Un dessin libre



Lorsqu'une enfant dessine librement, c'est une belle occasion de l'accompagner et de l'observer en classe. En voici un exemple. Ci-dessous, nous avons regroupé des observations selon le programme d'éducation préscolaire 4 ans au Québec :
En jouant, l’enfant apprend notamment à être autonome. Il fait des choix, prend des décisions, a des idées, fait des scénarios, se fait comprendre des autres, joue souvent le rôle de conciliateur ou de médiateur et trouve des solutions. Engagé dans le jeu, il apprend à se concentrer sur quelque chose, à ne pas se laisser distraire. Le jeu sollicite à la fois les aspects affectif, social, moteur et cognitif. Il est outil de communication, d’expression et d’action. (Page 9 : Orientations du programme)

Voici donc quelques observations que nous avons relevées et regroupées sous les 5 domaines de développement dans le programme (page 15 du programme) :

Domaine physique et moteur :
  • L’enfant travaille la représentation de son schéma corporel,
  • elle développe sa motricité fine,
  • elle expérimente avec l’organisation spatiale : elle a fait un encadré dans sa feuille, les personnages occupent toute la feuille, elle fait attention pour que les bras ne se croisent pas et ne dépassent pas le cadre..
  • elle utilise sa main droite pour dessiner (latéralité).

Domaine affectif :
  • Elle choisit une activité selon ses champs d'intérêt,
  • s'engage dans une expérience positive,
  • elle se représente et des personnes qu’elle aime,
  • elle explore les liens familiaux (la sœur de, le petit frère). Elle semble vouloir dire qu’elle est la grande sœur d’Édouard mais est interrompue et se rappelle tout d’un coup qu’elle est aussi la grande sœur de Béatrice.
  • Elle renforce son identité même si elle ne dit pas : «c’est moi ». Elle parle d’elle-même à la troisième personne (Ça c’est Mathilde, la sœur de).
  • Elle dessine le bébé (la tête seulement) sur la robe, «sur le ventre»… Elle est interrompue. Pense-t-elle soudain à sa maman qui a eu le bébé dans son ventre et qui était tout petit?
  • Elle exprime ses émotions, ses frustrations, sa joie.
  • Elle régule ses émotions et comportements (frustrée de ne pas savoir faire un chandail, elle se contient quand même). Elle persévère malgré tout.
  • Elle développe un sentiment de confiance.
  • Elle affirme ses préférences (la couleur rouge).

Domaine social :
  • Elle interagit avec l’adulte, 
  • elle est sensible à l’intonation de l’adulte qui questionne : « Une robe pour Édouard?»,
  • elle se rappelle des traditions culturelles (les garçons portent des pantalons),
  • elle demande de l’aide de l’adulte.

Domaine langagier :
  • Elle démontre son ouverture à la communication,
  • elle énonce, répète, commente, répond, se corrige, dans un échange avec l’adulte.
  • Elle parle en "je".
  • Elle pose des questions : "comment on fait un chandail?",
  • elle formule des demandes : "Veux-tu dessiner..."
  • Elle démontre sa compréhension, répond à des questions.
  • Elle explicite une réalisation.
  • Elle s’intéresse aux lettres : C’est quoi les lettres de Béatrice? Devant la réponse évasive de l’adulte, elle hasarde : O, P? Elle sait qu'un nom est composé de lettres.

Domaine cognitif :
  • Elle est engagée dans l’action et raconte ses actions,
  • elle expérimente différents gestes (change de couleur de crayons, fait différents tracés),
  • elle résout des problèmes (comment faire un pantalon, un chandail).
  • À la question « pareil pas pareil » (faire des comparaisons) qui visait sans doute à la faire compter, elle répond «pas pareil», sans vraiment s’y attarder (on sent que cela ne l’intéresse pas, ce n’est pas pertinent pour elle) même si on remarque qu’elle a toujours dessiné 5 doigts.
  • Elle utilise des termes mathématiques : petit , tout petit, grand, beaucoup.
  • Elle établit des liens, fait des comparaisons.

Observer le cheminement de l’enfant, c’est avoir une attitude d’écoute et un regard attentif sur ce qui se passe et sur ce que révèlent ses gestes et ses paroles. Cela permet de cerner ses habiletés, ses connaissances, ses apprentissages, ses champs d’intérêt et ses questionnements. L’analyse de ses processus, commentaires et productions renseigne sur les concepts en construction et permet de planifier les expériences à lui proposer. 
Deux semaines plus tard :
Mathilde : "Regarde, c'est dans ma cour, j'ai un chandail avec des manches..."

L’observation a également pour but de faire prendre conscience à l’enfant de ce qu’il parvient à faire maintenant par rapport à ce qu’il ne parvenait pas à accomplir auparavant. L’enseignant, en lui demandant, au besoin, de mettre des mots sur ce qu’il fait, l’aide à devenir conscient de ses apprentissages et de sa manière d’apprendre
Pages 10 et 11 : L’observation du cheminement de l’enfant

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