Par Anne Gillain Mauffette
Voir section précédente: Les milieux éducatifs préscolaires nord américains
(Note : nous ne décrirons ici que les écoles pour les 3 à 6 ans)
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On retrouve une description détaillée de l’importance et de l’organisation de l’environnement physique dans Children, Spaces, Relations : Metaproject for en environment for Young Children, Ceppi& Zini (1998).4 On y insiste sur le droit des enfants d’être éduqués dans des espaces bien pensés pour eux: des environnements planifiés pour un apprentissage multi-sensoriel, qui favorise les relations entre personnes et avec les objets ainsi que l’expression des idées. On prévoit donc des endroits confortables pour que les enfants puissent se réunir mais aussi pour les parents et les enseignants et des matériaux qui invitent à l’exploration, la création, la résolution de problèmes. «Aucun espace n’est marginal, tous les recoins sont importants et chaque espace doit être vivant et ouvert au changement» (traduction libre de Caldwell, 19973).
- Plan d’ensemble
Dès l’entrée, la présence de toutes les personnes fréquentant l’école est palpable, même quand ces personnes sont absentes. Ici aussi on est assailli, mais par des photos, des mots, des histoires de projets passés et en cours qui nous renseignent sur ce qui s’est vécu, se vit ici. Un soin particulier est donné à l’entrée à la fois comme lieu d’accueil et de communication ainsi comme lieu de transition entre l’extérieur et l’intérieur.
Lorsque l’on rentre dans l’école Diana par exemple, des fenêtres du plancher au plafond abolissent la frontière entre le dedans et le dehors. L’architecture des lieux épouse l’environnement de l’école (située dans un parc). L’école recrée une réplique de la société: ici, comme dans les autres écoles, il y a une piazza (un espace ouvert), lieu de jeu et de rencontre comme on en retrouve dans la ville.
La piazza de l’école Diana offre toutes sortes de possibilités de jeu : un magasin (avec de vrais légumes), un kaléidoscope pour plusieurs personnes, des déguisements, un théâtre de marionnettes, des miroirs déformants, invitant les enfants à investiguer, s’attarder, converser et collaborer.
Les classes donnent sur ce lieu commun éliminant la nécessité de corridors.
L’école renferme aussi des espaces aux fonctions et dimensions variées, souvent en enfilades; des lieux pour construire, bouger (jeux moteurs, danse), faire semblant, parler, s’émerveiller, se questionner et réfléchir, trouver, travailler avec différents matériaux, écrire, lire; des lieux intimes où l’on peut se concentrer sans distraction ; des lieux pour les grands groupes et les petits groupes.
La culture italienne est aussi très présente: on voit tout de suite que les enfants sont exposés à leur héritage culturel. Le rôle des arts dans la vie italienne est visible ici : un mini atelier dans chaque salle et un grand atelier pour toute l’école.
On sent aussi que la réalité contemporaine s’infiltre dans l’école qui devient une interface entre l’enfant et le monde et qu’en laissant pénétrer l’extérieur, les enseignantes acceptent aussi le jeu et les images de la culture populaire (histoires des enfants inspirées de la télévision…).
- Importance de la lumière
Un aspect saillant est la luminosité dans l’école. On accorde ici beaucoup d’importance au type et à la variété des sources de lumières. La quantité et la qualité de la lumière a des effets biologiques et émotifs mais aussi une fonction esthétique. Bien sûr, elle assure la visibilité mais elle est aussi source de sensations et crée des atmosphères.
La lumière naturelle parvient souvent de différentes directions (latérales, verticale) grâce à la quantité de fenêtres, la transparence entre les salles, des cours intérieurs, des puits de lumière.
Elle est considérée comme nécessaire pour que les enfants puissent sentir le passage du temps et rester en harmonie avec l’extérieur et conscients des changements (climat, heure du jour, saison, couleurs). Elle peut être modulée, filtrée, texturée par des moyens que les enfants peuvent souvent eux-mêmes utiliser ou créer (écrans coulissants, treillis, papier texturés, travaux des enfants sur supports transparents).
On utilise plusieurs formes de lumière «artificielle» (incandescente, fluorescente, néons…) pour créer un paysage aux luminosités variables. On peut obtenir des gradations différentes d’intensité de lumière dans un même environnement grâce à des rhéostats et des points de lumière différents. Avoir plusieurs lampes qu’on peut déplacer donne plus de flexibilité.
La lumière et les ombres servent aussi de matériel de jeu et de création (utilisation de tables lumineuses, projecteurs à diapositives, rétroprojecteurs, ombres chinoises, projections digitales, etc.).
- Les murs, l’ameublement
Les murs des écoles nous racontent l’histoire de la vie de l’école sous forme de panneaux de documentation faits de photos des enfants, de leurs mots et des interprétations des enseignants. Le travail et les dires des enfants sont clairement visibles dans l’espace de l’école et communiquent clairement aux enfants, parents et la communauté le respect qu’on a pour les habiletés, les compétences et le potentiel des enfants.
Tous les aspects de l’environnement physique sont évalués selon leur potentiel éducatif.
L’objectif étant que tous les éléments présents dans l’environnement soutiennent le développement cognitif, social, artistique et esthétique des enfants.
Les murs servent de fond à la communication, documentation, à la mise en valeur des productions et sont souvent de couleur neutre et servent d’éléments unificateurs pour les images accrochées au mur.
Les portes, les cadres de fenêtres ainsi que toutes les surfaces qui serviront pour supporter ce qui est affiché, exposé, sont aussi de couleur discrète. Bien que le bleu, le rouge et le jaune soient présents dans l’environnement ils sont utilisés dans des degrés de saturation et de brillance moins élevés; on utilise beaucoup de tons et demi-tons, de couleurs hybrides et composées ou même changeantes. Si une couleur est prédominante elle est souvent atténuée par des couleurs complémentaires. Le résultat final se situe dans des teintes moyennes tout en gardant une saveur chromatique. On retrouve dans l’ensemble de l’école une variété de couleurs dont le but est que chacun retrouve quelque part sa couleur préférée.
La richesse du paysage chromatique (couleurs opaques, transparentes, chaudes, froides, lisses, brillantes, rudes) développe la sensibilité esthétique des enfants en leur procurant une variété de sensations. La couleur sert aussi à définir les espaces. Elle sert également de matériel de jeu (expérimentations sur le rétroprojecteur…).
Des miroirs sont utilisés sur les murs, les étagères, des plates-formes, le plafond et même au sol donnant des perspectives différentes aux objets et renforçant le sens de l'identité des enfants. On joue avec la hauteur des plafonds (treillis suspendus, tissus…) pour définir des espaces et créer une atmosphère particulière. Des plafonds, pendent des mobiles de branchages, de fils de fers et de perles et autres productions des enfants.
L’ameublement lui, (étagères, contenants) peut être de couleur plus appuyée mais dans des degrés de saturation bas ou monochromatique pour donner un ton chromatique mais ne pas être exhaustif : il faut laisser de la place aux enfants eux-mêmes et leurs productions qui vont remplir l’espace de couleurs additionnelles. Les objets, eux, peuvent être plus colorés.
Certains éléments qui ont une valeur didactique ou environnementale particulière peuvent servir d’accent. Les planchers sont plutôt neutres et sans motifs.
Des plateformes servent parfois pour les rassemblements. Elles servent aussi d’espaces de construction et de rangements pour les jeux de blocs. Certaines sont parfois recouvertes de miroirs. Elles servent aussi aux jeux de faire semblant et aux créations artistiques.
De nombreuses étagères et tables offrent un matériel attirant et abondant.
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