LA GÉOMÉTRIE ET LA MESURE
Pour voir la partie précédente, voir Le sens du nombre
LA GÉOMÉTRIE
«L’enfant pourrait : découvrir, manipuler comparer, reconnaître et décrire des formes géométriques».
La
géométrie c’est comprendre l’espace dans lequel on vit, à petite et grande échelle.
Les enfants vont se former des schèmes visuels inconscients à propos des formes ; puis, ils vont les analyser.2
Les enfants adorent manipuler des formes et aiment aussi les mots. Ils sont capables de retenir les noms des dinosaures, alors ils peuvent aussi retenir les noms des formes géométriques. Ils sont très fiers de savoir qu’ils font : « des mathématiques» et de la «géométrie».
Les
enfants de trois ans peuvent souvent nommer un cercle, un carré, un triangle. À
cinq ans, ils nomment aussi les rectangles.
- Les
figures planes et les solides
Les figures planes aussi appelées formes géométriques sont souvent les premières auxquelles on pense quand on parle de géométrie.
Les enfants utilisent des figures planes pour composer des objets dans leurs peintures, leurs dessins.
Nous considérerons ici que les mosaïques et autre blocs très plats sont des formes planes tout comme celles en carton (qui ont aussi une petite épaisseur) et ce même si ce sont en principe des solides. Les seules vraies figures planes sont celles qui sont dessinées ou peintes. Les blocs en bois par contre seront considérés comme des solides, ce qu’ils sont.
L’enfant va progressivement appendre à :
-
Distinguer différentes formes dans la vie
quotidienne
-
Intégrer progressivement les noms (terminologie
mathématique) associés aux formes: cercle, rectangle dont le carré, les
triangles, le trapèze, l’hexagone, l’octogone pour les formes planes (2D.)
Au début du préscolaire plusieurs enfants n’acceptent
pas un triangle inversé et les triangles non isocèles comme des triangles, mais
en cours de route, ils vont inclure des exemplaires atypiques dans la
catégorie. Ils se sont faits des prototypes mentaux.
Il faut donc les exposer à ces formes moins courantes
dans les jeux de construction, en commentant leurs propriétés.
De même pour eux un carré, c’est un carré (alors que
c’est un rectangle avec des propriétés particulière : ses quatre côté
égaux).
Ils confondent aussi souvent le trapèze et
d’autres parallélogrammes non rectangulaires
comme des rectangles.2 Et c’est pour cette raison qu’il faut leur
fournir et nommer ces formes moins courantes.
Ils
apprennent très vite qu’ils peuvent faire une pyramide avec trois triangles,
par exemple.
Ils
utilisent cette habileté, spontanément dans leurs constructions quand une pièce
leur manque.
Les lignes
Les
enfants vont utiliser des lignes dans leurs dessins et peintures : lignes
droite, horizontale ou verticales, parallèles qui se croisent, les diagonales,
les lignes courbes, brisées qu’on pourra nommer en examinant leurs productions
avec eux.
Les
figures planes sont faites de lignes brisées, fermées.
Voir :
Les lignes : https://jeulibrequebec.blogspot.com/2021/08/jouer-avec-les-lignes-ces-precurseurs.html
Les solides
Les
jeunes enfants sont entourés de solides à la maison, au CPE et à l’école
puisque tous les objets sont des solides.
Ils
vont très tôt être, par des jouets, confrontés aux propriétés des solides.
Photo Anne Mauffette
Les
jeunes enfants vont progressivement apprendre leurs noms : le cube, le
cylindre, le cône la sphère, la pyramide, le prisme pour les solides.
Les plus jeunes vont nommer le solide par une de ses faces : le cube va s’appeler carré même si l’enfant fait la différence entre les deux.
Les enfants vont progressivement apprendre à :
-
Distinguer
certaines de leurs propriétés ou attributs et les décriront dans leur
langage : coin, rond, droit, pointu, plat, roule, etc.
Note : On parle d’attribut lorsqu’il s’agit
de : couleur, forme, taille, texture) et de propriétés lorsqu’il s’agit de
caractéristiques telles que le nombre de côtés, les sommets, les formes des
faces, etc.
-
Compter
les côtés, les coins
-
Connaître
les termes mathématiques (presque par osmose en les entendant, les répétant) :
lignes, côtés, sommets, angles, faces, aigu, droit, courbe, etc.
-
Comparer
des formes géométriques
-
Comparer
les grandeurs des formes (longueur, aire, etc.)
-
Comparer
en utilisant la superposition ou la juxtaposition
-
Définir
une forme par une de ses propriétés : « C’est un triangle parce qu’il a
trois côtés»
-
Trier
et classer des formes en fonction de certaines propriétés et attributs
- Reconnaître des demi-cercles, des quarts de cercles
-
Découvrir
les formes concaves et convexes
-
Composer
de nouvelles formes géométriques avec différents matériaux (pailles, blocs) et font
des structures, des dessins, des collages, etc.1
Ces enfants ont fait de des structures très complexes.
Photo Anne Mauffette Photo Garden Gate
- Composer des symétries
- Composer des formes avec leurs corps
- Représenter des objets de leur environnement ou imaginaires
Par essais et erreurs l’enfant va composer la fusée à l’aide de plusieurs formes différentes. Photo Anne MauffetteDe
même cette petite fille avec le jeu Architek
- Les
relations : longueur, largeur, hauteur
Les enfants vont comparer les dimensions des formes géométriques en les manipulant.
Là aussi les plus jeunes vont se laisser berner par leurs perceptions. Même après avoir dit que deux blocs étaient égaux, si on change leur disposition, certains vont dire qu’ils sont tous les deux plus longs (à cause du dépassement).
- Régularités : les séquences, les motifs, les frises et les dallages
«L’enfant pourrait : poursuivre des suites logiques et des régularités ou en créer» 1
Les
enfants peuvent remarquer des régularités dans des œuvres d’art, sur la cour
d’école
(espacement des fenêtres) etc. Ils peuvent aussi en confectionner avec des tuiles, des mosaïques, des blocs, etc.
- Les relations et la pensée spatiales
«L’enfant pourrait : repérer des objets dans l’espace (ex. : derrière, devant, en haut, en bas, sous.»1
L’orientation spatiale s’est savoir où l’on est et comment se déplacer dans le monde.
Le développement spatial des enfants dépend beaucoup de leurs expériences de langage spatial et des activités telles que les casse-tête et la construction avec des blocs ainsi que des mouvements et déplacements des enfants.
L’enfant
va :
-
Explorer
l’espace et son environnement, en se déplaçant, en déplaçant des objets
-
Découvrir
sa place dans l’espace (il peut se faire tout petit ou plus grand).
-
Découvrir
les positions de son corps dans l’espace et leurs noms (debout, assis, à
genoux, accroupi, allongé, etc.) et ses mouvements dans l’espace (monter,
descendre).
-
Se
repérer, s’orienter dans l’espace
-
Résoudre
des problèmes de placements de formes et d’orientation spatiale
Ce jeu offre différentes possibilités de placements des éléments et oblige les enfants à des rotations de pièces. Photo Anne Mauffette
- S’orienter sur une surface (feuille)
-
S’orienter
sur un plan (Légos, Gravitrax)
-
S’orienter
sur un plateau de jeu de table (avancer, monter, descendre, tourner, etc.) ou
dehors (jeu des quatre coins par exemple).
-
Identifier
la place des objets dans l’espace
-
Apprendre
le vocabulaire lié à l’espace (notions spatiales) se fait en général de façon
séquentielle. D’abord: dans sur (dessus) et sous (dessous), en haut, en
bas, puis les mots de proximité à côté, entre, puis devant, derrière, dedans,
dehors, intérieur extérieur, près, loin,
du même côté, en face de, au milieu de, au pied de autour, à travers, etc.
-
Découvrir
l’orientation de la lecture écriture
-
Découvrir
le sens de lecture d’un livre du début à la fin (contrairement aux Mangas).
-
Entendre
les mots gauche et droite qui même si on les utilise, sont compris encore plus
tard et portent à confusion souvent pendant plusieurs années.
-
Organiser
des objets dans l’espace (pour faire des parcours, des motifs ou ranger par
exemple).
-
S’initier
à des cartes simples
-
Représenter
des espaces (maison, classe, cour extérieur) avec différents objets ou en
dessin, etc.
-
Percevoir
les objets selon différentes perspectives
-
Être
capable d’imaginer, de visualiser et de manipuler les mouvements des objets
-
Utiliser
les rotations, les glissements, la translation, le rabattement, etc.
(L’ordinateur est particulièrement utile pour ceci).
-
Explorer
la symétrie
- Faire de l’organisation spatio-temporelle. Quand on prépare un événement une fête, la venue des parents) on décide ce qui va se passer quand et où.
Les enfants vont utiliser leurs connaissances de certains repères et distances pour se rappeler des lieux. Les enfants de 4-5 ans peuvent représenter ces informations en faisant un plan de leur maison et de leur classe ou de la cour extérieure que ce soit par dessins, avec des blocs ou de la pâte à modeler, etc.
Les garçons ont la réputation de s’engager davantage dans les activités spatiales. Il semble que les adultes passent plus de temps à faire de la construction, des jeux de sable et des jeux à l’extérieur, avec les garçons et plus de temps dans les jeux symboliques avec les filles. Ceci pourrait peut-être expliquer en partie les avantages des garçons dans les habiletés spatiales.
Relations
temporelles :
Le
temps est un concept difficile à comprendre pour les jeunes enfants: hier, aujourd’hui, demain, tout à l’heure, bientôt, dans un instant, la notion
de semaine, mois, année et prend du temps justement…
Les jeux incluant des sabliers peuvent leur donner une idée de ce qu’est une minute.
Un
événement ou une histoire a aussi un début, un milieu et une fin et les enfants
l’apprennent en racontant leurs expériences et en écoutant des histoires et en
inventant ainsi que des scénarios dans leurs jeux symboliques.
Ils
vont apprendre les jours de la semaine avec des chansons (Lundi matin, le Roi
sa femme et son p’tit prince…) et le calendrier. Ainsi que les mois de l’année
(«Ma fête c’est au mois de juin»,
l’Halloween c’est en octobre, Noël en décembre, etc. et les saisons (« Ma
saison préférée c’est l’été parce que je peux me baigner chez ma mamie).
Les
phases de la vie, de leur vie peuvent être aussi abordées, par des chansons («
Quand j’avais un an…») mais aussi par la représentation de leur (courte)
histoire de vie : photos quand ils étaient bébés à 1 an etc.).
L’heure
est aussi une notion difficile à appréhender, mais une horloge bien en vue et
des horloges pour jouer et le fait d’entendre : dans un quart d’heure et
autres termes reliés, vont faire qu’ils vont apprivoiser cette notion. Des
sabliers de différent durée vont aussi conscientiser les enfants au temps ainsi
que les chronomètres et les minuteurs. Et le calendrier.
Recueillir, représenter et interpréter des données : un pas vers les statistiques
Il
y a plein de situations qui peuvent amener les enfants à organiser des
sondages, des votes, des enquêtes.
Ils
vont pouvoir noter et comparer ces informations.
Les questions sont de tout ordre : qui a mangé quoi, qui a un chat ou un chien ou les deux, combien d’enfants viennent en autobus, en auto, à vélo ou à pieds. On pourrait discuter des résultats : y a-t-il plus d’enfants qui viennent à pieds ou en auto ? Est-ce que cela serait différent un jour de pluie ?
Les enfants ont alors des occasions de récolter ces informations et peuvent les représenter et les organiser de diverses façons : avec de vrais objets, des «post-it» ou avec des dessins, des pictogrammes, des tableaux, et des graphiques. Puis de les interpréter et tirer des conclusions.
Ici
une enseignante, dans un projet d’adoption d’arbre, après être allée avec sa
classe de maternelle voir cinq arbres dans leur environnement, a demandé aux
enfants de choisir celui qu’ils voulaient adopter.
Les
avis étaient partagés et été compilés devant tout le groupe.
LA MESURE
La mesure c’est se référer à une unité pour décrire une caractéristique d’un objet ( la longueur par exemple).
«L’enfant pourrait : utiliser différents
objets pour mesurer (blocs, mètre, ficelle)».1
«La mesure fait référence
à l’évaluation des dimensions.»
La
mesure est une combinaison complexe de concepts et d’habiletés qui se
développent avec le temps.
Le
développement de la mesure commence généralement en comparant des objets sur
une dimension. Des enfants de maternelle peuvent, par exemple, placer trois
boules de glaise selon leur poids et leurs bâtons selon la longueur.2
Les
enfants n’ont au début pas la conservation de la longueur. Nous avons vu qu’un
enfant qui a comparé deux blocs et
constaté qu’ils étaient de la même longueur lorsqu’ils sont alignés va ensuite
dire que les deux sont plus longs s’ils sont décalés, se fiant à sa perception
(les deux dépassent).
D'autres perçoivent les différences de longueur.
Exemple de niveau de concept de mesure et de connaissance de propriétés des objets:
Zoé me dit : «J’ai besoin de celui-là» en me désignant un certain bloc (Pratt). Je constate qu’elle cherchait un bloc (parallélépipède rectangle) de la même forme et grandeur que celui qu’elle avait déjà. Elle a donc en un regard reconnu leurs ressemblances. Elle est donc capable de faire des comparaisons et de mesurer à l’œil la longueur, largeur et épaisseur du bloc ainsi que d’identifier sa forme qu’elle n’a pas nommée (je lui ai nommée en lui tendant).
Là
aussi ce sont les expériences multiples qui vont former et consolider cette
notion.
Les
enfants vont décrire des objets ou situations en fonction d’attributs de
mesure : longueur, hauteur, largeur, le volume, l’aire, la masse, le
temps. Ils pourraient 4:
-
Utiliser
les termes : long, court, petit, grand, gros, lourd, léger, loin, étroit,
mince large, profond, proche ou près, etc.
-
Comparer
les longueurs différentes, de différents objets, par des stratégies appropriées
(alignement, superposition).
-
Placer
des objets en ordre croissant ou décroissant
-
Remplacer
des objets par d’autres (deux blocs ont la même longueur que le long bloc)
- Comparer la durée de deux sons, la hauteur de deux sons, l’intensité de deux sons ou d’une mélodie, le rythme de deux musiques
-
Constater
la masse d’un objet ou comparer la masse de deux objets en les soupesant ou en
les pesant
-
Comparer
des volumes (« Mon ballon est plus gros que le tien, il est plus gonflé»).
-
Observer
et comparer des capacités liquides
-
Transvaser
dans différents contenants
Photos Anne Mauffette
-
Comparer
des contenants
-
S’initier
aux contenants gradués et au vocabulaire qui les accompagne (une tasse, un
litre).
-
Utiliser
le vocabulaire : plein, trop plein - Ça déborde !» - vide, à moitié
plein
-
Anticiper
le moment où le contenant va être plein et arrêter son geste
-
Ajouter
et enlever du liquide
-
Établir
des équivalences ; « C’est pareil»
-
Associer
des événements à des repères temporels (aujourd’hui, hier, demain, matin soir,
il y a longtemps, à Noël, cet été, etc.).
L’unité de mesure
Les enfants vont d’abord mesurer avec des outils non conventionnels. Mais ils pourront être initiés à différents moyens de mesure conventionnels.
La
notion d’unité de mesure (ou étalon) n’est pas évidente pour les enfants. Une
unité de mesure implique que :
-
L’unité
soit de grandeur égale
-
Elle
doit être répétée
-
Il
ne peut pas y avoir d’espace entre les répétitions
- Elle doit être subdivisée si on ne couvre pas exactement tout l’objet
Dans
un projet (Shoe and Meter) dans les écoles de Reggio Emilia, les enfants
avaient mesuré une table avec plusieurs de leurs chaussures. Ils en sont venus
à utiliser la chaussure d’un enfant.9
Dans
le projet sur la grandeur d’un Dinosaure, les enfants ont changé leur unité de
mesure plusieurs fois : leurs corps, puis les bâtons du gymnase et enfin
un mètre à mesurer.10
Des
enfants ont comparé des mesures de température à différents endroits dans leur
cour d’école.
Exploration des grandeurs des plantations sur la cour d’école. Photos Environmental Yard
En observant l’enfant construisant tous ces
concepts, on pourra noter s’il :
- Démontre sa connaissance par ses comportements
- Démontre sa connaissance par ses comportements et ses
explications (connaissance
représentationnelle)
-Démontre par ses actions une compréhension partielle
du concept
- Démontre par ses explications une connaissance
partielle du concept
- Ne démontre aucune connaissance de ce concept
Inciter
les enfants à décrire leur pensée, à représenter leurs idées, à résoudre des
problèmes, à faire des liens, à communiquer, stimule le raisonnement et les
processus mathématiques
Pour voir la partie suivante,voir: Les situations qui favorisent la compréhension des concepts mathématiques,
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