par Anne Gillain Mauffette
Les enfants nagent dans les petits cœurs de St. Valentin depuis quelques jours.
Mais comment réagissons-nous aux amours enfantines?
Les amours enfantines |
Avons-nous des réserves par rapport à ces
jeunes couples qui se forment dès la maternelle et même avant (3 ans environ)?
Ou accueillons-nous avec sérieux et bienveillance ces relations parfois très
fortes et parfois fugitives?
Je pense au
livre «Tenerezza»1 (Tendresse) publié par Reggio Children (Italie), où
l’on raconte l’histoire de Laura et de Daniel (un petit
garçon) qui, à cinq ans, s’aiment et font des projets d’avenir.
Laura a
beaucoup d’amies de toutes sortes et des meilleures amies mais surtout le
meilleur des meilleurs amis, Daniel qu’elle aime tellement que son cœur
pourrait exploser, dit-elle. Elle remarque que les autres amis ne gonflent pas
son cœur autant.
Elle
voudrait toujours jouer avec lui. Mais Daniel, qui a aussi des amis, dit qu’il
vaut mieux continuer à jouer aussi avec les autres. Mon amour pour Laura est fort dit-il, c’est
l’amour le plus fort au monde.
Ils vont se
marier; ils s’en sont fait la promesse. L’idée de ne pas marier Laura donne des
frissons dans le dos à Daniel, il ne veut même pas y penser.
Laura veut que Daniel devienne médecin pour l’accoucher. Lui
accepte, mais seulement pour le temps où elle aura ses bébé, après, il fera
autre chose. Elle stipule qu’elle voudra travailler : elle veut être
couturière et conteuse. Ils discutent des modalités de la vie
quotidienne : qui fera les repas, etc.
Laura et Daniel ont un amour
véritable l’un pour l’autre. Ils en parlent librement devant leurs éducatrices
qui les écoutent et ont transcrit leurs mots. J’admire ces enseignantes qui ont
su les écouter sans jugement.
Il y a
peut-être quelque chose de culturel dans tout cela.
Suzanne
Axelsson2 dit constater beaucoup de confusion autour de l’amour en
général et en particulier par rapport aux démonstrations physiques. Ayant
voyagé elle a remarqué des normes différentes par rapport aux contacts
physiques entre les personnes. En Suède, par exemple, on ne fait l’accolade
qu’à des personnes intimes (la famille, les amis) mais dans d’autres pays,
c’est une façon, d’accueillir et une marque d’affection. Au Québec, les mentalités
ont bien changé. Quand je suis arrivée à Montréal, des amis ne s’embrassaient
pas dans la rue quand elles se rencontraient, maintenant c’est (ou c’était,
avant la Covid,) très courant.
Tout cela
colore nos dialogues entre éducatrices/enseignantes sur ce qui est approprié ou
pas dans nos manifestations d’affection avec les enfants. Si en Suède2,
on enlace facilement les jeunes enfants, on ne fait pas de baisers. Alors qu’en
Italie, en Grèce, en Turquie, on embrasse facilement les jeunes enfants en
milieu préscolaire.
Cela déteint
aussi évidemment sur nos attitudes par rapport aux relations des enfants entre
eux.
D'où nous
viennent nos réticences à reconnaître que deux enfants sont « amoureux»?
D'où vient notre malaise de les voir se tenir par la main, de se faire des
câlins, des bisous?
Que faut-il
faire face à ses amitiés très particulières?
La vidéo qui suit, présentant une entrevue avec une psychanalyste Sophie Cadalen, nous invite à une réflexion. Elle peut, peut-être, nous rassurer par rapport à la «normalité» de ces comportements et sentiments et nous outiller pour mieux répondre aux besoins de ces enfants. Voir : Les amours enfantines. La maison des maternelles, France 5 :https://youtu.be/WmwlR8_Q0GY
On peut aussi lire :
Les amours d’enfants :
https://www.mamanpourlavie.com/enfant/3-a-5-ans/psycho/relations-avec-les-autres/3921-les-amours-d-enfants.tht
Maternelle : mon enfant est amoureux, comment réagir ?https://www.notrefamille.com/enfants/maternelle-mon-enfant-est-amoureux-comment-reagir-1857
Références citées :
1. Tenerezza, Una storie di Laura e Daniele (qui existe en version Italien, anglais, Tenderness). Cela fit partie d’une collection sur la voix des enfants (The unheard voices of children) et est publié par Reggio Children (1995).
2. Suzanne Axelsson ( 2023) The
Original Learning Approach. Weaving Together Playing, Learning and Teaching In
Early Childhood, Redleaf Press.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire