À quoi faut-il réfléchir avant de proposer aux enfants des situations/expériences/activités?

Le jeu dit libre et les activités dites «ludiques» ou moins ludiques  
8e partie de 11
Par Anne Mauffette

1. Dimensions des situations d’apprentissages

Voici six dimensions à considérer quand on choisit une activité à proposer aux enfants : (inspiré de Peter Skillen et Brenda Sherry (2012), Project Base Learning 25 Project Base Learning : Am I Doing It Right ? Peter Skillen | Feb 14, 2019 | Less Teacher, More Student, Making The Shift, The How of 21st Century Teaching, Voices | https://plpnetwork.com/2019/02/14/pbl-right/ à propos de l’enseignement par projet.) Sur le continuum, on peut se situer à différents endroits pour chacune des dimensions.

Six dimension à considérer :

Plus on se situe à droite sur plusieurs de ces vecteurs, plus on s’oriente vers de l’enseignement de type académique; plus on se positionne à gauche, plus on est dans une approche de type constructiviste où l’enfant est plus actif dans ses apprentissages.

2. Les activités sont-elles signifiantes et riches en potentialités ?

Les activités riches et signifiantes sont :

  • des activités qui sont en lien avec la réalité des enfants et leur permettent de donner du sens à leur expérience;
  • des activités ouvertes à plusieurs modalités sensorielles;
  • des activités où on utilise plusieurs formes de représentation du concept sous-jacent;
  • des activités où il y a plusieurs façons d’arriver à des solutions viables;
  • des activités qui permettent plusieurs façons d’y entrer, chacun à son niveau et à sa manière;
  • des activités qui permettent de faire des liens avec leurs connaissances antérieures;
  • des activités qui permettent des essais et des erreurs, de réviser des hypothèses et de se poser des questions;
  • bref, des activités qui permettent d’élaborer une compréhension progressive plus poussée des concepts en établissant des connexions avec notre réseau mental existant.

Désavantages des activités fragmentées et décontextualisées :

  • Les concepts abstraits ne sont pas en lien avec la réalité vécue de l’enfant. Cela peut mener soit à une « illusion de connaissance » soit à une mémorisation superficielle de l’information mais ne va pas générer la compréhension en profondeur et la capacité de transfert désirables . 26 Zosh J.M., HopkinsE.J., Jensn H, Lu C. Neale D. Hish-Pasek K., Solis S.L. & Whitebread D. (2017) Learning through play: a review of the evidence (white paper) The LEGO Foundation.DK.
  • Souvent, un seul concept est abordé, il y a une seule façon d’arriver à une seule solution.
  • Cela doit être fait d’une seule manière avec un seul mode de représentation.

Quand une tâche est aussi spécifique, elle doit être ajustée à une habileté spécifique de l’enfant, sinon l’enfant ne sera pas capable de faire de lien avec la tâche.


3. Est-ce du jeu ou un exercice?


Sur la photo ci-contre, S.joue avec les lettres et les mots et a pris l’initiative de les transcrire. Dans ce cas-ci, il s’agit bien d’un jeu, puisque S. a choisi spontanément parmi toutes les options qui s’offraient à elle : coin cuisine, déguisements, rétroprojecteur, menuiserie, sable, eau, peinture, glaise. On doit en effet se souvenir qu’un jeu est une activité choisie par l’enfant.

Une classe maternelle où on consacre beaucoup de temps aux activités systématiques formelles en grand groupe ne respecte ni la façon d’apprendre des enfants ni l’esprit du programme d’éducation préscolaires québécois.
On conviendra qu’il est important d’analyser les différences de potentiel pédagogique entre le jeu libre et toutes les autres formes d’activités ludiques plus ou moins diluées. Mis à part les projets, plus on s’éloigne des caractéristiques fondamentales du jeu (plaisir, spontanéité, gratuité, ambigüité, contrôle, choix des matériaux et des partenaires), plus on s’éloigne d’une activité vraiment ludique et moins on récoltera au niveau de la variété et de la profondeur des apprentissages, de la motivation à apprendre et de l’autorégulation.

Une classe maternelle où on consacre beaucoup de temps aux activités systématiques formelles en grand groupe ne respecte ni la façon d’apprendre des enfants ni l’esprit du programme d’éducation préscolaire québécois.


Suite :  Comment détecter un programme trop académique ?
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