samedi 18 octobre 2025

Les conditions qui vont nuire au développement des enfants et de leur cerveau: deuxième partie

 Par Anne Gillain Mauffette

Nos attentes peuvent nuire à l'enfant




Il y a dans la vie des enfants d’aujourd’hui « trop d’attentes et pas assez de plaisir 6 p.59». « Nous obligeons constamment l’enfant à des tâches qui ne correspondent pas à sa maturité6, p. p. 57 ». 

Il faut prendre soin d’éviter de « lui demander de faire ce que son cerveau n’est pas encore capable de comprendre 4, p.211 ». « Il est possible que le fait de favoriser les apprentissages précoces démotive des enfants à long terme 6 p. 59 ». 

On a « des attentes irréalisables par rapport à leur capacité de développement 6, p. 73 ». « Si on considère que les écoles ont des attentes de plus en plus élevées (plus tôt) …on conçoit que les écoles peuvent être de moins en moins adaptées à la réalité des enfants 6, p.212 ». 

« Les enfants subissent trop d’attentes, encadrés dans un univers normalisé qui ne laisse pas suffisamment de temps au jeu libre et au jeu symbolique  6, p.448 ». « Lorsqu’un enfant « ressent » trop de pression ou qu’il a trop peur, il va trouver un moyen ou un autre pour déclencher une dispute (attirer négativement votre attention), se faire punir (votre attention) et se mettre à pleurer 2, p. 153 ».

  • On s'attend à ce qu'ils s’adaptent
Le changement social des vingt dernières années demande actuellement beaucoup d’adaptation, parfois trop pour l’enfant 2, p. 24 ». « On ne sait pas encore (assez) à quel point l’enfant peut être affecté par nos exigences d’adaptation 6, p. 19 ». 

« L’accommodation que nous demandons actuellement aux enfants est importante et peut être impossible pour certains d’entre eux 6, p. 28  ». « Oui, l’enfant peut s’adapter, mais il a besoin d’appuis sur lesquels il peut se baser de manière à réduire ses peurs, voire sa détresse 2, p.25 ». Il faut « comprendre les comportements comme la manifestation de la meilleure stratégie possible (de l’enfant) pour s’adapter à un environnement qui répond au mieux, mais de manière incomplète, voire piteusement, aux besoins des enfants…sur le plan de développement physique et psychique 2, p. 25 ». 

« En précipitant certains apprentissages, on force l’adaptation à un moment où l’enfant n’est pas encore prêt » 2, p.124 ». Comment pouvons-nous faciliter l’adaptation des enfants et limiter ou éliminer certains facteurs de stress dans la classe, dans l’école?

  • On s'attend à ce qu'ils soient raisonnables, se raisonnent

    « Demander à un enfant d’« être raisonnable » c’est oublier que son cerveau est encore dominé par le cerveau émotionnel ou archaïque. En effet, « le cortex préfrontal et les circuits cérébraux qui nous permettent de nous « raisonner » n’ont pas encore atteint la maturité nécessaire. C’est seulement à partir de 5-6 ans que cette faculté de «raisonner» commence à poindre chez les enfants ayant reçu une éducation chaleureuse, bienveillante de la part d’adultes qui montrent l’exemple 4, p126 ». 

    « Il faut près de neuf ans pour que l’enfant atteigne son âge de raison, une petite douzaine d’années pour qu’il puisse commencer à prendre un peu de distance sur son vécu… 3, p. 52 - 4, p126  ». ». 

  • On s'attend à ce qu'ils réussissent

  • « Le but de l’école n’est pas que l’enfant « réussisse à tout prix », ait des bonnes notes, mais de lui donner le goût, l’envie d’apprendre, de connaître, de comprendre, de réfléchir, d’échanger, de questionner, d’entreprendre 4, p. 173  ».

    « L’enfant aimé pour ses notes, sa réussite scolaire, ses performances diverses ne sait plus qui il est ». Il faut « apprendre à l’enfant à ne pas vivre sa vie en termes d’échec ou de réussite, mais à être en accord avec lui-même… et le monde qui l’entoure. On doit rappeler à l’enfant que la qualité d’un être humain ne se mesure pas à l’aune de son physique, de ses réussites scolaires, sportives ou autres, mais de la connaissance et du développement de ses propres ressources, ce qui le met en harmonie avec lui-même sans en tirer une quelconque idée de supériorité ou d’infériorité qui l’amèneraient à entretenir des rapports de domination ou victimisation avec les autres 4, p.167 ».

    « Les efforts qu’il manifeste seront soutenus, encouragés, car ils correspondent à ce qu’il est à ce moment-là. Les échecs, les déceptions seront considérés comme normaux faisant partie intégrante de la vie et une occasion formidable d’apprentissage. 4, p 167  ».

  • On s'attend à ce qu'ils rapportent de bonnes notes

    « Les notes ont « des effets négatifs aussi bien sur celui qui a de mauvaises notes que pour celui qui en a des bonnes 4, p. 173 ». « Elles sont source de stress ». « Le stress aliène l’hippocampe, lieu de la mémoire et des apprentissages 4, p.177». 

    « Ne pas mettre de notes, ne pas comparer les élèves, leurs résultats, n’empêchent pas du tout la transmission des savoirs 4, p.173, 180 ». « Les devoirs ne devraient pas exister au primaire. Ils sont source de conflits inutiles à la maison » « Les devoirs sont dommageables pour l’enfant, le mettent sous pression inutilement et le privent d’un temps précieux de jeu 5, p. 260 ».

  • On croit au bien fondé des récompenses, des compliments, des systèmes de conditionnement, des punitions, menaces, du chantage, etc.



    « Que transmettons-nous aux enfants en les punissant, les récompensant? Qu’apprennent-ils avec cette attitude »? « Les récompenses ne rendent pas (l’enfant) autonome, c’est-à-dire responsable de ces actes, mais dépendant de la récompense qu’il compte obtenir. Les menaces comme les punitions sont un rapport de force, une pression exercée sur l’autre. L’enfant obéira, mais uniquement pour éviter la punition contenue dans la menace sans autre réflexion4, p. 155 ».

    « On pense bien faire, leur donner confiance en eux en leur faisant des compliments, par exemple : « Comme tu es intelligent ». « Ce sont des jugements, des étiquettes qui enferment les enfants dans un rôle qu’ils ne peuvent pas tenir. Ils peuvent les rendre…anxieux. Si une personne ne peut s’aimer que lorsqu’on la complimente, elle est devenue dépendante des compliments ». Par contre « quand l’adulte encourage les efforts, les initiatives concrètes, l’enfant comprend ce que cela signifie, il se sent valorisé par ce qu’il a fait. Il se sent fier et heureux4, p. 163 ».

    « Punir l’enfant…est nuisible et provoque chez lui la crainte de l’adulte et non son respect. L’enfant pourra se soumettre par peur de l’adulte, mais n’aura pas intégré les règles éthiques 5, p. 185-86 ».

    • On stigmatise les erreurs
    Il est néfaste de stigmatiser les erreurs. L’erreur est obligatoire lors de tout apprentissage. Il faut juste comprendre pourquoi l’enfant s’est trompé 4 p.73 ».

    L’impact des images et des médias 
    L'impact des médias dépend du type de contenu, de la durée d'exposition et de l’accompagnement

     La télévision peut induire «chez les spectateurs un facteur de stress majeur 2, p.22». « Les neurones miroirs rendent les émotions contagieuses 5, p.211 », ce qui peut avoir des effets positifs ou négatifs. « L’image est reçue par le cerveau droit et suscite l’émotion directe 6, p. 306».

    Les jeunes enfants sont très sensibles aux images. De nombreuses recherches11 établissent que la violence vue à la télévision, dans les films, les vidéos et jeux vidéos, a des effets substantiels, à courts termes, sur leur degré d’excitation, sur leurs pensées, leurs émotions et augmente les probabilités de comportements agressifs ou de peur, et ce spécialement chez les garçons 6, p. 306( traduction libre), 10.

    Bien sûr tous les enfants ne sont pas affectés de la même manière. Les enfants qui voient beaucoup de violence, peuvent concevoir celle-ci comme une façon de régler des conflits et penser que c’est acceptable. Certains peuvent, par imitation, reproduire des comportements violents vus dans les médias, soit dans leurs réactions au quotidien avec leurs camarades ou dans leurs jeux symboliques qui deviennent stéréotypés et répétitifs. D’autres vont développer de l’anxiété face à un monde vu comme dangereux ou une méfiance envers les autres et des comportements défensifs. Il y a aussi un risque de désensibilisation aux problèmes des autres.11 

    On doit aussi s'assurer que l'enfant ait une riche variété d'activités pour un développement harmonieux.
    Si on se fie aux recherches américaines, un enfant passe plus de 35 heures par semaine devant des écrans. L’enfant rivé aux écrans, est privé de moments de jeux libres essentiels et de temps de communication avec les adultes autour de lui.  


    Le manque de sommeil 

    « Stresseur relié au précédent, le manque de sommeil est caractéristique des enfants (…) anxieux.» « Leur cycle (est) irrégulier et leur nuit (n’est) pas assez réparatrice 2, p.277 ». 

    L’alimentation 

      « Un taux de glucide trop élevé, nuit à l’absorption de la vitamine B ce qui pourrait nuire au développement du cerveau 2, p.80" » et donc aux apprentissages et comportements. 



    La mauvaise qualité de l’air 

    « Dans une classe, il suffit de quelques minutes, porte et fenêtres fermées pour voir une telle augmentation de la chaleur et de CO2, que cela affecte le fonctionnement du cerveau des occupants de sorte que leur disponibilité - en matière de concentration et de capacité de réflexion ou de mémorisation - est perturbée 2, p. 292  ». 

    Concevoir le monde comme dangereux 


    « Nous développons le syndrome général de concevoir le monde comme un endroit dangereux » 6, p.104  » et en danger. Il faut éviter d’insister trop tôt sur la disparition d’animaux et des menaces qui pèsent sur la planète, car les enfants sont très sensibles à cela. Dans un souci écologique de préservation de la nature, nous risquons de les rendre terriblement anxieux. 

    En ces temps anxiogènes, il faut tenter de rassurer les enfants. 

    Pour voir la suite: Troisième partie:
    https://jeulibrequebec.blogspot.com/2025/10/les-conditions-qui-vont-nuire-au.html

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