vendredi 31 mai 2019

La recherche en éducation

par Anne Gillain Mauffette

La vice présidente de l’Association pour l’éducation préscolaire du Québec (AÉPQ) s’est exprimée à l'Association canadienne-française pour l’avancement des sciences (Acfas) sous le thème : La pertinence d'une meilleure collaboration nationale sur la recherche en éducation : Mieux servir la pratique.


Dans son message,  elle se dit préoccupée, à juste titre, des pressions exercées sur les enseignantes œuvrant en maternelle 4-5 ans par différents intervenants  qui cherchent à leur faire adopter certaines méthodes didactiques, basées sur la recherche, en particulier pour l’apprentissage de l’écrit et des mathématiques. Nous partageons cette préoccupation.
 
L’Association se dit ouverte aux résultats des recherches. Cependant, les recherches les plus publicisées et transmises dans le milieu sont celles qui soutiennent la pratique de  «l'instruction directe», c'est-à-dire l'enseignement systématique formel, même pour des enfants de 4 ans. Pourtant il en existe des centaines d'autres qui justifient amplement d'autres manières de travailler avec les jeunes enfants.
N. «lit» les plans pour faire un LÉGO

Les recherches en neurosciences affectives par exemple, insistent sur l'importance du jeu dans la construction du cerveau des enfants. L'American Academy of Pediatrics souligne aussi dans son document the Power of Play de 2018 : A Pediatric Role in Enhancing Development in Young Children (contenant 150 références) le rôle critique du jeu dans, entre autres (et il y en a beaucoup), le développement des fonctions exécutives si importantes pour la réussite éducative, des habiletés socio émotionnelles essentielles pour apprendre et pour la vie. Ils affirment qu' «en présence d'adversité dans l'enfance, le jeu devient encore plus important» car il aide à gérer les réactions du corps au stress toxique.

Contrairement à ce qui est véhiculé dans les recherches soutenant l’enseignement systématique formel (de l’écriture, par exemple), il n’est donc pas recommandé de diminuer la place du jeu, en le remplaçant par des activités académiques structurées, pour les enfants de milieux défavorisés. De plus, des méta-analyses démontrent que la découverte, étayée par l'enseignante, est plus profitable que l'enseignement explicite formel. D'autres méta-analyses montrent qu'il n'y a pas de gains à apprendre de façon formelle à lire plus tôt. Des spécialistes en éducation préscolaire d'ici le clament aussi, mais on fait la sourde oreille à leur propos. Pourquoi? Il semble donc y avoir une partialité dans la sélection des recherches qu'on fait circuler en milieu scolaire. Les enseignantes en maternelle sont aussi des spécialistes, des chercheures sur le terrain. Elles sont, après les parents, celles qui connaissent le mieux les enfants de leur groupe.


Un autre problème de taille associé à l’utilisation de ce genre de matériel académique préprogrammé, avant même l’arrivée des enfants, est la prolifération de ces tests/dépistages qu'on impose à tous les enfants, axés sur les contenus des méthodes prônées par certains «experts» et dont les résultats, informatisés, transforment les enfants en statistiques. C'est à partir de ces données sur leurs «performances» que des personnes extérieures à la classe vont déterminer des pratiques plus ou moins imposées. Et ce, même si ces tests ne donnent pas un portrait réel de l'évolution de l'enfant dans tous les domaines de développement. Mais ça, c'est une autre histoire...





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