Des exemples de jeux et projets tirés des écoles de Reggio Emilia

Par Anne Mauffette
1ère partie de 8 : Le jeu et les projets, des vases communicants


Un projet sur la pluie à la Garderie Imagine, inspiré par les écoles de Reggio Emilia

En observant les enfants dans leurs jeux, on peut facilement identifier leurs centres d’intérêts, leurs théories et ensuite leur proposer des explorations de sujets qui les intéressent ou qui les préoccupent.
Mais l’inverse est aussi vrai : durant un projet, les enfants peuvent aussi avoir des occasions de jouer.
Dans ces deux types d’activités, le projet et le jeu libre, les enfants…

  • abreuvent leur curiosité naturelle,
  • y trouvent motivation et enthousiasme,
  • font des choix,
  • font des découvertes,
  • font preuve de spontanéité,
  • se questionnent,
  • apprennent les uns des autres,
  • se consultent,
  • négocient,
  • utilisent les objets de façon originale,
  • représentent leur pensée, leurs sentiments et connaissances de différentes façons,
  • exercent leur créativité et leur sens esthétique.
Dans les écoles préscolaires de Reggio Emilia, les enfants alternent entre le jeu et les projets tout le temps.

Le jeu y est vu comme un pilier de l’enfance et de l’éducation préscolaire

En plus des périodes de jeux totalement libres, les enfants ont aussi de longues plages de jeu pendant les projets. À l’intérieur les attendent : marionnettes, épicerie, déguisements, matériaux de construction, d’expression plastique et toutes sortes de matériaux naturels et recyclés, etc. Leurs jeux extérieurs peuvent se passer dans la cour bien aménagée, dans des parcs et même, comme nous le verrons, dans des champs.

Voici des exemples de projets, soit nés des jeux des enfants, soit donnant lieu à du jeu ou les deux :

  • Le projet des pavots 1
    Une enfant a amené un bouquet de pavots à l’école. Ils sont mis dans un vase bien en évidence. Le lendemain, les enseignantes suggèrent aux enfants d’aller dans un champ où poussent des pavots. Il fait chaud, les enfants joueront tout l’après-midi à courir, se rouler dans l’herbe, faire des culbutes, cueillir des fleurs, etc. Le lendemain, quand les enfants arrivent, une immense feuille couvre le plancher du local. Les enseignantes leur proposent de rejouer sur la feuille ce qu’ils avaient fait dans le champ recréant ainsi chez les enfants les souvenirs et la joie du moment. Ensuite seulement, les adultes proposent aux enfants de commencer un projet de murale. Elle se fera par étapes, dessins individuels puis choix des espaces où chaque dessin sera reproduit en peinture dans la murale.
  • Les Lions2
    Des enseignantes ont prévu d’aller au marché avec les enfants pour visiter les étals pensant que les enfants s’intéresseraient aux fruits et légumes, au paiement, etc. Mais les enfants ont aperçu au fond de la place deux immenses sculptures : des lions de pierre. Ils s’élancent avec leurs enseignantes à leurs trousses. Ils montent sur le lion chacun leur tour. Ainsi est né le projet sur les lions. Pendant ce projet, les enfants ont fait du dessin d’observation, photographié, pris l’empreinte de la patte du lion, l’ont mesuré de tous les côtés avec des cordes, l’ont représenté en peinture et en glaise, lu des livres mais ont aussi joué bruyamment aux jeux d’ombres.
  • « Tout a une ombre, hormis les fourmis »3
    Dans une cour d’école, les enfants se poursuivent en essayant d’attraper leur ombre. Les enseignantes les interrogent : « D’où vient cette ombre »?
    Un enfant répond que ça vient de notre cœur et ça descend par nos pieds, un autre ajoute que cela vient du ciel. Un enfant dit qu’elle n’a une ombre que le jour car son ombre se couche sous son lit la nuit. Un autre fait remarquer que quand il bouge, l’ombre bouge. Voilà leurs théories.
    Les enseignantes vont les questionner : est-ce qu’une ombre peut être en couleur? Peut-on faire disparaître une ombre? Alors, les enseignantes vont proposer aux enfants toutes sortes de situations pour les aider à vérifier leurs différentes théories et réponses. Les enfants iront entre autres à l’entrée du théâtre où il y a des colonnes. À l’arrivée, tous les enfants se précipitent en courant sur le parvis, entre les colonnes et jouent à cache-cache. Puis l’enseignante leur propose de dessiner l’ombre des colonnes. Ils reviendront plus tard pour constater que l’ombre a bougé alors que les colonnes sont immobiles. S’en est fait de la croyance que l’ombre bouge parce qu’on bouge. Un enfant remarque que le soleil n’est plus à la même place. Et nous voilà sur la piste de la source des ombres.
    Les enfants joueront ensuite avec de lampes de poche. Quelques-uns seront choisis pour sortir un soir avec leurs parents à la recherche des ombres de la nuit et constateront que les réverbères sont responsables des ombres. Une maquette sera construite pour permettre aux enfants d’expérimenter avec des sources de lumière sur des personnages, pour anticiper où naitra l’ombre.
    Pendant le temps de jeux extérieurs, les enseignantes vont observer les enfants former des ombres à une tête mais à 6 bras, etc. Le jeu a amorcé le projet sur les ombres et ce pro nourrit les jeux des enfants. Beaucoup de leurs projets finissent en réalisations qui sont réinvesties dans leur jeu : des fontaines qui deviennent jeux d’eau, des cabanes à oiseaux qui servent de poste d’observation mais aussi de cachettes, etc.

    Dans tous les cas, les enfants sont invités à représenter leurs idées de différentes façons (dessin, carton, terre glaise, fil de fer, danse, photos, vidéos, etc.) selon ce qui convient le mieux. L’exceptionnelle qualité des réalisations des enfants est étonnante. Mais d’abord, éclaircissons les concepts de Jeu et de Projets.



Suite : CONCEPTS de JEU et de PROJETS

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