dimanche 24 janvier 2021

L' évaluation


A - L’évaluation va dépendre de ce qu’on valorise.

Par Anne Mauffette

Retour : Évaluer autrement: la documentation et les récits d'apprentissage

Photo © Danielle Jasmin

On doit donc d’abord se poser la question : qu’est-ce qu’une classe ?

Dans cette optique renouvelée de l’évaluation divergente, la classe est un lieu d’apprentissage, un lieu de relations. Un curriculum, c’est des relations réciproques entre des personnes, des endroits et des objets (fabriqués ou naturels).

On favorise une classe

– où on est axé sur le défi d’apprendre et la motivation d’apprendre plutôt que de se prêter à une tâche,

– basée sur des liens avec du vrai matériel,

– où l’erreur n’est pas un signe d’une mauvaise production mais un moyen de se rendre compte de ce qui n’a pas été et qui est une source d’un nouvel apprentissage.

On réexamine non seulement ce qu’on demande aux enfants de faire mais aussi ce qu’on leur demande de devenir. L’éducation, c’est suggérer de nouvelles directions dans lesquelles des vies peuvent aller. C’est enrichir et élargir les répertoires de participation des enfants.


 

B - Quelle est notre conception de l’apprentissage ?

Fragmentée, linaire et séquentielle ou holistique ?

La première, la conception fragmentée, linéaire et séquentielle, appelle et encourage l’enseignement didactique contrôlé par l’adulte. Celui-ci doit enseigner des éléments dans un ordre précis. Ce qui ne fait pas partie de l’évaluation finit par disparaître du curriculum.

Dans la deuxième, la conception holistique qui est la façon dont les enfants apprennent, s’attache à la participation grandissante de l’enfant dans les activités et relations de la classe.

 Les relations ont été identifiées comme centrales dans la trajectoire entre les expériences en éducation préscolaire et l’apprentissage ultérieur. On croit que l’enfant apprend et se développe lorsqu’il s’engage de cœur, de corps et d’esprit dans des expériences concrètes, à l’origine déclenchées par un intérêt ou une curiosité intrinsèque.

                                   Combien de blocs peuvent entrer dans la boîte ? Photo © Danielle Jasmin

 

Comment va-t-on pouvoir décrire ce que les enfants font de manière à avoir des énoncés valables par rapport à l’apprentissage et les progrès des enfants ?

Comment révéler les apprentissages invisibles, ces apprentissages fondateurs qui s’avèrent subtils et moins tangibles que les apprentissages disciplinaires ?

 

C - Avant de se demander comment évaluer, on va se demander ce qu’on veut évaluer.

L’évaluation traditionnelle est basée sur la notion qu’une mesure objective existe pour chaque attente. On va chercher des performances qui peuvent être notées et souvent par des personnes indépendantes qui n’ont pas de connaissance additionnelle des enfants.

 

Dans l’évaluation renouvelée, on observe et interprète des manifestations observables liées aux domaines de développement en contexte significatif tel qu’une situation de jeu. On recueille plusieurs informations dans diverses situations et sur plusieurs jours.


Caractéristiques des deux approches d’évaluation

L’approche traditionnelle

L’approche renouvelée

L’objectif de l’évaluation

Vérifier si les enfants ont acquis une courte liste d’habiletés qu’on considère comme les compétences pour le prochain niveau d’éducation : écrire leur nom, connaître les lettres.

Enrichir l’apprentissage dans tous les domaines. Encourager la participation.

Chercher à voir ce que les enfants ne savent pas faire. Un focus, une intervention sur les déficits.

Un modèle où on met l’accent sur le positif. Où on se met dans la perspective de l’enfant.

Les attentes

Maîtriser une série d’habiletés fragmentées, hors contexte et axées sur la scolarisation.

Renforcer des dispositions, des attitudes : l’engagement par exemple. Soutenir une vision de soi comme apprenant compétent.

L’évaluation des progrès

Faire une hiérarchisation des habiletés favorisant la littératie et la numératie.

Rechercher une participation toujours grandissante dans les activités.

Les procédés d’évaluation

Utiliser des listes à cocher, des tests.

Faire des évaluations ponctuelles.

Utiliser les récits d’apprentissage.

Faire des évaluations continues.

La validité

Considérer qu’elle est objective.

Considérer une série de récits sur une longue période.

 

Réaliser des observations qui sont discutées, interprétées et décidées en collaboration (une forme de triangulation).

La valeur pour les enseignantes

Amener à la surveillance des enseignantes par des personnes extérieures.

Réaliser une communication à 4 parties : enfants, familles, enseignante et autre personnel.

 

 

Dans le modèle traditionnel où on utilise des tests avec des critères prédéfinis, on pense que le test et le curriculum sont synonymes. On croit que les habiletés identifiées sont essentielles. On teste et reteste. L’apprentissage est vu comme une addition d’unités plus simples, pré requises.

Le modèle d’enseignement privilégié est l’instruction directe, axé sur la mesure. Il est basé sur l’idée qu’on doit enseigner des habiletés de base avant d’en arriver à des apprentissages plus complexes.

Dans le modèle renouvelé, on cherche à renforcer les « learning dispositions » c’est-à-dire l’ensemble des attitudes, habitudes et aptitudes par rapport à l’apprentissage. Cet ensemble de comportements suppose un type d’apprentissage très différent que celui de développer uniquement des habiletés et des connaissances ; ce sont des tendances à répondre d’une certaine façon à des situations. De bonnes « dispositions » vont contribuer au développement de compréhensions dans un vaste éventail de domaines curriculaires.

Dans cette approche, l’apprentissage est vu comme une participation dans des activités socioculturelles et il est le résultat de relations réciproques entre l’environnement et l’esprit. Le processus d’apprentissage est une transaction circulaire puisque chaque apprenant s’engage dans des activités, sa participation transforme l’activité et, à un moment donné, il est lui-même transformé par l’activité.

Référence

[1]La pédagogie Reggio est une pédagogie, à l'origine pour le préscolaire, développées au cours des années 1960 par Loris Malaguzzi dans la ville de Reggio Emilia en Italie. Cette expérience sera le fruit d'un travail initié dans cette même commune au cours des années 1940. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pédagogie_Reggio

Retour au sommaire

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les temps de regroupements au préscolaire

Par Anne Gillain Mauffette On pense souvent, quand on parle de regroupement, à la «causerie». Mais les occasions de regroupements sont b...