Par Anne Gillain Mauffette
Nous décrirons ici des maternelles québécoises mais de nombreux aspects s’appliquent aussi, je crois, aux autres milieux préscolaires comme les CPE.
Par nécessité, cette description d’un milieu typique, est une généralisation grossière qui ne reflète pas toutes les classes, loin de là. Il ne faut y voir qu’un exercice pour jeter un regard nouveau sur notre environnement quotidien et un outil pour en transformer, si on le juge désirable, un aspect ou un autre. Alors entrons…
- L’entrée et la classe de maternelle
Lorsque l’on entre dans l’école chez nous, il y a habituellement un corridor pour la circulation des élèves et enseignants dans lequel on doit circuler aussi silencieusement que possible pour accéder aux classes, situées de chaque côté.
La classe de maternelle était traditionnellement subdivisée en «ateliers» (aussi appelés centres, coins, aires d’apprentissages) incluant du matériel pour les arts, la mathématique, la lecture, les sciences ainsi que des jeux de manipulation, des blocs, un coin maison ou d’expression dramatique. Plusieurs de ces « coins» de jeu ont maintenant disparu. Il y a aussi une aire de regroupement. Souvent le coin blocs, quand il y en a, joue ce rôle.
Si on regarde les murs on retrouve souvent des affiches et des tableaux de gestion, produits commercialement ou fabriqués par l’enseignante. Parfois le menu (horaire) de la journée est inscrit au tableau ou sur un panneau sur un chevalet. A côté du calendrier ou inclut aussi un tableau climatique.
En haut des murs ou des tableaux, il y a souvent des frises décrivant l’alphabet ou les nombres. Sur des babillards on voit parfois des formes géométriques découpées. On retrouve de plus en plus, des listes de mots qui commencent par la même lettre ou qui riment. Des affiches en rapport avec la saison ou des représentations de personnes jouant des rôles dans la société (facteur, infirmière, pompier…) peuvent aussi être présentes ainsi que de l’information sur les dinosaures, les parties du corps, les animaux ou les planètes selon le sujet à l’étude.
Les babillards sont parfois couverts de papier de couleur et entourés d’une bande de carton décorative parfois avec des festons: ceux-ci sont souvent de différentes couleurs. Il y a aussi, de plus en plus, un tableau blanc interactif. Il peut y avoir des mobiles ou des choses faites par les enfants ou encore des mots, identifiant les ateliers ou des objets, suspendus au plafond. L’impression visuelle est souvent celle d’un bombardement d’images.La pièce peut paraître trop pleine à cause de la quantité de meubles et d’étagères.
- Sur les murs
Juste par le matériel et ce qu’il y a au mur, on sait qu’on est dans une maternelle.
Une esthétique particulière est créée par les symboles stéréotypés et les caractéristiques visuelles des éléments dans la pièce. Les affiches (pictogrammes) ont souvent une ressemblance avec les dessins animés ou les cartes de souhaits et sont souvent achetés dans les centres commerciaux, centres de bricolages ou les magasins spécialisés pour enseignants.
Les travaux sont souvent envoyés rapidement à la maison sauf ce qui est gardé pour le portfolio. Quand ils sont exposés, ils le sont souvent sur fond de papier ou carton de couleur, décorés de bordures et parfois placés de biais dans des angles différents.
Il y a peu de traces d’artefacts crées par la culture ambiante et mondiale ce qui laisse penser qu’on croit que cela n’intéresse pas les enfants et qu’ils sont encore incapables de réagir à la richesse et à la diversité de ceux-ci. La classe semble imperméable au monde extérieur. Pourtant, à y regarder de plus près, on se rendrait compte par exemple, que les enfants sont très intéressés par les objets authentiques et les productions artistiques de leur culture et de celles des autres.
- Le matériel
Ce que nous destinons aux enfants, est le miroir de l’idée que nous nous faisons des enfants.
Lorsqu’on feuillette les catalogues canadiens ou américains de matériel éducatif, on est frappé (ou habitué) de voir la dominance des couleurs primaires aussi bien pour l’ameublement, l’équipement que les jeux et les jouets : le bleu, le rouge et le jaune sont à l’honneur (les pastels pour les bébés ou les jouets destinés aux filles. On semble vouloir saturer l’environnement de ces couleurs s’appuyant sur la conviction que les enfants préfèrent les couleurs fortes et doivent apprendre les noms des couleurs primaires. Pourtant les enfants ont une palette beaucoup plus large de couleurs préférées.
Dans ces catalogues, on peut se procurer une grande quantité et variété d’images (dont les formes ont été simplifiées) de pommes, d’autobus, de fantômes…Puisque la plupart des écoles s’approvisionnent auprès des mêmes fournisseurs, cela peut donner une certaine impression d’uniformité.
Le matériel de jeu varie beaucoup d’une classe à l’autre, certaines étant mieux pourvues que d’autres. Dans certains cas, les blocs ont disparu, les déguisements aussi, le matériel présent étant plus axé sur la littératie et les mathématiques.
On retrouve dans certaines classes un ordinateur, dans d’autres les enfants vont dans un local spécial pour y avoir accès. Dans certains cas, les enfants ont accès à des tablettes.
Les objets qu’on retrouve à la maison : vases, mobilier confortable, collection de matériaux naturels ou de trésors trouvés, ne sont en général, pas considérés comme faisant partie du matériel typique d’une classe. Au niveau visuel et opérationnel on a l’impression que la maison et la maternelle sont des entités séparées : la maison c’est la maison, l’école c’est l’école. Il y a cependant un renouveau qui s’amorce dans certaine milieux.
On retrouve de moins en moins dans les classes un hamster, un oiseau ou des poissons et des plantes. Une fois par année les enfants vont peut-être semer des graines dans un petit contenant. À moins qu’ils n’aient la chance de cultiver un jardin.
- L’extérieur
Il reste souvent le parent pauvre de l’école. Dans la plupart des cas, la cour d’école n’a pas été préparée à des fins pédagogiques. Il s’agit souvent d’une espace plat, couvert d’asphalte et entouré d’une clôture de type «Frost» qui sert aux récréations et aux services de garde. Il y a parfois des structures de jeux, réservés à certains groupes d’âge, qui demandent une gestion des groupes qui peuvent y jouer. Heureusement depuis quelques années des projets de naturalisation de cours d’école et de classes extérieures ou d’écoles de la nature, ont ou vont transformer ce paysage austère et inhospitalier.
Photo prise par Anne Mauffette Photo Steven Leblanc:https://www.journaldemontreal.com/2019/10/05/voici-la- carte-des-meilleures-et-des-pires-cours-decole |
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