lundi 2 juin 2025

Expérimenter avec les bulles

Par Anne Gillain Mauffette

Les bulles sont un phénomène complexe. Chacune d’elles est irisée de couleurs différentes, peut varier en grandeur et durer plus ou moins longtemps. Cela tient entre autres à l’Interférence des ondes lumineuses et à la surface de tensions des liquides.

Jouer avec des bulles est une activité ancienne; on retrouve par exemple un enfant qui souffle une bulle dans une peinture de Rembrandt. Et des scientifiques comme Newton se sont penchés sur la question. Mais elle a gardé tout son intérêt.

Les enfants sont encore et toujours fascinés par les bulles, même s’ils ne connaissent pas les phénomènes à l’œuvre.

En fait il s’agit d’une expérience qui pose toutes sortes de problèmes et de questionnements qu’on peut aborder avec les enfants à la maison, à la garderie au CPE et à la maternelle et même plus tard, dehors ou à l’intérieur:

Qu’est-ce qu’une bulle?

C’est de l’air enveloppé d’un film de savon. Les molécules de savon et l’eau travaillent ensemble pour garder l’air à l’intérieur.

Pourquoi les bulles «pètent»?

Si on ne les a pas détruites nous-mêmes ou qu’elles n’ont pas atterri sur quelque chose, elles se dissolvent quand l’eau entre les surfaces de savon s’évapore.

Qu’est-ce qui fait qu’une bulle dure plus ou moins longtemps?

C’est l’épaisseur et la viscosité du film qui va influencer la durée des bulles. Mais aussi la température.

-          La composition du mélange se prête déjà à toutes sortes d’expérimentations et d’hypothèses :

On pourrait donner de l’eau et du savon aux enfants et leur laisser faire des mélanges, en mesurant les quantités de l’une et de l’autre qu’ils y on mises et les inscrire pour pouvoir s’en rappeler et comparer les résultats. Quels mélanges réussissent à faire des bulles et lesquels durent plus longtemps.

Ou pourrait aussi faire ensemble un mélange en suivant une recette (éléments de mesure avec des tasses à mesurer) mais sans ajouter de glycérine. Laisser les enfants essayer. Puis ajouter de la glycérine. Qu’est-ce qu’ils constatent? Les bulles durent plus longtemps.

La recette que je préfère est celle-ci :

Une tasse de savon : soit Dawn (bleu), Ivory ou Joy (jaune)

Douze tasses d’eau

Un quart de tasse de glycérine

Il est préférable de laisser la mixture reposer pendant une nuit, mais on peut aussi l’utiliser tout de suite..

Ne jetez pas le liquide qui reste, il s’améliore avec le temps.

 

On pourrait aussi comparer différents mélanges du commerce pour en voir l’efficacité au niveau de la durée.

On pourrait aussi comparer la durée des bulles lorsqu’il fait chaud et sec ou humide. Les bulles préfèrent l’humidité. C’est là qu’on pourra faire les plus grosses bulles.

-          Qu’est-ce que la tension de surface

Si vous avez déjà fait un «flat» dans une piscine vous savez déjà ce qu’est la tension.

Une petite expérience avec des trombones et du papier buvard va démontrer la plus ou moins grande résistance des tensions de surface :

Dans in bol peu profond, mettre de l’eau. Ensuite ajouter un morceau de papier buvard sur lequel vous ajouterez délicatement un trombone. Qu’est-ce qui se passe? Le papier buvard  coule mais le trombone reste à flot. La tension de surface de l’eau supporte le trombone mais le papier s’est imbibé d’eau et à été vers le fond. Combien de trombones, la surface est-elle capable de soutenir?


Il y a des insectes comme les araignées d’eau qui réussissent à marcher sur cette pellicule formée par la surface de l’eau.

 

Mais si on ajoute un jet de détergent, qu’est-ce qui arrive? Le trombone tombe au fond immédiatement. Le savon a réduit la tension et la surface n’arrive plus à soutenir le trombone

 

Les bulles sont-elles toujours toutes rondes?

Si j’utilise un outil plat, triangulaire ou carré ou en cœur, cela va-t-il en changer la forme? Non.

C’est dû au fait que la peau du savon va toujours essayer d’enclore l’air dans la plus petite surface possible et la sphère est la forme géométrique qui peut accueillir le plus grand volume d’air dans la plus petite surface.

Par contre d’autres formes sont possibles.

Est-ce que je peux faire une bulle aux côtés carrés?

La réponse est oui :



On peut aussi faire un cube, en trempant un cube dans le liquide sur ses six surfaces.

Photo 1


La confection de dômes

Avec un paille et du savon sur un plateau.


On pourra mesurer la grandeur des bulles sans les faire éclater si on trempe la règle dans le savon.

On peut aussi à l’intérieur des dômes essayer de faire des dômes plus petits avec une paille trempée dans le liquide.

 On peut même y mettre des objets (une petite auto ou toute autre chose) qu’on aura préalablement bien trempé dans la solution.

Peut-on faire une bulle dans une autre bulle?

Toujours avec un entonnoir et une paille. Tremper l’entonnoir dans la solution, souffler une première bulle. Fermer l’entrée avec votre doigt. Bien tremper toute la paille dans le liquide puis l’insérer doucement vers le bas dans la bulle.

Peut-on souffler des bulles, juste avec nos mains?

Oui,  soit en formant un rond avec notre pouce et  l’index, soit en rejoignant nos deux pouces vers le bas et nos indexes vers le haut pour former un cercle. Puis tremper vos mains dans la solution et soufflez doucement. Si vous voulez que la bulle s’envole, réduire l’espace entre vos doigts lentement.

Peut-on se passer une bulle de l’un à l’autre

Oui, si on se passe d’abord les mains dans le savon.


Quelles couleurs voit-on dans les bulles?

Rouge, vert, jaune, bleu orange.

C’est à cause de la réfraction de la lumière.

 Les changements observés viennent de la surimposition des rayons sur le devant et l’arrière du film (elles interfèrent).

Les couleurs vont dépendre de l’épaisseur du film et disparaissent quand le film devient trop fin.

On pourra en profiter pour parler des couleurs de l’arc  en ciel

 

Est-ce que les enfants peuvent se voir dans les bulles?

Les bulles reflètent ce qu’il y a autour d’elles, alors oui les enfants peuvent s’y voir.

 

Comment faire des bulles géantes?

Il existe sur le marché des ronds avec des bacs qui permettent de faire de grosses bulles.

On remarquera que les grosses bulles ne sont pas des sphères parfaites.

Pour voir un enfant en action, voir : https://youtu.be/gHPKlnutm1g?si=FYGjK83BD3JEKrPD

Il y a aussi la méthode de la corde et des bâtons qui fonctionne très bien : deux cordes sont attachées à deux bâtons et forment comme un cadre.

On peut aussi utiliser deux pailles dans lesquelles on fait passer une corde.

On peut même envelopper une personne dans une bulle.



D’autres découvertes :

-          Cet enfant a trouvé qu’il pouvait faire tourner une bulle autour de la paille.

-          Si on met une bulle sur une petite tasse, dans un pot fermé, elle peut durer une journée et plus, se transformant peu à peu.

-          En enfilant une mitaine trempée dans la solution comme raquette, on peut s’échanger des bulles comme au tennis.

-          En attachant des cordes pour faire un cercle, on peut, dehors, à plusieurs, tremper les cordes dans la solution  puis tirer doucement vers l’extérieur pour faire un rond et transformer le savon en faire une couverture (qu’on peut agiter doucement de haut en bas, en trampoline sur laquelle faire rebondir une bulle, ou faire une grande bulle.

-          Faire un pont de bulles entre deux contenants. On prend deux verres sur lesquels on souffle une bulle avec une paille puis on rapproche les bulles et avec une paille on promène celle-ci d’une bulle à l’autre. Cela va soit coller les deux bulles ensemble avec une paroi entre les deux ou faire comme un tunnel.

-          Ou bien avec deux ronds. Faire d’abord une bulle sur un des ronds puis mettre l’autre rond bien mouillé sur la bulle et les séparer doucement.

-          Pour d’autres expériences, voir la référence ci-dessous

 

Le Matériel

On peut permettre aux enfants de trouver des objets dans leur environnement avec lesquels ils pensent pouvoir faire des bulles. Voici une série d’objets que des enfants ont trouvés pour essayer :


On a: les poignées des ciseaux, un ouvre-bouteille, le couvercle d’un pot Masson, une grosse pince pour les feuilles, un bracelet, un élastique pour les cheveux, un élastique des tubes, des anneaux à rideaux et à rideau de douche, des porte-clefs, un mousqueton, un rouleau de papier collant vide, des wikki stix, des cure-pipes, un gros bouton, des tuiles magnétiques (magformers), des formes de pâte à modeler, un anneau le trou dans une règle ou un bâtonnet de plastique, un bouchon de bouteille, des entonnoirs, etc.).

On va leur fournir une variété d’outils possibles et les laisser comparer les résultats :

Grosses pailles (on peut couper le bout en croix d’un cm. et aplatir les bords vers l’extérieur

 Verres en styromousse dans lesquels on insère une paille, pipes en plâtre,

Instruments du commerce,

 Porte manteaux en fer qu’on met en rond, petits cerceaux,

Plateaux,

 Bacs pour le savon,

Des bâtons avec des cordes

Du fil de fer vert de jardinières qui va permettre de faire ses propres formes 

On pourrait ajouter : le plastique reliant les cannettes de soda,  des tubes de papier, de la broche à poule, des moustiquaires, des cuillères avec des trous, des boîtes de conserve,…

 

Conclusion

Quand les enfants explorent la confection de bulles ils font de la chimie et de la physique (résistance des matériaux) et des mathématiques.

En utilisant une telle démarche: questionnement, observation, hypothèse, vérification de l’hypothèse, essai et erreur, résolution de problème, comparaisons,  les enfants exercent leur esprit scientifique. Ils seront initiés à la mesure, aux quantités.

Ils vont aussi améliorer leur souffle, un aspect important du langage et de la santé pulmonaire. Ils vont faire de la motricité fine en manipulant toutes sortes d’objets mais aussi de la motricité globale en courant pour attraper des bulles.

Ils vont s’étonner face à l’apparition et la disparition de celles-ci. Et exercer leur capacité de persévérance.

Ils seront exposés à l’impermanence des choses et la notion de durée.

Ils vont aussi développer leur langage en intégrant du nouveau vocabulaire et leur sens esthétique devant ces couleurs chatoyantes.

Références :

1.      Bubble Builder, Experiment Manual, Thames et Kosmos 2003

2.      Stein David. How to make Monstrous, Huge, and Unbelievably Big Bubbles. Klutz CA.

3.      Witkowski Nicolas Petite métaphysique des jouets. Éloge de l’intuition enfantine. Chapitre : Des Bulles de lumière. Éditions de la Martinière

4.      Zubrowski Bernie, Bubbles, Musée des enfants de Boston

Note : les photos sont signées Anne Mauffette à moins d’être identifiées autrement.

mardi 13 mai 2025

Vous voulez que les enfants deviennent de bons lecteurs et qu’ils aiment les livres?


Par Anne Gillain Mauffette

Photo Anne Mauffette

À ma grande surprise et déception, j’ai appris, dans le Portrait régional 2024 de l’Outaouais*, que 49.9% des enfants de cinq ans n’étaient jamais allés à la bibliothèque de leur municipalité ou leur quartier ou très peu souvent. C’était la même chose pour les enfants dans le reste du Québec!

Il y a donc là un apprivoisement à faire, tant pour les enfants que pour les parents.

Et les garderies, CPE et maternelles ont un rôle à jouer comme médiateurs de cette expérience.

Les parents qui ne fréquentent pas les bibliothèques, n’y vont pas pour toutes sortes de raisons : pas de bibliothèque à distance de marche, ils sont trop occupés, n’en voient pas l’utilité n’étant pas des  lecteurs enthousiastes, sont intimidés n’ayant pas eux-mêmes eus cette occasion, ne parlent pas encore bien la langue française, ne savent pas que c’est gratuit, etc.

Il y a aussi des parents qui trouvent trop compliqué la gestion des livres : ceux de la maison, de l’école et de la bibliothèque.  Danielle Jasmin proposait cette idée aux parents : un sac réservé aux  livres de bibliothèques.

Quant à ceux qui n’y retournaient pas à cause des arrérages de frais de retards, ceux-ci ont été annulés dans la plupart des bibliothèques.

Je sais que les éducatrices et enseignantes ont des livres dans leurs locaux et que dans la plupart des écoles, il y a encore des bibliothèques (à moins qu’on manque de locaux) que tous les cycles peuvent fréquenter y compris les maternelles.

Certaines enseignantes de maternelles ont des systèmes de prêt qui permettent aux enfants d’emprunter un livre et l’amener à la maison dans un sac à dos prévu à cet effet.

Mais si on veut que les parents s’impliquent régulièrement dans des activités de lecture avec leurs enfants, il faut qu’ils puissent acquérir des livres et ceux-ci coûtent cher. Heureusement les bibliothèques municipales, elles, sont gratuites. Il faut juste oser y aller. Pour certains parents, ce n’est pas évident. Ils ont besoin, au début, d’un petit coup de pouce et d’un accompagnement.

Photo Danielle Jasmin

Se faire lire des histoires est un des facteurs déterminant dans le développement du goût de la lecture. Le contact parent-enfants (ou grand parent) pendant la lecture qui allie la voix, la proximité et l’affectif, en  est un élément fondateur. La variété des textes lus, diversifie le vocabulaire et enrichit les connaissances acquises sur toutes sortes de sujets (des facteurs de maturité scolaire).

Une collègue ayant enseigné à Enfant Soleil à Montréal, dans un milieu à caractère multiethnique, me disait qu’elle avait facilité l’accès des familles à la bibliothèque en organisant des activités en collaboration avec la bibliothèque locale.

Elle avait d’abord invité, à une rencontre de parents-enfants, une bibliothécaire. Celle-ci avait d’abord raconté une histoire aux enfants qui étaient ensuite allés jouer et avaient poursuivi avec les parents pour leur expliquer les différents services offerts. Ceci est encore possible.  Certaines «maternelles quatre ans» le  font d’ailleurs déjà, lors de leurs rencontres obligatoires avec les parents.

La bibliothèque peut aussi fournir à l’éducatrice ou l’enseignante des formulaires que les parents pourront remplir sur place, ce qui facilitera l’inscription des enfants lors de leur visite à la bibliothèque. Il restera alors à prendre la photo de l’enfant et faire faire une carte plastifiée.

Ensuite, elle avait proposé une deuxième activité où parents et enfants étaient invités à la bibliothèque avec leurs enfants pour se familiariser avec les lieux et le fonctionnement. Vérification faite, il y a encore des animatrices qui accueillent des groupes pour les aider à apprivoiser ce nouvel environnement.

En fait, en communiquant avec votre bibliothèque, ils pourront personnaliser leurs services selon vos besoins.

On pourrait commencer par demander aux enfants s’ils vont à la bibliothèque. Qu’est-ce qu’une bibliothèque? Comment ils y vont? Selon les milieux, cela va sans doute être assez variable.

Puis, au besoin, contacter la bibliothèque du quartier de l’école et établir les collaborations possibles.

Les bibliothécaires veulent intensifier leurs relations avec les milieux éducatifs. Elles peuvent organiser des animations en milieu familial, en garderie, CPE ou en classe et bien sûr à la bibliothèque.

Photo Anne Mauffette

Elles peuvent aussi vous aider pour avoir une rencontre d’auteur par exemple.

Il est encore temps de faire un saut à la bibliothèque d’ici la fin de l’année.

Les enfants vont sans doute aimer et vont en parler avec leurs parents. Si vous leur fournissez les coordonnés de la bibliothèque (adresse, site internet) sur un petit signet par exemple, cela leur facilitera la tâche. Les parents prendraient peut-être l’habitude d’y aller pendant l’été alors que leur horaire est un peu plus flexible.

Et en préparant le terrain pour l’année suivante nous arriverons peut-être ensemble à faire bouger ces statistiques vers le haut!

Je sais, que lorsque la bibliothèque est trop éloignée du milieu éducatif, cela veut dire des frais de déplacement, car il est révolu le temps où on pouvait simplement demander à  quelques parents de transporter les enfants. Mais quand on considère qu’une des fonctions du préscolaire est de favoriser l’émergence de la lecture/écriture et d’établir de bonnes habitudes de vie non seulement dans l’alimentation et l’exercice mais intellectuellement, nous devons trouver des moyens pour que les garderies, CPE, les écoles intègrent dans leur budget et leurs activités des visites à la bibliothèque. Et que le personnel de ces milieux encourage les familles à en faire une de leurs occupations régulière.

J’imagine même qu’il serait possible, si notre petite communauté de parents était suffisamment développée, que des jumelages puissent être faits entre parents possédant une auto et d’autres non, pour qu’ils planifient ensemble des visites à la bibliothèque. D'ailleurs, des parents font déjà du covoiturage pour des activités sportives ou culturelles.

Mais c’est à nous de commencer la ronde : en  aidant les parents pour qu’ils en voient les  avantages et s’y sentent accueillis et à l’aise; cela les incitera sans doute à fréquenter ces lieux de culture.

Si leurs enfants y trouvent du plaisir et eux aussi, ils risquent d’y retourner…

 À suivre donc.

 

* Portrait régional 2024 Outaouais. Dans quels environnements grandissent les tout-petits au Québec? L’Observatoire des tout-petits.

dimanche 27 avril 2025

Promouvoir le Jeu Libre Québec : Un anniversaire !

Par Anne Gillain Mauffette

Voilà six ans que nous tenons ce blogue et cette page Web!

Photo Garden Gate                                            Kids Resort                                          Roseville

Tout a commencé lors d’un congrès de l’Association d'Éducation Préscolire du Québec, à l’automne 2017. J’avais écouté les discours des merveilleux conférenciers : Dr. Joëal Monzée, Chantal Proulx et Richard Robillard. Ils nous parlaient de l’importance de l’attachement, des liens, du bien-être de l’enfant et démontraient les effets néfastes du stress ainsi que le rôle primordial de la bienveillance dans le développement du cerveau de l’enfant et ses apprentissages. Ils revenaient à l’essentiel

Mais ce que j’entendais des enseignantes, c’est la pression exercée sur elles pour appliquer, à la lettre, certaines méthodes d’enseignement explicite, systématique, en grand groupe, de la lecture, qui ne laissaient plus de place au jeu. Elles étaient redevables, face à leurs directions, des résultats des enfants aux tests qu’on leur administrait.

Cette tendance vers des méthodes de type académique affectait aussi les CPE et les garderies.

Je suis revenue découragée mais en même temps motivée à chercher à arrêter la vague.

J’ai écrit le Manifeste suivant que j’ai envoyé dans mon réseau.

Résister pour Préserver l’Enfance

À toutes les personnes  qui s’intéressent au présent et à l’avenir des jeunes enfants, nous vous invitons à vous joindre à ce mouvement:

Pour donner à l’enfant le temps de grandir (son néocortex n’est pas encore bien développé) dans des conditions favorables (bienveillance, sécurité, être entendu)

Pour que soit respecté le droit de l’enfant de jouer et son besoin de bouger

Pour que le jeu à l’extérieur et dans la nature soient reconnus comme importants pour la santé physique et mentale des jeunes enfants

Pour que les jeunes enfants ne soient pas soumis, au préscolaire, à des méthodes de type académique qui ne respectent pas leur développement biologique ni leurs façons naturelles d’apprendre

Pour qu’on ne confonde pas des enfants de 4 ans avec des enfants de du primaire  car leurs cerveaux et leur développement moteur n’en sont pas aux mêmes stades de développement et qu’on respecte le rythme de chacun.

Pour qu’ils ne soient pas, dès leur entrée en maternelle, victimes du stress créé par une culture de performance axée sur des obligations de résultats, stress qui nuit au développement de leur cerveau, de leur confiance et estime de soi et au final à leur réussite éducative.

Pour que  les éducatrices et enseignantes, spécialistes de l’enfance, puissent choisir, de façon autonome, les moyens  appropriés d’accompagner chaque enfant dans son développement et ses apprentissages comme le spécifie la Loi sur l’instruction publique et ce sans peur de représailles ou de pressions indues

Pour dénoncer les dépistages aux critères étroits qui ne reflètent pas l’ensemble de l’évolution de l’enfant, créant de faux diagnostics, une médicalisation prématurée et inefficace et des étiquettes aux effets néfastes pour des enfants et leurs parents

Pour lutter contre l’uniformisation des pratiques et la tendance à vouloir «normaliser» les enfants afin que l’inclusion et le respect des différences ne soient pas que des mots

Pour qu’on ne « retire pas l’enfance de l’enfant» (Chantal Proulx), par des attentes et exigences irréalistes.

La formation d’un groupe

Au printemps suivant, un groupe d’enseignantes en maternelle, retraitées et en exercice qui avaient œuvré au CA de l’AÉPQ régionale de l'Outaouais, s’étaient réunies, juste pour jaser. Je leur ai parlé de mon projet et une petite cellule s’est formée. Nous avons décidé de nous centrer sur la défense du jeu. Marie Jobin, qui était férue en informatique, a créé notre blogue et notre page Facebook. Nos premiers articles et vidéos datent d'Avril 2019. Depuis ce temps nous avons publié plus d’une centaine d’articles sur le blogue et d’innombrables textes sur la page Facebook, fait plusieurs vidéos dans des classes dont la suite a malheureusement été interrompue par la Covid et n’a pas encore repris.

Le paysage a maintenant changé avec l’arrivée du Programme Cycle qui prescrit de réserver deux périodes de jeux libres d’au moins 45 minutes par jour.

Mais dans certains milieux, la pression existe encore. Des enseignantes s'interrogent sur comment concilier les exigences du Programme en terme de jeu libre et les demandes de certains membres de leur équipe école.

Nous gardons donc les mêmes objectifs que mentionnés ci-haut. Nous essayons de démontrer comment les enfants apprennent à travers le jeu, comment on peut observer et documenter leurs apprentissages et comment créer des environnements propices.

 Avec le temps, seules les disponibles et irréductibles sont restées mais nous sommes évidemment ouvertes à d’autres participantes.

Si vous avez des sujets que vous voudriez qu’on aborde, faites-nous signe.

Si vous voulez consulter nos articles et vidéos, voir notre inventaire : https://jeulibrequebec.blogspot.com/2021/09/inventaire-des-textes-et-des-videos-du.html

 

Anne Gillain Mauffette, Gisèle Brûlé, Suzie Nadeau et toujours prête à nous aider au support technique, Marie Jobin. Une mention particulière à Danielle Jasmin qui a longtemps révisé nos publications et qui continue à encourager nos efforts.

lundi 7 avril 2025

Stimuler le développement psychomoteur au préscolaire, première partie

 Par Anne Gillain Mauffette

 

Photo tirée d’une vidéo de Segni Mossi Flow              Photo Beverly Hills

 

Introduction

«Le développement cognitif repose sur le développement psychomoteur». 2C p.9

L’expression motrice, selon Monzée, est le premier mode d’expression de l’enfant avant même qu’il ne possède le langage.

«C’est l’effet combiné de la maturation du système nerveux, de la croissance et des expériences psychomotrices qui permet le développement de toute la personne». 2Ap24

«Comme le constatait Piaget, le jeune enfant construit sa pensée à partir de son activité sensorimotrice 2 A p.174». « Permettre à l’enfant de bouger et d’agir, c’est donc lui permettre non seulement de développer ses habiletés motrices, mais c’est aussi lui permettre d’apprendre à penser 2A p.175».

 «La pratique psychomotrice est donc indispensable à son développement pendant la petite enfance et la période préscolaire». Cet article  traite de cette deuxième période (les enfants de 3 à 6 ans).

 «La pratique éducative psychomotrice intègre les connaissances actuelles que nous avons du parcours de maturation psychologique de l’enfant de moins de 7 ans et correspond en tous points aux objectifs des programmes éducatifs destinés aux enfants d’âge préscolaires». (2 A p.170)

«La psychomotricité mise sur le jeu de l’enfant et est conséquente avec les données scientifiques qui reconnaissent le jeu comme premier moyen d’apprentissage de l’enfant

À gauche, la construction fait appel à plusieurs composantes psychomotrices dont la motricité fine, les notions et l’organisation spatiale. Photo Beverly Hills
À droite on voit la concentration de l’enfant  qui s’efforce de garder son équilibre et tire la langue./ Photo Roseville

«Des études montrent que pendant cette période, c’est le jeu initié par l’enfant qui contribue le plus à son développement psychique. Pouvoir s’adonner à un jeu qu’il structure, qu’il organise par lui-même dans un environnement qui répond à ses besoins psychiques notamment de sécurité, d’être vu, entendu et reconnu».

Mais l’observation des enfants, sur la cour par exemple, va nous montrer que certains enfants prennent moins ce genre d’initiatives: ils vont plutôt jaser entre eux, s’isoler, se tenir près du surveillant ou que pendant les périodes de jeu à l’intérieur, ils vont choisir des jeux plus statiques (casse-tête, jeux de société). . De plus les jeux peuvent être répétitifs surtout si l’environnement n’est pas varié, et ne pas toucher à tous les aspects de la psychomotricité.

Il faudra donc compenser par de activités orientées ou dirigées par l’enseignante. En fait, une alternance entre les deux est recommandée, afin d’élargir le bassin de mouvements des enfants et les raffiner. L’activité spontanée de l’enfant va être complétée par de situations proposées par l’adulte. Si l’activité est pertinente, les enfants vont s’y engager volontiers.

Il y a souvent plusieurs manières de présenter les choses. Dans le gymnase par exemple ou sur la cour d’école, une enseignante ayant l’intention de faire découvrir différentes façons de sauter peut s’y prendre de plusieurs façons.

L’une peut démontrer différents types de sauts (à un pied, tourné, en longueur, etc.) et demander aux enfants de l’imiter.

Une autre va peut-être  jouer à «Jean dit» (il y a même une version électronique de cela).

Une autre encore va proposer aux enfants de lui montrer différentes façons de sauter; ceux-ci vont en trouver et inventer plusieurs.

Dans les trois cas, il s’agit d’exercices psychomoteurs qui seront agréables pour les enfants car ils aiment bouger mais on peut voir que dans le troisième, les enfants ont plus de latitude d’action et de place pour leur créativité (encourager la pensée divergente, l’expression d’idées originales).

Une enseignante peut décider d’organiser un parcours pour les enfants et une autre, après avoir introduit le concept, proposer aux enfants d’en organiser, en équipe, avec le matériel mis à leur disposition.

Photo Roseville

Cette deuxième manière, va complexifier l’activité et les apprentissages et toucher à encore plus de compétences du programme.  En plus de l’exercice de motricité globale demandé en suivant le parcours, les enfants vont en le créant eux-mêmes, être obligés en plus de négocier et planifier, donc exprimer leurs idées, de  se mettre d’accord et prévoir toute l’organisation spatio-temporelle de l’activité : on va faire d’abord ceci, puis cela; on va mettre ceci ici et cela là. Ils vont aussi aborder des notions de mesure (pour ne pas placer les cerceaux  trop éloignés les uns des autres  parce qu’on n’arrivera pas à sauter ou s’efforcer de les placer à égales distances) et manipuler des objets plus ou moins lourds. Ils vont l’ajuster après l’avoir essayé. Ils vont démontrer aux autres enfants  les actions à poser tout au long du parcours et expérimenteront ceux crée par les autres. Ils en tireront sans doute une grande fierté.

Mais regardons d’abord ce qu’est la psychomotricité et ce que cela comprend?

La psychomotricité c’est la relation entre la neurologie, la physiologie la psychologie et l’activité motrice. Entre le mouvement et des aspects mentaux et affectifs. La psychomotricité, c’est aussi le développement du moi qui agit et qui organise progressivement les connaissances acquises dans l’action.

 Composantes de la psychomotricité

-          La perception et l’organisation sensorielle

La perception sensorimotrice est le processus par lequel on peut sentir les sensations. On va recevoir et interpréter les signaux de notre environnement et ensuite agir : «Oh! Il fait froid, je vais mettre mon manteau».

Le corps est le premier objet perçu par l’enfant : bien-être, douleur, sensations visuelles et tactiles, mobilisation des membres et déplacements. Celui-ci va choisir et réagir à certains stimuli qui mobilisent son attention. Il va continuellement affiner ses perceptions.

L’éveil des sens peut prendre différentes formes :

· Les sensations tactiles 

Être touché et toucher est essentiel à la survie. Les enfants ont d’ailleurs tendance à toucher à tout; c’est un de leurs premiers moyens d’apprendre.

 

Photo Roseville                                                  Photo Mairtown Kindy
Photo Mairtown Kindy                                      Photo Beverly Hills 

Exemples :                                      

-           Toucher du sable sec, mouillé, de la terre, de la boue, l’eau, de la peinture aux doigts, des surfaces lisses ou de différentes rugosités et textures, des objets durs, mous, piquants, agréables ou non, facile ou non à saisir, plus ou moins chauds ou froids, vont  développer la perception et sensibilité tactile des enfants.

-          Les bacs sensoriels si populaires dans certaines classes, sont une façon de satisfaire ce besoin.

-          Deviner des objets dans un sac en le tâtant (pour rendre cela plus facile, on peut avoir montré l’ensemble des objets d’abord ou donner des indices : c’est rouge, ça se mange…).

· Perception visuelle, discrimination et mémoire visuelle

Il s’agit de percevoir des objets visuellement, les reconnaître et analyser leurs caractéristiques et différences. C’est aussi la perception des formes en général (géométriques ou autres, celles des lettres), des contours et des couleurs.

                    Photo Beverly Hills

L’enfant est bombardé  d’éléments visuels dans sa vie quotidienne. Il s’agit de s’arrêter avec lui pour mieux observer les choses.

Exemples :

-          Les promenades en nature accompagnées de dessin d’observation sont un excellent moyen de faire ralentir les enfants et leur apprendre à regarder vraiment.

-          Les jeux de Kim  (on montre une série d’objet puis en fait disparaître un, lequel manque?) ou de mémoire, vont aider les enfants à remarquer et se rappeler des différentes qualités des objets ou images.

-          Les lettres de toutes sortes à manipuler (magnétiques, étampes, etc.) vont obliger les enfants à bien examiner les formes et les retenir.

-          Les jeux de sable et d’eau (transvaser va initier les enfants visuellement aux notions de quantité (plus ou moins plein).

· Perception, discrimination et mémoire  auditive

La discrimination auditive, c’est percevoir des bruits et des sons et être capable d’identifier des différences entre eux.

Des enfants écoutent le cœur d’un poussin dans l’œuf.

Exemples :

-          On peut faire écouter des sons enregistrés aux enfants  (sons d’animaux, d’objets de tous les jours, de véhicules) et leur faire deviner de quoi il s’agit.

-          On peut demander aux enfants de chercher des objets qui font un bruit ou son. Nous allons les écouter d’abord, puis les enregistrer et les enfants vont les réécouter et tenter d’identifier ce qui a fait ce bruit («C’est le papier que Nicolas a déchiré»).

-          Ces habiletés peuvent surtout être travaillées à partir de l’expression musicale. Les enfants vont identifier certains sons faits par leurs camarades et leurs caractéristiques, se rappeler de leur succession

-          Fabriquer des instruments (maracas avec différentes sonorités)

-           Les enfants vont spontanément réagir à certaines musiques et synchroniser leurs actions.

Voir les deux articles sur l’expression sonore :

https://jeulibrequebec.blogspot.com/2022/01/petites-explorations-musicales-1.htm et

https://jeulibrequebec.blogspot.com/2022/11/petites-explorations-sonores-2-la_68.html

-          On va aussi amener les enfants à chanter à écouter et apprendre des comptines ou petite poésies où ils auront l’occasion d’identifier des rimes, des sons identiques ou différents et à les qualifier (strident, doux, forts, moyens, longs, courts, aigus, graves, etc.).

Cela fait partie de la conscience phonologique bien connue des éducatrices et enseignantes

-          Des jeux  (comme « Jean dit», «Lumière rouge») ou les enfants doivent répondre (ou non) à un signal ou un autre va aussi développer leur attention et leur réponse à des stimuli choisis, ainsi que leur auto- régulation.

-          Jouer avec nos voix : faire des sons d’une voix aigue, grave, des sons long des sons courts, forts faibles, dire son nom de différentes façons ou encore les yeux fermés, deviner qui a parlé, sont des exercices de discrimination auditive mais aussi de conscience de notre corps et ses possibilités et de connaissance de l’autre.

· Perception olfactive (L’odorat)

Exemples :

-          On peut apporter différentes herbes à faire sentir aux enfants : la lavande, le basilic, le romarin, le thym, l’origan, la ciboulette, la coriandre ont toutes des odeurs très caractérisées. On peut ensuite leur faire deviner laquelle les yeux fermés. Ils s’en souviendront encore plus s’ils les ont plantées.

-          Plusieurs fruits ont aussi des odeurs assez puissantes pour pouvoir être sentis puis reconnus : fraises, oranges, etc.

· Perception gustative (Le goût)

Toutes les dégustations de fruits et de légumes se prêtent au développement du goût.

· L’organisation perceptive

C’est l’habileté à percevoir les  sensations conduisant à des connaissances sur les objets et leurs relations. L’enfant va apprendre à distinguer les caractéristiques des objets, à établir des ressemblances et différences et va pouvoir les regrouper et les classer (mathématiques).

Exemple :

Certains projets comme celui-ci sur l’alimentation et les fruits unissent à la fois la perception et discrimination visuelle, tactile, olfactive et gustative :

 



Photos Garden Gate

-           Le schéma corporel

Le schéma corporel c’est l’organisation des sensations par rapport à son propre corps en relation avec l’environnement. Il se construit et change constamment «en fonction de l’expérience et des les modifications progressives du corps» (2A p.75). C’est à la fois la conscience du corps et la connaissance du vocabulaire du corps qui va amener à une image mentale et  une représentation de celui-ci.

· Conscience de son corps à l’arrêt et en mouvement

La conscience du corps passe par trois étapes : le corps vécu, le corps perçu et le corps représenté.

Le mouvement va donner l’occasion à l’enfant de sentir son corps en action.

Exemples :

-          Sentir son corps en faisant rouler une balle ou en se touchant avec des plumes.

                                    Photo Segni Mossi:https://www.facebook.com/share/v/1K72ZwYEcA/

-          Danser  alors que son ombre est projetée sur le mur ou une surface va servir de miroir aux enfants

Photo Pinnacle

-          Bouger danser devant des miroirs

-          On peut donner à des enfants différents rôles de sportifs : patineur, boxeur, skieur de fond, joueur de ballon panier, de soccer et le groupe doit deviner

-          Se déplacer comme un fantôme, une sorcière, un monstre, une fée, un roi. Un clown, un éléphant, un papillon, etc.

-          Se déplacer comme une vague (en va et vient), une balançoire.

· Conscience des parties du corps et ce qu’elles peuvent faire

                                                Photo prise dans la vidéo de Segni Mossi Mirror

Exemples :

-          On peut apporter un bonhomme articulé en classe et demander aux enfants de lui faire faire des positions et de les imiter.

-          Le jeu du miroir : face à face, un enfant est le meneur et adopte des positions et fait des gestes (pas trop rapides) et l’autre l’imite, puis on change. Voir la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/FbtEQh-3puA?si=LUIo7rH-jCCz_u5d

-          Un enfant adopte une position, tout le monde l’imite puis on change.Voir le début de la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/iL_JsN3P4ic?si=FyaGJ0clic7wJx77

-          Sculpter un ami : les enfants font prendre des positions différentes à un des enfants. Voir la vidéo de Segni Mossi : https://www.facebook.com/share/v/17piG12S6u/

-          On demande à la moitié des enfants d’inventer des façons de créer un pont avec leur corps. Puis on va demander à certains enfants de passer sous les ponts. On va ensuite proposer aux enfants de faire des ponts à deux. Puis à trois.

Photos prise dans la vidéo de Segni Mossi to fold

-          Dessiner avec ses pieds, au sol ou sur le mur.

-          Il y a des enregistrements qui suggèrent certains gestes aux enfants qu’ils vont interpréter à leur guise : exemple :« Donne- moi un cerceau» pour en faire une flaque d’eau, il deviendra une auto (les enfants conduisent leur cerceau), etc. Pour les paroles, voir : https://www.youtube.com/watch?v=xyh_3apK7Wg

-          Pour nommer et retenir le nom des parties du corps : demander aux enfants de faire des variantes de tête-épaule-genoux-orteils en changeant les mots, en incluant le menton, les coudes, les chevilles, les fesses, etc. D’autres chansons comme «Je ne suis pas fait comme une hirondelle»:https://youtu.be/dVY-U4zFheg?si=1OE-SVdbkqBBWqey

-          Vous pouvez aussi simplement demander aux enfants de toucher telle ou telle partie de leur corps, puis de le faire les yeux fermés.

-          Regarder des livres sur le corps, l’anatomie.

-          Faire des casse-têtes de corps

· L’image du corps

Le schéma corporel touche à l’image de son corps que l’enfant se fait de lui-même. Cette image va se modifier continuellement.

 On peut en voir des traces dans ses représentations de soi qui progressivement se transforment. Mais même si un enfant sait qu’il a un cou, il ne le représente pas toujours, dans ses premiers  dessins de lui-même. Rien ne sert de lui faire remarquer mais plutôt proposer des jeux-exercices qui vont attirer l’attention sur cette partie du corps (rouler un ballon  partout autour de soi, dont autour du cou, fabrication de colliers, se chatouiller avec une plume, etc.

Voir la vidéo de Segni Mossi et les jeux avec des balles : https://youtu.be/981I63CZQ1c?si=i1XfvsFxHdPjlBtF

La représentation du corps est un élément important de prise de conscience de celui-ci :

Exemples :

-          Étudier son visage dans un miroir et le représenter ou (et) étudier une photo de notre visage et le représenter.

 Photo Peachtree
Photo Mustard Seed School

-          Étudier une photo de ses yeux puis les représenter

                                    Photo Garden gate                                            Mairtown Kindy blog

 

-          Représenter une émotion avec notre visage puis le dessiner à partir d'une photo

Photos Sylvie Luce Gauthier

-          Représenter des visages avec des objets

Les enfants pourront s’inspirer de ce jeu puis trouver des objets dans le local ou la nature pour composer leurs visages.

 

Photo Anne Mauffette                      Photo Reggio Children
Photo Beverly Hills        

 Une activité souvent réalisée en CPE ou à la maternelle est le tracé du corps de l’enfant. On peut aller plus loin en l’habillant (cheveux, habits) et en ajoutant des photos prises des yeux des enfants.

Photos  Garden Gate
Photo Peachtree

Les enfants peuvent aussi se représenter en 3 dimensions : avec de la glaise, des éléments naturels, etc. À droite, à partir d’une photo prise en mouvement.

 
Photos Kids Resort                                 

-          Représenter le corps d’un ami qui prend la pose puis changer de place

Photo Peachtree

-          Représenter le corps en mouvement : Les enfants sont par paires. Un enfant fait un mouvement et l’autre essaie de le représenter en dessin (sauter/des barres de haut en bas, tourner, un spirale, etc.) Voir la vidéo de Segni Mossi: https://youtu.be/l2A6L5mZifA?si=1O6i1HmrrgTixoK3 et

https://youtu.be/m0m1tyKBVjQ?si=WXXXempAf3zqO1C

      Étudier la palette  de couleur et choisir celle qui correspond le plus à la nôtre

L’atmosphère accueillante créée par les adultes, leurs encouragements, un accent sur l’inclusion et l’appréciation de la diversité vont aider les enfants à développer et à conserver une image positive de soi.

· L’espace occupé par son corps et celui des autres

On va aider l’enfant à sentir la place qu’il occupe dans l’espace.

Photo Anne Mauffette
Cet enfant a construit cette structure autour de lui.

Exemples :

-          Se faire le plus petit possible, le plus large possible, le plus grand possible, le plus gros possible, s’étirer, se regrouper

-          Sentir la place que prend le groupe :

Les enfants se promènent dans toute la salle librement, au signal ils se regroupent tous autour du meneur dans le centre de la pièce, dans un coin.

· Le tonus

Notre tonus fluctue selon nos émotions. On est plus tendu ou moins selon les situations et contextes. Mais certains sont plutôt hypotoniques et d’autres hypertoniques.

On va vouloir que les enfants prennent conscience des états de tension et relâchement

Exemples :

-          Couché ou debout, on est des Spaghetti durs, spaghetti cuits

-          Alterner la marche ou des rythmes robotiques et des musiques qui incitent à l’étirement, au relâchement, à la souplesse.

Voir la vidéo de Segni Mossi où mouvements mécaniques et souples sont illustrés : https://youtu.be/c3PYFHDXY7U?si=zWGQ5u1twEB4DCIH

-          Le yoga avec les enfants ou des séances de relaxation.

-          Des massages entre enfants:

                                    Photo Danielle Jasmin; maternelle 5 ans.

Voir la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/MfsK6WOPJeU?si=SaeUlsa3-UIVR_LS 

-          On va faire prendre conscience aux enfants des différents états dans lesquels ils se retrouvent : par exemple quand ils sont fâchés, leurs poings se serrent, quand ils ont envie de pleurer, leur gorge se serre, quand ils ressentent du bien-être leur corps se détend...

· Le tempo

C’est le rythme propre du sujet. Certains ont un naturel plus rapide et d’autres plus lent. Ce terme est aussi utilisé en musique.

· La perception sensorimotrice

Elle nous permet de reconnaître  nos états : bien-être, tension et de reconnaître nos émotions.

· Les sensations kinesthésiques.

Il s’agit des sensations :

-          extéroceptives c’est-à dire  les sensations sur notre peau (toucher, froid, chaud);

-          proprioceptives,  qui sont les sensations de nos muscles et ligaments qui nous renseignent sur les déplacements et positions des différentes parties du corps;

-          intéroceptives qui nous renseignent sur nos organes (digestion, rythme cardiaque, envie de faire pipi, etc.).

Exemples :

-          On peut se toucher avec des plumes

-          Remarquer la sensation du vent sur notre peau

-          Apporter un stéthoscope pour écouter leur cœur

-          On va aider les enfants à identifier les réactions de certains organes. Par exemple quand ils courent, sont excités où sont frustrés, en colère, le rythme de leur cœur s’accélère, quand ils sont calmes, le cœur ralentit.

-          On peut leur demander d’exprimer des sentiments par des postures et attitudes (on pourrait utiliser les personnages d’histoires comme catalyseurs)

· Contact

Les enfants ont besoin de contacts, de toucher et d’être touchés.

-          On peut demander à un volontaire (que cela ne dérange pas) de fermer les yeux et de se laisser toucher de différentes manières par ses camarades. Et faire un retour ensuite comment il s’est senti. Voir le début de la vidéo de Segni mossi : https://www.facebook.com/share/v/1GaJFbYxiS/

Par contre, certains enfants répugnent au contact des autres, quelqu’un les effleure ou les bouscule un peu, sans faire exprès, et ils se fâchent ou sont mal à l’aise ou pleurent.

Exemples :

-          Le travail à deux et certains jeux amènent les enfants à apprivoiser les contacts et mieux les  tolérer.

Voir la vidéo de Segni Mossi: https://youtu.be/QLVvBbxN7EE?si=sWS9QWwHm3leXY3a

      Les créations à plusieurs également:

On peut proposer aux enfants d’inventer une machine à 2 ou 2 ou 4. On peut accompagner les mouvements de bruits. Tout le groupe peut devenir une machine.

-          Certains jeux comme la chaise ou le cerceau musical collaboratifs et des jeux de regroupements (on se promène partout dans la salle, au signal, on se regroupe) peuvent habituer ces enfants au contact des autres.


-          On est des nuages. Le vent nous pousse partout doucement. Puis il devient plus violent et on s’entrechoque (doucement), l’orage éclate et on saute partout.

-          Il y a aussi  le contact avec le plancher, dans le travail au sol et le contact avec le gazon à l’extérieur (quand les enfants roulent dans une pente), le contact avec l’eau, etc.

· Le contrôle de soi

Contrôler ses gestes  pour ne pas renverser quelque chose, ne pas tomber, ne pas se cogner, garder l’équilibre, est une habileté à la base de tous les actes de la vie quotidienne.

-          Les jeux de force et la lutte à l’amiable, pour jouer (surveillés), pour ceux qui le désirent, est une occasion d’avoir des contacts. C’est aussi un moyen d’exercer le contrôle de soi (au propre et au figuré) et l’inhibition.

-     


· La posture

L’ajustement postural est important aussi bien dans l’équilibre statique que dynamique : dans la marche, les façons de s’asseoir pour pouvoir écouter une histoire, dessiner, écrire.

Exemples :

-          Porter des choses sur la tête sans les faire tomber va forcer les enfants à se tenir droit.

-          Jouer à la marionnette : quand le meneur tire les fils : la marionnette se tient très droite (on étire son cou), quand le meneur relâche, tout le corps se relâche.

Certains enfants ont tendance à s’asseoir au sol avec les jambes, genoux collés et jambes inversées. Leur suggérer de s’asseoir autrement soit sur leurs genoux, ou jambes croisées.

· Le souffle

Prendre conscience de sa respiration (inspiration, expiration) et augmenter sa capacité pulmonaire sont des éléments important à considérer.

Exemples :

-          Souffler sur un balle de ping pong d’un côté à l’autre d’une table

-          Souffler pour faire voler des plumes

-          Souffler avec une paille sur une tache d’encre ou de gouache assez liquide

-          S’exercer à faire de profonde respiration qui partent du ventre : couché au sol, on met un objet sur son ventre et on essaie de le faire bouger en inspirant. Voir le début de la vidéo de Segni mossi : https://youtu.be/F4M0L0LZeI0?si=pXeoieCAb6TcUVz1

En fait toutes les activités de la journée peuvent servir à faire prendre conscience de son corps.

Pour voir la deuxième partie:https://jeulibrequebec.blogspot.com/2025/04/stimuler-le-developpement-psychomoteur_43.html

Pour voir l'article au complet:https://jeulibrequebec.blogspot.com/2025/04/stimuler-le-developpement-psychomoteur.html

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