Par Anne Gillain Mauffette
Photo tirée de la vidéo Story Workshop Loose parts : https://vimeo.com/649347912/c7bafd1471<BR><BR> |
Mais il n’est pas toujours facile de se retrouver dans l’histoire des enfants.
Les habiletés narratives sont essentielles à une bonne communication et nécessaire à la réussite éducative. Elles demandent des «compétences langagières, cognitives et sociales»1.
Comment aider les enfants à améliorer leurs capacités narratives? Comment évaluer leurs habiletés pour mieux les étayer?
Il faut d’abord savoir qu’il est plus facile pour les enfants de raconter des expériences qu’ils ont vécues que de se rappeler et narrer une histoire qu’on leur a lue.
Par contre, s’exercer au récit d’histoires (films, contes, etc.) va permettre aux enfants d’acquérir un schéma narratif qui va leur servir pour fabriquer leurs propres récits de leurs expériences.
Inventer des histoires est une autre activité qui demande d’apprendre à organiser des idées et exige plus de créativité.
LES ÉTAPES DE DÉVELOPPEMENT DU RÉCIT
Avec les plus jeunes, il va d’abord s’agir d’une sorte de co-narration où l’adulte va aider l’enfant à structurer le récit de son vécu par des questions : où est-ce que cela s’est passé, qui a fait quoi? Avec les touts petits, on évitera les quand, car le concept de temps reste difficile.
Les enfants de 3-4 ans vont énumérer des actions, décrire un ou des épisodes, narrer des parties d’histoires ou de contes lus par l’adulte. Ils vont enchaîner les événements avec des «puis» et des «après».
Les enfants de 4-5 ans ont moins besoin de l’adulte et vont souvent initier eux-mêmes leurs histoires. Dans le rappel d’histoires lues, ils utilisent une chronologie cohérente. Par contre, s’ils utilisent des marqueurs du temps, ils ont encore de la difficulté à établir des relations causales entre différentes composantes de l’histoire.
Avec le temps, on voit une complexification graduelle de la structure de leurs histoires.
Bien sûr chaque enfant a son rythme particulier. Mais tous les enfants vont bénéficier de temps accordé à la narration. Les enfants ayant des difficultés de langage particulièrement.
Différents auteurs ont établi des étapes de développement du récit chez les enfants. Ce tableau nous aide à repérer des éléments dans le discours des enfants.
Makdissi et al. (2004)4 Trabasso et al.(1997) dans 6 (2016)
L’enfant en progression de 3 à 6 ans: L'enfant:
1 Nomme un ou plusieurs personnages de l’histoire | Décrit des actions avec absence de chronologie (1 à 3 ans) |
2 Présente certaines actions « pertinentes» au récit et d’autres moins (sans mises en relations, ni structure de récit)
| - Décrit des actions et la fin de l’histoire, en ordre chronologique mais sans relation causale (4ans) |
3 Identifie le problème ou Identifie des épisodes structurés ou identifie une fin ou une solution Identifie deux des parties suivantes : problème-épisodes-fin ou solution Identifie le problème et des épisodes détaillés et la fin ou la solution | Décrit des émotions et des événements (mais pas le but) (4 à 5 ans) |
4 Apparition de marqueurs temporels entre différentes parties du récit : problème/épisodes; épisode/ fin Marqueurs temporels entre les parties du récit : problème, épisodes et épisodes et fin | Fait des liens de causalité entre les différents événements; les épisodes sont nombreux mais sans situation de départ ou élément déclencheur, de réponses internes du personnage principal ou de la conséquence de l’action ou la réaction à l’action (à 5 ans) |
5 Apparition de liens de causalité entre les différentes composantes du récit. | Présence des niveaux manquant précédents (à 9 ans) |
6 Extraction du lien commun à tous les épisodes | Le récit est ordonné hiérarchiquement (après 9 ans) |
RACONTER DES HISTOIRES
Les enfants peuvent raconter des histoires à tous moments : dans l’auto à l’heure du coucher, dans des moments spontanés (en arrivant au CPE ou à la maternelle, à la collation etc.) ou organisés (causerie et autres activités). Mais on peut aussi réserver du temps spécifiquement consacré à la narration.
Ils peuvent raconter des histoires de différentes façons :
- Le jeu symbolique, c’est déjà raconter des histoires
- Utiliser du petit matériel (loose parts) pour jouer et donc inventer des histoires que nous tenterons de capter.
- Ils peuvent nous dicter des histories (selon la méthode de Vivian Paley) et ensuite rejouer leur texte.
- Ils peuvent s’enregistrer
- Ils peuvent raconter à partir d’une peinture
- Ils peuvent se déguiser et nous faire des scénettes
- Ils peuvent jouer et raconter avec des marionnettes
Photo©Danielle Jasmin |
Dans la vidéo suivante, nous avons le récit du petit chaperon rouge, raconté à sa façon, avec des marottes sur un rétroprojecteur, par un petit garçon de six ans qui démontre toutes les compétences nommées ci-dessous: il fait même un retour en arrière, montrant sa maîtrise des termes indiquant le temps («pendant ce temps») et brode en ajoutant certains éléments en utilisant son expérience (les grands mères embrassent leur petits enfants). Il montre l’intention des personnages (le bûcheron qui voulait rendre visite à une amie de sa mère) et nous démontre sa perspective de l’autre : le loup qui se réjouit d’être arrivé le premier. Il change de tons pour différents personnages.
https://youtu.be/1Sb-uPbyTYI |
Les enfants peuvent évidemment fabriquer leurs propres personnages.
Photos©Anne Mauffette |
Le rétroprojecteur présente une difficulté particulière au niveau de l’orientation spatiale puisque la gauche et la droite sont inversées. Les enfants vont en même temps découvrir ce qu’on voit ou ne voit pas à l’écran.Voir l’article sur les Explorations avec la lumière https://jeulibrequebec.blogspot.com/p/explorations-avec-la-lumiere-premiere.html
Les ombres chinoises amènent aussi un lot d’apprentissages différents tout en amenant les enfants à raconter.
Les enfants ont revisité l'histoire du Monstre Poilu de Pef. Photo©Anne Mauffette |
On peut aussi fabriquer une télévision avec une boîte de carton et deux cylindres. Les enfants vont dessiner une histoire sur une longue bande de papier, qu’ils vont raconter en déroulant les cylindres, Ils adorent cela.
Une histoire e Star Wars Photo© Anne Mauffette |
LES COMPÉTENCES À DÉVELOPPER
Plusieurs capacités sont nécessaires afin d’être en mesure de rappeler une histoire :
-avoir un vocabulaire suffisant
- comprendre la syntaxe de la langue
- se souvenir du texte
- se souvenir de la séquence, de la chronologie des événements
- jouer le rôle du narrateur et des personnages
- développer un langage fluide
- changer de tons pour différents personnages
- utiliser des mots pour nous situer dans le temps et l’espace
- utiliser des mots pour indiquer la causalité (parce que), les conséquences, la finalité (pour +infintif)
-comprendre la structure narrative d’une histoire : situation initiale, complication/ actions, résolution et fin de l’histoire.
- comprendre les intentions, buts, motivation des personnages, leurs émotions
- faire des inférences c'est-à-dire comprendre des choses qui ne sont pas dites dans l’histoire
- braver sa timidité, avoir confiance en soi
Si on ajoute des accessoires, l’enfant devra aussi coordonner les mots avec les gestes
Mais si on veut que les enfants racontent des histoires, il faut d’abord que nous, nous leur en racontions.
Raconter une histoire doit être un temps privilégié pour l'enfant et l'adulte. Un moment unique de plaisir, de découvertes, de surprises et d'émotions.
ur voir l'article au complet:https://jeulibrequebec.blogspot.com/2021/12/savoir-raconter-des-histoires-une.html
Pour imprimer le texte en format PDF: https://drive.google.com/file/d/1kIngvc7x1RBA0BDujhV8oGd-qhAgrSjp/view?usp=sharing
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