dimanche 28 septembre 2025

L’automne, un moment propice à la créativité des enfants, à condition…

 Par Anne Gillain Mauffette

Les enfants sont des créateurs nés. Ils observent le monde, se posent des questions, inventent des théories, des mots  et représentent leurs idées à travers différents médias. C’est ainsi  qu’ils construisent leur compréhension de tout ce qu’il y a dans leur environnement.

Mais certaines conditions sont nécessaires tant dans le milieu intérieur (locaux des services de garde ou de l’école) qu’à l’extérieur, pour favoriser le développement optimal de ces compétences chez l’enfant. Certaines attitudes de la part des adultes, certains matériaux, activités et environnements favorisent davantage la créativité que d’autres.

La créativité c’est la pensée divergente, alternative. C’est l’idée à laquelle on ne s’attendait pas, la réponse qui surprend. C’est donc la différence, la diversité qui doit être accueillie, encouragée, valorisée.

Comment maximiser le développement du potentiel créateur de l’enfant ? Quelles sont les conditions nécessaires à l’exercice de sa créativité ?

Les facteurs suivants vont influencer énormément la latitude des enfants et leurs initiatives.

  1. Les attitudes et interventions de l’adulte :

Un adulte qui :

- Permet d’utiliser le matériel de façon inattendue.

- A la capacité de créer des situations provoquant des questionnements, de l’émotion, de l’émerveillement qui vont stimuler la recherche, la résolution de problème,

- Pose des questions ouvertes au lieu de chercher «la bonne réponse»,

- Sait organiser les contextes favorables,

- Partage le pouvoir de décision et de planification avec les enfants,

- Installe un lien, un climat de confiance (il faut se sentir en sécurité pour créer),

- Va soutenir les enfants dans leurs tentatives créatives.

- Accepte les essais et les erreurs

  1. Le matériel :

Il doit être ouvert, complexe (c’est à dire qui permet une multitude de gestes, scénarios, comportements), sur lequel on peut agir (sur lequel on laisse une empreinte), en quantité (on ne peut rien faire avec quelques blocs) et variété suffisante (incluant le plus possible d’éléments naturels) et qu’on peut combiner.

3.  Les activités, expériences, situations construites en fonction des intérêts, questionnements, théories intuitives des enfants et de ce qui se passe dans l’environnement vont soutenir les enfants dans leurs découvertes et expression.

4.  Des périodes de temps suffisamment longues pour que les enfants aient le temps de s’investir vraiment.

Quelques idées

Voici quelques exemples d’expériences qui peuvent facilement se présenter à cette époque de l’année, alliant la nature et l’exploration de différents médiums et habiletés. On va en profiter pour faire des activités dehors mais aussi rentrer des éléments de l’extérieur à l’intérieur.

1.       Les incontournables (?) pommes !

Les enfants peuvent vivre des expériences très différentes selon la façon dont ce sujet va être abordé.

Dans une maternelle A : on donne des feuilles polycopiées de pommes ou de pommiers à colorier aux enfants.


Dans une garderie B : des pommes sont sur la table dans un panier : les enfants vont faire de la compote de pommes.

Photo LCP

Dans la maternelle C : différentes variétés de pommes ont été apportées et sont cachées sous un linge. L’enseignante de demande aux enfants de lui décrire une pomme. La plupart des enfants vont décrire une pomme rouge. Puis l’adulte va demander s’il y en a d’autres couleurs. On dégustera des morceaux de l’une et de l’autre et commentera les différences et celles qu’on préfère. On fera aussi des étampes.

Dans le CPE D, on est allé dans un verger et on a cueilli des pommes. On va les manger évidemment mais aussi les cuire et en rapporter un petit pot à la maison.

Dans le centre préscolaire incluant une maternelle E : deux pommiers vivent dans la cour. Les enfants ont donc l’occasion de  voir les pommiers en fleurs, observer les pétales, branches, feuilles, s’asseoir à l’ombre, constater les insectes gravitant autour, la croissance/mesure, les soins à apporter au pommier, récolter, dessiner créer des poèmes, etc.

Photo Boulder Journey                 Photo Garden Gate

Quel environnement va favoriser davantage la découverte, va stimuler les sens, les connaissances  et la créativité?

Mais il n’a pas que les pommes à aborder.

2.       Les tournesols

Les tournesols sont omniprésents dans les jardins et les marchés en ce moment. C’est l’occasion d’en apporter et de proposer aux enfants intéressés à les observer et les représenter. Cela donnera des résultats très différents selon le regard, les expériences et les capacités de chaque enfant.  On en profitera pour exposer les enfants à des œuvres d’artistes ayant eux aussi observé ces fleurs.

Dessins et peintures à la gouache ou à l’aquarelle





Photo Garden Gate                                            Photos Beverly Hills

Même les plus jeunes peuvent s’y adonner

Œuvres en trois dimensions : glaise, fil de fer et objets polyvalents (perles, plumes)


3. Les courges

Elles ont toutes sortes de formes parfois étranges et des couleurs variées.

Photo Peachtree

Photos Roseville

Elles ont des graines aussi :

Photos Peachtree

On peut même les rôtir pour en faire une collation.

Les citrouilles se prêtent à toutes sortes d’utilisations :

Photo Roseville

On peut comparer les grandeurs, les soupeser et décider lesquelles sont les plus lourdes puis vérifier nos hypothèses avec une balance. Explorer leurs caractéristiques (textures, pépins)  et ce qu’on peut faire avec.

Photos Garden Gate

Elles peuvent servir de surfaces pour faire des insertions et utiliser certains outils :

Photos Roseville

On peut les peindre avec différents outils (pinceaux, feutres spéciaux, bouteilles), faire des étampes  dessus.

Photos Garden Gate
Photos Roseville

Photos 
Garden Gate

Et les représenter:
Photos Peachtree

Ou s'en servir de support ou les mettre en équilibre, les empiler, les rouler:
Photos Roseville

 

4.       Les  blés d’inde ou maïs

Ils sont aussi en saison et peuvent faire l’objet d’un intérêt pour les enfants.

Photo LCP
Les enfants vont pouvoir les développer, les dessiner et même les manger cuits ou en «popcorn».

5. Les arbres

Rien ne vaut une promenade dans un parc ou la forêt pour découvrir des choses. Mais si vous n’avez pas un seul arbre sur la cour (ce qui est bien dommage et vous pourriez penser à proposer d’en planter), il y en a surement dans votre quartier que vous pourrez surveiller.

À la suite de leurs observations, ces enfants ont créé ces collages tous différents, du plus simple au plus complexe, à l’image de leurs auteurs:


Photos Garden Gate

Ils ont également fait des sculptures en glaise :

Photos Garden Gate

Les feuilles

Dès qu’elles s’accumulent, les enfants exultent!

Photos Peachtree/ Photo Boulder Journey


Les changements de couleur des feuilles, le fait qu’elles tombent, amènent toutes sortes d’interrogations chez les enfants et un esprit de recherche scientifique.
Photos Garden Gate

Elles se prêtent évidemment à des explorations des couleurs et de classement mais aussi d’autres notions mathématiques : nombre, grandeur, ordre, etc.

Ces enfants ont choisi une feuille et l’ont associée à un petit morceau de carton de la même couleur, puis ils ont cherché dans cette galerie d’art (mais cela pourrait être dans votre local ou en classe avec des reproductions de peintures même prises dans des calendriers), des peintures dans lesquelles l’artiste avait utilisé cette couleur.

Photos Garden Gate

Lors d’une promenade en forêt un enfant s’exclame ; « J’ai trouvé une banche avec six feuilles !» ; certains enfants se mettent à chercher des branches avec plusieurs feuilles. « J’en ai une à….sept feuille». Au retour nous les placerons par ordre des nombres du plus petit au plus grand.

Photos Anne Mauffette
Par ordre de grandeur

On  pourrait aussi les classer par couleurs ou essayer de différencier les différents tons de vert, ou encore les classer par formes  pour essayer de les identifier (ovales, oblongues, plus arrondies, dentelées pointues et arrondies, etc.). Photos et texte tirés de l’article Les mathématiques dans le jeu quatrième partie

Elles peuvent donner lieu à de multiples formes d’expression plastique : des frottis, des impressions, des traçages,  des peintures à l’aquarelle, à la gouache, des collages, des sculptures, et même la confection de personnages, etc.

Photo Roseville                        Photo Peachtree

Photos Garden Gate

Des feuilles ont été trempées dans la peinture puis imprimées.
Photos LCP



Des œuvres collectives :

Peinture de groupe :

Photo LCP

Ici les adultes ont documenté le processus de ce collage collectif :

Ci-dessous : Collage : les enfants ont chacun fait une feuille qui a ensuite été collée dans l’arbre. 

  Traçages                                 Photos Garden Gate                Sculptures
 

On peut les transportes et même les écraser pour en faire de petits morceaux ou des poudres pour ensuite faire des collages.

Photo Garden Gate                                     Photo Roseville

S’il n’y a pas d’arbres dans l’environnement de votre milieu éducatif, vous pouvez vous-même apporter de la végétation rapportée de vos propres promenades ou demander aux enfants d’en apporter de chez eux ou d’en récolter lors de leurs randonnées avec leurs parents.

Les fruits  et les graines

Photo LCP
Photos Garden Gate

Les glands, les noix sont des objets que les enfants aiment collectionner et  utiliser dans leurs créations. Les cocottes tombées aussi.

La manipulation de ceux-ci va favoriser la motricité fine.

Photos Roseville                                                                                        Photo Mairtown Kindy

Photo Roseville

Ils pourront aussi être utilisés dans le coin maison pour faire la cuisine, dans les jeux mathématiques  (dénombrements, alignements, classements, alternances) où en conjonction avec d’autres objets polyvalents et bien sûr à l’extérieur.

Ils peuvent aussi servir d’objets à faire glisser sur des rampes.

Photo Roseville

              6.  Les insectes et autres  (gastéropodes, arachnides, coléoptères, etc.)

Il y a aussi bien sûr toutes les «bibittes» que les enfants vont trouver : vers de terre, araignées, fourmis, etc. qui peuvent toutes donner lieu à une étude plus ou moins approfondie dans des projets et être accompagnée de lectures de documentaires et autres histoires. Ils adorent retenir les noms compliqués et les répéter pour impressionner les adultes.

Photos Mairtown Kindy

Voir le projet sur les araignées pour avoir des idées d’explorations possibles : Promouvoir le jeu libre au Québec: Un curriculum émergent, cela a l’air de quoi? Un exemple


Au cours d’une promenade les enfants ont été à la recherche de petites bêtes ( qu’ils ont ensuite relâchées). Ils ont cherché à les identifier, les dessiner et même dans certains cas, leur créer un habitat.


Photos Garden Gate
                                        
Ces enfants ont fabriqué des parcours pour les petits escargots et d’autres, un terrarium.

Ils les ont dessinés :

Qu’est-ce que ça mange un vers de terre ? Est-ce que cela a des yeux ? Tant de questions fusent ! Qui méritent des réponses qu’on trouvera dans les livres, sur internet ou avec un invité biologiste.
Photos Garden Gate

7. Les champignons

Ayant trouvé des champignons, les enfants les ont dessinés puis ont tenté de les identifier  et les ont  représentés en pâte à modeler.  

 Photos Garden Gate

                                        

Mais on pourrait très bien aussi en apporter en classe pour que les enfants puissent en observer (pied, lamelles, etc.).

8. Les oiseaux

Il peut arriver aussi que les enfants trouvent un nid tombé ou un oiseau mort qui donneront lieu à toutes sortes de questionnements et parfois de recherches et représentations.

Photos Garden Gate

9. Les écureuils

Ils sont partout! Les enfants peuvent donc les observer.

Et les représenter.


                            Photos Illinois Learning Project

Conclusion

Le dessin d’observation et autres formes de représentation aident les enfants à comprendre le vivant et les objets. Ils leur permettent de mieux voir, de regarder et remarquer les détails des êtres et des choses (formes, textures, couleurs, assemblages), d'affiner leurs perceptions. 

Nommer les  choses, les parties qui les composent enrichit leur vocabulaire et leurs tentatives d’écriture.

Les enfants développent ainsi une appréciation de la nature et vont avoir tendance à la respecter davantage. Cela soutient leur curiosité tout en stimule leur sens esthétique.

Mais les sujets d'étude pourraient aussi être des objets de tous les jour: une bicyclette par exemple, ce qui aidera à en décrypter le fonctionnement.

Vous n’en croyez pas vos enfants capables? Essayez (mais pas juste une fois!) et ils vous surprendront.

Profitons de toutes les occasions que nous apporte la saison pour sensibiliser les enfants à la beauté du monde tout en augmentant leurs habiletés de tous ordres : expression plastique, motrice, langagière et autres.

C’est certain qu’une cour naturalisée va permettre davantage de découvertes et donc de créations. Mais même dans un milieu très urbain et dans une école avec une cour asphaltée, il y a moyen de stimuler les connaissances et les représentations des enfants, pour leur plus grand bonheur et le nôtre.



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