par Anne Mauffette
Retour deuxième partie: Soutenir, documenter et évaluer la participation des enfants
On va chercher à décrire ce que les
enfants font et disent, mais bien sûr on ne peut pas tout voir et tout
consigner.
Comment choisir?
A - Documenter quoi ?
Ce qui est signifiant pour cet
enfant-là à ce moment-là. Cela va varier avec chaque enfant. On remarque par
exemple qu’un enfant ne reste pas longtemps aux activités. Que peut-on faire
pour augmenter son temps d’Intérêt, sa persévérance ?
La documentation va évoluer dans
l’année. Au début, on va plutôt s’intéresser aux capacités d’adaptation des
enfants au nouveau milieu, puis on va s’attarder davantage à la durée de leur
implication, leur niveau de jeu, leurs types d’explorations, leur communication
grandissante, etc.
B - Les avantages de la documentation
Elle peut à la fois servir
d’évaluation et de tremplin pour la planification.
Elle est bénéfique pour tout le
monde :
o
Pour les enseignantes qui prennent plaisir à raconter des
choses positives sur les enfants et à les partager pour en discuter avec les
enfants, parents, les collègues ou autres. Elles remarquent :
-
la qualité des
questions posées,
-
la profondeur de
leurs réponses,
-
leur degré
d’engagement,
-
la qualité de
leurs relations,
-
leur niveau
d’imagination,
-
toutes sortes
d’autres facteurs personnels.
Ce sont ces éléments qui émergent dans le cours de la vie de
classe qui doivent être notre première source de données pour comprendre ce que
les enfants apprennent et quel chemin ils ont parcouru depuis le début de
l’année.
o
Pour les enfants que cela encourage de voir qu’on
s’intéresse réellement à ce qu’ils font et disent. Cela leur permet de revenir
sur les situations, de se rappeler, de mieux articuler leur pensée, de relancer
leur intérêt et de provoquer la
réflexion et l’agir d’autres enfants. Cela les stimule à persévérer, à partager
leurs réflexions, à être créatifs. Ils s’initient à l’auto-évaluation.
o
Pour les parents qui apprécient beaucoup ce genre de
communication. Ils découvrent leurs enfants et vont valoriser des gestes qu’ils
auraient auparavant jugés anodins. Ils vont se sentir plus près de ce qui se
passe en classe en sachant qu’ils peuvent participer à la conversation. De
plus, ils vont sentir qu’ils font partie de cette communauté.
o
Pour les autres intervenants dans l’école qui se rendent compte
du travail accompli par les enfants et les enseignants.
Pour cela, il faut savoir décoder,
identifier les apprentissages faits dans les jeux, les explorations et
connaître la progression dans différentes techniques (dessin, construction,
musique, danse) pour en apprécier l’évolution et les finesses. Il faut aussi
connaître le programme ainsi que les stades de développement des enfants et les
apports des neurosciences pour mieux comprendre les enfants.
Par les récits d’apprentissages, les enseignantes apprennent à
connaître les enfants dans une variété de contextes qu’aucun test standardisé
ne peut répliquer.
Chaque photo
dans ce texte raconte une histoire que l’enseignante, présente, pourrait
élaborer.
C - Autres caractéristiques de
l’évaluation
o
L’évaluation
du développement et de l’apprentissage devrait inclure 4 aspects
éducationnels :
Les attitudes/aptitudes/habitudes («dispositions»), les
sentiments, les habiletés, les connaissances.
o
Elle
devrait faire partie intégrante du processus d’enseignement et être liée à la
vie sociale et culturelle de la classe.
Au lieu d’être :
Le curriculum→ puis
évaluation
On préfère :
L’évaluation dans le curriculum
o L’évaluation doit tenir compte des aspects suivants :
-
L’imprévisibilité
du développement : il ne s’agit pas d’adopter un modèle d’escalier où un
pas en amène un autre mais une vision du développement et de l’apprentissage
comme un réseau de tiges et de rhizomes.
-
La
perspective de l’apprenant.
-
L’utilisation
d’une approche narrative qui va mieux témoigner de l’apprentissage que les
indicateurs de performance.
-
La
rédaction d’une série de récits sur une période de temps.
-
Les
observations recueillies qui doivent préférablement être interprétées en
collaboration
-
Un
grand nombre d’activités qui vont fournir elles-mêmes aux enfants leurs propres
évaluations.
-
La
communauté d’apprentissage qu’est le milieu préscolaire qui sera protégée et
enrichie.
-
Des
processus qui doivent être possibles pour les enseignantes.
-
L’utilité
pour les enseignantes.
D - Les moyens pour aider à bien
évaluer
o
Les
portfolios reflètent le processus d’apprentissage et contiennent un éventail
d’activités et de créations bien documentées.
o
L’observation
des enfants en groupe pour voir et noter :
-
leurs
relations et leurs interactions,
-
comment
ils prennent des responsabilités pour développer des idées et des solutions aux
problèmes,
-
comment
ils travaillent ou jouent de façon coopérative.
o
L’avis
et les commentaires :
- des
apprenants sur leurs apprentissages en leur donnant un rôle dans l’évaluation.
-
des
parents qui amènent d’autres points de vue et ouvrent la discussion et
raffinent l’évaluation.
-
des
collègues qui valident ou infirment notre interprétation, la nuancent.
Note : À Reggio et Pistoia (en Italie) ainsi que dans de
nombreux centres préscolaires à travers le monde, on utilise entre
autres :
-
des
panneaux sur les murs pour montrer ce qui se passe en classe
-
des
journaux de bord décrivant la vie du groupe qui témoignent de la participation
et l’évolution des enfants
-
un
cahier école-famille où les parents et
enseignants écrivent
-
un
livre racontant l’expérience de chaque enfant, de son premier jour à l’école jusqu’à
son départ et qui sera remis au parent.
ET MAINTENANT ?
L’évaluation
nous amène à nous poser la question suivante comme enseignante ou
parent : qu’est-ce que je fais maintenant que j’ai constaté ceci ou cela ;
comment intervenir pour enrichir les expériences des enfants, les encourager à…
Et puis
comme conseillère pédagogique : comment soutenir les enseignantes dans
cette transformation de leur pensée par rapport à l’évaluation et dans la
pratique des récits d’apprentissages ?
Il s’agit d’un développement
professionnel à long terme. Il faut compter 6 mois à un an pour implanter un
nouveau programme avec le soutien continu d’un facilitateur.
Il faut
donner du temps aux enseignantes pour de familiariser avec ces nouvelles façons
de faire. On peut penser à des communautés d’apprentissages dans des écoles ou
deux trois enseignantes partagent leurs expériences dans ce nouveau mode
d’évaluation : ce qui fonctionne ou pas.
Des
exemples, dans de vrais contextes, peuvent être utiles.
Un premier
pas serait peut-être de s’assurer que tout le monde est à l’aise avec les
outils (caméras, caméras vidéo, ordinateur, téléphone) qui facilitent
l’enregistrement et le rappel d’histoires.
En fait,
cela devient un plaisir de suivre en mots et en images l’évolution des enfants.
Quand on commence, on ne peut plus s’arrêter et les enfants
et parents en redemandent.
Anne Gillain
Mauffette janvier2021
Références
Carr, M. (2001) Assessing in Early Childhood Settings, Learning Stories. Paul Chapman Publishing. SAGE Publications Inc. London.
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