Suite des Besoins des enfants
Voir première partie
Ou deuxième partie: https://jeulibrequebec.blogspot.com/2024/09/les-petits-en-action-deuxieme-partie.html
Les petits ont aussi besoin de:
· Transporter
Entre 12 et 20 mois, les enfants acquièrent de plus en plus d’équilibre. Ils n’ont plus toujours besoin des bras pour tenir en équilibre. Ils peuvent alors porter des choses tout en marchant. Ils aiment porter des choses dans leurs deux mains.
Les enfants adorent transporter des choses plus grandes qu’eux-mêmes et des choses lourdes.
· De pousser et tirer des choses
· Transvaser
Apprendre à verser des liquides d’un contenant à l’autre sans renverser ou faire déborder demande de nombreux essais.
Mais les enfants aiment aussi transvaser certains matériaux comme le sable ou des éléments qui se comportent comme des liquides.
· De mélanger
Les matériaux du commerce ou naturels peuvent être utilisés dans le coin cuisine tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
· De mettre ensemble, de relier
· De faire et de défaire, de détruire
· D’arracher et de remettre
· De répéter les mêmes gestes
Les défis de maturation orientent les intérêts des enfants (pensez à un enfant qui veut monter un escalier). Ils vont répéter une action jusqu’à la conquérir puis vont passer à autre chose. La répétition est un entrainement pour le cerveau. Elle est nécessaire pour consolider une habileté. La répétition fait que des processus complexes s’automatisent et que différentes parties du cerveau fonctionnent ensemble.
· D’ordonner
· De construire
· De faire des traces
Le développement du dessin est un mode naturel d’expression. Il est prévisible : chaque enfant progresse à travers une séquence, mais à son rythme.
Les enfants aiment d’abord le mouvement, le plaisir de l’action et puis l’effet.
Mouvements circulaires de la main réalisant des spirales, frapper des petits coups, faisant des points. Puis des formes ressemblant à l’écriture, les feutres serrés dans le poing et faisant des allers-retours.
On va varier les types de médiums ( crayons de cire, feutres, craies, fusain, etc.) et les supports.
Ils vont raconter des histoires en faisant des traces.
Même des petits vont peuvent parfois représenter des choses, même si les traits qu’ils font n’y ressemblent pas ou peu.
Exemple : À un an et demi un enfant a dessiné des cercles puis fait des traits en disant « Maman, bébé», exprimant ainsi sa préoccupation du moment.
On retrouve ci-dessous, des dessins de poissons faits par des enfants de deux ans. Ils étaient allés chercher un poisson pour leur aquarium et s’en suivit toute une aventure qui les avait marqués.
Dessiner c’est prendre des décisions : décider du mouvement qu’on va faire, décider de quand le dessin est terminé (faire arrêter la main).
Pour représenter quelque chose, il faut avoir développé l’habileté à discerner les similitudes entre les caractéristiques physiques d’un objet et la configuration des lignes. Cela demande d’élaborer un plan.
Le dessin développe l’habileté à soutenir son attention.
Les enfants ont besoin d’une variété de matériaux (outils et surfaces) : plus que juste des crayons de cire et des feutres.
Voir : Explorer les matériaux : le dessin
· De jouer avec les lois de la physique
Un enfant assis dans une chaise haute qui se saisit d’un hochet et le secoue va engager ses yeux, se sensations tactiles, son audition, le mouvement de sa main et sa proprioception (sentir où sont ses membres dans l’espace). Quand il le lasse tomber, il va être surpris, puis sans doute répéter le geste en attendant le choc et le bruit au sol. C’est un nouveau jeu. Il explore ainsi le concept de gravité.
Avec les parcours de balles, les enfants expérimentent les pentes, la vitesse, la gravité, la distance. Ils «étudient» les causes et les effets.
· De manipuler toutes sortes d’outils
- Les pinceaux, rouleaux, brosses de toutes sortes
- Des outils scripteurs
- Les ciseaux :
À partir de 14 mois les enfants peuvent commencer à apprendre à s’en servir. On va commencer avec supervision un à un. Les enfants vont d’abord prendre les ciseaux à deux mains et apprendre à les ouvrir et les fermer avec l’aide de l’adulte si nécessaire puis seuls. Puis on pourra leur présenter de courtes bandelettes ( 1 pouce de largeur et 6 à 8 de long) alors que les ciseaux sont en position ouverte, afin qu’ils puissent les couper (et coller les morceaux après). Ensuite, on leur apprendra à tenir les ciseaux à une main et à les ouvrir et les fermer (vers 24 mois). Et enfin à couper du papier (assez rigide) à une main.1
Séquencer les habiletés, raffine les systèmes sensoriels et moteurs.
Ils pourront ensuite découper par eux-mêmes.
Mais aussi toutes sortes d’autres outils de tous les jours:
Les tâches pratiques de Montessori (de 20 à 36 mois) présentent cette sorte de défis : transvaser de l’eau ou des petits objets, cirer des souliers, laver une table, laver des petits vêtements, etc.
Les jeunes enfants aiment « travailler» et faire comme les grands.
· D’être exposés aux livres, et pouvoir être autonomes pour en chercher
· De découvrir et d’interagir avec l’autre
Les poupons et les petits, en général, sont naturellement portés vers les autres, ils recherchent et apprécient les relations sociales et la réciprocité.
Selon Vygotsky1 les interactions avec les gens sont une composante critique de l’apprentissage.
Les matériaux utilisés en collaboration avec les autres (enfants et adultes) ont plus d’influence sur le développement.
- Avec les enfants
Les objets sont de grands médiateurs entre enfants même s’ils sont souvent source de conflits si les matériaux sont en nombre insuffisants. Les tout-petits ne sont pas encore au stage du partage. Il vaut mieux avoir plusieurs exemplaires du même matériel.
- Avec les adultes
Ici l’enfant a été attiré par les fleurs. « Tu veux aller voir les fleurs?», dit la mère lui permettant de les approcher et d’en arracher un. « Un crocus» énonce-t-elle. Devant l’émerveillement de l’enfant, elle ajoute : « C’est joli!» Cette attention et joie partagées créent le lien entre eux deux.
· De parler
Le langage est la clé de la communication. Il commence avec la réciprocité des dialogues : le bébé émet un ou des sons et l’adulte lui répond.
L’adulte va aussi décrire ses propres gestes et ceux de l’enfant : «Oh, le ballon roule.» « Il est allé loin», offrant des mots à l’enfant qui va progressivement se les approprier.
· D’observer
· De faire des sons
· De faire semblant
Faire semblant de boire dans une tasse, un liquide qui n’existe pas par exemple est toute une étape dans le développement des jeunes enfants.
Les plus petits ont besoin d’objets réels pour les aider à faire semblant (un téléphone jouet pour faire semblant de parler au téléphone), mais progressivement ils vont être capable de substituer un objet pour un autre (utiliser un bloc comme téléphone).
Toutes ces expériences vont développer les capacités émergentes des enfants à comprendre où les parties de son corps finissent et ou commence l’objet, à distinguer entre soi et les autres et à remarquer les ressemblances et les différences.
Le rôle de l’adulte
Enseigner c’est provoquer l’engagement en préparant l’environnement et en jouant,. C'est encourager toute en rassurant, favoriser l’exploration et la communication.
Ultimement on voudrait que les enfants (petits et grands) apprennent progressivement à :
- Focaliser leur attention
- S’autogérer
- Comprendre différentes perspectives
- Communiquer
- Faire des liens
- Avoir une pensée critique
- Relever des défis
- Apprendre et s’engager grâce à une motivation intrinsèque.
Il faut donc leur donner des occasions de développer ces habiletés.
On va d’abord observer pour déterminer les expériences à offrir. Puis provoquer l’enfant par des interventions intentionnelles à des moments opportuns (commentaire, images, matériel, etc.). L’adulte va ajouter à l’intérêt de l’enfant.
On va sortir du matériel précis à différents moments. On va penser à la présentation. Aux problèmes que les enfants pourraient rencontrer.
On va aussi observer comment l’enfant réagit aux matériaux qui constituent les objets de tous les jours (une boite en carton par exemple). Les enfants trouvent souvent de nouvelles perspectives et usages avec des matériaux courants, ordinaires.
On va aussi observer les relations entre le faire et le langage.
Il s’agit de proposer des expériences qui présentent suffisamment de défi pour un enfant dont les mouvements sont encore imprécis mais qu’ils peuvent accomplir. Réussir amène une bouffée d’endorphine qui crée un sentiment de bien-être quand vous avez maîtrisé quelque chose de nouveau.
Il vaut mieux fournir des multiples de chacun des matériaux.
Les enfants ne réagissent pas tous de la même manière aux matériaux, certains ont peur des sons d’autres s’en délectent.
La réaction au matériel c’est souvent une surprise pour l’adulte; l’enfant va-t-il être intéressé, indifférent, hésitant, amusé, que va-t-il faire?
On va documenter les expressions faciales, les gestes, les répétitions, les sons, combien de temps un enfant est resté intéressé. À ceci ou cela.
La place du langage
Les petits ont une foule de concepts à découvrir.
L’adulte va nommer leurs expériences, leur donnant les mots pour médier le sens des choses et des contenus.
Cet accompagnement verbal est essentiel surtout pour les enfants qui vivent dans des milieux ou l’environnement est moins riche en langage et pour ceux dont la langue parlée à la maison, est différente de celle du milieu éducatif (garderie, CPE, école).
Conclusion
Les conséquences de ce que l’on fait dans les milieux de la prime enfance sont énormes.
Les expériences qu’on propose aux enfants transforment l’architecture de leur cerveau.
Selon Vygotsky, toutes les formes d’activité mentale de haut niveau résultent des contextes sociaux et culturels, c’est-a-dire des expériences vécues par les enfants.
Avec l’utilisation des matériaux variés, les enfants vont acquérir des habiletés: restreindre leur impulsivité, réduire leurs comportements égocentriques, développer une attention soutenue, catégoriser, planifier, analyser, comparer, acquérir de la précision, etc.
À cet âge, les enfants font pour le plaisir de faire. Ce qui est important n’est pas de fabriquer un produit mais l’accumulation des habiletés des enfants. Le processus est le produit.
On voit bien dans toutes les photos qu’ils sont engagés dans l’action, concentrés, sur ce qu’ils font.
Bien sûr tout n’est pas joué à trois ans, mais les premières années de vie sont fondamentales.
Référence principale :
Ce texte s’est très fortement inspiré de :
(Feu) Lewin- Benhan, Ann. (2010) Infants and toddlers at work. Using Reggio Inspired Materials to Support Brain Development. Teachers College Press, Columbia University, New York
Pour voir le texte en entier:https://jeulibrequebec.blogspot.com/2024/09/les-petits-en-action.html
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