Introduction
Les enfants
sont compétents. Dès leur naissance, ils sont programmés pour apprendre. Si on
les observe bien, on va découvrir leurs capacités grandissantes.
Poupons et
trottineurs sont de grands explorateurs.
Curieux, ils s’intéressent à tout. Et ils peuvent faire preuve d’une attention
surprenante si un objet les fascine.
Mais on a
souvent tendance à limiter leurs activités par un souci (trop grand?) de
sécurité. Peur qu’ils ne tombent, qu’ils avalent ou qu’ils cassent quelque
chose, etc.
Ils ont
pourtant besoin d’être en contact avec toutes sortes de personnes, de matériaux
et d’environnements pour construire leur cerveau.
Le cerveau
est en changement continuel. Et nos habiletés sont formées en grande partie par
notre environnement.
«Parce que
nous sommes nés avant que le cerveau soit complètement développé, les
matériaux, les expériences et les autres humains vont jouer un rôle
déterminant dans comment le cerveau se
développe»1.
L’importance
du choix des matériaux
Photo Roseville Chidcare et Peachtree
Piaget a
énoncé que l’apprentissage est le résultat de l’utilisation d’objets par les
enfants dans leur environnement. Vygotsky a rajouté l’importance des interactions
avec les personnes. D'ailleurs, il semblerait que les matériaux ont plus
d’influences quand ils sont utilisés en collaboration avec les autres (enfants
et adultes).
Qu’est-ce
qui rend les enfants curieux? Comment construisent-ils leurs connaissances?
Comment explorent-ils?
Les enfants
sont attirés (ou repoussés) par l’apparence des matériaux (forme, grandeur,
couleur), ainsi que par leurs comportements (rebondit, roule, fait du bruit,
tombe, s’écrase), leurs textures (soyeux, rugueux, visqueux) le toucher (froid,
chaud, doux, mou), le goût (sucré, salé, amer, froid, chaud), les sons (fort,
doux).
Ils vont
percevoir les couleurs, mais aussi le pourtour qui les aide à voir les formes,
les perspectives (distance, grandeurs relatives et profondeur), les textures,
les formes.
Ils vont
enregistrer les sensations provoquées par ces matériaux.
Les qualités
des matériaux impactent le développement des enfants. Leur présentation va
jouer aussi sur l’attrait des enfants et leurs comportements.
Il y a des
matériaux qui sont des ressources essentielles pour les 0 -3 ans car ils vont
leur permettre développer de multiples réseaux neuronaux qui vont être à la
base de tout le reste.1
L’exploration
des « matériaux sont la base des sciences, des mathématiques ou toute autre
entreprise qui demande de faire des liens, d’établir des causes et des effets,
de définir et atteindre des buts, donc de penser»1
Photo Roseville Childcare
Les enfants
vont construire des représentations mentales d’objets, de personnes, de
relations spatiales de nombres, etc. Ils vont former des relations entre eux,
avec les adultes, les matériaux, les environnements et les idées.1
Il ne s’agit
pas de jouets pleins de clignotants et de sons qui sur stimulent pour un
moment, mais d’objets qu’ils peuvent observer, en découvrir le fonctionnement
et même les transformer. Ni d’un chaos de jouets en plastique jonchant le sol.
On va introduire graduellement, intentionnellement du matériel sélectionné.
On entend
comme matériaux non seulement des objets mais aussi des sons des gestes, des
symboles (images, lettres) etc.
On choisira
des matériaux qui renforcent les systèmes d’attention, les perceptions
sensorielles, les centres du mouvement, la compréhension spatiale, l’habileté à
faire des connexions, la mémoire, le sens du merveilleux.
Les
matériaux ouverts et offrant à la fois des occasions de répétition et de la variété,
permettent plusieurs approches et vont donc intéresser des enfants ayant des
intérêts différents. Ils provoquent l’engagement soutenu et résultent en la
capacité du cerveau d’apprendre.
La répétition et la
variété
Le cerveau se construit par la répétition et
la variété.
La
répétition est essentielle à la formation de connections neuronale. À travers
la répétition les enfants entraînent les réseaux des neurones. La répétition
crée des genres de cartes corticales. Elle fait que le cerveau a le temps de
construire des circuits qui deviennent plus performants. Plus on utilise un des
parcours neuronaux et encourageons certaines fonctions, plus cette fonction
devient connectée et l’usage en devient plus rapide et facile.
La répétition va imprimer les événements dans
la mémoire. Elle consolide les
apprentissages, rend les choses de plus en plus faciles. Pensez à quand vous
avez appris à conduire au début c‘était très difficiles puis des choses se sont
automatisées et c’est devenu plus facile.
La variété,
elle, va capter et retenir l’attention des enfants et va les amener à persévérer
dans leurs activités. Quand un objet est nouveau ou surprenant, les enfants ont
tendance à le regarder fixement et plus longtemps.
Les enfants
choisissent un certain matériel pour une
raison, un usage et apprennent son fonctionnement.
Les matériaux
jouent un rôle important dans la motivation des jeunes enfants et dans leur
capacité de focaliser leur attention. Ils excitent les sens, éveillent et
maintiennent l’attention des petits et stimulent leur pensée.
L’attention
Une fonction
exécutive du cerveau, l’attention fait que les enfants peuvent s’orienter vers
une expérience et garder le focus sur celle-ci.
Des
matériaux ouverts et permettant des variations vont augmenter leur temps
d’attention (qui peut être mesuré par la durée du regard).
L’attention mature avec l’âge.
Les enfants vont appendre progressivement à s’auto-discipliner, à rester sur une tâche et maintenir leur concentration jusqu'à la fin.
Développer
chez les enfants une capacité à soutenir leur attention est primordial.
Le système d’attention est complexe
car il doit :
-
Accueillir
les stimuli
-
Décider
celui qui est le plus important et le sélectionner
-
Filtrer
les distractions
-
Garder
l’attention mobilisée
-
Mémoriser
ce qui doit l’être
-
Donner
du sens à l’expérience
-
Enregistrer
l’émotion
-
Planifier
la réponse
-
Gérer
tout cela en même temps
Plusieurs
réseaux sont impliqués dans le système d’attention, dont l’auto régulation
c’est-à dire la capacité de l’individu à surveiller et contrôler comment il
pense et se comporte.
La mémoire est aussi sollicitée. En fait, il y en a plusieurs : la mémoire procédurale (se rappeler comment s’habiller), la mémoire épisodique (les gens, les faits, les lieux, les événements), à court et à long terme sont logées dans différents endroits du cerveau. Ce qui fait que quand on veut se rappeler quelque chose, on va chercher des informations dans différents réseaux du cerveau.
Les
matériaux choisis devraient répondre aux différents besoins des jeunes enfants
Besoins
des jeunes enfants
D’utiliser tous leurs
sens :
Des
impératifs biologiques poussent les enfants vers l’exploration sensorielle afin
de discriminer et donner du sens aux choses. L’expérience sensorielle crée les
souvenirs et est à la base de la mémoire. Ce sont souvent des expériences
synthétiques qui fusionnent les différents sens.
Les matériaux
stimulent les sens qui répondent en développant de réseaux dans le cerveau et
qui nous aident plus tard à utiliser des fonctions cérébrales de haut niveau.
· Voir et toucher :
Les mains
sont un outil de connaissance pour les petits. Et la coordination œil-main est
un élément important de leur apprentissage. Voir un objet, puis réussir à le
toucher, à le prendre sont des pas vers l’autonomie. Les matériaux éduquent les
mains.
Les jeunes
enfants doivent pouvoir :
-
Sentir
sous leurs doigts des textures lisses ou irrégulières, manufacturées ou
naturelles
Quand on
regarde un enfant toucher, on est témoin du développement de l’intelligence
dans son cortex cérébral.
Avec 100
récepteurs par cm2, les bouts des doigts sont une manière
d’identifier les objets.
Explorer des éléments naturels. On choisira évidemment des matériaux non toxiques. Photos Let Children Play |
-
Utiliser
différentes sortes de préhension.
Les objets demandent différentes sortes de pression et différents mouvements aux enfants.
Vouloir
toucher quelque chose, amène les enfants à vouloir l’attraper, que ce soit la
queue qui bouge d’un chat ou un papillon. Pour ce faire ils doivent coordonner
les yeux et la tête, la tête et le corps, le bras et l’épaule, les yeux et la
main, dans une séquence particulière et une trajectoire précise, à une vitesse
spécifique. Tout un exploit!
Regarder,
pointer et imiter font partie des moyens utilisé pas les enfants pour
apprendre.
Quand vous
pointez un objet, le regard de l’enfant va suivre votre main. À un moment
donné, il va pointer lui-même utilisant cette façon pour attirer votre
attention et partager son intérêt pour quelque chose.
On prend souvent pour acquis l’habileté
à faire des mouvements complexes. Mais les petits doivent d’abord apprendre à
ouvrir et fermer des ciseaux par exemple avant de découper.
· Sentir
· Goûter
· Entendre des voix, des mots, des sons et en produire
Besoin de
mouvement :
Les bébés ont besoin de mouvement libre. On va éviter de les
contraindre dans des balançoires et des sièges pendant de longues périodes.
La maîtrise motrice est un des premiers impératifs de
maturation du système nerveux humain. Le bébé va s’exerces à certains
mouvements de façon répétée. Tendre vers, prendre, laisser tomber sont des
expériences de physique.
Besoin de manipuler, de découvrir et d’agir sur les choses
Qu’est-ce
que c’est que cela? Qu’est-ce que je peux faire avec ça?
En agissant
sur les choses, en les faisant réagir, en les transformant, les petits
développent leur «agentivité», leur pouvoir, tout en affinant leurs perceptions
visuelles, tactiles, auditives, etc.
· Faire et découvrir des sons
Le papier fait
des sons qui ravissent les petits. Il est aussi une provocation de mouvement
qui élargit les processus mentaux et développe les compétences de leurs mains.
· Découvrir des formes et des couleurs
Entre 0 et 3 ans, les enfants acquièrent
les habiletés qui sous-tendent la planification et l’analyse ce qui fait qu’à
4-5ans, ils peuvent faire des constructions complexes.
· Explorer les ombres
À
partir de leur naissance les enfants sont confrontés à la lumière et aux
ombres. Ils vont être fascinés par les ombres qui bougent, sans en comprendre
le fonctionnement.
Les ombres vont dépendre de la source et de la façon dont les objets sont arrangés. Elles sont sources d’étonnement et d’intérêt pour les petits.
· Explorer des matières
-
Explorer
la glaise
Même avant de s’asseoir, les petits peuvent commencer à explorer la glaise. On les encourage à toucher. Quand ils peuvent rester assis (6 à 8 mois), on peut leur présenter tout un bloc. On les invite à toucher, arracher des morceaux, faire des trous, gratter, etc. On va commenter : «C’est de la terre. C’est froid, ou c’est chaud, c’est sec ou mouillé ou humide.»
On peut aussi proposer des petits
morceaux.
Les enfants vont réagir différemment selon leur tempérament et leurs inclinations : certains vont tout de suite toucher, s’en emparer, d’autres vont observer ce que font les autres avant d’oser. Les habiletés des uns amène les plus timides à les imiter.
La glaise est intéressante en soi et
les possibilités de variations (de gestes de formes, de couleurs) sont
nombreuses
Au début, il est préférable de ne pas
fournir d’outils, les mains suffiront. Ils vont d’abord apprendre à connaître
ce matériau, comment il se comporte et ce qu’on peut faire avec : l’aplatir,
le rouler en boule ou en colombins (saucisses), additionner des morceaux les
uns sur les autres ou les aligner, creuser des trous, etc.
Pincer la glaise avec le pouce et l’index fait intervenir et renforce les petits muscles utilisés dans l’écriture.
La glaise se prête à toutes sortes de
transformations. Un enfant a par exemple, transformé un colombin en serpent,
puis l’a coupé en deux en disant «deux serpents». Puis a plié un colombin en V
et dire « un oiseau». «Un ami pour le serpent» puis « L’oiseau a mangé le
serpent». Il a ainsi transformé la
glaise façonnée par ses mains, en une histoire (une fonction du cerveau de haut
niveau).
On pourra plus tard ajouter des
accessoires pour faire des textures par exemple ou pour couper des morceaux, ou
à insérer dans la glaise.
Les plus grands adorent porter le
bloc, ils se sentent puissants et
peuvent s’exercer à couper avec le coupe fil et faire des galettes. Ils
aiment aussi beaucoup faire de la barbotine, un mélange d’eau de glaise qui est
utilisées pour coller des morceaux ensemble.
L’ajout d’une bouteille (spray) va
amener les enfants à ajouter de l’eau et constater que s’ils en mettent trop la
glaise devient trop collante ou se liquéfie.
Ces activités ouvertes vont précéder celles où l’enfant planifie de représenter quelque chose.
Photo Roseville
Les poupons et trottineurs dans les écoles préscolaires de Reggio Emilia (Italie) utilisent la glaise suffisamment souvent pour se rappeler les gestes et les mouvements à faire avec et sans outils; alors ce qu’ils font à 3, 4 et 5 ans devient de plus en plus complexe.
- La peinture
Certains sont dubitatifs, d’autres
prudents et d’autres se lancent Photo
On présentera aux enfants différents outils à explorer, plusieurs supports aussi
Commencer sur une table puis à la verticale.
On pourra ensuite montrer aux enfants comment rincer leur pinceau entre deux couleurs.
Mais si on a une table inspirée d’Arno Stern, deux pinceaux restent toujours associés à leurs pots.
Dans les milieux préscolaires de Reggio Emilia, les adultes donnent aux enfants de la peinture er des pinceaux dès qu’ils peuvent s’asseoir, rester en équilibre et simultanément tenir un objet.
Il peut parfois être utile de démontrer les étapes d’une activité et les faire avec les enfants. Pour la peinture on va d’abord chercher un papier, puis on l’accroche ou le dépose sur une surface prévue à cet effet, on va chercher la peinture et les accessoires
(pinceaux, rouleaux ou brosse à dents, éponges ou autres), on trempe son pinceau…utilisant le langage pour décrire la séquence. Plus tard, ils deviendront autonomes pour s’organiser.
-
La
colle
On peut au tout début présenter la
colle dans de petits contenants avec des spatules
Il y a une progression dans l’usage des choses. Par exemple avant de coller des éléments, on va d’abord jouer avec la colle (Elmer’s Glue) comme médium lui-même.
La colle en bâton n’est pas aussi
complexe que la colle liquide.
S’habituer à faire sortir la colle
d’une petite bouteille (1.25 onces) est déjà tout un exercice pour un petit,
apprendre comment elle se comporte, examiner sa texture, etc.
Faire sortir un goutte un jet ou un
filet est un mouvement complexe : comment tenir la bouteille, combien je
dois en mettre et où, quelle pression dois-je exercer? La colle demande au
cerveau d’être précis et représente un défi.
Ils vont aussi découvrir que la colle sèche.
On a très vite tendance à donner des
formes prédécoupées pour faire un bonhomme de neige par exemple, incitant les
enfants à placer les morceaux comme prévu en les aidant ou en replaçant
nous-mêmes les yeux ou autre. Mais on saute alors les étapes essentielles
d’appropriation des enfants du matériel et on les oriente trop tôt vers des
schémas stéréotypés au lieu de les
laisser s’exprimer et cultiver leur imagination.
- La boue
- Le sable
-
La
terre
-
L’eau
et ses propriétés
· Découvrir des éléments de la nature
La nature nous donne plein de
matériaux. Le cerveau est stimulé, nourri, par les éléments naturels.
Les petits ont besoin d’accéder à
l’extérieur et d’avoir la présence d’un adulte qui a le temps d’écouter et de
les observer. L’utilisation des matériaux naturels va commencer en suivant le
regard et la main de l’enfant, lui permettant d’explorer le temps que dure son
intérêt.
Les enfants remarquent tout si on leur laisse le temps : une fourmi, un rameau cassé, une fleur. Si cela bouge, on doit le regarder, si c’est coloré, y toucher, si c’est détaché, le prendre et le transporter. On va leur permettre de ramasser et de jouer avec les trésors rencontrés. Et les rentrer à l'intérieur.
La relation entre le stimulus, la
perception de l’enfant et la réponse de l’adulte va entraîner d’autres
réactions de l’enfant dans un enchaînement de «feedback».
On va suivre le rythme de l’enfant,
remarquer ce qu’il remarque, et fournir le nom des choses et des petits bouts
d’information.
Photographier les enfants pendant
qu’ils explorent et noter leurs mots s’il y en dit, puis leur montrer les
photos et discuter de leurs mots avec eux, écouter ce dont ils se rappellent,
sont de bonnes pratiques.
Regarder des livres sur la nature
également.
Si vous avez une passion pour des choses de la nature, cela va contaminer et stimuler les enfants. Cela peut même induire chez eux un intérêt pour toute la vie.
Ils ont aussi besoin de:
· Transporter
Entre 12 et
20 mois, les enfants acquièrent de plus en plus d’équilibre. Ils n’ont plus
toujours besoin des bras pour tenir en équilibre. Ils peuvent alors porter des
choses tout en marchant. Ils aiment porter des choses dans leurs deux mains.
Les enfants
adorent transporter des choses plus grandes qu’eux-mêmes et des choses lourdes.
· De pousser et tirer des choses
· Transvaser
Apprendre à verser des liquides d’un contenant à l’autre sans renverser ou faire déborder demande de nombreux essais.
Mais les
enfants aiment aussi transvaser certains matériaux comme le sable ou des éléments
qui se comportent comme des liquides.
· De mélanger
Les matériaux du commerce ou naturels peuvent être utilisés dans le coin cuisine tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.
· De mettre ensemble, de relier
· De faire et de défaire, de détruire
· D’arracher et de remettre
· De répéter les mêmes gestes
Les défis de
maturation orientent les intérêts des enfants (pensez à un enfant qui veut
monter un escalier). Ils vont répéter une action jusqu’à la conquérir puis vont
passer à autre chose. La répétition est un entrainement pour le cerveau. Elle
est nécessaire pour consolider une habileté. La répétition fait que des
processus complexes s’automatisent et que différentes parties du cerveau
fonctionnent ensemble.
· D’ordonner
· De construire
· De faire des traces
Le
développement du dessin est un mode naturel d’expression. Il est
prévisible : chaque enfant progresse à travers une séquence, mais à son
rythme.
Les enfants
aiment d’abord le mouvement, le plaisir de l’action et puis l’effet.
Mouvements
circulaires de la main réalisant des spirales,
frapper des petits coups, faisant des points. Puis des formes
ressemblant à l’écriture, les feutres serrés dans le poing et faisant des
allers-retours.
Ils vont raconter des histoires en
faisant des traces.
Même des petits vont peuvent parfois représenter des choses, même si les traits qu’ils font n’y ressemblent pas ou peu.
Exemple : À un an et demi un enfant a dessiné des cercles puis fait des traits en disant « Maman, bébé», exprimant ainsi sa préoccupation du moment.
On retrouve ci-dessous, des dessins de poissons faits par des enfants de deux ans. Ils étaient allés chercher un poisson pour leur aquarium et s’en suivit toute une aventure qui les avait marqués.
Dessiner c’est prendre des
décisions : décider du mouvement qu’on va faire, décider de quand le
dessin est terminée (faire arrêter la main).
Pour représenter quelque chose, il
faut avoir développé l’habileté à discerner les similitudes entre les
caractéristiques physique d’un objet et la configuration des lignes. Cela
demande d’élaborer un plan.
Le dessin développe l’habileté à soutenir son attention.
Les enfants ont besoin d’une variété
de matériaux (outils et surfaces) : plus que juste des crayons de cire et
des feutres.
· De jouer avec les lois de la physique
Un enfant assis dans une chaise haute qui se saisit d’un hochet et le secoue va engager ses yeux, se sensations tactiles, son audition, le mouvement de sa main et sa proprioception (sentir où sont ses membres dans l’espace). Quand il le lasse tomber, il va être surpris, puis sans doute répéter le geste en attendant le choc et le bruit au sol. C’est un nouveau jeu. Il explore ainsi le concept de gravité.
Avec les parcours de balles, les enfants expérimentent les pentes, la vitesse, la gravité, la distance. Ils «étudient» les causes et les effets.
· De manipuler toutes sortes d’outils
-
Les
pinceaux, rouleaux, brosses de toutes sortes
-
Des
outils scripteurs
-
Les
ciseaux :
À partir de 14 mois les enfants
peuvent commencer à apprendre à s’en servir. On va commencer avec supervision
un à un. Les enfants vont d’abord prendre les ciseaux à deux mains et apprendre
à les ouvrir et les fermer avec l’aide de l’adulte si nécessaire puis seuls.
Puis on pourra leur présenter de courtes bandelettes ( 1 pouce de largeur et 6
à 8 de long) alors que les ciseaux sont en position ouverte, afin qu’ils
puissent les couper (et coller les morceaux
après). Ensuite, on leur apprendra à tenir les ciseaux à une main et à
les ouvrir et les fermer (vers 24 mois). Et enfin à couper du papier (assez
rigide) à une main.1
Séquencer les habiletés, raffine les systèmes sensoriels et moteurs.
Ils pourront ensuite découper par eux-mêmes.
Mais aussi
toutes sortes d’autres outils de tous les jours:
Les tâches pratiques de Montessori (de
20 à 36 mois) présentent cette sorte de défis : transvaser de l’eau ou des
petits objets, cirer des souliers, laver une table, laver des petits vêtements,
etc.
Les jeunes enfants aiment «
travailler» et faire comme les grands.
· De découvrir et d’interagir avec l’autre
Les poupons et
les petits, en général, sont naturellement portés vers les autres, ils
recherchent et apprécient les relations sociales et la réciprocité.
Selon
Vygotsky1 les interactions avec les gens sont une composante
critique de l’apprentissage.
Les
matériaux utilisés en collaboration avec les autres (enfants et adultes) ont
plus d’influence sur le développement.
-
Avec
les enfants
Les objets
sont de grands médiateurs entre enfants même s’ils sont souvent source de
conflits si les matériaux sont en nombre insuffisants. Les tout-petits ne sont
pas encore au stage du partage. Il vaut mieux avoir plusieurs exemplaires du
même matériel.
-
Avec
les adultes
Ici l’enfant
a été attiré par les fleurs. « Tu veux aller voir les fleurs?», dit la mère lui
permettant de les approcher et d’en arracher un. « Un crocus» énonce-t-elle. Devant l’émerveillement de l’enfant, elle
ajoute : « C’est joli!» Cette attention et joie partagées créent le lien
entre eux deux.
· De parler
Le langage
est la clé de la communication. Il commence avec la réciprocité des dialogues :
le bébé émet un ou des sons et l’adulte lui répond.
L’adulte va
aussi décrire ses propres gestes et ceux de l’enfant : «Oh, le ballon
roule.» « Il est allé loin», offrant des mots à l’enfant qui va progressivement
se les approprier.
· D’observer
· De faire des sons
· De faire semblant
Faire semblant de boire dans une
tasse, un liquide qui n’existe pas par exemple est toute une étape dans le
développement des jeunes enfants.
Les plus petits ont besoin d’objets
réels pour les aider à faire semblant (un téléphone jouet pour faire semblant
de parler au téléphone), mais progressivement ils vont être capable de
substituer un objet pour un autre (utiliser un bloc comme téléphone).
Toutes ces expériences vont développer les capacités émergentes des enfants à comprendre où les parties de son corps finissent et ou commence l’objet, à distinguer entre soi et les autres et à remarquer les ressemblances et les différences.
Le
rôle de l’adulte
Enseigner c’est
provoquer l’engagement en préparant l’environnement et en jouant,. C'est encourager tout en rassurant, favoriser l’exploration
et la communication.
Ultimement
on voudrait que les enfants (petits et grands) apprennent progressivement à :
-
Focaliser
leur attention
-
S’autogérer
-
Comprendre
différentes perspectives
-
Communiquer
-
Faire
des liens
-
Avoir
une pensée critique
-
Relever
des défis
-
Apprendre
et s’engager grâce à une motivation intrinsèque.
Il faut donc
leur donner des occasions de développer ces habiletés.
On va
d’abord observer pour déterminer les expériences à offrir. Puis provoquer
l’enfant par des interventions intentionnelles à des moments opportuns (commentaire,
images, matériel, etc.). L’adulte va ajouter à l’intérêt de l’enfant.
On va sortir
du matériel précis à différents moments. On va penser à la présentation. Aux
problèmes que les enfants pourraient rencontrer.
On va aussi
observer comment l’enfant réagit aux matériaux qui constituent les objets de
tous les jours (une boite en carton par exemple). Les enfants trouvent souvent de nouvelles
perspectives et usages avec des matériaux courants, ordinaires.
On va aussi observer les
relations entre le faire et le langage.
Il s’agit de
proposer des expériences qui présentent suffisamment de défi pour un enfant
dont les mouvements sont encore imprécis mais qu’ils peuvent accomplir. Réussir
amène une bouffée d’endorphine qui crée un sentiment de bien-être quand vous
avez maîtrisé quelque chose de nouveau.
Il vaut
mieux fournir des multiples de chacun des matériaux.
Les enfants ne réagissent pas tous de la même manière aux matériaux, certains ont peur des sons d’autres s’en délectent.
La réaction au matériel c’est souvent une surprise
pour l’adulte; l’enfant va-t-il être intéressé, indifférent, hésitant, amusé,
que va-t-il faire?
On va
documenter les expressions faciales, les gestes, les répétitions, les sons,
combien de temps un enfant est resté intéressé. À ceci ou cela.
La
place du langage
Les petits
ont une foule de concepts à découvrir.
L’adulte va
nommer leurs expériences, leur donnant les mots pour médier le sens des choses
et des contenus.
Cet
accompagnement verbal est essentiel surtout pour les enfants qui vivent dans
des milieux ou l’environnement est moins riche en langage et pour ceux dont la
langue parlée à la maison, est différente de celle du milieu éducatif (garderie, CPE, école).
Conclusion
Les
conséquences de ce que l’on fait dans les milieux de la prime enfance sont
énormes.
Les
expériences qu’on propose aux enfants transforment l’architecture de leur
cerveau.
Selon
Vygotsky, toutes les formes d’activité mentale de haut niveau résultent des
contextes sociaux et culturels, c’est-a-dire des expériences vécues par les
enfants.
Avec
l’utilisation des matériaux variés, les enfants vont acquérir des habiletés:
restreindre leur impulsivité, réduire leurs comportements égocentriques,
développer une attention soutenue, catégoriser, planifier, analyser, comparer,
acquérir de la précision, etc.
À cet âge, les
enfants font pour le plaisir de faire. Ce qui est important n’est pas de
fabriquer un produit mais l’accumulation des habiletés des enfants. Le
processus est le produit.
On voit bien
dans toutes les photos qu’ils sont engagés dans l’action, concentrés, sur ce
qu’ils font.
Bien sûr
tout n’est pas joué à trois ans, mais les premières années de vie sont fondamentales.
Référence
principale :
Ce texte
s’est très fortement inspiré de :
(Feu) Lewin- Benhan, Ann. (2010) Infants and toddlers at work. Using Reggio
Inspired Materials to Support Brain Development. Teachers College Press, Columbia
University, New York.
Pour imprimer le PDF:https://drive.google.com/file/d/1QVBLv-6lMLzdNZcUmFiwFroEk-2FJTDy/view?usp=sharing
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