2e partie de 8 : Le jeu et les projets, des vases communicants
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Le jeu libre
Dans le jeu libre, il n’y a pas d’objectif prédéterminé par l’éducatrice ou l’enseignante même si celle-ci peut envisager des possibles en rendant intentionnellement disponibles certains matériaux et intervenir selon les besoins observés; le jeu est décidé et contrôlé par l’enfant ou les enfants; il est multisensoriel, actif, agréable, auto dirigé, solitaire ou avec les pairs; la réalité est suspendue; la motivation intrinsèque; il provoque un sentiment de maîtrise et de compétence. On peut changer d’orientation en cours de jeu, les règles peuvent être modifiées, les enfants faisant des pauses - le méta jeu - pour se mettre d’accord sur les actions à poser et les significations à donner, pour ajuster les rôles ou les règles. Le jeu peut aussi s’interrompre selon le gré des joueurs. -
L’approche par projet (ou l’enquête)
On y étudie un sujet en profondeur. Il s’agit d’un curriculum émergent dans lequel les sujets d’étude sont issus souvent de la vie de la classe ou de ce qui se passe dans l’environnement des enfants comme par exemple cela peut être un évènement mondial dont ils ont entendu parler. Le sujet choisi, qui d’ailleurs peut changer en cours de route, sera abordé et développé de différentes façons qui vont s’imposer au cours du processus.
Des enfants ou des groupes d’enfants peuvent s’intéresser à différents aspects du sujet. Les enfants vont représenter leurs idées et les changements dans leurs connaissances de manières variées.
Le rôle de l’enseignante est d’observer, écouter, questionner, favoriser l’expression d’idées, proposer du matériel, suggérer des alternatives. Elle encourage les enfants dans leurs recherches et réalisations et documente aussi bien leur évolution dans le projet que ses interventions.
On retrouve entre autres, souvent, dans une démarche de projet :- des discussions et décisions sur le choix du sujet ou d’aspects particuliers d’un sujet (des enfants pouvant poursuivre différents aspects ou des pistes de sujets reliés),
- le partage des expériences (histoires) personnelles,
- l’expression des connaissances et théories initiales à propos de celui-ci ainsi que les modes d’expression de celle-ci (verbale, dessin, mouvement…),
- l’exploration des possibilités de développement d’un sujet (carte des concepts associés),
- l’expression des questions qu’on se pose et le mode de consignation de celles-ci (enregistrements, listes, cartes réseaux «webbing»),
- la recherche de ressources possibles (livres, experts, grands-parents, internet, vidéos, revues, galerie d’art, musée) pour répondre à nos questions,
- des discussions et le choix d’activités à poursuivre (expérimentations, visites, entrevues, modes de consignation des informations),
- des discussions et le choix d’activités à poursuivre (expérimentations, visites, entrevues, modes de consignation des informations),
- le choix de mode de représentation des idées, expériences et apprentissages (graphiques, jeu, mobile, dessin, maquettes, cartes, réalisations artistiques, présentations PowerPoint, …),
- définir à qui on aimerait communiquer nos apprentissages, démontrer nos compétences et comment,
- décider quand et comment clore le projet.
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Différences entre thème et projet
On pourrait comparer ces deux manières de travailler avec un voyage «organisé» et une aventure : dans le premier cas, on vous suggère une destination et des lieux à visiter, les activités sont prédéterminées; dans le second, vous construisez vous-mêmes votre voyage selon les rencontres que vous voulez faire et la beauté des lieux, vous élaborez une planification souple correspondant à vos intérêts et vos humeurs.
Dans le travail par thème, le sujet est choisi par l’enseignante et les activités (bricolages, livres, etc.) sont prévues par celle-ci. Le thème est souvent repris d’année en année selon les saisons, le temps de l’année et les fêtes. Les enfants sont souvent appelés à faire la même chose en même temps.
Dans le projet ou l’enquête, on sait quand on part mais on n’est pas certain du trajet ni de sa durée et même de la destination qui peut changer. On va étudier un sujet choisi par et avec les enfants, en profondeur et les activités seront construites pour répondre aux questionnements et théories des enfants.
Mais les différences entre un thème et un projet ne sont pas toujours claires: un sujet choisi par l’enseignante peut être totalement approprié pour les enfants, les activités peuvent correspondre aux suggestions des enfants et ne pas toutes être prédéfinies - même s’il y en a quelques-unes.
On retrouve aussi cette nuance chez Katz qui affirme que «parfois un projet peut naître d’un thème», à condition de :- tenir compte des intérêts des enfants,
- solliciter les enfants par rapport à ce qu’ils veulent apprendre et faire,
- relever l’idée d’un enfant,
- leur donner des choix,
- fournir aux enfants des occasions où ils peuvent eux-mêmes corriger leur raisonnement,
- créer une culture du questionnement et de recherche,
- valoriser les idées vraies ou fausses,
- installer le climat de confiance qu’il faut pour exprimer vraiment ce qu’on pense,
- encourager des explorations en profondeur, accorder le temps qu’il faut pour cela,
- chercher de l’information auprès des enfants (comment on pourrait faire ?),
- poser des questions ouvertes et écouter vraiment leurs réponses (pour à la fois les connaître et trouver des pistes de planification)
- et faire la place à l’imprévu…
Chacune de nous se retrouve sur un continuum entre thème et projet, selon les moments et selon sa capacité de laisser aller ses façons de faire acquises (tout planifier : sujet, activités, matériel) et d’accompagner, soutenir les enfants, ce qui demande un autre type de planification que je qualifierais à la fois d’anticipatrice et de réactive.
Si vous voulez approfondir sur ce sujet, je vous invite à passer directement à la section 5 sinon à lire l’article de Sylvia Chard From Themes to Projects (Comment passer d’un thème à un projet) ou le livre Young Investigators de Lilian Katz et Judy H. Helm portant sur le comment du travail par projets avec les plus jeunes ou les quatre catalogues auxquels Katz et Chard ont collaboré, abordant différents aspects de cette forme de travail.
Suite : Quels sont les éléments d’un bon projet ?
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