Prendre des risques et développer l’estime de soi
par Anne Mauffette et Marie Jobin
Prendre des risques, c’est un élément très intéressant du jeu libre. De façon naturelle, les enfants se donnent des défis à relever, et l’élément du risque est attirant.
Dans cette vidéo, pendant les jeux libres, prise en salle de jeux communautaire, les enfants nous disent clairement leur besoin de grimper. Pourquoi sont-ils ainsi attirés par les hauteurs: un sentiment de puissance peut-être, être pour une fois plus grand que les adultes, les «dominer » comme ils le sont par nous à cause de notre taille? Est-ce parce qu'ils ont ainsi une vue d'ensemble sur ce qui se passe dans la pièce? Est-ce un petit endroit pour se retrouver entre complices ? On peut répondre oui à toutes ces questions.
On sait que l'exercice de grimper renforce les muscles de tout le corps, mais il amène aussi une plus grande densité osseuse, ce qui rend les enfants moins susceptibles aux accidents (au parc, etc.). L'habileté qu'ils développent va être transférée à d'autres situations. On voit, dans cette vidéo, l'audace de l'une, sa détermination, sa force, sa coordination, sa capacité à trouver des alternatives , à résoudre des problèmes donc. Par son exemple, elle stimule l'autre enfant à essayer. Cette dernière nous montre qu'elle est capable de demander de l'aide s'il le faut.
L'adulte est là pour étayer l'action (parfois, juste un petit soutien, une douce poussée suffit) et rendre l'activité sécuritaire. Tous les enfants juchés expriment leur fierté, leur plaisir. Ce goût de l'escalade, on le retrouve chez les enfants du monde entier. Quelles autres occasions ont-ils de le faire dans cet environnement ou un autre qu'ils fréquentent?
Les essais, les erreurs, ainsi que la recherche pour résoudre les problèmes, contribuent à construire une bonne estime de soi.
- Qu’est-ce qu’une bonne estime de soi ?
- Comment est-ce que la prise de risque y contribue?
- Quel est le rôle de l’adulte, pour permettre et encourager l’enfant ?
Qu’est-ce qu’une «bonne» «estime» ?
Le qualificatif «bonne» ici, a le sens de «juste» ou «justesse». Ni trop, ni pas assez. Surestimer ou sous-estimer, ne sont pas de «bons» estimés de nos capacités réelles. «Estimer» a le sens de juger, en considérant l’expérience, et évaluer pour prévoir. Pour faire un «bon» estimé, il faut avoir fait des expériences pour pouvoir évaluer la situation présente et comparer avec son expérience. Pour l’enfant, ses capacités sont en constante évolution, et il doit constamment expérimenter pour réviser l’évaluation qu’il fait de ses capacités.
Afin de prendre des décisions, l’enfant a avantage à tenir compte de ses capacités, et pour ce faire de développer une bonne estime de soi.
Comment est-ce que la prise de risques contribue à une bonne estime de soi?
Pour pousser toujours plus loin ses capacités, l’enfant prend des risques. C’est comme ça que non seulement il ajuste l’estimation qu’il a de ses capacités grandissantes, mais aussi il bâtit sa confiance en sa capacité de prendre des risques : c’est un cercle vertueux.
Le rôle de l’adulte ?
L’adulte doit-il intervenir? C’est une question de jugement, mais d’abord d’observation de la part de l’adulte. L’adulte observe les jeux jeux libres de l’enfant : d’après son tempérament plus craintif ou plus fonceur, l’enfant balance entre la peur et l’excitation, il prendra de plus petits risques à la fois, aura plus ou moins besoin d’être rassuré. S’il n’y a pas de danger, l’adulte prend le temps d’observer afin de juger s’il doit intervenir ou non. L’adulte accorde à l’enfant le temps de prendre des initiatives, de faire des essais, de réévaluer et essayer encore, de résoudre par lui-même et à sa manière les problèmes qui se posent à lui. L’adulte peut partager le sourire victorieux de l’enfant!
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