jeudi 21 mai 2020

Philosopher avec les enfants

Par Marie B Jobin

Danielle Jasmin, auteure du livre Le conseil de coopération. - Un outil pédagogique pour l'organisation de la vie de classe et la gestion des conflits, m'a fait part de son expérience :
« Lorsque j’enseignais à la maternelle, dans la réunion du conseil de coopération, il arrivait souvent que les enfants arrivent à des échanges philosophiques:
  • « C’est pas juste ! » amenait à se poser la question: qu’est-ce que la justice ?
  • « Il ne veut plus être mon ami ? » = qu’est-ce que l’amitié ?
  • « C’est pas vrai ! Il ment ! » = qu’est-ce que la vérité ?
  • « Les adultes disent toujours non. » = que sont les droits et les responsabilités qui viennent avec ?
  • « C’est toujours les grands à la récré qui gagnent ! Ils nous poussent pour prendre notre place dans le module ! » = « Comment exprimer notre frustration et qu’est-ce que la solidarité ? »




Philosopher avec les enfants en temps de confinement (ou de «dé-confinement progressif»), c'est une activité précieuse toujours possible. En tout petits groupes-classes (distanciation sociale oblige), ça peut même être facilité, car on a plus de temps pour écouter, pour faire préciser et aider les enfants à mettre des mots sur leur pensée, à réfléchir et partager.
L'entraide
Quelques extraits d'échanges lors de la collation dans la classe de Kathleen Cotton, sur le thème de l'entraide, inspiré d'une des QuêtesPhilo sur le site de l'Institut Philosophie Citoyenneté Jeunesse de l'Université de Montréal.
  • « Je demande pas à mes grands frères, ils ne veulent jamais. Je demande à ma mamie : elle m'a dit que je pouvais l'appeler n'importe quand.» On tend à demander à ceux qui nous montrent qu'ils sont toujours là pour nous. Ceux sur qui on peut compter.
  • « Je demande à mon père. Parce qu'il est gentil.» On se sent en confiance quand on est accueilli avec bienveillance.
  • « J'aide ma grand-mère à s'asseoir, parce qu'elle a de la difficulté. Elle joue aux Légos avec moi.» Les forces et les faiblesses de chacun sont différentes, alors on peut s'entraider.
  • « J'aime pas quand ma petite soeur veut m'aider à faire une cabane sur mon lit : elle fait tout tomber.» Parfois l'aide ne nous convient pas. On aime que les autres respectent ça.
  • « Deux têtes valent mieux qu'une pour retrouver un jouet perdu, mais trois c'est encore mieux!» Expression de joie en rapport avec une action de solidarité




Philosopher ,« Cela permet de ne pas tomber dans les idéologies, de développer la capacité de dialoguer, de s'écouter et de débattre ensemble.» dit Frédéric Lenoir en entrevue lors de la publication de son livre Méditer et philosopher avec les enfants : pour une pratique joyeuse de l'attention et de la pensée.

Les questions émergeront à tout moment des jeux libres et des diverses situations vécues, sans crier gare. Ainsi on n'a pas besoin d'ateliers, de modèles tout-faits pour favoriser des échanges philosophiques, car l'accompagnement d'une enseignante tant soit peu philosophe suffit pour relever les questions et transformer l'occasion en échange philosophique.

Cependant, pour nous inspirer, Danielle Jasmin nous recommande ce site intéressant : Quêtes de philo, de l' Institut Philosophie Citoyenneté Jeunesse de l'Université de Montréal :


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