mercredi 20 mai 2020

Jouer avec le fil de fer

Par Anne Mauffette



Ce n’est pas un matériel très utilisé dans nos CPE, dans nos écoles ou en milieux de garde scolaire et pourtant ce médium se prête à toutes sortes de manipulations, tant individuellement que collectivement, et fait partie de ce qu’on appelle, dans les écoles de Reggio Emilia, «Les Cent Langages».

Ce matériel permet aux enfants de représenter ce qu’ils veulent de manière originale en acquérant une habileté et une force manuelles. C’est aussi un exercice de transformation de la matière. L’enfant exerce son pouvoir sur celle-ci.

Il vaut mieux ne leur donner que des morceaux de fil de différentes longueurs et épaisseurs au début pour qu’ils explorent les propriétés de ce nouveau médium. Puis on ajoutera du petit matériel pour renouveler et complexifier l’activité.

Le matériel :

Il vous faut : des fils de fer de différentes épaisseurs assez pliables :


Si on n’a pas de fil de fer, on peut toujours utiliser des « wicky sticks» ou des cure-pipes.
Des outils : pour couper, pincer, enrouler le fil si nécessaire.





Des accessoires
On peut aussi offrir des bouchons de liège ou de polystyrène, des perles, des boutons, du papier, du papier de soie ou d’aluminium, des cartons ainsi que des tissus, des rubans, et de la colle. Les perles peuvent servir pour faire des yeux, des colliers aux personnages, mais aussi pour faire des suspensions dans la classe. Des épinglettes vont permettre de faire des broches et de petits anneaux des colliers.



Voici des exemples de productions faites par des enfants de 4 à 14 ans.











Des feuilles minces de métal qu’on peut couper avec des ciseaux permettent de la fantaisie.


Les petits vont sans doute commencer en pliant le fil. On peut le courber, le redresser, il garde la forme qu’on lui donne. L’enfant peut faire et défaire. On peut même si nécessaire réutiliser le matériel à condition d’avoir gardé des traces des productions. Si vous avez des inquiétudes pour les yeux des enfants, vous pouvez en recourber d’avance les bouts.

Certains vont se contenter de le tordre le fil, l’écraser, l’étirer, l’arrondir, lui donner des formes simples. D’autres vont tout de suite ou ensuite donner des noms à leurs créations changeantes : «Regarde : j’ai fait un poisson»… «Là, c’est un cœur». Les formes évoqueront des idées, leurs idées vont émerger et émerger de nouveau d’une minute à l’autre, en changeant et rechangeant les formes. Vous trouverez deux petites histoires avec des enfants de trois ans dans The Hundred Languages in Ministories1.

Ils vont aussi aimer les planter dans des plaques en mousse de polystyrène, dans de la plasticine, ou de la glaise par exemple.

La forêt de trilles de Z.

Il faudra peut-être aider certains enfants à comprendre comment faire. On peut inciter l’enfant qui hésite, en le questionnant : « Comment pourrais-tu changer la forme de ce fil?»

Après un peu de temps d’expérimentations, montrez quelques techniques pour attacher des fils par exemple. Si vous n’avez jamais manipulé le fil de fer, essayez d’abord vous-même : vous constaterez le plaisir qu’on peut en retirer, mais aussi vous pourrez prévoir les difficultés que les enfants pourraient avoir. Cela vous donnera aussi des idées de matériaux que vous pourriez ajouter. Si vous n’en savez pas plus qu’eux, qu’à cela ne tienne, vous apprendrez ensemble. C’est la découverte qui est au cœur de l’apprentissage.

Tout comme pour la peinture, le dessin et la glaise, les enfants (et les adultes) passent à travers différentes étapes. Il vaut mieux offrir le fil de fer de façon répétée afin que les enfants en deviennent maîtres. Et prendre des photos des réalisations pour retracer leur évolution.

En présentant aux enfants, une partie de la vidéo du cirque de Calder2 par exemple ou des images puisées dans le catalogue de l’exposition3, ou d’autres (il y en a beaucoup sur Pinterest), vous stimulerez leur imagination. Parfois, c’est une forme obtenue par hasard qui va déterminer leur projet. D’autres auront une intention de départ. Tous en viendront à représenter toutes sortes de choses.

Si on doit travailler en individuel, chacun peut avoir son plateau, chargé d’une variété d’objets, tout en expliquant aux enfants qu’on a d’autres éléments disponibles qu’on pourrait leur distribuer au besoin. Les enfants pourront tout de même voir ce que font leurs voisins et s’en inspirer.

Si on combine ce matériel avec de la glaise, ils pourront faire des sculptures sur socle. On peut aussi ajouter des morceaux de bois.

Ils pourront aussi enfiler chacun de leur côté, des perles, des morceaux de mousses de cartons, sur des fils qui seront ensuite regroupés pour faire un mobile. C’est en fait plus facile à enfiler que sur des cordelières, le fil de fer se tenant mieux. Certains enfants vont vouloir faire des séquences et d’autres pas.

Concentration, persévérance et dextérité sont évidentes dans cette photo.

Photos: Model Early Learning Center inspiré de Reggio Emilia

Ce matériel peu couteux et très versatile élargit la palette des matériaux habituellement offerts aux enfants. Il exerce la flexibilité mentale en plus d’être un bon exercice de motricité fine. Comme dit la publicité : l’essayer, c’est l’adopter.

Références
  1. The Hundred Languages in MInistories. Told by Teachers and Children from Reggio Emilia (2016), Davis Publications, Inc. Worcester, Massachussetts, U.S.A.
  2. Les vidéos Le cirque de Calder sur YouTube
  3. Catalogue de l’exposition : Alexander Calder, Un inventeur Radical. Musée des beaux Arts de Montréal, février 2019

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