Par Anne Gillain Mauffette
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On vous a peut-être déjà parlé de Hattie et de ses méta-analyses ainsi que de ses facteurs de réussite scolaire. On vous a probablement déjà dit que pour être «efficace», il fallait appliquer les principes pédagogiques qu’il en a tirés - même au préscolaire- et ne se fier qu’aux méthodes basées sur des «données probantes». Pourtant la démarche de Hattie est moins que rigoureuse : il a fait plusieurs erreurs méthodologiques* (dont des statistiques erronées qu’il a admis lui-même**) et ses interprétations et conclusions ne sont pas valides, mais plusieurs gestionnaires et auteurs en ont fait « le modèle» à suivre.
Un article récemment paru dans le Devoir nous éclaire sur la validité très relative des données probantes et les réserves qu’on doit avoir par rapport à leurs applications en éducation: Entre recherche en éducation et château de cartes :
Si le sujet vous intéresse, une émission de Sortie de classe, sur You tube,
critiquait aussi l’application de cette pensée, d’abord issue de la médecine puis
transférée à l’éducation et ce, encore plus au préscolaire : Regard critique sur les données
probantes : https://youtu.be/NLTnD_VJpUg.
On y parle, entre autres, d’autonomie professionnelle, d’esprit critique par rapport à des recettes miracles imposées qui ne tiennent aucun compte du contexte et mènent à la standardisation, du danger de fragmentation de la personne (en petites variables) pour des besoins statistiques, d’une culture de la performance, d’une conception simpliste et linéaire de l’enseignement où l’enseignant et ses pratiques sont l’unique cause des résultats ciblés et chiffrés et d’éloignement des finalités et de la complexité de l’éducation.
Les tenants
de ces données probantes méprisent le modèle socioconstructiviste de
l’apprentissage et n’en ont que pour l’enseignement direct et explicite de
connaissances. Comme si, l’enfant vu
comme sujet actif qui construit ses apprentissages en lien avec les autres
(dont l’enseignant) et l’environnement, n’acquérait pas de connaissances. Comme
si ce modèle pédagogique fonctionnait à vide, sans sujet d’étude! Mais l’enfant
est toujours confronté à des contenus : le monde qu’il explore est plein
de contenus qu’il tente de comprendre avec le soutien de l’adulte!
Un autre
article, de Gilbert Paquette dans le Devoir, en réponse à des détracteurs de la
pédagogie socioconstructiviste (dans le même journal) remet les pendules à
l’heure : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/776602/idees-contre-le-mythe-de-la-transmission-des-connaissances
Il est temps
d’arrêter la montée de ce mouvement qui s’étend en éducation!
Alors, quand quelqu’un critiquera vos méthodes parce que votre vision diffère du modèle «one size fits all» prescrit: faites leur lire les articles ou écouter l’émission pour vous défendre.
Note : Je veux remercier Marie Jobin de m’avoir mis sur la piste de ces articles et de cette émission.
* Pour ceux qui doutent de ces informations, voir ce texte difficile : Comment faire de la pseudoscience avec des données réelles: une critique des arguments statistiques de John Hattie dans Visible Learning par un statisticien : https://mje.mcgill.ca/article/view/9394/7151
**citée
dans : Stéphanie Demers (2016) L’efficacité, une finalité digne de
l’éducation? McGill Journal of Education
Vol.51 no.2 Spring.
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