Histoire d'une collaboration dans le coin des blocs : Commentaires



Commentaires de la narratrice, Anne Mauffette :


Dans un chassé-croisé incessant, une petite fille et trois garçons partagent un espace de construction. Ils font preuve d’une grande attention  et d’une tolérance  les uns pour les autres.

Après quelques hésitations : «Les gars on dirait», « on fait une clôture», «Oh oui,on fait comme hier!», le projet des garçons prend forme. À partir d’une plateforme portée par quatre cylindres, les amis travaillent à différentes parties de l’édifice tout en surveillant et en rectifiant si nécessaire le travail de l’autre.
Un des enfants inverse la forme en Y à gauche. Est-ce pour donner plus de solidité à la structure? Cela permet d’ajouter une planche à l’horizontale. Un rajoute un élément puis un autre pour mettre le tout à niveau. «Comme ça, ça (va mieux)..».

On sent qu’ils recherchent la stabilité de la structure et son horizontalité.
Un a choisi et placé trois formes en croix, les place de l’autre côté et forme un quadrilatère.
Ils fonctionnent par essai et erreur. Ils se consultent et discutent des solutions à apporter.
Un place un tronçon de cylindre sur la tranche, mais le retire,  car elle fait basculer  le morceau ajouté par son camarade.
Un rajoute deux longues pièces de l’autre côté et cherche à les soutenir. 

On voit qu’ils mesurent à l’œil, de façon intuitive, les longueurs ou largeurs nécessaires à leur construction. 
Un des enfants enlève même, des mains de son camarade, un bloc que celui-ci avait choisi, sans protestation aucune. Ce dernier prend simplement un autre bloc. Ils placent, enlèvent puis replacent d’autres blocs, comparant toujours les longueurs. Le troisième semble parfois hésiter en jetant un coup d’œil à son confrère: il met une pièce, puis l’enlève, puis la remet. Un des joueurs l’enlèvera plus tard. Cherche-t-il l’approbation de l’autre? « Est-ce qu’on fait ça comme ça» propose-t-il?  Il observe, participe aux dialogues. Il parle à l’adulte. Il place finalement à plat une tranche de cylindre qui est acceptée et d’autres sont ajoutées. Il offre une plaque qu’il n’a pas utilisée à son camarade.

On sent qu’ils sont unis dans ce projet. Ils communiquent beaucoup non verbalement, par leurs gestes. Ils montrent une ouverture aux idées des autres et sont prêts à adapter leurs actions  face aux propositions des autres et apporter des changements. Ils restent très engagés pendant longtemps.

Dans cette chorégraphie à quatre, on voit aussi une petite fille qui a l’air de savoir exactement ce qu’elle veut comme pièces pour construire son «abri pour les autos». Elle se glisse habilement derrière les garçons et attend le bon moment pour prendre les morceaux dont elle a besoin.

Elle a d’abord établi une plateforme. Puis elle a ajouté deux courts parallélépipèdes rectangles et puis deux longs, pour établir de chaque côté deux longueurs égales qu’elle a refermées à un bout.
Elle place ensuite à équidistance une série de blocs de même longueur sur le travers. Elle combine deux morceaux pour en faire un de la même longueur que les autres. Une plaque finira le tout créant des alvéoles pour les autos. Elle partage sa satisfaction avec  l’adulte.

Ce qui frappe dans cette vidéo, en plus des notions mathématiques abordées  (additions, équivalences, fractions, comparaisons de tailles, mesure) et  celles de physique (équilibre, rotation), c’est l’entente tacite des enfants et leur haut niveau d’autorégulation, un facteur essentiel dans le succès scolaire et dans la vie. 

Pour aller plus loin

Pour aider les enfants à aller plus loin dans leur jeu et particulièrement pour favoriser le jeu symbolique avec les blocs, on pourrait penser ajouter des figurines, des petites autos, et des objets naturels (coquillages, galets), ainsi que des petits blocs de couleurs pour les inciter à exprimer leur sensibilité esthétique. Du carton, des feutres, des petits bâtons et de la pâte à modeler près du coin des blocs permettraient de dessiner des symboles (Arrêt) ou de  faire des étiquettes pour nommer leurs bâtiments. 

On pourrait aussi afficher des images et inclure des livres représentant des structures intéressantes ainsi que du matériel d’architecte (règle souple, équerre, papier) pour inciter les enfants à représenter leurs réalisations. On pourrait aussi les inviter à prendre des photos de celles-ci avant de les défaire. Cela aura une fonction consolatrice (au moins on a un souvenir de ce qu’on a fait), une fonction de motivation (l’enseignante s’intéresse à ce qu’on a fait et ce autant qu’à nos productions écrites ou autres) qui les incitera à revenir à cette activité. Cela laissera des traces afin de nous permettre, et eux avec nous, de constater l’évolution de leurs structures et leur complexité et discuter des processus et des apprentissages rendus visibles.  On pourrait aussi varier ou combiner différents types de blocs, car chacun présente des possibilités et des défis différents.



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