Quels changements apporter dans l’environnement?
Par Anne Gillain Mauffette
Retour à la deuxième partie: Considérer l'enfant compétent
Je crois qu’on doit d’abord commencer par analyser notre environnement intérieur et extérieur et nos pratiques, en essayant d’identifier les éléments qui favorisent le développement global et ceux qui l’inhibent.
Puis, cela va être une question de désir : qu’est-ce que j’ai envie de changer et qu’est-ce que je me sens capable de changer?
1. Certaines vont alors peut-être avoir envie
de faire
des changements dans leur
environnement intérieur :
On peut se poser les questions suivantes;
Qu’est-ce qu’il y a sur les murs?
- Est-ce que les familles et les enfants sont visibles dans l’environnement?
On pourrait voir par exemple une affiche où l’on verrait ceci :
- S’il y a beaucoup d’affiches ou éléments commerciaux, par quoi pourrait-on les remplacer?
- Y a-t-il des œuvres d’artistes québécois ou d’ailleurs.
- Pourrait-on ajouter des photos de bâtiments intéressants au niveau architectural dans le coin blocs?
Les matériaux
- Est-ce qu’il y a beaucoup de jouets en plastique? Au niveau des couleurs et du matériel : est-ce qu’il y a beaucoup de rouge, bleu et vert? Est-ce que je pourrais amener des teintes plus neutres avec des matériaux naturels?
- Est-ce que le matériel présent détermine les thèmes abordés par les enfants (ex : une ferme, un garage). Les jouets de type Playmobil par exemple, sont très beaux mais ils induisent les scénarios des enfants.
- Est-ce que le matériel est accessible aux enfants ou rangé dans les armoires et on le sort soit quand on le décide ou sur demande?
- Le jeu des enfants évolue-t-il en complexité, est-il répétitif : faire vroum vroom à deux ans, c’est normal, à 4 ans, on va aider à enrichir les scénarios des enfants soit en les questionnant : où va ton auto? Au garage, au lave auto, à l’épicerie, à l’hôpital, à la garderie? Ou en leur offrant une rampe (même en carton) où ils vont pouvoir commencer à penser explorer la vitesse, la distance, l’inclinaison des pentes, etc.
- Le matériel encourage-t-il la coopération
- Qu’est-ce que je pourrais ajouter dans l’environnement pour que les enfants explorent davantage tel ou tel concepts (relations de cause à effets, transformations, des phénomènes reliés à la physique par exemple, etc.).
Un exemple : un petit garçon m’affirmait que
l’auto allait plus vite et loin parce qu’elle était rouge. Le lendemain j’ai
apporté plusieurs autos rouges et les avons comparées Puis j’ai suggéré qu’on
pèse les autos. Y avait-il un lien entre le poids et la vitesse ou la distance
parcourue?
- Pour qu’il y ait plus d’incitations à l’écriture dans l’environnement : on pourrait proposer un coin dessin /écriture ou de correspondance, plein de jolis papier, enveloppes et de multiples outils graphiques par exemple.
- Est-ce qu’il y a des coins de jeu sous-utilisés ou encore où on se bouscule ou accaparés par certains enfants. Peut-être pourrait-on agrandir le coin de construction par exemple?
2. D’autres vont décider d’explorer des formes d'expression moins connues : les compositions sur le rétroprojecteur ou la table lumineuse avec des objets transparents et non transparents par exemple, le théâtre d’ombre. Ou des médiums nouveaux : la glaise, le fil de fer, par exemples.
3. D’autres vont vouloir apprivoiser le matériel d’enregistrement et de photographie pour pouvoir s’essayer tranquillement à documenter quelques moments de vie.
- Elles vont peut-être vouloir garder des traces (photos) de l’évolution des réalisations éphémères (comme les constructions qu’on doit défaire) ou des dessins (dater les dessins) si on les envoie à la maison.
- Noter des phrases qui indiquent une certaine compréhension d’un concept ou une situation.
-
Ajouter leur voix, leur interprétation de la
situation.
4. Certaines vont vouloir intensifier leurs communications avec les parents en partageant les «bons coups» de leurs enfants par courriel une fois par semaine ou lors de leurs rencontres avec eux. Le partage de documentation est très apprécié des parents. Cela leur donne des informations sur ce que vivent leurs enfants. Ils se sentent davantage près de ce qui se passe. Ça change de «ça a bien été» qui ne nous dit finalement pas grand-chose.
5. D’autres vont peut-être avoir envie de changer des choses dans la cour extérieure et impliquer les enfants et les parents dans ce projet.
6. Enfin certaines vont tenter de rendre le contexte plus démocratique, de trouver des moyens de permettre aux enfants de poursuive plus souvent leurs propres objectifs, de donner plus de pouvoir aux enfants dans l’élaboration des activités, de former une communauté d’apprentissage et d’adopter une attitude de co-apprenante plutôt qu’une « posture» autocratique.
Photo gracieuseté de Frode Svane
Bref, il s’agit de se faire confiance et de faire confiance aux enfants : donnons-leur de bonnes conditions et ils vont nous surprendre. Impliquons réellement les parents. Eux aussi nous surprendront.
Anne Gillain, janvier 2021.
Note : Ce texte, légèrement modifié, a été conçu en préparation d’un webinaire pour le regroupement Main dans la Main en novembre 2020.
Retour sur la première partie: Comment étayer le développement global (1): «Préparer à l'école»
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