Explorer le concept de POUVOIR avec les enfants
par Anne Gillain Mauffette
Introduction
On est tous
ambivalents par rapport à ces jeux, souvent basés sur des films ou émissions,
où la violence est justifiée par le but (sauver quelqu’un ou le monde).
On est mal à
l’aise face à l’usage de fusils (même inventés) et les armes. Les enfants font
preuve d’imagination pour en fabriquer.
On essaie de
prôner la non-violence mais on voit bien que les enfants sont fascinés par ces
personnages et ont tendance à imiter leurs agissements dans leurs jeux.
Qu’en est-il
du développement moral des enfants qui jouent à ces jeux?
Nathan me
dit candidement: « Tu n’aimes pas la violence toi, moi oui». Il a bien
saisi mes valeurs mais ose affirmer ses goûts (et c’est très bien). Je lui dis
qu’il n’aimerait pas recevoir de vrais coups ou se faire blesser mais qu’il
aime faire semblant de se battre. Ou regarder des émissions. Mais, il a raison,
je n’aime pas la violence : même dans les films, cela me dérange.
Mais est-ce
si différent de la violence des contes, recommandés par Bruno Bettelheim, où un
parent meurt et se fait remplacer par une marâtre qui veut faire tuer l’enfant,
un loup qui avale une grand mère puis est éventré, un ogre qui cherche à manger
des enfants, etc.?
Nos
attitudes par rapport à ces jeux varient de l’interdiction au laisser-faire, en
passant par l’accompagnement. Comme
chacun a des degrés de tolérance différents, cela peut causer des
tensions dans des couples ou avec des collègues ou entre les parents et le
personnel des milieux préscolaires.
On a beau se dire qu’il ne faut pas projeter
nos idées de la violence, sur le faire semblant des enfants qui n’y attachent
pas le même sens que nous, on a quand même peur qu’ils ne se fassent mal,
qu’ils apprennent que la violence est un moyen efficace pour régler des
problèmes ou avoir ce qu’on veut. On craint qu’ils se désensibilisent à la
violence et qu’ils l’utilisent non seulement dans leurs jeux mais que cela ne
déborde dans le reste de leur vie. Qu’ils développent des comportements
agressifs.
Mais les
recherches n’ont pas établi de relation de cause à effet entre les émissions de
super-héros et la vraie violence. S’il est vrai qu’après avoir visionné un
épisode, les enfants sont excités et se mettent à imiter les personnages, ce
n’est que de courte durée : ils se sont identifiés à ces personnages et
rejouent la scène, mais cela reste du jeu et n’a pas d’effets à long terme sur
leurs comportements dans la vie. Plusieurs études se sont avérées fausses et
ont pris des corrélations pour des causalités ou ne se sont pas préoccupés des
enjeux socio-économiques et d’autres déterminants. La vraie violence est causée
par un ensemble de facteurs complexes.
En fait, dans
leurs jeux symboliques, les jeunes enfants commencent par imiter les rôles qui
leurs sont les plus familiers : les parents qui cuisinent, bercent les
bébés, font les courses, tondent le gazon, conduisent l’auto, vont au travail,
vont en vacances, etc.
Puis ils
ajoutent des personnages de la communauté qu’ils ont eu l’occasion de
voir : restaurateurs, médecins, vétérinaire, pompiers, policiers, paramédics...
Influencés
par les histoires et les médias, ils endossent ensuite les rôles de Chevaliers de
Pirates, de Rois et de Reines, de Sorcières, de Dinosaures et de Super-héros. Ces derniers, très prisés des
garçons présentent plusieurs aspects qui déplaisent en général aux
adultes : énergie débordante et déplacements rapides et bruit. Ils impliquent
souvent des fusils ou autres armes pour pourfendre les dragons et autres
monstres et « tuer les méchants» et amènent aussi parfois des scénarios
répétitifs calqués sur certaines scènes vues. Ils peuvent aussi incommoder
certains enfants.
Aussi pour
des raisons de sécurité ou pacifistes ou pour favoriser d’autres types de jeux,
ces jeux sont interdits dans certains milieux préscolaires.
Pourtant
nous savons que le jeu symbolique est la forme de jeu par excellence pour
développer de nombreux apprentissages et que c’est à travers les Super-Héros
que certains garçons s’y adonnent davantage.
Mais pourquoi les enfants et des garçons en particulier sont-ils fascinés par ces personnages hors normes? Que leur apporte cet imaginaire au niveau émotionnel, social, physique, cognitif? Quels concepts abordent-ils? Quels rôles ces thèmes violents jouent-ils dans leur vie?
Quelles
vulnérabilités se cachent sous ce besoin? Quelles fonctions, ces fictions de
violence exercent-elles dans leur développement? Pourquoi aiment-ils ce qu’ils
aiment?
Pour le
savoir, il faut d’abord les observer, les écouter sans jugement, en parler avec
eux en dehors du jeu, essayer de les comprendre. Comment se sentent-ils quand
ils jouent à ces jeux ? Et comment sont-ils après : apaisés, plus calmes
ou encore plus inquiets?
Quels sont les effets, lorsque ces
jeux sont interdits, de cette séparation entre la culture de la garderie ou de
l’école et la culture des enfants qui devient « underground»? Que l’intérêt
demeure mais qu’il n’est pas partagé et est vécu en cachette?
Y aurait-il
des avantages à les permettre, à
observer les enfants dans ces jeux et à analyser avec eux les notions sous jacentes à ceux-ci? À discuter des émissions et films qu’ils regardent? À
utiliser cet intérêt pour varier leurs représentations et connaissances?
Contributions de ces
jeux au développement
Quand on
interroge des enfants sur pourquoi ils aiment les Super-héros : un
qualificatif est souvent employé : ils sont «forts». Ils nomment aussi des
caractéristiques et habiletés hors du commun (ils volent dans les airs, des
pouvoirs spéciaux sortent de leurs mains…).
Les enfants choisissent les personnages selon certaines préférences personnelles. Un enfant mentionne : « Je cours vite, j'aime Black Panther parce qu'il court vite comme moi». Un autre, qu'il «aime Ant-Man parce qu'il est nocturne et qu'il aime la nuit». Un autre les aime «parce qu’ils sont forts et peuvent casser des choses.»
Dans les
jeux de Super-héros, les enfants incarnent des personnages et s’arrogent
l’espace de quelques moments la puissance de ces héros. Ils compensent pour ce
pouvoir qu’ils n’ont pas dans leur vie quotidienne. Ils font semblant d’être
quelqu’un qu’ils ne seront, en fait, jamais.
C’est aussi une
façon pour eux de combattre leurs peurs. Car les enfants sont, même quand les
parents évitent, autant que faire se peut, les occasions pour leurs enfants de
voir des scènes de violence et bannissent les fusils, exposés par les médias et annonces à une violence fictive
(Super-héros) ou réelle (la guerre, les tueries dans les nouvelles).
L’industrie du film et des jouets sont liés. Il suffit d’entrer dans un magasin
de type Toys ‘R’ Us pour constater ce qu’on propose aux garçons et aux filles.
Le militantisme pour les garçons et la sexualité et la domesticité pour les
filles. On retrouve des Super-héros sur les boîtes à goûter, les pyjamas, etc. Même
la restauration rapide avec ses surprises est de la partie.
On sait que
les enfants utilisent le jeu pour traiter de sujets qui les préoccupent. Il en
va de même pour la violence. Ils ont
donc besoin d’explorer ces forces obscures, de les maîtriser, de contrôler les
émotions et l’anxiété que cela crée chez eux, de s’en libérer. Cela leur permet
de réorganiser le monde sous des formes
qu’ils peuvent manipuler et de mettre de l’ordre dans leurs pensées. De donner
du sens à ce qu’ils voient et entendent. Ils prennent ainsi plus confiance en
eux.
Cela leur
sert d’antidote en quelque sorte et les aide à faire la différence entre
l’imaginaire et la réalité.
C’est aussi
une façon pour eux de canaliser leur agressivité refoulée face aux contraintes
qu’on leur impose. On demande aux enfants d’être gentils et sages, de faire ce
que nous, les adultes, voulons. Ces jeux relâchent leurs tensions. Ils expriment leur énergie en actes et en mots.
Ces jeux peuvent leur servir d’outils pour diminuer leurs stress. Cela peut les aider dans les moments de
transitions difficiles pour eux (passer de la garderie à la maternelle par
exemple). Et à faire face à la séparation et gagner en autonomie.
Certains
enfants vivent à la maison des situations très stressantes. Le processus de
s’identifier émotivement avec un personnage qui
est menacé physiquement et qui prend tous les moyens à sa disposition
pour y faire face, peut être thérapeutique pour eux. Cela leur donne le
sentiment que malgré tout, eux aussi surmonteront les obstacles.
Les
Super-héros fournissent des symboles de pouvoir qui alimentent les jeux
symboliques. Malgré la violence, ils sont des modèles d’affirmation de soi, de
détermination, de courage et d’altruisme.
Quand les
enfants jouent à ces jeux, leurs forces semblent décuplées : ils courent,
sautent, donnent des coups de pieds en l’air, grimpent dans les structures de
jeu (les accaparant parfois), exerçant un haut niveau d’exercice, nécessaire au
bon développement moteur.
Les enfants
mentionnent aussi que les Super-héros forment des équipes. Les enfants vont
donc collaborer en vue d’un but commun (comme les Power Rangers par exemple).
Il y a une
affiliation qui se crée entre les enfants qui connaissent les personnages
aimés : cela devient une façon de se faire des amis.
Certains
deviennent des «leaders» et quand l’un d’eux est absent, un autre va avoir
l’occasion de l’être.
Les enfants
doivent négocier bien des choses : quels Super-héros on va imiter, qui peut
jouer («Juste ceux qui ont des capes»), qui va être qui. Les Super-héros vont
varier avec la nouvelle émission ou le nouveau film paru (Avatar, par exemple).
Ils vont aussi décider de l’action. Ils vont apprendre à fonctionner ensemble.
Ils inventent leurs propres règles et établissent leurs limites : «C’est
pas comme ça qu’on joue aux Power Rangers».
Souvent
personne ne veut être «les méchants», certains s’y plient y trouvant un certain
leadership ou au moins une place dans le jeu convoité, mais les enfants s’en
passent souvent, courant après des personnages imaginaires.
Parfois un
enfant s’ajoute et ils doivent alors ajuster les rôles et le scénario.
Ils vont
inventer le scénario qui comporte souvent un type de danger : un
personnage est pris par les méchants et les autres le délivrent. Ou des
personnes sont menacées et ils viennent à la rescousse. Ils vont même jusqu’à
faire revivre des personnages qui ont été tués. Cela peut être une copie de
parties d’émissions ou de films mais cela peut aussi être une réinterprétation
de ceux-ci.
Ils jouent avec les concepts de justice et d’injustice, d’amitiés et d’ennemis, de sécurité et de danger, de guerre et de paix, de solidarité et d’entraide, de vie et de mort, de survie de la planète parfois.
Bien sûr il
y a des exclusions (des filles, ou de certains qui ne connaissent pas bien les codes du jeu,
etc.). Mais il y en a aussi dans d’autres jeux, même chez les filles. C’est
souvent pour préserver le jeu en cours ou les liens dans le groupe qu’ils
excluent.
Il y a aussi
le fait qu’il y a assez peu de modèles de Super-Héroïnes et celles-ci sont
souvent des subalternes. Elles ont souvent, comme la princesse Leia, besoin
d’être sauvées plutôt que présentées comme des femmes autonomes.
Les filles
sont capables de s’identifier aux héros masculins.
Mais quand elles endossent des personnages, certaines ont tendance davantage à intégrer des éléments de la vie quotidienne dans leurs jeux.
Ici, une jeune pirate (impressionnée par Rackam le rouge) incorpore dans son jeu, la dînette avec ses toutous. Puis ayant dessiné un drapeau pour son bateau, puisque il n’y avait pas de vent, a préparé une fête pour son mari le capitaine et s’est faite belle. Plus tard, elle a dessiné un bateau inspiré de la scène de l’abordage dans Tintin
Photos Anne Mauffette
De plus ces jeux exacerbent la séparation entre les filles et les garçons.
Mais n’encourageons-nous pas nous-mêmes parfois ce clivage garçon filles?
Une
enseignante avait proposé aux enfants de se déguiser le lendemain : les
filles en princesses et les garçons en chevaliers. Cette petite fille avait demandé si elle
pourrait être un chevalier. L’enseignante, surprise, a été demander conseil à
une collègue et lui a finalement permis.
Les jeunes enfants sont en train de construire leur identité
de genre, ils cherchent autour d’eux des indices de ce qu’est un garçon, une
fille et intègrent certains stéréotypes (ou pas) de leur genre. Les garçons trouvent dans les Super-héros des modèles
d’hommes invincibles. Et certaines filles aussi.
Ils doivent aussi apprendre la dimension de
leurs corps dans l’espace, à contrôler la latitude et la force de leurs
gestes et à anticiper les gestes de
l’autre.
Ils doivent
s’exercer à la résolution de conflits et apprendre à pardonner le geste
malhabile d’un ami. Ils apprennent à considérer la perspective de l’autre et
les règles qui gouvernent les interactions sociales.
L’importance
que prennent ces jeux fluctue avec les enfants présents. Certains ne sont pas
intéressés, d’autres en parlent mais n’y jouent pas, certains ne feraient que cela dans les jeux
libres et d’autres, moins «obsédés», vont varier davantage leurs jeux surtout
s’il y a du matériel intéressant à manipuler.
Si on bannit
ces jeux, non seulement on prive les enfants d’un exutoire pour leurs angoisses
mais on se prive d’informations sur ce qu’ils voient, ce qu’ils pensent et
ressentent et surtout d’occasions de pouvoir contribuer à leur réflexion et
décider comment on peut les aider.
Alors, que
peut-on faire pour que les enfants profitent des avantages développementaux
cognitifs, émotionnels, sociaux de ces jeux tout en s’assurant de la de la
sécurité psychique et physique de tous (les joueurs et non joueurs), de leur
développement moral et sociopolitique (la paix, la diversité, l’égalité, les
droits, la responsabilité…).
Nos actions
vont dépendre du groupe et des individus. Chaque parent, chaque éducatrice ou
enseignante va adapter ses interventions.
Il y a des
enfants que cela rend plus agités et qu’on devra surveiller et aider davantage.
Quelques-uns font preuve de plus d’agressivité. On devra parfois leur demander
de faire une pause, de changer de jeu. Ils pourront y rejouer plus tard à
condition de ne faire mal à personne, que cela reste du jeu.
Il y en a
d’autres que ces jeux insécurisent et
qu’il faudra protéger et soutenir. En définissant une aire spécifique et un
temps pour ces jeux par exemple.
Dans
certains cas, malgré les efforts des adultes de tempérer le jeu, le jeu devra
être arrêté et des explications du pourquoi et des alternatives données aux
enfants : «Malgré nos efforts, il y en a qui se font encore mal ou qui se
sentent menacés ; je dois m’assurer de la sécurité de tout le monde, alors
ces jeux ne seront plus permis mais vous pouvez toujours en parler, dessiner
vos Super-héros, faire semblant autrement.»
Certaines éducatrices
ou enseignantes favorisent le jeu en incorporant des costumes de Super-héros
dans leurs déguisements ou des objets pouvant être utilisés à cet effet (capes,
etc.) et remarquent que s’ils sont très populaires en début d’année, ils sont
moins utilisés en fin d’année.
D'autres
permettent que les enfants viennent à la maternelle déguisés.
Une des clés
pour intervenir est l’observation du jeu des enfants. Est-ce qu’ils sont en
train de régler des choses et si oui, lesquelles? Leur jeu est-il une pure
imitation répétitive d’un scénario conçu par des adultes ou leur appartient-il?
Est-ce qu’il évolue? Est-ce qu’ils y exercent leur créativité? La nature et la
qualité du jeu des enfants va déterminer si celui-ci répondra, vraiment ou non,
à leurs besoins développementaux.
On va aussi
examiner la dynamique entre les enfants. Est-ce qu’il y en a que cela
indispose, qui ne se sentent pas en sécurité dans le local ou sur la cour.
Qui initie
ces jeux, qui mène le jeu, qui suit, qui est exclu ? À quelle fréquence les
enfants s’y adonnent-ils?
Si on veut
que le jeu remplisse son rôle au niveau du développement, il faut s’assurer que
les enfants soient actifs dans le déroulement des scénarios et ne répètent pas
inlassablement les mêmes gestes violents et les aider à élaborer des variations :
« Qu’est-ce qui arrive après ceci?»
À la recherche de stratégies : des
exemples
-
Un projet autour des super-héros :
Qu’est-ce
qui vous rend puissant?
Dans un milieu préscolaire, les éducatrices avaient remarqué que dehors, des enfants se liguaient pour faire semblant de «se battre avec des fusils». Ils savaient bien pourtant que les adultes n’aimaient pas ces jeux. Des filles avaient fait une alliance contre les garçons. Les deux groupes argumentaient combien ils seraient les plus forts dans une bataille l’un contre l’autre.
Plusieurs
garçons jouaient des scénarios autour de l’émission des Power Rangers. Certaines filles faisaient références à Wonder Woman qui les inspirait dans
leurs inventions de super pouvoirs.
L’une d’elle se battait contre un Power Rangers en tournoyant et disant :
« J’ai des pouvoirs de dragons, je peux les battre avec mes pouvoirs de dragon!»
Même si les
enseignantes demandaient aux enfants d’inclure d’autres enfants dans leurs
jeux, ils continuaient à exclure les autres.
Au lieu
d’arrêter le jeu, les enseignantes ont décidé d’explorer avec les enfants leurs
perceptions et sentiments autour du pouvoir qu’ils représentaient dans leurs
jeux.
Un groupe en
particulier était très intéressé par ce jeu qui se résumait à courir
partout et s’entraîner et à sauver des gens. Ils disaient souvent : « On
est une équipe!».
Les
enseignantes se sont mises à les observer, les écouter, à documenter leurs jeux
et à les questionner afin de comprendre le sens et les objectifs de leurs jeux.
-
«À
quoi jouez-vous les garçons?» « À Power Rangers : moi je suis le bleu et
eux ils sont le rouge, le doré et le vert».
-
«Quels
genres d’armes utilisent-ils? » « Des fusils, des épées et leurs pouvoirs».
-
«Hey
les gars, il faut s’entraîner!»: Il tourne sur lui-même et donne des coups de
pieds dans un arbre en faisant des sons.
-
Un
autre dit : «Mettons nos pierres d’énergie ici pendant qu’on s’entraîne»
-
Le
troisième dépose celles-ci (des morceaux de branches et des fèves vertes du
jardin) sur le banc.
-
«Qu’est-ce
que c’est que des «pierres d’énergie?» «On les utilise pour se recharger.»
Elles ont
questionné les enfants;
-
Qu’est-
ce qui rend les Power Ranges puissants?
-
Qu’est-ce
qu’il y a d’autre qui est fort et puissant? Les enfants ont identifié le vent,
les volcans, le froid, par exemple).
Une tornade (mai 2019) Photo Anne Mauffette
-
Comment
est-ce qu’on utilise le pouvoir et pourquoi?
Elles se
sont posées toutes sortes de questions : comment aider les enfants à
sortir des scénarios stéréotypés? Comment faire évoluer leurs jeux et les
diversifier?
Elles en
sont venues à identifier certaines caractéristiques de la pensée des enfants
par rapport au pouvoir physique (actions et entraînement).
Elles ont tenté
d’enrichir le curriculum en tenant compte de cet intérêt. Elles ont :
-
Multiplié
les occasions de jeux physiques avec l’ensemble du groupe, leur proposant de
«s’entrainer» en faisant des parcours par exemple;
-
Proposé
des personnages articulés, neutres, pour représenter des mouvements qui ont
permis de jouer autrement:
-
Apporté
des livres sur les pierres précieuses qui ont émerveillés les enfants.
- Les enfants ont pu examiner de vraies pierres semi-précieuses et précieuses avec des loupes et sur la table lumineuse.
-
Regardé
des cristaux et des roches sous un microscope
Cela a amené
un nouveau vocabulaire et un accent plus scientifique à leurs explorations.
L’atmosphère
a changé, les enfants étaient toujours intéressés par les jeux de pouvoir mais
s’exprimaient moins agressivement.
Ils ont
parlé des pouvoirs de la nature (le feu). Les filles ont trouvé leur place. Une
enfant dit : « Je suis la fille tornade, toi tu peux être le garçon
tornade»
Les
enseignantes en sont arrivées à leur proposer différentes façons de représenter
le pouvoir. Les enfants ont imaginé et dessiné ou fabriqué :
-
D’où
vient et où va le pouvoir («dans mes jambes», «dans mon cœur», «dans mes mains»),
est-ce qu’on peut le transmettre et comment?
-
Des
cartes pour trouver des pierres précieuses;
-
Des
contenants pour garder leurs pierres précieuses.
Ils donné
des pouvoirs précis à certains objets: cette roche me fait danser,
celle-ci me fait sauter et celle-ci tourner…
Ils se sont
inventé des pouvoirs : produire des arcs en ciel avec ses mains par
exemple.
Des livres
sur des couronnes et autres bijoux sur d’élégants costumes ont donné lieu à la
création de bijoux et de costumes. Ils ont inventé de nouveaux personnages
puissants et sont devenus des créateurs de Super-Héros, comme un Cheetah par
exemple, un personnage de l’espace.
-
Deux autres projets dans deux maternelles
Dans deux autres milieux les Super-héros ont aussi fait
l’objet d’un projet.
Dans la première les enfants ont construit avec l’enseignante
un tableau de ce que chaque Super-héros
pouvait faire, des pouvoirs spéciaux et ressources qu’il avait et ont établi les
similitudes et différences entre les uns et les autres.
Ils ont identifié comme caractéristiques communes entre
autres: la puissance, l’esprit d’équipe,
la persévérance, l’esprit sacrificiel, la résolution de problèmes; ils aident,
sauvent le monde, combattent le crime, gagnent , sont bons et sont des bons amis.
Dans la deuxième, l’enseignante inspirée par la précédente a
fait avec les enfants un tableau synthèse de ce que leurs héros pouvaient
faire, comment et de leurs qualités.
Dans les deux, les enseignantes ont proposé toutes sortes d’activités
touchant à tous les domaines de développement et utilisé plusieurs modes
d’expression.
Une des enseignante a proposé : Batman a une Batmobile : Pourriez vous inventer un véhicule pour un Super-héros en Légos? Puis le dessiner?
(Photos The Curious Kindergarten)Pourriez-vous représenter un
Super-héros avec de la pâte à modeler?
Des personnages en aplat par des filles
Deux photos : The Curious Kindergarten Mrs. Myers KindergartenD’autres expériences faites dans ces classes sont explicitées plus
bas.
-
Jouer à certaines conditions
Dans un
autre milieu, voyant l’intérêt des enfants mais voulant qu’ils
profitent aussi des autres possibilités dans l’environnement, des règles ont
été établies en collaboration avec les enfants.
Les
enseignantes sont revenues sur certains
aspects problématiques : l’espace, bousculer les autres. Ne pas faire peur
aux camarades plus réservés…
Les enfants
avaient le droit de jouer à ces jeux dehors. Mais à certaines conditions :
-
Les
enfants pouvaient jouer à certains moments de la journée
-
Ils
devaient épargner ceux qui ne voulaient pas jouer à ces jeux et donc ne pas les
viser.
-
Ils
pouvaient aussi amener des figurines de la maison (ce qui en général est
rare à cause des chicanes, des exclusions et des drames autour des pertes): les
montrer à la causerie par exemple, les prendre à l’heure de la sieste ou pendant
la période autorisée à ces jeux. Le reste du temps, ils restaient dans leur
petit bac personnel.
Les enseignantes se sont mises à visionner les émissions
suivies par les enfants pour mieux comprendre leurs jeux.
Cela leur a permis de parler en toute connaissance de cause
avec les enfants. De commenter certaines scènes. «Qu’est-ce que le personnage
aurait pu faire d’autre»?
À vous de voir si l’intérêt y est et à
évaluer les conditions qui pourraient fonctionner pour vous et votre groupe
afin d’adopter les stratégies qui conviennent pour étayer le jeu des enfants au
besoin.
Comment utiliser cet intérêt pour amener les enfants plus
loin?-
-
Proposer aux enfants du matériel intéressant,
ouvert, peut diminuer le temps passé à ces jeux.
-
On
pourrait profiter de cet intérêt pour amener des enfants, pas trop portés sur
l’expression artistique, par exemple, à dépeindre leurs personnages préférés et
à élaborer un scénario, en dessin en
peinture. Ou représenter des personnages en pâte à modeler ou terre glaise. À
prendre des photos de leurs réalisations et en faire une histoire, etc.
Une enseignante a proposé aux
enfants : Pourriez-vous représenter des Super-héros. Les enfants avaient
des images et des livres qu’ils pouvaient consulter.
Un garçon a dessiné Hans Solo et la princesse Leia
On peut voir les macarons de chaque côté de la tête de la princesse et la ceinture spéciale de Hans Solo qu’il m’a désignée. (Photo Anne Mauffette)Le fait de représenter les personnages
et des bagarres en dessin ou par d’autres médiums que leurs corps fait en sorte que les enfants
se distancient de l’action.
Les petits personnages jouent la même
fonction.
Ci-dessous des extraits d’un grand
dessin fait par un enfant de 5 ans qui ne dessinait presque jamais. On constate
des essais d’orthographe inventé.
Photos Anne Mauffette |
Et un garage pour abriter les vaisseaux
-
On
pourra aussi parler de ceux qui créent les émissions, les auteurs et les
dessinateurs qui décident des personnages et actions.
Les enfants pourraient ensuite inventer des histoires comme à
la télévision et devenir des créateurs : ici un garçon a fait plusieurs
dessins et les a attachés ensemble pour les faire défiler et raconter ses
aventures.
Comme nous l’avons vu, les dessins
peuvent aussi être l’occasion de l’émergence de l’écriture.
-
L’ajout
de livres sur les Super-héros appropriés à leur âge dans le coin lecture
pourrait peut-être motiver certains dans l’émergence de la lecture. L’ajout de
casse-têtes peut inciter peut-être certains qui n’y sont habituellement pas
attirés.
On pourra proposer la réalisation de leurs propres bandes dessinées ou livres:
-
Comme
dans Astérix et Obélix, mes petits-enfants ont fabriqué beaucoup de potions
magiques qui donnaient toutes sortes de pouvoirs : celui de disparaître ou
faire disparaître, de guérir, de courir plus vite… Tout en faisant des
mélanges, ils évaluaient les quantités, les proportions (mathématiques) et s’exerçaient
au transvasage (motricité fine), etc.
- Les enfants pourraient aussi se choisir un pouvoir qu’ils aimeraient posséder et inventer un nom pour leur personnage.
- Créer des costumes :
- Ils pourraient créer une ville à défendre : soit en dessin ou avec des boites de carton.
-
On
pourrait proposer aux enfants de créer un hôpital où recevoir les «blessés» ce
qui aurait l’avantage d’inclure d’autres enfants ou un restaurant où les Super-héros
viendraient se sustenter.
-
Ou
encore, ajouter des hélicoptères et autres véhicules de sauvetages dans le coin
blocs.
-
On
pourrait introduire des connaissances scientifiques en étudiant certains animaux
auxquels certains Super-héros ont emprunté leurs noms et habiletés : Spiderman (l’Homme araignée) et Bat Man (l’Homme chauve-souris). On pourrait en profiter pour lire
sur les chauves-souris (voir le livre d’Élise Gravel), construire et installer une
cabane à chauve-souris.
On pourrait chercher des toiles d’araignées dans la nature, en regarder
dans des livres et en inventer avec toutes sortes de matériaux.
Pour d’autres exemples de toiles d’araignées, voir : https://jeulibrequebec.blogspot.com/search?q=Un+curriculum+%C3%A9mergent+%C3%A7a+a+l%27air+de+quoi
Explorer quels animaux ou insectes grimpent sur les
murs : les fourmis, les geckos, certaines grenouilles, les araignées.
Comment font-elles? Ceci peut donner lieu à un projet où de petits groupes
explorent les propriétés d’un animal ou insecte.
Explorer les notions :
- d’invisibilité (étudier les techniques de camouflage de certains
animaux ou insectes)
-de vol (observation d’oiseaux, faire voler des choses : objets,
cerfs-volants avions en papier, jouer avec un parachute et faire des parachutes).
Une enseignante a fait une invitation aux enfants: Plusieurs Super-héros
volent. Pourriez-vous faire voler des choses sans les lancer avec vos mains?
-de vitesse. Exemple : dans son groupe une enseignante a mis une
corde de 90 pieds au sol. Elle a ensuite invités les enfants à courir le plus
vite possible en les chronométrant toute en disant les secondes tout haut. Puis
elle a montré une photo d’un Cheeta qui le fait en une seconde. Les enfants ont
refait plusieurs fois spontanément le parcours sur la cour.
Certains animaux qui ont aussi les attributs recherchés comme la force peuvent être exploités comme certains dinosaures mais aussi les éléphants…ou les requins (qui ne sont pas tous «méchants»).
-
Ou
encore inventer des personnages de l’espace imaginaires par exemple.
- On pourra aussi discuter avec les enfants de qui a du pouvoir dans la vraie vie ? Les policiers et les militaires (qui ont des armes) et tous ceux qui décident bien sûr: les adultes (parents, enseignants, éducatrices, entraineurs…), les politiciens, les administrateurs, les patrons, etc.
- On pourrait discuter avec eux de comment ils pourraient avoir plus de pouvoir : bien manger, faire de l’exercice…
- Des qualités des Super-héros et comment on pourrait les acquérir.
-
Comment
ils pourraient eux-mêmes aider les autres et leur environnement. Un groupe dans
un milieu préscolaire a fait une levée de denrées alimentaires. Puis ils ont
écrits des mots à des Super-héros du quotidien : « Merci de nous garder en
sécurité». Mais cela pourrait être de composter, de ne pas jeter des choses par
terre, de faire des affiches pour inciter les gens à garder le terrain de jeu
ou la plage propre, d’établir une correspondance avec des personnes âgées, etc.
Ici, les enfants ont apporté des denrées à un centre et aidé la bénévole à mettre les items sur les rayons. Photos Boulder Journey School
-
Pour
ceux qui s’intéressent aux vaisseaux spatiaux, leur demander qui, pour vrai,
explore l’espace? Les astronautes et astrophysiciens. Parler des femmes
astronautes pour contrer le sexisme.
- Certains vont peut-être s’intéresser aux avions Supersoniques. Ils pourraient en fabriquer en papier.
- On peut aborder avec eux le sujet suivant: Qui sauve des vies pour vrai? Les médecins, paramédics, pompiers, policiers, des sauveteurs à la piscine et sur les plages, les pilotes qui luttent contre le feu, de braves gens qui viennent en aide à des personnes en danger et même des chiens (voir des Terre-Neuve sautant à l’eau d’un hélicoptère pour sauver une personne). Qui risque sa vie pour les autres? Les pompiers, policiers ou pour la science : les astronautes, par exemple.
-
On
pourrait regarder les émissions que les enfants mentionnent et échanger à
propos de celles-ci : « Est-ce que tu as aimé quand…?» «Pourquoi penses-tu
que c’est arrivé? » «Moi je n’ai pas aimé quand….».
«Dans la vie, cela ne se passe pas comme ça». « Comment penses-tu qu’ils
ont fait cette cascade?» « Est-ce cela pourrait- t’arriver? Qu’est-ce que tu
ferais dans cette situation?» « Si tu avais le même problème qu’est-ce que tu
ferais?» «Pourrais-tu trouver une solution où personne ne se fait mal?»
Photo : Mrs. Myers Kindergarten
- Échanger, en dehors du jeu, sur la différence entre la réalité et l’imaginaire. «Penses-tu que cela est possible dans la vraie vie?» « Qu’est-ce que tu as pensé de ceci ou cela?» «On dirait dans l’émission que la violence est un bon moyen de régler des problèmes, qu’est-ce que tu en penses?» « Qu’est-ce qui arriverait si tu sautais de si haut?» « Dans l’émission ils montrent quelqu’un qui saute à travers une fenêtre pour attraper quelqu’un mais dans la vraie vie, on ne peut pas faire cela, on serait vraiment gravement blessé.»
-
Discuter
des problèmes rencontrés lors de ces jeux : Il semble que certains veulent
jouer aux Power Rangers mais que d’autres n’aiment pas cela quand les Power
Rangers les approchent : «Qu’est-ce qu’on pourrait faire?»
Les enfants sont souvent surpris de la réaction d’autres enfants; « Mais on des bons!»
Utiliser un incident pour discuter en groupe, des façons de prévenir ceux-ci et comment résoudre un conflit. Insister sur la sécurité de tous.
- On pourrait aussi parler avec les enfants de la publicité : Est-ce que le jouet qu’on leur montre est aussi excitant que dans l’annonce? Aussi solide? Les sensibiliser au fait que des personnes font de l’argent en leur vendant ces produits.
- On pourrait aussi à travers des histoires contrer les stéréotypes liés au genre : Le monstre poilu de Pef met en vedette une petite fille courageuse qui brave le monstre.
Lire des histoires d’enfants qui règlent des problèmes sans armes : Le garçon Tam Tam qui met en déroute des ennemis avec son instrument ou Kirikou de Michel Ocelot qui démontre que la valeur n’attend pas le nombre des années.
-
On
pourra aussi ouvrir la discussion entre parents et éducatrices ou enseignantes
pour qu’ils soient au fait de ce qui se passe en classe et pourquoi.
- On pourrait proposer des jeux de bagarres supervisés : Voir les articles : https://jeulibrequebec.blogspot.com/2023/03/faut-il-interdire-les-jeux-de_25.html Et : https://jeulibrequebec.blogspot.com/2023/03/faut-il-interdire-les-jeux-de.html
-
On
pourrait s’interroger sur pourquoi nos enfants se sentent si vulnérables. Quel
pouvoir ont-ils dans leur vie? Ont-ils du pouvoir dans le choix de leurs
activités par exemple. Un enfant qui a des choix se sent plus en contrôle de sa
vie. Sont-ils écoutés, entendus? Pourrait-on encourager les activités qui leur
montrent leurs forces, leur résilience et leur courage (grimper dans un arbre, sauter
de plus en plus haut, transporter des choses lourdes, jouer à des jeux risqués,
etc.).
Conclusion
L’environnement
immédiat des enfants joue un rôle crucial dans l’apprentissage moral et
politique des enfants. Les parents jouent un rôle essentiel dans ce processus
et les autres adultes, autour d’eux, aussi.
Les enfants
construisent graduellement leurs idées sur ce qu’est un pays, un gouvernement,
pourquoi des gens ou des pays se battent, pourquoi il y a des riches et des
pauvres. Ils vont forger leurs attitudes à travers leurs expériences sociales
positives ou négatives et leur exposition aux similitudes et aux différences.
Il y a
plusieurs sources de violence dans le monde qu’elles soient d’ordre religieux,
patriotique, de territorialité, dans le sport ainsi que dans les émissions,
films et jeux vidéo. Certaines sont très réelles et d’autres imaginaires.
Idéalement,
on voudrait que les enfants soient le moins possible exposés à la violence des
médias.
Les enfants prennent l’information qu’ils ont
et jouent avec, construisent des significations qu’ils utilisent pour
interpréter leurs prochaines expériences.
Les jeux de guerre ou de Super-Héros
ne sont pas nouveaux, des générations ont joué aux soldats, puis avec la
multiplication des médias ont suivi les G.I. Joe, Karate Kid et une multitude
de personnages. Des enfants de maternelle nous ont mentionné aimer les
aventures de Hulk, Superman, Batman, Batwoman, Spiderman, Capitaine America, Ant-Man,
Ironman, les Transformers, les Pokémon (Pikachu), Wonder Woman, Super Hero Girls,
Catwoman, les Tortues Ninja, Thor, Miraculous, Shazam.
Il semble cependant
que dans les versions récentes, la violence est de plus en plus explicite.
Deux
théories s’affrontent face à ceux-ci: la vision développementale qui croit
dans la puissance positive du jeu et la vision sociopolitique qui suppose que
les enfants apprennent des leçons négatives en jouant à ces jeux. Les deux
camps ont des arguments valables et il n’y a pas de solution parfaite ni
unique à ce dilemme.
Bannir
totalement les jeux est une solution qui parait plus facile car cela règle en
apparence la question. Pas de discipline à faire, à part faire respecter
l’interdit.
Sauf que les
enfants trouveront des moyens détournés de le faire, mais ne pourront pas parler de ce qui les inquiète: la
communication est rompue. Et laissés à eux-mêmes ils deviennent encore plus
perméables aux influences extérieures.
La tolérance
zéro pour la violence est louable en soi, mais encore faut-il faire la
différence entre le jeu, donc la violence imaginaire et la vraie violence.
On ne
s’objecte pas, au primaire, au ballon chasseur dont le but est de «tuer»
l’adversaire en lançant le ballon le plus fort possible sur lui et de façon
précise.
On exploite
parfois au préscolaire les thèmes des
Chevaliers et des Pirates qui sont pourtant, eux aussi violents, ou les
Monstres. On préfère aussi les baguettes magiques qui en fait remplissent les mêmes fonctions
que les armes comme dans Harry Potter ou les personnages les utilisent pour se
défendre contre des vilains.
Quand on dit
à un enfant « c’est mal de faire semblant de tirer sur un autre» (même si
l’autre est d’accord), on lui met sur les épaules nos propres inquiétudes. En
le blâmant pour quelque chose qu’il aime, qui lui fait du bien, il se sent à la
fois coupable et incompris. Il se referme.
Les jeux
basés sur des émissions de Super-Héros peuvent être bénéfiques aux enfants à
condition qu’il y ait la présence constructive d’un adulte lors des
visionnements et pendant et après leurs jeux.
Le enfants
ne comprennent pas nos réticences face aux jeux de Super-Héros : «mais on
fait semblant», «c’est pas pour de vrai». Les désirs des enfants reflètent
leurs besoins. Et ils veulent se sentir acceptés et compris.
Et si on
essayait de voir leurs jeux avec leurs yeux d’enfants au lieu d’y coller nos
préconceptions, nos hantises? Car
certains enfants en ont besoin. Ils y trouvent un moyen de s’enhardir, de
devenir plus braves.
Au bout du
compte, pour eux, c’est la joie de se sentir grand et fort, d’être capable de
survivre à n’importe quoi, de surmonter tous les embûches. De maîtriser sa vie.
Leurs héros leur parlent de résilience. Nous pouvons reconnaître la valeur de
cela.
Nous voulons
tous un monde sans violence. Permettre aux enfants de s’exprimer à travers le
jeu est une façon d’y contribuer. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas leur
dire ce que l’on n’aime pas. L’adulte a
un rôle de médiateur à jouer dans cette arène.
Il ne s’agit
pas bien sûr de faire la promotion des Super-héros. Mais simplement de rester ouverts
aux intérêts des enfants quels qu’ils soient.
Nous somme des
modèles pour les enfants. Ce que nous
leurs disons compte, les limites et conséquences qu’on leur impose comptent
ainsi que les expériences qu’on leur propose.
Mais surtout ils nous regardent. Nous sommes leurs points de référence
tous les jours. Quand nous traitons les autres avec bienveillance, faisons
preuve d’empathie, de générosité, de tolérance, d’accueil, nous témoignons de
nos valeurs et ils auront tendance à nous imiter, nous aussi.
Références :
Desalyn De-Souza and Jacqueline Radell (2011) Superheroes. An Opportunity for Prosocial Play, Young Children, July.
Edman S.; Downing M. (2015) The science of superheroes, Teaching Young Children February Marc. Vol.8 No.3: https://www.naeyc.org/resources/pubs/tyc/feb2015/science-superheroes
Jones, G. (2002) Killing
Monsters: Why children need fantasy, heroism and make believe violence,
Basic Books
Levin D.; Carlsson- Paige N. (2006) The War Play Dilemma: What Parents and
Teachers need to know, second edition Teachers College Press
Levin D. (1998) Remote Control Childhood: Combating the Hazards of Media Culture. National Association for the Education of Young Children, Washington, D.C.
Paley V. (2014) Boys and Girls: Superheroes in the Doll Corner new edition, University of Chicago Press
Penny Holland: War Play in
the Nursery: Zero tolerance May harm Both Boys and Girls
New Therapist (Winter 2000) London; European Therapy Studies Institute.
Venier, A.; Tingle Broderick, J.; Bock Hong, S. (2022) What makes you powerful? Innovations in Early Education: The International Reggio Emilia Exchange.
Les trois blogs:
What we
learned by Investigating Superheroes: Inquiring minds, Mrs. Myers Kindergartwn
Blog: http://mrsmyerskindergarten.blogspot.com/2017/03/what-we-learned-by-investigating.html
The Superhero Inquiry Project : The Curious Kindertgarten Blog : https://thecuriouskindergarten.blog/2018/02/06/the-super-hero-inquiry-project/
Teacher Tom's blog. 'No Super Hero play here' february 2017: http://teachertomsblog.blogspot.com/2017/02/no-super-hero-play.html
Quel article intéressant et inspirant! Merci! Dans ma classe j'ai un élève arrivé en cours d'année d'un camp de réfugiés. Il y est né. Sa famille (7 enfants) vient de Syrie, mais ils ont vécu dans d'autres pays en attendant d'être dans ce camp de réfugiés. Mon élève est le dernier de sa famille. L'avant-dernier est mort à cause de la guerre. Je suis très mal à l'aise avec les jeux de fusils et spécialement quand je le vois se coucher et imiter un tireur d'élite avec un grand bloc de bois. Je trouve ça délicat d'aborder le sujet des armes avec lui. Je lui ai dit que je n'aimais pas la guerre et que par conséquent, je ne voulais pas que les enfants jouent avec des fusils à l'école. J'ai utilisé Google traduction et fait dire: "Je n'aime pas la guerre." en arabe pour être certaine qu'il comprenne. Il m'a fait signe qu'il comprenait, mais le jeu revient de temps en temps. As-tu des conseils pour moi? Merci!
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