« Notre projet éducatif, dit Anna Lia Galardini, a pour objectif de permettre aux nombreuses ressources de l’enfant - sa curiosité, sa volonté de  donner du sens à la réalité qui l’entoure - de trouver un environnement propice à leur déploiement.»

                           Photo © Anna Lia Galardini *                  Photo © Sylvie Rayna *
                                        https://vimeo.com/111743431              https://vimeo.com/111743430

 «Nous sommes à l’opposé des pratiques évaluatrices quantifiantes, catégorisantes, hiérarchisantes que l’on cherche à imposer ailleurs au personnel de la petite enfance…»

Le jeu, stimulé par la qualité des matériaux et l’organisation de l’espace et du temps, est l’activité principale, à travers laquelle les enfants font des expériences et développent leur pensée.

   

Photos © Anna Lia Galardini *           https://vimeo.com/111743431  
             

Photo © Sylvie Rayna  *                     Photo© Anna Lia Galardini*


La documentation

Même si on est frappés pas la beauté de la documentation, il «ne s’agit pas de décorer les murs mais de renvoyer l’image que l’on défend des enfants, de partager des expériences, d’inviter à participer». « Des murs qui parlent» pour mettre les capacités des enfants en valeur. On montre que «tous les moments de la journée comptent» et que «la quotidienneté a de la valeur»

« Les équipes saisissent au jour le jour, les images fortes, émouvantes, des enfants, des parents aussi, sélectionnent les plus significatives puis les restituent sous différentes formes» :

- de grands panneaux,

     Photo ©  Anna Lia Galardini   https://vimeo.com/111743431  

- un journal de bord hebdomadaire des sections qui relate l’expérience du groupe et que les parents peuvent consulter et qui sera revisité tous les mois;

- des livres photos individuels et collectifs (consultés aussi par les enfants),

     Photo © Sylive Rayna *  https://vimeo.com/111743430  

-  les «cahiers structure-maison» réalisés avec les parents qui servent d’objets passerelles;

 les «boîtes de vacances» qui créent un raccord entre la fin d’une année et le début d’une autre;

 

     Photo © Sylvie Rayna https://vimeo.com/111743430  

 un livre de l’enfant (une sorte de biographie) est tenu à partir du premier jour et consulté régulièrement par les parents puis remis aux parents à son départ.

     Photo © Sylvie Rayna https://vimeo.com/111743430  

 Ils mettent ces paroles «en écho avec d’autres voix » (Van Gogh, Montaigne, Pennac etc.) et  partagent le tout «pour engager de nouveaux échanges».

«Si les murs, les journaux et autres documents rendent visibles aux parents l’expérience des enfants, les traces des familles y sont également nombreuses dans l’environnement».

Les enfants peuvent apporter leurs trésors de la maison.

        Photos © Sylvie Rayna  *  https://vimeo.com/111743430  




Pistoia, une ville et des centres préscolaires pensés pour les familles et les enfants (3)

Voir la partie précédente(2): le projet éducatif et la documentation

Les environnements des crèches, des écoles maternelles et des centres communautaires

 Par Anne Gillain Mauffette

                                     Photo ©Anna Lia Galardini      https://vimeo.com/111743431  

«Il existe un rapport étroit entre aménagement de l’espace et la qualité des apprentissages.»

Photo © Anna Lia Galardini *

 « L’espace n’est pas un ‘contenant’ amorphe mais un contexte qui permet ou empêche.»« La qualité des structures éducatives (va) contribuer de façon décisive au développement des potentialités de chacun». La création des lieux « passe par du beau, du doux, du gai.» Le matériel n’est pas «dicté par les catalogues, mais méticuleusement choisi, souvent ‘fait maison’.» Il suggère «de multiples pistes de jeu et d’expérimentation.» On y note une attention au détail.

Photo © Anna Lia Galardini *
 

Ces espaces sont des lieux d’expériences conçus pour «susciter la curiosité», «inviter les enfants à s’auto-organiser dans le jeu», «favoriser et soutenir les apprentissages», «solliciter l’imagination des enfants», «développer l’autonomie».

Photo © Anna Lia Galardini *

 «Les crèches, maternelles et aree bambini se présentent comme des espaces où l’on peut ‘faire’» : «des sollicitations y attirent le regard, les mains et les gestes des enfants.»

  

Photo © Sylvie Rayna *             Photo© Anna Lia Galardini

Ce sont des lieux qui montrent les compétences des enfants, sur les plans cognitif et social, leurs amitiés, leur curiosité, leurs jeux avec les possibles et qui créent un sentiment d’appartenance ce qui favorise la participation et la responsabilité envers ce lieu.

L’attachement affectif de l’enfant aux lieux où il fait des expériences dans la durée constitue une partie de son identité.

                                            Photo © Anna Lia Galardini *              Photo © Sylvie Rayna  *
                                               https://vimeo.com/111743431               https://vimeo.com/111743430  

 

Les  aree bambini  sont des centres qui coexistent avec les autres milieux éducatifs et que les enseignantes fréquentent avec les enfants de leurs groupes le matin et qui sont ouverts aux parents avec leurs enfants l’après midi.

Dans l’Area Verde, les enfants explorent la nature dans les champs qui l’entourent et dans une grande serre. À l’Area Blu, il s’agit de projets artistiques liés à des thèmes en rapport avec les intérêts (ex.: les vitrines et la mode) et préoccupations du moment des enfants (ex. : les maladies) ou des suggestions de partenaires. Il y a aussi un centre tout en douceur (La maison des ours) pour les poupons et les plus jeunes. Ce sont des enseignantes chez qui on a décelé  «des potentiels artistiques, scientifiques ou narratifs» qui animent ces lieux.





Pistoia, une ville et des centres communautaires pensés pour les familles et les parents (4)

Par Anne Gillain Mauffette

Revenir à la partie précédente (3): les environnements dans le crèches , les écoles maternelles et les centres communautaires.

Les coordonnatrices pédagogiques et la formation:

 Employées de la ville, elles cherchent «à soutenir dans chaque structure les cheminements propres» et à tisser des réseaux entre les structures éducatives. Elles  encouragent le développement personnel autant que professionnel de chaque enseignante, organisant des groupes et des voyages d’études, des conférences, etc. Elles favorisent la solidarité entre les différents protagonistes qui se sentent partie prenante d’un dessein commun.

Elles organisent plusieurs rencontres de haute qualité par année. Elles ont aussi rapproché les enseignantes des chercheurs, des universitaires et des artistes. La formation se donne en plus par la participation à des recherches actions qui impliquent parfois l’ensemble du personnel. «On cherche à  générer une attitude de recherche dans la pratique quotidienne à partir de l’expérience concrète».

                                                    Photo © Anna Lia Galardini  *    https://vimeo.com/111743431  

Les enseignantes participent aussi à des événements nationaux et internationaux.


Le respect des enseignantes/éducatrices

On encourage les enseignantes à être elles-mêmes et à apporter au milieu «la valeur de (leur) individualité et de (leurs) ressources pour alimenter la qualité éducative, grâce à la subjectivité (des) personnes». Aussi chaque crèche ou école maternelle, partageant une même idée de l’enfance et de l’éducation, a des particularités qui reflètent la sensibilité et le style des personnes qui y travaillent.

«Elles ne sont pas des exécutantes d’un ‘faire, pensé par d’autres, pour elles’.»

Le rôle de l’enseignante n’est pas de transmettre le savoir, elle offre les conditions pour la connaissance mais aussi pour le bien-être, les relations, les actions partagées entre enfants et adultes.

En maternelle, deux enseignantes travaillent ensemble dans la même classe.

Elles ont six heures par semaine sans les enfants pour pouvoir documenter ou se former, discuter, mais n’ont pas de véritables pauses dans la journée et prennent leur dîner avec les enfants. Il y a aussi des réunions le soir ou les fins de semaine.

Elles travaillent sans personnel de direction.

«Le personnels des crèches et des maternelles ont le même profil professionnel ce qui permet de la mobilité entre les différents types de structure ainsi que l’unité et la continuité entre celles-ci. Elles ont partout les mêmes horaires de travail et bénéficient d’une formation continue en partie spécifique et en partie commune».

 

Le respect des parents

Des parcours particuliers ont été inventés pour les familles migrantes, où elles font des rencontres avec toutes sortes de ressources, tout en sortant de leur isolement et établissant de nouveaux réseaux. Ce n’est pas un modèle de transmission mais bien de constructions de significations mutuelles. Des projets prennent forme où les parents sont encouragés à formules «des actions concrètes que les structures pourraient mettre en œuvre». Ils sont eux aussi, invités à s’engager avec leurs multiples talents.

Photo © Sylvie Rayna *


  D’autres  projets pour les parents et les enfants

-          La ville et ses habitants

Des projets comme « Pistoia amie des enfants» ou «Par la main» ont pour but de «faire connaître la ville aux enfants et aux parents : « leur faire découvrir ou redécouvrir leur espace urbain»… « aimer leur riche patrimoine, les amener à dialoguer avec « les anciens» et «les professionnels des musées où ils sont accueillis à bas ouverts». «Les parents sont impliqués afin qu’ils développent ou renforcent leur attachement avec les lieux et les personnes rencontrées».

-          Hors les murs

Nombre de projets  amènent les enfants à faire des parcours en dehors de la ville pour vivre de riches expériences.


Un projet de pédagogie sociale

La ville  a créé «une vision d’ensemble avec un projet pédagogique et culturel pour l’enfance…». Une vision systémique et un travail en réseau « a donné vie à une communauté de professionnelles dont les membres sont liés par les mêmes objectifs et une même passion». La coordination pédagogique estime que «l’éducation concerne toute la communauté» et ont impliqué des pédiatres, psychologues, assistantes sociales, les enseignants des autres cycles, les intervenants culturels et d’autres encore».

 

Conclusion

Dans l’ensemble de ces lieux éducatifs, on constate une vraie culture de l’hospitalité, un esprit caractérisé par « la  générosité, l’exigence et l’enthousiasme des équipes». Mais de la fierté aussi. Collégialité, tranversalité, dans et  entre les différentes structures, sont les mots d’ordre.

C’est donc « dans un engagement fort du service municipal, des coordonatrices pédagogiques et des équipes des structures que se construit au quotidien l’alliance éducative dans chaque lieu, voulu comme lieu de dialogue entre les cultures familiales et institutionnelles et comme lieu d’exercice de la citoyenneté».

Qui dit mieux?

Dommage que nos dirigeants ne lisent pas ce livre, cela pourrait leur donner des idées. En attendant, à nous de jouer. Que pourrions-nous faire pour appliquer certaines de ces mesures? À chacun de trouver sa réponse.


Références :

 


1. Pistoia Une culture de la petite enfance (2020). Ana lia Galardini, Donatella Giovanni, Sonia Iozzelli, Antonio Mastio, Maria Laura Contini, Sylvie Rayna. Édition érès

2. L’imaginario : bambino ; Le esperienze educative del Comune di Pistoias nei disegni nella grafica di Andrea Rauch de 1979-1999, edizioni junior. Édition 2003.

* Note : La plupart des photos sont tirées de la conférence de Madame Anna Lia Galardini  (Les éléments de la qualité éducative dans les services de la petite enfance, une expérience italienne) et de celle de Sylvie Rayna (Regards sur l’éducation de la petite enfance à Pistoia : quelles inspirations?); conférences organisées par l'équipe de recherche Qualité Petite enfance sous le titre de  «L'approche de Pistoia en éducation à la petite enfance», le 4 septembre 2014 à l'UQAM. Les deux conférences sont disponibles à: https://qualitepetiteenfance.uqam.ca/ dans En vidéo/voir toutes les capsules ou sur Viméohttps://vimeo.com/111743430   et https://vimeo.com/111743431




mercredi 24 février 2021

Pistoia, une ville et des centres préscolaires pensés pour les familles et les enfants

 Par Anne Gillain Mauffette

Pouvez-vous imaginer une ville où on donnerait priorité aux enfants et aux familles? 

  

L’ours,  symbole ludique de la ville qu’on retrouve partout sous toutes sortes de formes. Photos tirées de bambino2.

Et bien cela existe, en Italie, racontent Sylvie Rayna et ses collègues  dans le livre : 
PiSTOiA, une culture de la petite enfance1.

A la suite de Reggio Emilia, plusieurs villes italiennes «ont opéré une ‘véritable révolution’ pédagogique» dans leurs écoles maternelles. Mais en plus, à Pistoia, on a ajouté des centres communautaires (Aree bambini ), spécialisés  dans certains domaines (artistiques, littérature, nature), animés par des enseignantes. On a aussi mis en place un accueil et un accompagnement personnalisé et respectueux des nouveaux arrivants. Des projets et fêtes sont organisés pour la collectivité, en collaboration avec les écoles. On a également créé une signalisation claire et ludique dans la ville et ses institutions pour les parents et les enfants.

 
La serre dans L’Area verde. Photo © Sylvie Rayna *
                                                                    https://vimeo.com/111743430



Parmi les caractéristiques de l’organisation municipale on retrouve:

-          L’image d’un enfant créatif dont on peut s’émerveiller

-          Un pari positif sur les potentialités de tous (enfants et adultes)

-          Une image de familles « riches» qui fait écho à celle des ressources des enfants

-          La valorisation de l’identité des enfants

-          Un souci d’assurer à l’enfant une continuité entre la vie chez lui et dans le milieu éducatif

-          L’aménagement d’espaces et de situations soigneusement pensé pour cultiver ces potentialités et les relations entre tous

-          La prise en compte de ce que disent, pensent et ressentent les différents protagonistes dont les petits

-          Des structures éducatives chaleureuses et des aires de jeu communautaires comme de petits laboratoires pensés dans la lignée des pédagogies actives

-           La pratique de la documentation

-          L’impératif de l’inclusion et de la participation de tous

-          Une approche ouverte à l’altérité

-          Des coordonnatrices pédagogiques

-          Des groupes de recherches-actions-formations

-          Des stratégies pour faciliter  la participation des familles migrantes dans les structures

Cela parait trop beau pour être vrai et pourtant grâce à  une continuité de choix politiques de la part de la municipalité : défense soutenue des droits des enfants, lien étroits avec la recherche, engagement dans des réseaux régionaux, nationaux et internationaux, ils ont réussi à créer une ville et des écoles amiables et accueillantes.

Regardons de plus près leurs valeurs et les moyens pour les mettre en action.


Le projet éducatif

« Notre projet éducatif, dit Anna Lia Galardini, a pour objectif de permettre aux nombreuses ressources de l’enfant - sa curiosité, sa volonté de  donner du sens à la réalité qui l’entoure - de trouver un environnement propice à leur déploiement.»

                           Photo © Anna Lia Galardini *                  Photo © Sylvie Rayna *
                                        https://vimeo.com/111743431              https://vimeo.com/111743430

 «Nous sommes à l’opposé des pratiques évaluatrices quantifiantes, catégorisantes, hiérarchisantes que l’on cherche à imposer ailleurs au personnel de la petite enfance…»

Le jeu, stimulé par la qualité des matériaux et l’organisation de l’espace et du temps, est l’activité principale, à travers laquelle les enfants font des expériences et développent leur pensée.

   

Photos © Anna Lia Galardini *           https://vimeo.com/111743431  
             

Photo © Sylvie Rayna  *                     Photo© Anna Lia Galardini*


La documentation

Même si on est frappés pas la beauté de la documentation, il «ne s’agit pas de décorer les murs mais de renvoyer l’image que l’on défend des enfants, de partager des expériences, d’inviter à participer». « Des murs qui parlent» pour mettre les capacités des enfants en valeur. On montre que «tous les moments de la journée comptent» et que «la quotidienneté a de la valeur»

« Les équipes saisissent au jour le jour, les images fortes, émouvantes, des enfants, des parents aussi, sélectionnent les plus significatives puis les restituent sous différentes formes» :

- de grands panneaux,

     Photo ©  Anna Lia Galardini   https://vimeo.com/111743431  

- un journal de bord hebdomadaire des sections qui relate l’expérience du groupe et que les parents peuvent consulter et qui sera revisité tous les mois;

- des livres photos individuels et collectifs (consultés aussi par les enfants),

     Photo © Sylive Rayna *  https://vimeo.com/111743430  

-  les «cahiers structure-maison» réalisés avec les parents qui servent d’objets passerelles;

-  les «boîtes de vacances» qui créent un raccord entre la fin d’une année et le début d’une autre;

 

     Photo © Sylvie Rayna https://vimeo.com/111743430  

-  un livre de l’enfant (une sorte de biographie) est tenu à partir du premier jour et consulté régulièrement par les parents puis remis aux parents à son départ.

     Photo © Sylvie Rayna https://vimeo.com/111743430  

 Ils mettent ces paroles «en écho avec d’autres voix » (Van Gogh, Montaigne, Pennac etc.) et  partagent le tout «pour engager de nouveaux échanges».

«Si les murs, les journaux et autres documents rendent visibles aux parents l’expérience des enfants, les traces des familles y sont également nombreuses dans l’environnement».

Les enfants peuvent apporter leurs trésors de la maison.

        Photos © Sylvie Rayna  *  https://vimeo.com/111743430  

 

Les environnements des crèches, des écoles maternelles et des centres communautaires

 

                                     Photo ©Anna Lia Galardini      https://vimeo.com/111743431  

«Il existe un rapport étroit entre aménagement de l’espace et la qualité des apprentissages.»

Photo © Anna Lia Galardini *

 « L’espace n’est pas un ‘contenant’ amorphe mais un contexte qui permet ou empêche.»« La qualité des structures éducatives (va) contribuer de façon décisive au développement des potentialités de chacun». La création des lieux « passe par du beau, du doux, du gai.» Le matériel n’est pas «dicté par les catalogues, mais méticuleusement choisi, souvent ‘fait maison’.» Il suggère «de multiples pistes de jeu et d’expérimentation.» On y note une attention au détail.

Photo © Anna Lia Galardini *
 

Ces espaces sont des lieux d’expériences conçus pour «susciter la curiosité», «inviter les enfants à s’auto-organiser dans le jeu», «favoriser et soutenir les apprentissages», «solliciter l’imagination des enfants», «développer l’autonomie».

Photo © Anna Lia Galardini *

 «Les crèches, maternelles et aree bambini se présentent comme des espaces où l’on peut ‘faire’» : «des sollicitations y attirent le regard, les mains et les gestes des enfants.»

  

Photo © Sylvie Rayna *             Photo© Anna Lia Galardini

Ce sont des lieux qui montrent les compétences des enfants, sur les plans cognitif et social, leurs amitiés, leur curiosité, leurs jeux avec les possibles et qui créent un sentiment d’appartenance ce qui favorise la participation et la responsabilité envers ce lieu.

L’attachement affectif de l’enfant aux lieux où il fait des expériences dans la durée constitue une partie de son identité.

                                            Photo © Anna Lia Galardini *              Photo © Sylvie Rayna  *
                                               https://vimeo.com/111743431               https://vimeo.com/111743430  

 

Les  aree bambini  sont des centres qui coexistent avec les autres milieux éducatifs et que les enseignantes fréquentent avec les enfants de leurs groupes le matin et qui sont ouverts aux parents avec leurs enfants l’après midi.

Dans l’Area Verde, les enfants explorent la nature dans les champs qui l’entourent et dans une grande serre. À l’Area Blu, il s’agit de projets artistiques liés à des thèmes en rapport avec les intérêts (ex.: les vitrines et la mode) et préoccupations du moment des enfants (ex. : les maladies) ou des suggestions de partenaires. Il y a aussi un centre tout en douceur (La maison des ours) pour les poupons et les plus jeunes. Ce sont des enseignantes chez qui on a décelé  «des potentiels artistiques, scientifiques ou narratifs» qui animent ces lieux.


Les coordonnatrices pédagogiques et la formation:

 Employées de la ville, elles cherchent «à soutenir dans chaque structure les cheminements propres» et à tisser des réseaux entre les structures éducatives. Elles  encouragent le développement personnel autant que professionnel de chaque enseignante, organisant des groupes et des voyages d’études, des conférences, etc. Elles favorisent la solidarité entre les différents protagonistes qui se sentent partie prenante d’un dessein commun.

Elles organisent plusieurs rencontres de haute qualité par année. Elles ont aussi rapproché les enseignantes des chercheurs, des universitaires et des artistes. La formation se donne en plus par la participation à des recherches actions qui impliquent parfois l’ensemble du personnel. «On cherche à  générer une attitude de recherche dans la pratique quotidienne à partir de l’expérience concrète».

                                                    Photo © Anna Lia Galardini  *    https://vimeo.com/111743431  

Les enseignantes participent aussi à des événements nationaux et internationaux.


Le respect des enseignantes/éducatrices

On encourage les enseignantes à être elles-mêmes et à apporter au milieu «la valeur de (leur) individualité et de (leurs) ressources pour alimenter la qualité éducative, grâce à la subjectivité (des) personnes». Aussi chaque crèche ou école maternelle, partageant une même idée de l’enfance et de l’éducation, a des particularités qui reflètent la sensibilité et le style des personnes qui y travaillent.

«Elles ne sont pas des exécutantes d’un ‘faire, pensé par d’autres, pour elles’.»

Le rôle de l’enseignante n’est pas de transmettre le savoir, elle offre les conditions pour la connaissance mais aussi pour le bien-être, les relations, les actions partagées entre enfants et adultes.

En maternelle, deux enseignantes travaillent ensemble dans la même classe.

Elles ont six heures par semaine sans les enfants pour pouvoir documenter ou se former, discuter, mais n’ont pas de véritables pauses dans la journée et prennent leur dîner avec les enfants. Il y a aussi des réunions le soir ou les fins de semaine.

Elles travaillent sans personnel de direction.

«Le personnels des crèches et des maternelles ont le même profil professionnel ce qui permet de la mobilité entre les différents types de structure ainsi que l’unité et la continuité entre celles-ci. Elles ont partout les mêmes horaires de travail et bénéficient d’une formation continue en partie spécifique et en partie commune».

 

Le respect des parents

Des parcours particuliers ont été inventés pour les familles migrantes, où elles font des rencontres avec toutes sortes de ressources, tout en sortant de leur isolement et établissant de nouveaux réseaux. Ce n’est pas un modèle de transmission mais bien de constructions de significations mutuelles. Des projets prennent forme où les parents sont encouragés à formules «des actions concrètes que les structures pourraient mettre en œuvre». Ils sont eux aussi, invités à s’engager avec leurs multiples talents.

Photo © Sylvie Rayna *

 D’autres  projets pour les parents et les enfants

-          La ville et ses habitants

Des projets comme « Pistoia amie des enfants» ou «Par la main» ont pour but de «faire connaître la ville aux enfants et aux parents : « leur faire découvrir ou redécouvrir leur espace urbain»… « aimer leur riche patrimoine, les amener à dialoguer avec « les anciens» et «les professionnels des musées où ils sont accueillis à bas ouverts». «Les parents sont impliqués afin qu’ils développent ou renforcent leur attachement avec les lieux et les personnes rencontrées».

-          Hors les murs

Nombre de projets  amènent les enfants à faire des parcours en dehors de la ville pour vivre de riches expériences.

 

Un projet de pédagogie sociale

La ville  a créé «une vision d’ensemble avec un projet pédagogique et culturel pour l’enfance…». Une vision systémique et un travail en réseau « a donné vie à une communauté de professionnelles dont les membres sont liés par les mêmes objectifs et une même passion». La coordination pédagogique estime que «l’éducation concerne toute la communauté» et ont impliqué des pédiatres, psychologues, assistantes sociales, les enseignants des autres cycles, les intervenants culturels et d’autres encore».

 

Conclusion

Dans l’ensemble de ces lieux éducatifs, on constate une vraie culture de l’hospitalité, un esprit caractérisé par « la  générosité, l’exigence et l’enthousiasme des équipes». Mais de la fierté aussi. Collégialité, tranversalité, dans et  entre les différentes structures, sont les mots d’ordre.

C’est donc « dans un engagement fort du service municipal, des coordonatrices pédagogiques et des équipes des structures que se construit au quotidien l’alliance éducative dans chaque lieu, voulu comme lieu de dialogue entre les cultures familiales et institutionnelles et comme lieu d’exercice de la citoyenneté».

Qui dit mieux?

Dommage que nos dirigeants ne lisent pas ce livre, cela pourrait leur donner des idées. En attendant, à nous de jouer. Que pourrions-nous faire pour appliquer certaines de ces mesures? À chacun de trouver sa réponse.


Références :

 


1. Pistoia Une culture de la petite enfance (2020). Ana lia Galardini, Donatella Giovanni, Sonia Iozzelli, Antonio Mastio, Maria Laura Contini, Sylvie Rayna. Édition érès

2. L’imaginario : bambino ; Le esperienze educative del Comune di Pistoias nei disegni nella grafica di Andrea Rauch de 1979-1999, edizioni junior. Édition 2003.

* Note : La plupart des photos sont tirées de la conférence de Madame Anna Lia Galardini  (Les éléments de la qualité éducative dans les services de la petite enfance, une expérience italienne) et de celle de Sylvie Rayna (Regards sur l’éducation de la petite enfance à Pistoia : quelles inspirations?); conférences organisées par l'équipe de recherche Qualité Petite enfance sous le titre de  «L'approche de Pistoia en éducation à la petite enfance», le 4 septembre 2014 à l'UQAM. Les deux conférences sont disponibles à: https://qualitepetiteenfance.uqam.ca/ dans En vidéo/voir toutes les capsules ou sur Viméohttps://vimeo.com/111743430   et https://vimeo.com/111743431





Quelques idées d’expériences à faire à l’extérieur

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