Quels
sont les principaux concepts en construction chez les enfants au
préscolaire ?
Les enfants ont mesuré les tissus pour habiller leur schéma corporel. |
La liste qui suit a pour but de nommer des concepts explorés par les enfants et leur progression par rapport à ces notions, afin de pouvoir les identifier dans leurs jeux. Il ne s’agit pas d’en faire des sujets d’étude systématique, d’isoler les mathématiques dans des périodes réservées à des leçons formelles ou d’élaborer une série d’activités dirigées. Il ne s’agit pas non plus d’en faire une liste de choses à faire réaliser, absolument, par tous les enfants, mais d’une tentative d’aider l’adulte à connaître les différents niveaux de compréhension de concepts mathématiques, afin de pouvoir les reconnaître dans les jeux et activités spontanées des enfants et le contexte global de l’enfant et de la classe ; d’identifier où en est chacun (et donc où est sa zone de développement proximal) et quel matériel, jeux, expériences ou commentaires et interactions prévoir pour le soutenir dans le passage à la prochaine étape. Elle devrait permettre à l’éducatrice ou l’enseignante de réfléchir sur sa pratique, sur l’organisation de son local ou sa classe et le matériel : favorisent-t-ils le développement de ces concepts, comment le favoriser davantage, comment aider tel enfant ?).
Le curriculum du préscolaire est intégré : tous les domaines y ont une importance capitale dans le développement et plusieurs domaines sont touchés dans une même activité. La construction par exemple amène des possibilités multiples d’apprentissages. Mais nous nous attardons aujourd’hui aux aspects mathématiques abordés dans ces jeux.
Pour
une vision plus large des apports de la construction voir :
La construction et l’apprentissage: https://jeulibrequebec.blogspot.com/2019/04/la-construction-et-lapprentissage.html
Les
principaux concepts qui vont se développer au préscolaire sont ceux
associés :
-
aux nombres : appariement, correspondance
terme à terme (un à un), les ensembles (ou collections) et leur quantités, la
classification, la sériation, les nombres naturels, leurs noms (chiffres) et
représentations symboliques, le sens du nombre (conservation du nombre), le
système décimal (base 10), les opérations
et les relations.
- et à la géométrie : figures planes et solides et leurs caractéristiques (attributs et propriétés), à la pensée spatiale ainsi qu’à la mesure (évaluer une longueur, une aire, un volume une masse, une durée) comprendre et utiliser des unités de mesures non conventionnelles et conventionnelles).
La progression des enfants dans l’acquisition de ces concepts se fait en plusieurs étapes et chacun évolue à son rythme. On devra donc accompagner chaque enfant dans son cheminement, en l’étayant selon sa zone proximale de développement.
La
mention des âges dans ce texte n’est pas faite pour créer des attentes de performance
chez les enfants («Oh ! Il est en retard sur ceci ou cela») ou considérer
ceci comme une norme. Il ne s’agit que d’une indication de compétences
possibles, fournies afin qu’on puisse les remarquer à un moment ou un autre
dans la trajectoire du développement mathématique de l’enfant.
LE SENS DU NOMBRE
En général, les enfants sont intéressés par les chiffres/ les nombres et les quantités.
S. a dessiné des fleurs. Elle me fait remarquer qu’il y a une fleur avec un pétale, une avec deux, trois quatre, etc.
Un enfant
pourrait : expérimenter des jeux de dénombrement, d’association, de
classement, de logique.1
L’enfant pourrait
reconnaître de petites quantités.1
Il pourrait : «utiliser
différents objets, matériaux et instruments ou utiliser les technologies
(TIC) pour comparer, classer, compter»1.
Les nombres sont un mode fondamental pour représenter le monde. Les nombres sont des abstractions qui s’appliquent à toutes sortes de situations : cinq enfants, cinq sur un dé, cinq doigts, cinq ans, etc.2 Le chiffre, représentant le nombre, est une abstraction de la notion de quantité.
La
croissance marquée de la compréhension numérique entre 2 et 6 ans est stimulée
par l’apprentissage d’outils culturels (le nom des chiffres) et des méthodes
comme compter et apparier.2
- L’appariement et la correspondance terme à terme (ou un à un)
L’appariement est un des premiers concepts
mathématiques développé qui forme le fondement du développement de la pensée
logique.
Typiquement
les enfants entre 2 et 4 ans développent la compréhension de ceci à travers des
relations de plus-moins-égal3.
C’est un pré requis pour compter et à la compréhension de la notion d’équivalence et du concept de conservation du nombre3.
Z. a placé une figurine derrière chaque fenêtre. Photo Anne Mauffette
La correspondance terme à terme (ou un à un) est la
composante fondamentale du concept de nombre3.
C’est
compter des objets en faisant les correspondances spatiales connectant un mot
(le chiffre) à un objet dans l’espace.2
C’est
aussi comprendre qu’un groupe a la même quantité d’éléments qu’un autre.
Au
début, certains pointeront dans le vide
entre deux objets, ou sauteront des objets ou compteront deux fois le même
objet, pointeront sans dire le chiffre ou diront plusieurs mots pour un objet.
C’est
l’expérience qui va améliorer la justesse.
C’est les comparaisons d’ensembles qui vont favoriser l’acquisition du concept de nombre et la pensée numérique.
Les enfants vont comparer deux collections d’objets en les pairant.
Ils vont 3 :
· Pairer des items qui ne sont pas semblables. L'enfant:
-
Paire des items différents mais reliés qui ne sont pas semblables
-
Paire
des ensembles égaux avec 5 items ou
moins
-
Paire
des ensembles inégaux avec 5 items ou plus
-
Utilise
le vocabulaire approprié en pairant des ensembles (ex.: trop, pas assez)
· Pairer des items semblables. L'enfant paire:
-
Paire
deux items semblables
-
Paire
des ensembles égaux- avec 5 items ou moins
-
Paire
des ensembles inégaux- avec 5 items ou plus
-
Utilise
le vocabulaire approprié pendant qu’il paire des ensembles qui sont semblables
(ex.: trop, pas assez)
Une
fois que les enfants ont compris la correspondance terme à terme, ils peuvent
l’appliquer dans des activités de plus haut niveau qui implique les notions
d’équivalence et de plus ou moins3.
L’utilisation
chez les enfants de « pas assez» ou de « trop» est un indice de leur bonne
compréhension de l’appariement (pairer) et de la correspondance terme à terme.
- La
cardinalité et la quantité
Les
enfants vont explorer la cardinalité
c’est-à dire, mettre un chiffre (un nombre) sur la quantité d’objets dans un
ensemble.
Ils
vont :
-
Concevoir
une quantité par perception immédiate (de 1 à 3 ans)
-
Déterminer
une quantité par subitisation par acquisition (voir plus bas)
-
Connaître
les mots représentant les nombres (chiffres), en savoir la séquence
-
S’exercer
à la correspondance terme à terme
-
Commencer
à écrire les symboles numériques
-
Comparer
des ensembles par rapport à la quantité
-
Coordonner
ces différentes compétences
-
Parler
de nombres entre eux et avec l’adulte
- Classification : Créer des ensembles ou des collections
« L’enfant pourrait : trier, ranger, classifier
et comparer des objets (ex.: selon la grandeur, leur couleur et leur forme».1
L’enfant pourrait :
« Former des collections réelles (ex. : regrouper des autos rouges)»1
Il
y a classification quand deux ou trois éléments sont considérés comme équivalents
(semblables). Mais on peut considérer des objets ou un groupe d’objets comme
équivalents pour différentes raisons.3
Cela amène aussi à reconnaître qu’un groupe d’objets fait partie d’un plus grand groupe.
Un enfant peut démontrer par son comportement qu’il a une connaissance de classification par association ou par fonction (ex. : ranger tout ce qui sert à écrire) et une certaine compréhension de l’inclusion dans une classe (ex.: une banane et une pomme sont toutes les deux des fruits).
Quand
un enfant démontre par son comportement qu’il a compris un concept (il a mis de
la nourriture et que de la nourriture dans le panier à pique nique par
exemple), on peut en profiter pour demander à l’enfant de commenter ses
actions. La discussion va nous assurer qu’il ou elle a effectivement compris. L’utilisation
du langage dans une activité partagée permet à l’enfant de construire du sens et de démontrer un plus
haut niveau de compréhension d’un concept 3.
La plupart des enfants sont capables de classer des objets. Cependant ils peuvent ne pas savoir les noms des formes ou des matériaux. Ce manque de vocabulaire peut être interprété comme une incapacité de classer selon un attribut. À nous de leur donner les mots.
Lorsque
que les enfants sont capables de classer selon deux attributs, ils ont acquis
le vocabulaire pour décrire les caractéristiques spécifiques des objets. Il est
alors approprié de leur demander par exemple, dans des jeux de devinettes par
exemple, de trouver quelque chose de rouge et long. Lors de la distribution de
quelque chose, je peux demander que se lèvent d’abord les garçons qui portent
du jaune ou les enfants qui portent des souliers de course et du bleu 3.
On peut même aller jusqu’à trois attributs : je vois quelque chose de petit, rond et bleu.
Il n’est pas typique pour des enfants du préscolaire de bien comprendre les concepts d’inclusion et d’exclusion. On peut cependant, en leur posant des questions spécifiques leur permettre de démontrer leur connaissances partielle 3. « Je vois que tu as utilisé que du rose et du mauve dans ta peinture» « Oui, c’est mes couleurs préférées» (Elle a donc exclu les autres).
Les graphiques sont une forme plus complexe de classification. La confection de tableaux en colonnes sont appropriés pour les enfants au préscolaire et permettent aux enfants de travailler ensemble et d’apprendre les uns des autres. Les graphiques qui démontrent clairement une information donnent l’occasion aux enfants de créer et comparer des ensembles 3.
Un graphique peut naître du désir des enfants de partager une information, de quantifier des résultats et comparer les résultats. Ils peuvent être très stimulants pour certains enfants cognitivement avancés car ils provoquent un haut niveau de pensée (Moonmaw et Hieronymus, 1995)3.
Nathan a fait un sondage et un graphique: «Qui Préfère le Pepsi, le Perrier, le Coca Cola ou les Yops?»
La
météo a été ici l’occasion d’une représentation graphique :
On va observer si l’enfant 3 :
-
Est
capable de regrouper des objets identiques
- Trie les objets selon un attribut (couleur, forme, grandeur, matériau, motif, texture, usage).
-
Classe
selon deux attributs
-
Classe
par trois attributs
-
Décrit
ce qu’il a fait pendant qu’il classait selon 1,2,3 attributs
-
Explique
ce qu’il a fait pendant qu’il classait selon 1,2,3, attributs
-
Classe
selon les fonctions
-
Puis
décrit ou explique ce qu’il a fait
-
Classe
par association
-
Puis
décrit et /ou explique ce qui a été fait
-
Comprend
l’exclusion d’une classe
-
Comprend
l’inclusion dans une classe
-
Classe
par nombre
- Sérier et ordonner
Les enfants vont souvent sérier spontanément des objets du plus petit au plus grand.
La double sériation. L’histoire de Boucle d’Or est souvent utilisée pour illustrer la double sériation : Le gros lit ou la grosse chaise ou le gros bol va avec les gros ours.
En comparant des objets les enfants sont amenés à identifier différents attributs ; une tour peut être faite d’un même nombre de blocs mais une des tours peut être plus haute que l’autre.
Ordonner
correspond à un plus haut niveau de comparaison (voir des différences) et
implique la comparaison de plus de deux objets ou de plus de deux ensembles3.
Ordonner et sérier impliquent de placer plus de deux objets ou ensembles dans une séquence. Ordonner implique de les placer dans une séquence du premier au dernier.
C’est un pré requis aux séquences et motifs3.
Ordonner est le fondement de notre système numérique (ex. : 2 est plus grand que 1, 3 que 2, etc.).
Lorsqu’on demande aux enfants de se ranger en ordre de grandeur ou on leur propose de sérier des sons du plus fort au plus faible ou de créer et classer des couleurs du plus pâle au plus foncé, ils travaillent ces concepts.
Les enfants savent très tôt ce que signifie être le premier et être dernier. Ils vont facilement transférer leur connaissance des nombres : deux-ième, trois-ième...
On
va observer si l’enfant 3:
-
Compare
des opposés (ex. : long, court, petit grand, etc.)
-
Ordonne
3 objets au hasard
-
Ordonne
3 objets par essai et erreur
-
Ordonne
de façon systématique
-
Série
à l’envers
-
Fait
une double sériation
-
Décrit
ce qui a été fait
- Explique ce qui a été fait
Dans leurs jeux les enfants vont spontanément classer des objets par couleur, taille, texture, forme, fonction, etc.
Les enfants entre eux sont des modèles les uns pour les autres ; un enfant peut en guider un autre moins compétent lors d’une activité partagée. Les activités partagées forcent les enfants à clarifier et élaborer leur pensée.
Lorsque les enseignantes utilisent le langage mathématique dans leurs interactions avec les enfants cela soutient la progression des enfants. Cela les rend aussi plus conscients des aspects mathématiques inclus dans leurs activités et dans la classe.
L’observation
et la documentation des actions et dires des enfants va permettre d’évaluer les
progrès de ceux-ci. Lorsqu’on partage la documentation avec les enfants, cela
les rend aussi plus conscients de leurs apprentissages.
Quand les enseignantes savent quels concepts mathématiques les enfants peuvent acquérir et les stades pour y parvenir, elles peuvent planifier des expériences et situations signifiantes et des interventions pertinentes en tenant compte des intérêts des enfants et leur stade de développement.
- Dénombrer
« L’enfant
pourrait :
-
Découvrir les
nombres (que le chiffre 4 correspond à son âge)
-
Dénombrer des
objets mais pas nécessairement dans le bon ordre
-
Dénombrer des
collections coordonnant un geste et le nombre correspondant
-
Utiliser les
nombres (compter le nombre de blocs qu’il a utilisé pour sa construction).»1
-
Avancer un
pion sur un jeu après avoir jeté le dé.
-
« Expérimenter
des jeux de dénombrement, d’association, de classement et de logiques» 1
-
«Dénombrer des
collections coordonnant un geste et le nombre correspondant»1
Les
enfants vont découvrir «Le principe
cardinal» c’est-à dire que « le dernier nombre employé dans une séquence
de comptage représente le nombre d’éléments de l’ensemble compté» 1b
- Compter et le principe de cardinalité :
L’enfant pourrait : « reconnaître de petites quantités»1
· La comptine ou suite ou séquence des chiffres :
«L’enfant pourrait : Réciter une comptine de nombres sans nécessairement faire le lien avec les nombres réels.1
La
plupart des enfants sont exposés assez tôt aux mots qui représentent les
nombres (les chiffres). Ils apprennent leur séquence par imitation et retiennent
assez facilement cet enchaînement même si au début, ils en oublient
quelques-uns uns, s’arrêtent à un certain nombre ou répètent plusieurs fois le
même ou ne les récitent pas tout-à-fait dans l’ordre.
Au début, ils ne reconnaissent pas leur relation avec les quantités.
Le
sens du nombre est construit par chaque enfant progressivement, à travers la
création de relations de toutes sortes avec des objets7.
Il faut que les enfants vivent des expériences qui leur permettent de faire le lien entre le mot, les nombres et les quantités.4
«
Pour l’enfant préopératoire, réciter la suite des nombres n’est pas (automatiquement)
perçue comme un outil servant à compter des objets2.»
· Compter
Compter c’est pairer un chiffre avec un objet (correspondance terme à terme). Le dernier nombre a un statut spécial : il représente la quantité de tous les objets de l’ensemble : c’est la cardinalité. 2
Des enfants peuvent compter une série d’objets
sans en savoir la quantité finale.
Un enfant qui compte six objets mais quand on lui demande combien il y en a, recompte, ou indique le sixième, montre qu’il ne comprend pas la cardinalité3.
Pour
lui les nombres sont des éléments individuels d’une série et ne représentent
pas une quantité. Pour quantifier des objets comme un groupe, l’enfant doit
établir une inclusion hiérarchique : un est inclus dans 2, qui est inclus
dans 3 etc. (Kami)
Il est plus facile de compter des objets sur une ligne que des objets épars ou en cercle.
Nous avons vu que certains enfants ne vont pas coordonner l’énoncé du chiffre et le pointage ou vont sauter des éléments ou en dédoubler.
Piaget
avait démontré que les enfants n’avaient pas l’idée de conservation du nombre (pas avant 7 ans et demi) parce que lorsque deux
ensembles comportant le même nombre d’objets étaient placés différemment (un
sur une ligne plus longue que l’autre), malgré le fait de les avoir compté, se
fiant seulement à leur perception, ils disaient qu’il y en avait plus dans la
longue ligne.
Mais
des recherches plus récentes ont montré que si les enfants peuvent manipuler
des objets concrets, ils peuvent réussir à les pairer et à établir
l’équivalence (« C’est pareil»).2
Ils vont d’ailleurs aussi d’eux-mêmes constituer des ensembles équivalents.
Il est plus facile pour un enfant de dénombrer des objets concrets que des images. Aussi faut-il laisser aux enfants de multiples occasions de manipuler des objets avant de passer à plus d’abstraction. Les enfants pourront organiser dans l’espace les objets et le compter.
Compter de grands ensembles demande de l’attention : l’enfant doit coordonner son action (pointer) et l’expression des nombres, se rappeler où il en était dans l’espace et dans la suite des nombres.
Les enfants de 2-3 ans peuvent compter de petites quantités (1 à 3 objets).2 Ils peuvent aussi montrer avec leurs doigts des petites quantités. Ils en viennent à généraliser le concept de 2 à savoir que 2 peut représenter différentes choses (2 biscuits, 2 chiens, etc.).2
A
quatre ans ils étendent leur compréhension à des groupes plus grands.
À cinq ans, ils vont souvent intégrer les aspects du nombre jusqu’à dix et pour certains, commencent avec les dizaines.2 Ils peuvent aussi compter des images. Mais les enfants doivent pouvoir agir sur ces images.
On a tendance à toujours faire compter les enfants de gauche à droite dans le sens de la lecture. Mais il faut que les enfants apprennent qu’on peut compter un ensemble d’objets de toutes sortes de façons (de droite à gauche, commencer dans le milieu) et que le résultat restera toujours le même (le même nombre cardinal).
Les enfants vont aussi apprendre à compter à l’envers dans leurs jeux : décollage d’une fusée, départ d’une course ou dans des chansons :
Voici une anecdote rapportée par un
enseignante de maternelle qui illustre une des mille façons d’aborder les
mathématiques au préscolaire:
En attendant que tous
les élèves viennent s'asseoir après s'être lavé les mains, je chante une
chanson: Ils étaient 10 dans un lit...
À chaque fois qu'il y
en a un qui tombe en bas du lit, je demande aux enfants combien il en reste en
leur montrant mes doigts (et plusieurs le font aussi).
À la fin, le dernier dit: Revenez, je suis tout seul! Là, on montre nos dix
doigts et les enfants disent "10!" et je renchéris en disant:
"Bien oui, les 10 sont revenus!" Un de mes élèves me dit: "Non,
9, il y en a 9 qui sont revenus parce qu'il y en avait déjà un dans le
lit!"
· Les relations de plus et de moins
L’enfant pourrait : « reconnaître différentes quantités et grandeurs : beaucoup, peu, autant, plus que, moins que»
« J’en ai pas beaucoup ! « Il en a plus que moi !», montre que l’enfant a déjà une connaissance des quantités.
Les enfants peuvent identifier le plus et le moins avant de posséder la connaissance de la conservation des nombres ou des quantités.
Les
enfants de 2 et 3 ans utilisent leur perception (la subitisation) pour
déterminer par exemple ce qui est plus long ou moins long ou peuvent parfois compter
des objets en utilisant les mots des nombres (chiffres) à l’oral (moins de 4).2
Les
4 ans utilisent le comptage et des stratégies de pairage pour trouver ce qui
est moins ou plus pour des nombres de moins ou égal à 10 mais se laissent
encore berner par leurs perceptions. Un enfant pourrait compter deux séries de
six objets mais quand même dire qu’il y en a plus dans un ensemble soit parce
que les objets sont plus gros ou qu’ils prennent plus de place. Devant deux
blocs de même longueur si les blocs ne sont pas alignés, ils peuvent dire que
les deux sont plus longs.2
Les 5 ans comparent des situations avec des objets, ou en dessinent, et apparient ou comptent pour déterminer ce qui est plus ou moins.2
Compter
deux ensembles pour déterminer où il y en a plus, ou moins, est difficile car
cela demande à l’enfant de retenir le nombre cardinal (le total) du premier
tout en comptant l’autre.
De plus, quand il compare des ensembles
d’objets différents, l’enfant ne doit pas se laisser influencer par la taille
ou la nature des objets.4
· La subitisation :
C’est reconnaître globalement et de façon juste une quantité. L’enfant va d’abord évaluer à partir d’une perception visuelle ou auditive par exemple (subitisation perceptuelle).
Certains enfants vont avoir besoin de compter pour dénombrer le nombre de points sur un dé ou une carte à jouer, d’autres auront intégré le motif fait par les différents points ou symboles et pourront d’un coup dire : «5». Ou avec deux dés, ils vont dire« je vois 2 et 3, je sais que ça fait 5».2
C’est une subitisation pas acquisition, due à la répétition. Il y a aussi la subitisation conceptuelle qui s’applique à de plus grands nombres.
· Le dix et les dizaines, les
groupes et les groupes de groupes
Certains
enfants comprennent très vite qu’une fois qu’on connait les nombres de 1 à 10
ou 20, on peut facilement compter jusqu’à cent et même jusqu’à mille si on
voulait, du moment qu’on connait le nom des dizaines (vingt, trente, etc.). Ils
ont reconnu la répétition des nombres de 1 à 9 ajoutés à la dizaine.
Au
début, pour l’enfant 10 c’est 10 uns. Ce n’est que plus tard que 10 va
signifier 1 dizaine et zéro unités.
Le
matériel Montessori est particulièrement bien fait pour aider à comprendre ces
concepts.
Certaines écoles célèbrent encore la centième journée d'école mais d'autres ont abandonné cette pratique.
· Les symboles des nombres :
Les
enfants ont besoin d’expériences reliant les symboles pour les quantités, à de
vraies quantités (objets, dessins, etc.).
Ils
en viendront à :
-
à reconnaître un certain nombre de chiffres
(lire)
- à représenter un certain nombre de chiffres (dessiner ou écrire).
Les enfants seront initiés à la représentation symbolique, écrite, de ces nombres/chiffres.
Ils savent souvent montrer, lire ou écrire le chiffre représentant leur âge.
Certains tracés sont plus faciles que d’autres : le 1, 3, 4, 5 et 7 sont réalisés plus tôt que le 6, 8 et 9. Certains vont inverser le 3 par exemple, car le concept de gauche droite n’est pas encore acquis.
«
Pendant longtemps, l’accent a été mis sur le développement de la compétence de
comptage ; or ces stratégies ne représentent pas la meilleure façon pour les
enfants de résoudre des problèmes et se préparer aux opérations plus complexes
(Cheny 2021). L’aspect central des mathématiques réside dans les relations
partie-partie-tout.»5
- Les opérations :
L’enfant pourrait : «Résoudre des problèmes simples par une action : enlever (un de moins), ajouter, partager en utilisant des objets concrets» 1
- Composer décomposer
Le développement de stratégies de composition et de décomposition basées sur les relations partie-partie-tout est à la base de l’addition et de la soustraction et plus tard de la multiplication et la division.
Les
enfants composent et décomposent en géométrie lorsqu’ils construisent par
exemple une maison avec un carré et un triangle et font différentes structures.
Ils
peuvent aussi composer et décomposer des images de casse-têtes.
Ils
peuvent composer des formes avec leurs corps.
Par rapport au nombre, décomposer c’est représenter un nombre de différentes façons. Composer c’est créer un nombre à partir de deux ou plusieurs nombres.4
Les
enfants vont progressivement comprendre que deux oiseaux sur un fil plus trois
qui arrivent c’est la même chose que trois oiseaux avec deux qui arrivent.2
Ils peuvent résoudre des problèmes simples («Il manque combien de camarades ce matin ?»).
Les
enfants de 4-5 ans apprennent progressivement les parties pour 3, 4 et 5. Quels
nombres se cachent dans un nombre ?
Les
jeux à deux dés amènent les enfants à réfléchir à cette question.
Ils vont se rendre compte qu’on peut décomposer et recomposer des nombres en parties: que 5 peut être aussi bien 3+ 2 que 4+1.
C’est
un pas vers la reconnaissance des propriétés de commutativité de l’addition
qu’ils verront beaucoup plus tard (a+b=b+a).
Ce jeu Ferme la Boîte existe aussi pour 4 joueurs en tons neutres ou en couleur. Photo Anne Mauffette
Certains
vont aussi peut-être comprendre qu’on
peut composer dix 1 en un 10 et décomposer un 10 en dix uns.
- L’addition et la soustraction
C’est dans la vie de tous les jours que les enfants vont être exposés aux additions et soustractions. Il y a un invité de plus pour souper ce soir à la maison, on va ajouter une assiette. « Il m’a pris 2 crayons !».
Compter
c’est aussi additionner : 3 c’est 2+1, 4, c’est 3+1, etc. (ou soustraire
si on compte à l’envers).2
L’addition et la soustraction sont des transformations. C’est ajouter ou enlever ou retirer. L’addition c’est un changement vers le plus et la soustraction, vers le moins.
Les
enfants de deux, trois ans peuvent par exemple comprendre :
-
que 2 blocs plus 2 blocs cela donne 4 blocs (changement vers le plus)
et
-
que
4 pommes moins une pomme ça laisse 3 pommes (changement vers le moins).
Ils vont utiliser des termes comme : c’est moins que, c’est plus que.
Les
enfants plus vieux vont à un moment donné aussi comprendre que le signe = veut
dire : est le même nombre que, est égal à ou cela fait, est le total. Ou
dans la soustraction = ce qui reste.
Ils vont aussi progressivement comprendre que
6 c’est 5+1, que 7 c’est 5+2, que 10
c’est 5+5.
Et plus tard que tous les nombres consécutifs (1, 2, 3) sont liés à l’opération +1.
Mais
il faut qu’ils aient beaucoup d’expériences concrètes avant de passer aux
problèmes décontextualisés.
· L’addition :
Un
jeu comme «Tumbling Towers» où les enfants essaient d’enlever des blocs où sont
inscrits des chiffres (1,2 ou 3), sans faire tomber la structure, va inciter
les enfants à trouver des stratégies pour additionner leurs gains en fin de
partie. La plupart vont faire de traits pour chaque morceau (deux traits pour un 2) gagné et compteront le total.
Photo Anne Mauffette
En
général :
Les
4 ans utilisent la subitisation et le comptage de la cardinalité jusqu’à 5. 2
Les 5 ans utilisent la cardinalité (comptage).2
C’est plus facile pour eux avec des objets
pour des groupes de 5 et moins, et avec les leurs doigts pour les groupes de 5
à 10.2
Les
enfants utilisent différentes stratégies : pour additionner 4 + 2, ils
pourront dire par exemple 4… 5, 6 (« J’en ai compté 2 de plus»).2
Jusqu’à
l’âge de 6 ans les enfants doivent utiliser des actions (objets ou doigts).2
Quand les enfants utilisent leurs doigts pour additionner, il faut les laisser faire.
Pour trouver la partie d’un total 5 + ? = 7 certains vont par exemple dire 5…6,7 («J’en ai ajouté 2»)
Plus
tard, au niveau supérieur, ils pourront dire que 8+6 c’est la même chose que 10
+4 qui égale à 14
Mais
les enfants doivent d’abord savoir :
-
quelles
sont les parties des nombres de 3 à 9
- quels sont les nombres partenaires pour faire 10 de chaque nombre
· La soustraction :
Les
jeux de Kim ou on fait disparaître un ou objet, puis deux, initient les enfants
à la soustraction.
Devant un problème de soustraction, les enfants vont replier les doigts pour les éléments enlevés.
- Les fractions
Les
enfants vont être confrontés aux fractions quand ils vont diviser la pâte à
modeler ou la glaise en plusieurs morceaux, manger la moitié d’une pomme (ou
faire des étampes avec des demi- pommes), partager des morceaux de gâteaux, une pizza, etc.
Ils
vont rencontrer des demi-cercles, par exemple, dans leurs jeux.
6. Noter et établir des régularités
Une
suite est un ensemble d’éléments arrangés dans un ordre déterminé.
L’enfant va remarquer des suites non numériques à motif répété dans son environnement, les fenêtres de l’école par exemple, ou les lignes dans un tableau.
Ils
vont en représenter en utilisant des objets (des perles, des petits
personnages, par exemple), des sons, des mouvements (chorégraphies). On peut
aussi en faire avec des couleurs, des formes, des objets de la nature.
Certains enfants plus vieux vont être capable de reconnaître quelques régularités numériques comme les chiffres pairs 2, 4, 6 ou 5
Pour voir la partie suivante, La géométrie et le mesure, voir: https://jeulibrequebec.blogspot.com/2023/10/les-mathematiques-dans-le-jeu-troisieme.html
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