Les jeux de «Tag» et toutes les formes de jeux de poursuite sont des jeux éminemment sociaux en plus d’être des jeux de motricité globale de haute intensité.
Voyons comment ces jeux touchent divers aspects dans le développement de l'enfant :- Les rôles
- Les règles
- L’autorégulation et coopération
- Les jeux de compétition et la perspective de l’autre
- Le développement de la personnalité
- Garçons et filles
- La psychomotricité
- Les mathématiques
- Le langage
- Conclusion
Le poursuiveur et le poursuivi jouent des rôles opposés puisque l’intention de l’un est d’empêcher ce que l’autre essaie de faire. Mais ces rôles sont aussi complémentaires, collaboratifs et interdépendants, car le jeu ne peut avoir lieu que si les deux acceptent les règles, qu'ils coopèrent dans l’application de celles-ci et acceptent les conséquences sur lesquelles ils se sont entendus. Les enfants ont donc l’occasion d’exercer leur autonomie en régulant, volontairement, leurs actions
Ils doivent aussi bien observer ce qui se passe dans le jeu et se rappeler qui est celui «qui a la tag» puisque dans certains jeux, les rôles alternent souvent.
Les règles
Lorsqu’un ou des enfants ne suivent pas une règle, ils en subissent les conséquences soit en essuyant des protestations soit avec l’arrêt brusque du jeu. Cela les amène à prendre conscience progressivement de la nécessité d’un consensus collectif pour continuer une expérience mutuellement satisfaisante. Ces jeux de groupe offrent des situations où les enfants vont s’adapter à des règles sociales et construire un sentiment d’obligation
Ces jeux sont parfois pratiqués pendant les cours d’éducation physique; cependant dans ce contexte, c’est souvent l’adulte qui impose les règles de l’extérieur, et agit en arbitre, ce qui n’aura pas les mêmes effets bénéfiques sur l’autonomisation des comportements pros sociaux.
L’autorégulation et la coopérationCes jeux fournissent un contexte, une mini-société, dans lesquels les enfants vont interagir de façons autonome et libre, avec les autres, selon des règles. Ces jeux contribuent à induire la coopération entre enfants. L’intérêt dans le jeu se mue en intérêt pour les autres. Et l’intérêt à jouer avec les autres les amène à faire des efforts pour coordonner leurs actions individuelles avec celles des autres. L’autorégulation évolue en une adaptation mutuelle, une accommodation mutuelle de coopération. L’intérêt dans le but de jouer crée l’intérêt dans le moyen : la coopération.
Ces jeux provoquent des attitudes de réciprocité qui commandent des sentiments de nécessité morale qui sont au cœur du développement sociomoral. Dans ces jeux, les enfants sont confrontés aux notions de ce qui est ou n’est pas juste, aux droits individuels et aux raisons d’être des règles. Ils peuvent s’exercer au respect mutuel, une caractéristique de la coopération et de la démocratie.
Les jeux de compétition et la perspective de l’autre
Contrairement à ce qu’on peut en penser, ces jeux de compétition sont un terrain favorable au développement moral. Compétition et coopération cohabitent dans ces jeux. La compétition n’est possible que si les joueurs coopèrent autour des règles. Le jeu ne peut pas exister sans que les joueurs coordonnent leurs points de vue. Quand les joueurs ont des conceptions différentes du jeu, celui-ci peut s’arrêter : cela crée une situation dans laquelle les enfants ont l’occasion d’être confrontés à la perspective de l’autre, à la nécessité de se décentrer et porte à négocier une entente.
Ces jeux impliquent l’utilisation de stratégies : changer de personne poursuivie tout d’un coup, tourner autour d’un arbre puis brusquement changer de sens, etc. Pour ce faire, les enfants sont obligés de prévoir ce que l’autre pourrait faire et se décentrer.
Certains, sûrs de leurs capacités, vont même tenter le poursuiveur en se rapprochant, en l’appelant, en le narguant (na-na-na-na-na) pour attirer son attention puis déguerpir à toute allure.
Le développement de la personnalitéDans ces jeux, les enfants apprennent à «lire» et réagir aux autres. Ils développent donc des attitudes et des comportements envers les autres ainsi que des interprétations sur les comportements des autres qui contribuent au développement de leur personnalité. Ils développent des champs d'intérêt, des valeurs, des préférences (j’aime, je n’aime pas). Les jeux de groupe contribuent au développement de la personnalité en procurant un contexte dans lequel les enfants peuvent différencier leur propre volonté de celle des autres. Par une décentration cognitive et une distanciation affective, ils se rendent compte des similitudes et différences entre eux. Dans leurs échanges sociaux dans ces jeux, incluant les conflits, les enfants apprennent à s’entendre sur des solutions. Ils surmontent progressivement
Garçons et fillesOn a tous vu soit des groupes de filles agacer des garçons et ensuite se sauver en criant et riant pour provoquer une poursuite et le contraire. Les enfants deviennent conscients de leurs différences de genre et ces approches et fuites sont une forme d’apprivoisement
La psychomotricité
En plus de l’exercice physique requis par ce genre de jeux, on doit considérer l’organisation spatio-temporelle impliquée dans ceux-ci. Les enfants comparent leurs vitesses respectives, ils planifient leurs déplacements en conséquence, changent de direction, courent en ligne droite, en zigzag, en spirales et jouent avec les notions spatiales (près, loin, etc.).
Dans certains jeux, les joueurs doivent courir en se tenant à plusieurs pour attraper les autres ou se faire délivrer, ce qui demande de la coordination dans les déplacements et de la force dans les mains et les bras.
Les changements de rythme sont nombreux et dans «la Tag gelée», par exemple, un joueur touché doit immédiatement s’immobiliser ce qui travaille le contrôle du corps
Dans certaines variantes, ils devront passer en dessous des jambes d’un joueur pour le libérer. En devant se baisser et se faire petits, ils prennent conscience de l’espace que peut prendre leur corps regroupé et des niveaux (haut, bas).
Leur plaisir de courir est évident. Le niveau d’activité est élevé et procure aux joueurs de l’adrénaline et la sérotonine qui les rendent alertes et heureux. De plus les enfants font un exercice cardiovasculaire important. Ce type d’exercice renforce aussi la densité osseuse et diminue les risques d’obésité.
Les jeux de poursuite et les mathématiquesEn plus des calculs de distance et vitesses relatives, le poursuiveur recherche et évalue le plus court chemin à prendre. Tous les joueurs doivent anticiper tous les déplacements
Dans une de ces variantes : un joueur attrape un autre joueur, puis ces deux en attrapent un troisième, puis ces trois joueurs en attrapent un quatrième, puis le quatuor se divise et deux paires de deux qui courent pour devenir deux paires de trios puis deux quatuors qui se redivisent et ainsi de suite jusqu’à ce que tous les joueurs soient pris. On est alors dans les additions et les fractions. La nécessaire coordination des actions (qui va-t-on poursuivre?) et des mouvements est augmentée.
Dans les jeux où certains objets sont considérés comme des lieux sécuritaires (donnant une pause aux coureurs), les enfants font des catégorisations et de la quantification d’objets (les endroits sûrs et non sûrs et leur nombre). Ils doivent se rappeler la situation spatiale de ces repères.
Les jeux de poursuite et le langage eOn devra ajouter à la liste des habiletés qui se développent, les longs conciliabules pour décider qui va faire quoi et pour s’entendre sur les règles. Il faut convaincre avec de bons arguments, et avoir des énoncés clairs pour se faire comprendre et faire accepter notre point de vue.
Et si les enfants réussissent à mener à bien leur jeu : ils nous démontrent que malgré les embûches ils sont capables de persévérer dans un projet.
ConclusionC’est surtout à l’extérieur, à la récréation et dans les périodes de jeu libre au gymnase que ces jeux peuvent prendre naissance et s’épanouir.
En lisant tout ceci, on constatera que ces jeux touchent à tous les domaines de développement et toutes les compétences des programmes d’éducation en classe préscolaire et dans les CPE.
Alors, avant de dire : « i font just’jouer», pensons-y deux fois.
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