Par Anne Gillain Mauffette
Introduction
«Le développement
cognitif repose sur le développement psychomoteur». 2C p.9
L’expression
motrice, selon Monzée, est le premier mode d’expression de l’enfant avant même
qu’il ne possède le langage.
«C’est
l’effet combiné de la maturation du système nerveux, de la croissance et des
expériences psychomotrices qui permet le développement de toute la personne». 2Ap24
«Comme
le constatait Piaget, le jeune enfant construit sa pensée à partir de son
activité sensorimotrice 2 A p.174». « Permettre à l’enfant de bouger
et d’agir, c’est donc lui permettre non seulement de développer ses habiletés
motrices, mais c’est aussi lui permettre d’apprendre à penser 2A p.175».
«La pratique psychomotrice est donc indispensable à son
développement pendant la petite enfance et la période préscolaire». Cet article traite de cette deuxième période (les enfants
de 3 à 6 ans).
«La pratique éducative psychomotrice intègre
les connaissances actuelles que nous avons du parcours de maturation
psychologique de l’enfant de moins de 7 ans et correspond en tous points aux objectifs
des programmes éducatifs destinés aux enfants d’âge préscolaires». (2 A p.170)
«La psychomotricité mise sur le jeu de l’enfant et est conséquente avec les données scientifiques qui reconnaissent le jeu comme premier moyen d’apprentissage de l’enfant
«Des études
montrent que pendant cette période, c’est le jeu initié par l’enfant qui
contribue le plus à son développement psychique. Pouvoir s’adonner à un jeu
qu’il structure, qu’il organise par lui-même dans un environnement qui répond à
ses besoins psychiques notamment de sécurité, d’être vu, entendu et reconnu».
Mais
l’observation des enfants, sur la cour par exemple, va nous montrer que
certains enfants prennent moins ce genre d’initiatives: ils vont plutôt jaser
entre eux, s’isoler, se tenir près du surveillant ou que pendant les périodes
de jeu à l’intérieur, ils vont choisir des jeux plus statiques (casse-tête,
jeux de société). . De plus les jeux peuvent être répétitifs surtout si
l’environnement n’est pas varié, et ne pas toucher à tous les aspects de la
psychomotricité.
Il faudra
donc compenser par de activités orientées ou dirigées par l’enseignante. En
fait, une alternance entre les deux est recommandée, afin d’élargir le bassin de
mouvements des enfants et les raffiner. L’activité spontanée de l’enfant va
être complétée par de situations proposées par l’adulte. Si l’activité est
pertinente, les enfants vont s’y engager volontiers.
Il
y a souvent plusieurs manières de présenter les choses. Dans le gymnase par
exemple ou sur la cour d’école, une enseignante ayant l’intention de faire
découvrir différentes façons de sauter peut s’y prendre de plusieurs façons.
L’une
peut démontrer différents types de sauts (à un pied, tourné, en longueur, etc.)
et demander aux enfants de l’imiter.
Une
autre va peut-être jouer à «Jean dit»
(il y a même une version électronique de cela).
Une
autre encore va proposer aux enfants de lui montrer différentes façons de
sauter; ceux-ci vont en trouver et inventer plusieurs.
Dans les trois cas, il s’agit d’exercices psychomoteurs qui
seront agréables pour les enfants car ils aiment bouger mais on peut voir que
dans le troisième, les enfants ont plus de latitude d’action et de place pour
leur créativité (encourager la pensée divergente, l’expression d’idées
originales).
Une
enseignante peut décider d’organiser un parcours pour les enfants et une autre,
après avoir introduit le concept, proposer aux enfants d’en organiser, en
équipe, avec le matériel mis à leur disposition.
Cette deuxième manière, va complexifier l’activité et les
apprentissages et toucher à encore plus de compétences du programme. En plus de l’exercice de motricité globale
demandé en suivant le parcours, les enfants vont en le créant eux-mêmes, être
obligés en plus de négocier et planifier, donc exprimer leurs idées, de se mettre d’accord et prévoir toute
l’organisation spatio-temporelle de l’activité : on va faire d’abord ceci, puis
cela; on va mettre ceci ici et cela là. Ils vont aussi aborder des notions de
mesure (pour ne pas placer les cerceaux
trop éloignés les uns des autres
parce qu’on n’arrivera pas à sauter ou s’efforcer de les placer à égales
distances) et manipuler des objets plus ou moins lourds. Ils vont l’ajuster
après l’avoir essayé. Ils vont démontrer aux autres enfants les actions à poser tout au long du parcours
et expérimenteront ceux crée par les autres. Ils en tireront sans doute une
grande fierté.
Mais
regardons d’abord ce qu’est la psychomotricité et ce que cela comprend?
La
psychomotricité c’est la relation entre la neurologie, la physiologie la
psychologie et l’activité motrice. Entre le mouvement et des aspects mentaux et
affectifs. La psychomotricité, c’est aussi le développement du moi qui agit et
qui organise progressivement les connaissances acquises dans l’action.
Composantes de la
psychomotricité
-
La perception et l’organisation sensorielle
La
perception sensorimotrice est le processus par lequel on peut sentir les
sensations. On va recevoir et interpréter les signaux de notre environnement et
ensuite agir : «Oh! Il fait froid, je vais mettre mon manteau».
Le corps est
le premier objet perçu par l’enfant : bien-être, douleur, sensations
visuelles et tactiles, mobilisation des membres et déplacements. Celui-ci va
choisir et réagir à certains stimuli qui mobilisent son attention. Il va
continuellement affiner ses perceptions.
L’éveil des
sens peut prendre différentes formes :
· Les
sensations tactiles
Être touché et toucher est essentiel à la survie. Les enfants ont
d’ailleurs tendance à toucher à tout; c’est un de leurs premiers moyens
d’apprendre.
Exemples :
-
Toucher du sable sec, mouillé, de la
terre, de la boue, l’eau, de la peinture aux doigts, des surfaces lisses ou de
différentes rugosités et textures, des objets durs, mous, piquants, agréables ou
non, facile ou non à saisir, plus ou moins chauds ou froids, vont développer la perception et sensibilité
tactile des enfants.
-
Les
bacs sensoriels si populaires dans certaines classes, sont une façon de
satisfaire ce besoin.
- Deviner des objets dans un sac en le tâtant (pour rendre cela plus facile, on peut avoir montré l’ensemble des objets d’abord ou donner des indices : c’est rouge, ça se mange…).
· Perception visuelle, discrimination et mémoire visuelle
Il s’agit de percevoir des objets visuellement, les reconnaître et
analyser leurs caractéristiques et différences. C’est aussi la perception des
formes en général (géométriques ou autres, celles des lettres), des contours et
des couleurs.
L’enfant est bombardé d’éléments visuels dans sa vie quotidienne. Il s’agit de s’arrêter avec lui pour mieux observer les choses.
Exemples :
-
Les
promenades en nature accompagnées de dessin d’observation sont un excellent
moyen de faire ralentir les enfants et leur apprendre à regarder vraiment.
-
Les
jeux de Kim (on montre une série d’objet
puis en fait disparaître un, lequel manque?) ou de mémoire, vont aider les
enfants à remarquer et se rappeler des différentes qualités des objets ou
images.
-
Les
lettres de toutes sortes à manipuler (magnétiques, étampes, etc.) vont obliger
les enfants à bien examiner les formes et les retenir.
- Les jeux de sable et d’eau (transvaser va initier les enfants visuellement aux notions de quantité (plus ou moins plein).
· Perception,
discrimination et mémoire auditive
La discrimination auditive, c’est percevoir des bruits et des sons et
être capable d’identifier des différences entre eux.
Exemples :
-
On
peut faire écouter des sons enregistrés aux enfants (sons d’animaux, d’objets de tous les jours,
de véhicules) et leur faire deviner de quoi il s’agit.
-
On
peut demander aux enfants de chercher des objets qui font un bruit ou son. Nous
allons les écouter d’abord, puis les enregistrer et les enfants vont les
réécouter et tenter d’identifier ce qui a fait ce bruit («C’est le papier que
Nicolas a déchiré»).
- Ces habiletés peuvent surtout être travaillées à partir de l’expression musicale. Les enfants vont identifier certains sons faits par leurs camarades et leurs caractéristiques, se rappeler de leur succession
- Fabriquer des instruments (maracas avec différentes sonorités)
-
Les enfants vont spontanément réagir à
certaines musiques et synchroniser leurs actions.
Voir les deux articles sur
l’expression sonore :
https://jeulibrequebec.blogspot.com/2022/01/petites-explorations-musicales-1.htm et
https://jeulibrequebec.blogspot.com/2022/11/petites-explorations-sonores-2-la_68.html
-
On
va aussi amener les enfants à chanter à écouter et apprendre des comptines ou
petite poésies où ils auront l’occasion d’identifier des rimes, des sons
identiques ou différents et à les qualifier (strident, doux, forts, moyens,
longs, courts, aigus, graves, etc.).
Cela fait partie de la conscience phonologique bien connue des éducatrices et enseignantes
-
Des
jeux (comme « Jean dit», «Lumière
rouge») ou les enfants doivent répondre (ou non) à un signal ou un autre va
aussi développer leur attention et leur réponse à des stimuli choisis, ainsi
que leur auto- régulation.
- Jouer avec nos voix : faire des sons d’une voix aigue, grave, des sons long des sons courts, forts faibles, dire son nom de différentes façons ou encore les yeux fermés, deviner qui a parlé, sont des exercices de discrimination auditive mais aussi de conscience de notre corps et ses possibilités et de connaissance de l’autre.
· Perception olfactive (L’odorat)
Exemples :
-
On
peut apporter différentes herbes à faire sentir aux enfants : la lavande,
le basilic, le romarin, le thym, l’origan, la ciboulette, la coriandre ont
toutes des odeurs très caractérisées. On peut ensuite leur faire deviner
laquelle les yeux fermés. Ils s’en souviendront encore plus s’ils les ont
plantées.
- Plusieurs fruits ont aussi des odeurs assez puissantes pour pouvoir être sentis puis reconnus : fraises, oranges, etc.
· Perception
gustative (Le goût)
Toutes les dégustations de fruits et de légumes se prêtent au développement du goût.
· L’organisation
perceptive
C’est l’habileté à percevoir les sensations conduisant à des connaissances sur les objets et leurs relations. L’enfant va apprendre à distinguer les caractéristiques des objets, à établir des ressemblances et différences et va pouvoir les regrouper et les classer (mathématiques).
Exemple :
Certains projets comme celui-ci sur l’alimentation et les fruits unissent
à la fois la perception et discrimination visuelle, tactile, olfactive et
gustative :
-
Le schéma corporel
Le schéma corporel c’est l’organisation des sensations par rapport à son propre corps en relation avec l’environnement. Il se construit et change constamment «en fonction de l’expérience et des les modifications progressives du corps» (2A p.75). C’est à la fois la conscience du corps et la connaissance du vocabulaire du corps qui va amener à une image mentale et une représentation de celui-ci.
· Conscience
de son corps à l’arrêt et en mouvement
La conscience du corps passe par trois étapes : le corps vécu, le
corps perçu et le corps représenté.
Le mouvement va donner l’occasion à l’enfant de sentir son corps en action.
Exemples :
-
Sentir
son corps en faisant rouler une balle ou en se touchant avec des plumes
Photo Segni Mossi:: https://www.facebook.com/share/v/1K72ZwYEcA/
- Danser alors que son ombre est projetée sur le mur ou une surface va servir de miroir aux enfants
- Bouger danser devant des miroirs
- On peut donner à des enfants différents rôles de sportifs : patineur, boxeur, skieur de fond, joueur de ballon panier, de soccer et le groupe doit deviner
- Se déplacer comme un fantôme, une sorcière, un monstre, une fée, un roi. Un clown, un éléphant, un papillon, etc.
- Se déplacer comme une vague (en va et vient), une balançoire.
· Conscience des parties
du corps et ce qu’elles peuvent faire
Photo prise dans la vidéo de Segni Mossi Mirror
Exemples :
- On peut apporter un bonhomme articulé en classe et demander aux enfants de lui faire faire des positions et de les imiter.
- Le jeu du miroir : face à face, un enfant est le meneur et adopte des positions et fait des gestes (pas trop rapides) et l’autre l’imite, puis on change. Voir la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/FbtEQh-3puA?si=LUIo7rH-jCCz_u5d
- Un enfant adopte une position, tout le monde l’imite puis on change.Voir le début de la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/iL_JsN3P4ic?si=FyaGJ0clic7wJx77
- Sculpter un ami : les enfants font prendre des positions différentes à un des enfants. Voir la vidéo de Segni Mossi : https://www.facebook.com/share/v/17piG12S6u/
- On demande à la moitié des enfants d’inventer des façons de créer un pont avec leur corps. Puis on va demander à certains enfants de passer sous les ponts. On va ensuite proposer aux enfants de faire des ponts à deux. Puis à trois.
- Dessiner avec ses pieds, au sol ou sur le mur.
- Il y a des enregistrements qui suggèrent certains gestes aux enfants qu’ils vont interpréter à leur guise : exemple :« Donne- moi un cerceau» pour en faire une flaque d’eau, il deviendra une auto (les enfants conduisent leur cerceau), etc. Pour les paroles, voir : https://www.youtube.com/watch?v=xyh_3apK7Wg
- Pour nommer et retenir le nom des parties du corps : demander aux enfants de faire des variantes de tête-épaule-genoux-orteils en changeant les mots, en incluant le menton, les coudes, les chevilles, les fesses, etc. D’autres chansons comme «Je ne suis pas fait comme une hirondelle»:https://youtu.be/dVY-U4zFheg?si=1OE-SVdbkqBBWqey
- Vous pouvez aussi simplement demander aux enfants de toucher telle ou telle partie de leur corps, puis de le faire les yeux fermés.
- Regarder des livres sur le corps, l’anatomie.
- Faire des casse-têtes de corps
· L’image du corps
Le schéma corporel touche à l’image de son corps que l’enfant se fait de
lui-même. Cette image va se modifier continuellement.
On peut en voir des traces dans ses
représentations de soi qui progressivement se transforment. Mais même si un
enfant sait qu’il a un cou, il ne le représente pas toujours, dans ses
premiers dessins de lui-même. Rien ne
sert de lui faire remarquer mais plutôt proposer des jeux-exercices qui vont
attirer l’attention sur cette partie du corps (rouler un ballon partout autour de soi, dont autour du cou,
fabrication de colliers, se chatouiller avec une plume, etc.
Voir la vidéo de Segni Mossi et les jeux avec des balles : https://youtu.be/981I63CZQ1c?si=i1XfvsFxHdPjlBtF
La représentation du corps est un élément important de prise de
conscience de celui-ci :
Exemples :
-
Étudier
son visage dans un miroir et le représenter ou (et) étudier une photo de notre
visage et le représenter.
-
Étudier
une photo de ses yeux puis les représenter
- Représenter une émotion avec notre visage puis le dessiner à partir d'une photo
-
Représenter
des visages avec des objets
Les enfants
pourront s’inspirer de ce jeu puis trouver des objets dans le local ou la
nature pour composer leurs visages.
Une activité souvent réalisée en CPE ou à la maternelle est le tracé du corps de l’enfant. On peut aller plus loin en l’habillant (cheveux, habits) et en ajoutant des photos prises des yeux des enfants.
Les enfants peuvent aussi se représenter en 3 dimensions : avec de
la glaise, des éléments naturels, etc. À droite, à partir d’une photo prise en
mouvement.
-
Représenter
le corps d’un ami qui prend la pose puis changer de place
- Représenter le corps en mouvement : Les enfants sont par paires. Un enfant fait un mouvement et l’autre essaie de le représenter en dessin (sauter/des barres de haut en bas, tourner, un spirale, etc.) Voir la vidéo de Segni Mossi: https://youtu.be/l2A6L5mZifA?si=1O6i1HmrrgTixoK3 et
https://youtu.be/m0m1tyKBVjQ?si=WXXXempAf3zqO1C
Étudier la palette de couleur et choisir celle qui correspond le plus à la nôtre
L’atmosphère accueillante créée par les adultes, leurs encouragements, un accent sur l’inclusion et l’appréciation de la diversité vont aider les enfants à développer et à conserver une image positive de soi.
· L’espace
occupé par son corps et celui des autres
On va aider l’enfant à sentir la place qu’il occupe dans l’espace.
Exemples :
- Se faire le plus petit possible, le plus large possible, le plus grand possible, le plus gros possible, s’étirer, se regrouper
-
Sentir
la place que prend le groupe :
Les enfants se promènent dans toute la salle librement, au signal ils se regroupent tous autour du meneur dans le centre de la pièce, dans un coin.
· Le tonus
Notre tonus fluctue selon nos émotions. On est plus tendu ou moins selon
les situations et contextes. Mais certains sont plutôt hypotoniques et d’autres
hypertoniques.
On va vouloir que les enfants prennent conscience des états de tension et relâchement
Exemples :
-
Couché
ou debout, on est des Spaghetti durs, spaghetti cuits
-
Alterner
la marche ou des rythmes robotiques et des musiques qui incitent à l’étirement,
au relâchement, à la souplesse.
-
Le
yoga avec les enfants ou des séances de relaxation.
-
Des
massages entre enfants:
Voir la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/MfsK6WOPJeU?si=SaeUlsa3-UIVR_LS
- On va faire prendre conscience aux enfants des différents états dans lesquels ils se retrouvent : par exemple quand ils sont fâchés, leurs poings se serrent, quand ils ont envie de pleurer, leur gorge se serre, quand ils ressentent du bien-être leur corps se détend...
· Le tempo
C’est le rythme propre du sujet. Certains ont un naturel plus rapide et d’autres plus lent. Ce terme est aussi utilisé en musique.
· La perception
sensorimotrice
Elle nous permet de reconnaître nos états : bien-être, tension et de reconnaître nos émotions.
· Les
sensations kinesthésiques.
Il s’agit des sensations :
-
extéroceptives
c’est-à dire les sensations sur notre
peau (toucher, froid, chaud);
-
proprioceptives, qui sont les sensations de nos muscles et
ligaments qui nous renseignent sur les déplacements et positions des
différentes parties du corps;
- intéroceptives qui nous renseignent sur nos organes (digestion, rythme cardiaque, envie de faire pipi, etc.).
Exemples :
-
On
peut se toucher avec des plumes
-
Remarquer
la sensation du vent sur notre peau
-
Apporter
un stéthoscope pour écouter leur cœur
-
On
va aider les enfants à identifier les réactions de certains organes. Par
exemple quand ils courent, sont excités où sont frustrés, en colère, le rythme
de leur cœur s’accélère, quand ils sont calmes, le cœur ralentit.
- On peut leur demander d’exprimer des sentiments par des postures et attitudes (on pourrait utiliser les personnages d’histoires comme catalyseurs)
· Contact
Les enfants ont besoin de contacts, de toucher et d’être touchés.
- On peut demander à un volontaire (que cela ne dérange pas) de fermer les yeux et de se laisser toucher de différentes manières par ses camarades. Et faire un retour ensuite comment il s’est senti. Voir le début de la vidéo de Segni mossi : https://www.facebook.com/share/v/1GaJFbYxiS/
Par contre, certains enfants répugnent au contact des autres, quelqu’un les effleure ou les bouscule un peu, sans faire exprès, et ils se fâchent ou sont mal à l’aise ou pleurent.
Exemples :
- Le travail à deux et certains jeux amènent les enfants à apprivoiser les contacts et mieux les tolérer.
Les créations à plusieurs également:
On peut proposer aux enfants d’inventer une machine à 2 ou 2 ou 4. On peut accompagner les mouvements de bruits. Tout le groupe peut devenir une machine.
- Certains jeux comme la chaise ou le cerceau musical collaboratifs et des jeux de regroupements (on se promène partout dans la salle, au signal, on se regroupe) peuvent habituer ces enfants au contact des autres.
- On est des nuages. Le vent nous pousse partout doucement. Puis il devient plus violent et on s’entrechoque (doucement), l’orage éclate et on saute partout.
- Il y a aussi le contact avec le plancher, dans le travail au sol et le contact avec le gazon à l’extérieur (quand les enfants roulent dans une pente), le contact avec l’eau, etc.
· Le contrôle de soi
Contrôler ses gestes pour ne pas renverser quelque chose, ne pas tomber, ne pas se cogner, garder l’équilibre, est une habileté à la base de tous les actes de la vie quotidienne.
-
Les
jeux de force et la lutte à l’amiable, pour jouer (surveillés), pour ceux qui
le désirent, est une occasion d’avoir des contacts. C’est aussi un moyen
d’exercer le contrôle de soi (au propre et au figuré) et l’inhibition.
-
· La posture
L’ajustement postural est important aussi bien dans l’équilibre statique que dynamique : dans la marche, les façons de s’asseoir pour pouvoir écouter une histoire, dessiner, écrire.
Exemples :
-
Porter
des choses sur la tête sans les faire tomber va forcer les enfants à se tenir
droit.
-
Jouer
à la marionnette : quand le meneur tire les fils : la marionnette se
tient très droite (on étire son cou), quand le meneur relâche, tout le corps se
relâche.
Certains enfants ont tendance à s’asseoir au sol avec les
jambes, genoux collés et jambes inversées. Leur suggérer de s’asseoir autrement
soit sur leurs genoux, ou jambes croisées.
· Le souffle
Prendre conscience de sa respiration (inspiration, expiration) et
augmenter sa capacité pulmonaire sont des éléments important à considérer.
Exemples :
-
Souffler
sur un balle de ping pong d’un côté à l’autre d’une table
-
Souffler
pour faire voler des plumes
-
Souffler
avec une paille sur une tache d’encre ou de gouache assez liquide
- S’exercer à faire de profonde respiration qui partent du ventre : couché au sol, on met un objet sur son ventre et on essaie de le faire bouger en inspirant. Voir le début de la vidéo de Segni mossi : https://youtu.be/F4M0L0LZeI0?si=pXeoieCAb6TcUVz1
En fait toutes
les activités de la journée peuvent servir à faire prendre conscience de son
corps.
-
La motricité globale
La motricité
globale est une opération dans laquelle intervient l’ensemble ou la plus grande
partie du corps. Cela demande une coordination de plusieurs muscles et organes
à la fois.
Photo Garderie Imagine
C’est
évidemment la composante la plus connue et qui demande le plus d’espace.
Les enfants
de cet âge ont un besoin vital de bouger : ils vont ainsi développer de la
force, etc. mais aussi diminuer leur stress et anxiété.
Bouger leurs
corps de différentes façons va leur permettre d’entrer en relation avec les
objets et les personnes2p.24.
Marcher, courir, ramper, s’exercer à la quadrupédie ventrale
et dorsale, grimper, sauter (à un et deux pieds) et sautiller, s’arrêter,
garder son équilibre à l’arrêt et en déplacement, découvrir les notions
spatiales et temporelles ainsi que l’organisation spatio-temporelle à travers
le mouvement, sont à la base de la connaissance du schéma corporel, du contrôle
du corps ainsi que des habiletés motrices. Pourtant, les enfants ont trop peu
d’occasions de travailler leur grosse motricité.
Les parcours
se prêtent bien à enchaîner plusieurs de ces activités motrices.
Mais on peut
aussi les «travailler» séparément pour améliorer leur locomotion :
· Marcher
«
Il va falloir 7 années pour que la plupart des enfants soient capables de
marcher de manière optimale, 2A p.19», « pour que le cerveau
soit capable de contrôler adéquatement les muscles de chevilles et des jambes
».
De 3 à 6 ans, les enfants vont donc s’exercer à
marcher de différentes façons
Exemples :
- Marcher sur les pointes, les talons, les côtés, par en arrière, accroupis, en faisant des grands pas , des petits, en se faisant grand et petit et à différents rythmes.
-
Marcher
lourdement comme un éléphant, souplement comme un félin, contre le vent, dans
une tempête de neige, etc.
- Marcher sur des plans inclinés
- S’exercer à faire des pas de côté (chassés), glissés, des pas croisés, par en avant à reculons. Les danses folkloriques, même simples, sont pleines de variantes de pas. On aura d’abord appris ces pas en gymnase ou dehors.
- Suivre la cadence d’un métronome (ou d’un tambourin) qui va à différentes vitesses
-
Proposer
des musiques aux rythmes variés aux enfants : ils vont spontanément suivre
les différentes cadences.
Les enfants
vont spontanément passer de la marche à la course quand le rythme s’accélère.
· Monter un escalier
À 3 ans, les enfants alternent les pieds en montant un d’escalier et descendant deux pieds sur chaque marche, mais sautent de la dernière marche. À 4 ans ils montent et descendent en alternant. Ils peuvent même les monter en courant. À 5 ans, ils les dévalent en galopant.
· Courir
Courir, à différents rythmes, sur
différentes surfaces
Exemples :
-
Courir sur place,
courir lentement puis moyennement et plus vite en suivant le rythme d’un
tambourin.
-
Avec un
tambourin, l’adulte ou un enfant bat une mesure, puis accélère et décélère,
plusieurs fois.
-
Proposer des musiques
qui incitent les enfants à courir plus vite, plus lentement et moyennement.
-
Rouler un ballon
et le dépasser.
-
Rouler un ballon
mais courir moins vite que lui.
-
Courir sur des
plans inclinés (buttes, rampes, etc.).
-
Courir dans le
sable.
-
Un enfant est
nommé pour commencer le jeu. Il doit attraper un partenaire. Les deux enfants
essaient d’en attraper un troisième, puis un quatrième. À quatre on se sépare
ensuite en 2 et le jeu continue jusqu’à ce que tout le monde soit attrapé. On
fait en même temps des mathématiques (1+1=2; 2+1=3; 3+1=4 et même la division).
· Accélérer décélérer
Quatre par
quatre. On est des avions qui décollent, volent puis atterrissent. Des autos.
Des chevaux qui marchent trottent galopent puis trottent, marchent et
s’arrêtent.
· S’arrêter
Arrêter
son mouvement, est difficile pour les enfants aussi les jeux de type « statue»
sont-ils tout indiqués. Tous les jeux qui alternent le mouvement global et des
temps d’arrêts favorisent le contrôle de soi, l’inhibition.
-
Courir au son du tambourin, s’immobiliser quand il arrête
-
La chaise musicale
-
Attendre un signal de départ
· Sautiller, galoper
Ce sont deux
façons différentes de se déplacer. Dans le sautiller, il y a un sursaut sur un
pied et les pieds alternent, dans le galop c’est toujours le même pied devant,
l’autre pied chassant l’autre pour ainsi dire. Aussi faut-il demander aux
enfants de galoper d’un pied et ensuite de l’autre.
· Sauter
Exemples :
-
On
va pouvoir demander aux enfants de trouver toutes sortes de manières de
sauter : sauter à deux pieds, un pied, en tournant en reculant, sauter en
longueur, en hauteur...
- Les enfants vont s’exercer à sauter à deux pieds, à un pied, en tournant, à sauter deux pieds deux mains (en lapin, en grenouille), etc.
-
Ils vont aussi
apprendre à se recevoir en pliant les genoux quand ils sautent de haut :
-
De
trouver trois sauts différents et de les enchaîner.
-
Sauter
et dessiner
Photo tirée de vidéo de Segni Mossi
À 3 ans,
les enfants peuvent sauter au-dessus d’une corde posée au sol. À 4 ans ils peuvent
sauter à cloche-pied plusieurs fois de suite. À 5 ans, ils peuvent sauter à pieds
joints une hauteur de 8 pouces.
De 4 à 6
ans, les enfants s’essaient à sauter à la corde
· Rebondir
· Se
suivre :
Des jeux où on suit et imite l’autre, à deux ou en petits groupes demandent aux enfants de bien observer leurs partenaires, d’anticiper leurs mouvements et d’adapter leurs déplacements et leurs gestes. Ils découvrent en même temps leur personnalités.
Voir la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/kNVZHSJn-dE?si=MykpHMG2j6Jxe65W
Et à plusieurs les locomotives et les wagons: https://youtu.be/kHh4RbYchcY?si=38fitgBz-qCuEZnE
· Ramper
Peut se
faire au sol sur le ventre et sur le dos, sous des obstacles. On peut se
trainer mutuellement au sol avec un cerceau. On peut utiliser des bancs au
gymnase, des tables en classe :
· Faire de la
quadrupédie (4 pattes) ventrale (ventre vers le plancher) et dorsale (dos vers
le plancher, comme des animaux ou des insectes.
· Rouler, se faire rouler,
faire des culbutes
Voir les vidéos de Segni Mossi : https://youtu.be/981I63CZQ1c?si=dRS4Bi54YljmNP0l
https://youtu.be/oloFe0n4AAQ?si=_M6G7a1gCVMNOjlw
Et une autre : https://youtu.be/gzVoZw4pb-E?si=s1n5s75uy7UxRfpj
Rouler sur des ballons: https://www.facebook.com/share/v/1FcUvGDVzU
Les enfants vont pouvoir se faire rouler dans des barils ou des cylindres. Ou tout simplement se faire retourner comme des crêpes roulées, sur un matelas.
· Tomber
Apprendre à tomber en se laissant glisser par terre doucement, de manière contrôlée. Voir l’exemple dans la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/dqcjsLNQzzc?si=JALj8eBqEcgDc1Do
· Tirer, être tiré
Tirer quelqu’un sur une planche à
roulette ou au sol, ou tirer quelqu’un couché sur le dos par les pieds, sont
des jeux de rapprochements des individus, en plus d’être des exercices qui
demandent une certaine force et en même temps un certain contrôle.
Se laisser
tirer ou se faire tirer sur une serviette de bain, c’est faire confiance à
l’autre. La personne tirée prend conscience de son dos et essaie de rester
détendue.
- Une auto tombe en panne et la remorqueuse vient la chercher
- Voir les vidéos de Segni Mosso : https://youtu.be/MfsK6WOPJeU?si=xEcEhN4G4D82sWPe et https://youtu.be/MfsK6WOPJeU?si=SaeUlsa3-UIVR_LS
Voir aussi la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/MfsK6WOPJeU?si=-v8fK1TSlJUgAfqS
· Pousser
Pousser un camarade sur une
balançoire
Pousser un ballon lourd avec sa tête
à 4 pattes au sol
Pousser un camarade assis dans une
boîte
Pousser un pneu ou un baril
sont des exercices avec tout le corps car bras et jambes sont sollicités.
· Grimper, se hisser
Entre 3 et 4
ans, l’enfant peut grimper avec une certaine assurance dépendant de l’échelle
ou la composante de la structure.
· Se
suspendre
Photo Roseville Photo Peachtree
· Transporter, soulever
Les enfants adorent transporter des choses, surtout des lourdes. Cela renforce les muscles de leur dos. Cela incite souvent à la collaboration
Exemples :
-
Quand
les enfants organisent des parcours, ils vont déplacer des meubles, des bancs,
des planches, des pneus, etc.
- Si les enfants construisent avec de gros blocs et des planches, ils vont renforcer les muscles de leurs bras et de leurs dos ainsi que leur préhension en les soulevant, les transportant. Même chose avec des pneus dehors.
- Les
gros blocs évidés vont être utilisés de différentes façons : pour créer
des poutres d’équilibre, des marches, des obstacles, des supports ou construire
des structures.
· Creuser
Les enfants adorent creuser. Cela est
un excellent exercice qui va augmenter leur force et leur endurance.
· Se balancer
Se balancer offre de la stimulation vestibulaire qui intervient dans l’équilibre, Le balancement peut calmer certains enfants.
· Glisser,
faire glisser
Voir d’en haut l’espace en bas, puis
se mettre en position, se lancer, sentir
la vitesse et le mouvement de haut en bas, en gardant son équilibre.
Suivre la
trajectoire d’un objet de haut en bas (notions spatiales) constater la vitesse
et l’accélération ( notion de physique) et la durée de la descente (notion
temporelle).
· Esquiver un objet
Esquiver
demande d’anticiper la direction et la vitesse à laquelle vient un objet vers
nous et adapter celles de notre déplacement.
-
Faire
des tentatives avec des balles mousses par exemple ou fabriquées, des ballons (pas
trop durs)
-
Jouer
aux gardiens de buts
· Frapper
Exemples :
-
Frapper
une balle posée sur un socle demande de développer l’habileté à évaluer la
distance de l’objet, à avoir conscience de la longueur du bâton ou de la
raquette ajouté(e) à son bras et à planifier la direction de son geste.
-
Cogner
sur un clou demande de la coordination œil-main et de la précision. On peut
commencer avec des jeux du style Haba (formes géométriques et petit marteau en bois) puis avec des tees de golf et enfin avec de
vrais clous.
-
Frapper
avec ses pieds demande de la coordination œil-pied. Les enfants de 3 ans
peuvent frapper du pied un ballon les 4 -5 ans, en courant.
-
Avec
un objet en mouvement (au «baseball» ou au soccer par exemple), la situation se
complique car l’enfant doit anticiper la
trajectoire, évaluer la vitesse de déplacement de l’objet et adapter, son
propre déplacement, sa vitesse, la direction et la force de son geste.
· Faire rebondir
(dribbler)
Apprendre à dribbler d’abord sur place, d’une main puis de l’autre, ensuite en déplacement et finalement autour d’objets.
· Contrôler
un ballon avec ses pieds
On peut
d’abord commencer avec des sacs de sable ou des anneaux (ou même un caillou),
puis progresser avec un ballon qu’on va rouler entre des obstacles (cônes ou autres)
-
L’équilibre
Il y a deux sortes d’équilibre; l’équilibre à l’arrêt
(statique) et l’équilibre en déplacement (dynamique).
L’enfant de 5 ans peut se tenir
debout, en équilibre, sur la pointe des pieds.
L’enfant de 3 ans peut se tenir sur
un pied pendant 2, 3 secondes. De 4 à 6 ans il peut tenir plus de 8 secondes.
Exemples :
-
Tenir
quelque chose sur sa tête, marcher avec sans que l'objet ne tombe
-
Se
tenir sur un pied puis sur l’autre
-
Jouer
à la bataille de coq : sur un pied (en tenant l’autre jambe par le pied),
on essaie en se poussant, de faire poser le pied au sol, à son camarade
-
Sur
des bancs, puis sur des bancs renversés donc moins larges ou une série de blocs
rapprochés, des troncs ou des tronçons d’arbres…
- Marcher entre deux cordes très rapprochées ou sur une ligne tracée au sol.
- On peut aussi utiliser de petites échasses
-
La dissociation
Photo Peachtree Photo Mairtown Kindy
Il s’agit de
mouvements où certaines parties du corps sont plus sollicitées, les autres
l’étant plus ou moins.
On va
immobiliser une partie du corps pour porter l’attention sur l’autre.
Dans Scions scions du bois par exemple,
l’attention est portée sur les bras, les pieds et jambes étant à peu près
immobiles.
· Dissocier des parties
du corps
Apprendre à
dissocier nos différentes parties du corps va avoir des conséquences dans
l’écriture par exemple. Au début, Les enfants ont tendance à raidir tout leur
corps et se fatiguent très vite d’écrire.
On va donc
propose aux enfants des situations qui attirent l’attention sur et mobilisent
une partie du corps.
Exemples :
-
Les
membres inférieurs sont fixes; on bouge les bras et le tronc dans tous les
sens. On peut prendre l’image d’un orage, le vent souffle et secoue l’arbre.
-
Tourner
une balle autour du cou de la taille ou autour de nos pieds écartés
-
Assis
au sol jambes allongées, rouler le ballon des jambes, autour de soi.
-
Marcher
accroupi les mains sur la tête
-
Sauter
à pied joints les mains sur la tête
-
Marcher
bras tendus avec un livre dessus et un petit papier sur le livre
-
Ou
marcher les bras tendus avec les poings fermés
-
Dribbler
un ballon avec l’autre bras tendu.
-
Courir
ou galoper avec un cerceau tenu bras tendus (image : courir sous la pluie)
avec un parapluie)
-
Courir
avec un bras levé qui tient un foulard (la fumée du train)
-
Marcher
en levant les genoux
-
Faire
les essuie-glaces avec les pieds
-
Tartiner
la plante de ses pieds avec du beurre d’arachide
-
Assis, essayer de prendre son pied comme un téléphone
-
Frapper
au sol avec les mains, une en pronation (dos de la main par en haut) et l’autre
en supination (paume vers le haut). Alterner ensuite au signal.
-
Lancer
et attraper un sac de sable avec une main puis avec l’autre
-
Des
chansons telles que « Une p’tite main qui marche» ou «Je mets un pied en avant,
je mets un pied en arrière» (notions spatiale en même temps)
Dissocier la
main et le poignet de l’avant bras, acquérir de la souplesse est essentiel dans
l’acte de dessiner, d’écrire.
Exemples :
-
Les
jeux avec des rubans par exemple vont amener l’enfant à tourner ses poignets.
- Faire de la peinture ou du dessin sur des grandes surfaces: Voir la vidéo de Segni Mossi :https://www.facebook.com/share/v/1BKLGfGqHL/ et https://youtu.be/QE6Lv-Z9z3w?si=gQp1EuPnZsd8Rkm_
-
Faire
de la menuiserie va assouplir le poignet, renforcer les doigts et amener
progressivement les enfants à sentir une plus grande aisance d’un côté du corps
pour certains gestes.
· Prendre conscience des deux côtés du
corps
Les jeux de dissociation
vont aussi amener l’enfant à prendre davantage conscience des deux côtés de
corps. En fait vers 4 ans l’enfant commence à les distinguer.
Exemples :
- Lancer un
petit sac de sable d’une main et un foulard de l’autre
- Scier du
bois mou avec une main puis l’autre.
- Découvrir les deux côtés du corps
et sa symétrie : dessiner avec les deux mains au sol ou au mur, dessiner
l’autre moitié de son visage dans un miroir ou à partir d’une photo.
Voir la vidéo de Segni Mossi : https://youtu.be/HkJPe7AP2VE?si=j7wegkAj8graISK7
-
Faire
un clin d’œil d’un côté puis de l’autre, fermer une paupière, puis l’autre.
-
La latéralité
La
latéralité c’est avoir une préférence d’un côté du corps pour accomplir
certains gestes. La latéralité est innée mais influencée par la pression
sociale.
Nathan utilise aujourd’hui sa main gauche pour couper. Est-ce vraiment
son côté dominant ou est-ce tout simplement parce que les paquets de pâte à
modeler étaient tout près, à sa droite et qu’il en a pris un avec sa main
droite?
Selon Monzée près de 20% des enfants ne sont pas latéralisés avant l’âge de 7 ans, c’est-à dire « qu’ils n’ont pas nécessairement développé de préférence manuelle quand ils entrent en première année du primaire.»(2A. p.20) «Cela veut dire qu’ils tiennent des crayons et des ciseaux bien avant qu’ils soient assez matures pour déterminer s’ils sont droitiers ou gauchers»
Par imitation, ces enfants prennent surtout la main droite pour la motricité
fine… Cela facilite la vie scolaire occidentale qui est faite pour droitiers
surtout à cause de l’écriture de gauche à droite.
Par imitation (et
j’ajouterais ou pression), ils vont prendre la main droite pour tout ce qui est
motricité fine ce qui peut entrainer des problèmes plus tard (inversion des
lettres, etc.).
La « maladresse » d’un enfant, en découpage par exemple peut
donc être simplement due au fait que nous lui avons donné des ciseaux de
droitier sans y penser…
Aussi est-il
important de suggérer aux enfants des jeux ou ils utilisent aussi bien la
gauche que la droite (comme dans les
jeux cités plus haut dans la dissociation) pour les aider à identifier progressivement leur dominante («Ça va mieux comme ça») et
d’en proposer aussi pour observer si l’enfant démontre déjà, à 4-5 ans par
exemple une plus grande tendance avec un côté pour certaines activités.
Cette préférence
peut être homogène à droite ou à gauche (pour l’œil, l’oreille, la main, le
pied). Certains enfants vont avoir une latéralité croisée (œil droit, main
gauche).
Dans un
premier temps les enfants vont explorer leur propre latéralité.
Exemples :
-
On
peut par exemple observer comment les enfants :
font semblant de se coiffer, de se brosser les
dents,
font semblant de regarder dans une longue vue
ou regarder dans un kaléidoscope,
lancent un balle ou un objet dans une boîte,
bottent un ballon ou une boîte de carton
(papier mouchoir),
sautent en longueur (sur quel pied ils
prennent leur élan),
restent en équilibre sur un pied le plus
longtemps.
Et voir
s’ils alternent ou utilisent toujours le même œil, la même main ou pied ce qui
peut indiquer une dominance.
-
Leur
demander de déchirer du papier type papier journal ou autre en tenant la
feuille avec la main gauche et déchirer avec la droite puis le contraire. Qu’est-ce
qui fonctionne le mieux (faire attention que l’enfant tienne le papier dans le
sens où il se déchire le mieux).
Vers 4-5 ans,
ils commencent à reconnaître les côtés du corps mais ne peuvent pas encore les
distinguer correctement.
Puis, dans
un deuxième temps, ils vont apprendre à
transposer cela aux objets en relation directe avec eux. Mais d’abord, il faut
qu’ils aient connaissances des notions spatiales.
Et dans un
troisième temps, à la reconnaître sur les autres et sur les objets entre eux.
La
distinction entre la droite et la gauche est compliquée pour les enfants. Elle se complique encore par le fait que si
une personne est en face de nous sa droite se situe à l’inverse de ma droite,
que dans le miroir notre image st inversée.
La
distinction entre la droite et la gauche reste instable même parfois chez des
adultes.
- La motricité fine
La motricité
fine comprend des actions qui impliquent une dissociation poussée des muscles et
où n’interviennent qu’une partie relativement réduite du corps.
«
Les enfants sont exposés à leur manualité à un moment où la motricité globale
devrait primer sur la motricité fine 2B, p.247 ». « On s’étonne
parfois que certains enfants soient malhabiles en maternelle et en première
année dans leur motricité digitale. Pourtant, le cerveau a juste besoin de
temps. Du temps pour se développer. En effet, la motricité fine - c’est-à-dire
le mouvement des doigts- ne peut se déployer que si la motricité globale est
devenue mature 2 C, p. 64 ».
Cela
ne doit pas nous empêcher d’offrir aux enfants des objets à utiliser avec leurs
mains, améliorant ainsi leur préhension et leurs habiletés manuelles, au contraire.
· Manipulations
Exemples :
- Toutes les manipulations d’objets vont travailler cette composante : petits objets polyvalents, toutes sortes de matières et matériaux (pâte à modeler, glaise, fil de fer) et d’outils (pinceaux, et crayons de toutes sortes, rouleaux, tampons, pipettes, bouteilles, ciseaux, poinçons, agrafeuses, tournevis, marteaux, couteaux, etc.), vont, selon les gestes demandés, renforcer les muscles des doigts, les délier. Elles vont apprendre à l’enfant à serrer, relâcher, retenir son mouvement, quelle pression exercer (avec du fusain, on fait délicatement, avec un pinceau on ne pousse pas trop fort sinon, la feuille déchire, etc.).
- Les jeux symbolique (se déguiser, l’habillage de poupée, faire semblant de faire la cuisine).
- Avec la construction, avec les Légos et autres blocs aussi, ils vont emboîter, superposer, déposer, aligner, empiler,ordonner, etc.
-
Les activités de tous les jours comme l’habillage, attacher
ses souliers ou les collations sont aussi des occasions de motricité fine.
Note : L’enfant
de 3 ans sait en général se déboutonner, mais pas se boutonner, l’enfant de 4
ans peut faire les deux (à condition que les boutonnières ne soient pas trop
serrées).
- La couture, le tissage, le tricotin, la cuisine, l’enfilage de perles sont toutes des activités qui vont développer la motricité fine.
-
On
va fournir une variété d’objets, placés à la vue des enfants, aux qualités et
caractéristiques différents : des plus gros, des plus petits, des mous des
durs, des plus faciles ou moins faciles à saisir, à tenir, à placer, à visser
et dévisser, à remplir, etc.
- Les enfants vont aussi apprendre les noms des doigts de la main avec des chansons et comptines (J’ai un joli pouce, un index aussi, etc.; Monsieur pouce part en voyage https://youtu.be/tTnz2rkas1c?si=PaC_MDpnHjYR4T54).
Lancer attraper est souvent mis dans la motricité fine car attraper une balle demande effectivement un bon contrôle de la main mais aussi du bras. Mais lancer fort demande un effort de tout le corps. De la même façon, clouer demande de la motricité fine mais sollicite aussi une grande partie du membre supérieur. Bien sûr tenir un petit clou demande de la motricité fine. Poser un bloc sur un autre demande aussi de la motricité fine.
Les enfants
de 4-5 ans commencent à attraper avec leurs mains plutôt qu’avec tout leur
bras. Entre 5 et 6 ans, ils lancent de mieux en mieux.
Exemples :
-
Proposer
d’abord des objets qui se déplacent plus lentement.
-
Proposer
différents types de balles et de ballons, gros moyens petits, plus légers, plus
lourds qui rebondissent moins ou beaucoup et même des ballons baudruche.
- On va d’abord se lancer les balles puis leur faire faire un rebond dans un cerceau placé entre les deux joueurs par exemple.
- Proposer une bataille de boules de neige (soit avec des balles en mousses, des balles en papier ou en tissus.
- Lancer sur une cible ou dans un contenant.
- Lancer et attraper un petit sac de sable à une main puis avec l’autre.
-
La coordination
oculo-manuelle
C’est l’habileté à coordonner une perception visuelle avec un mouvement de manipulation de la main.
Les
habiletés visuomotrices sont essentielles pour qu’un enfant puisse dessiner ou suivre
une ligne d’écrit.
Les
enfants dont les habiletés physiques sont sous-développées ont besoin de plus
de temps pour les développer à travers le jeu libre et structuré, AVANT d’en
arriver à être prêt pour des tâches plus sédentaires et de motricité fine comme
la lecture…
« Lire, écrire, écouter et l’habileté à rester assis et focaliser son attention sur une tâche sans être distrait sont tous liés à la maturité et au fonctionnement du système nerveux central. Celui-ci est non seulement développé par le jeu, mais la maturité de ce système est reflété dans des habiletés physiques spécifiques telles que la posture, l’équilibre, la coordination et le contrôle du mouvement des yeux 3 p. 140 ».
Exemples :
-
Tous les jeux de lancer, attraper vont
développer cette coordination,
-
mais aussi le dessin et la peinture
-
et la construction avec des petits
blocs,
- le suivi de trajectoires de billes et de balles sur des parcours ou des rampes, etc.
- La coordination œil-pied
-
Marcher,
courir en évitant des obstacles.
-
Botter
un ballon, une boîte de conserve ou un caillou.
- Faire rouler un ballon avec son pied autour de cônes.
-
Les notions et relations spatiales
Les enfants vont apprendre le vocabulaire
et les lieux correspondants liés à l’espace : en haut, en bas, au-dessus,
en-dessous, en arrière de, devant ou en avant de, derrière, sur le côté de,
proche de, loin de, autour, faire le tour, à l’intérieur, à l’extérieur, au
coin de, au bord de ou sur le bord de, au milieu, entre, à travers de, par
terre, ainsi qu’à la disposition dans l’espace : en rond ou cercle, en carré,
en ligne, en ligne droite, en spirale, en diagonale et le sens de certaines
actions Les jeux de cerceaux au sol
vont favoriser les concepts de dedans, dehors.
-
Se
déplacer en changeant de niveau (haut, bas, moyen).
-
Faire
un parcours où on demande au fur et à mesure à un enfant de passer devant la
chaise, à côté du banc, dans le cerceau sous l’autre chaise, etc.
Cela implique aussi les notions de grandeurs et de quantité (vide, plein), de mouvement (monter, descendre, lever, baisser), et de formes (rond, etc.).
-
L’orientation spatiale
Vers 4,5 ans
les enfants vont être capables de retrouver leur place, se suivre, s’éloigner,
se rapprocher. De suivre un trajet. Ils
vont faire la différence entre avancer et reculer.
Explorer un espace
Exemples :
-
Explorer
l’école (plusieurs fois) en début d’année, en aidant les enfants à noter des
repères va les aider à remarquer le chemin parcouru de la classe au gymnase, de
la cour à la classe, de la classe aux toilettes (s’il n’y en a pas dans la
classe), de la classe au service de garde, de la classe au secrétariat et à
s’orienter dans l’école.
-
Dans
une pièce, faire le tour, des spirales, se déplacer en ligne droite ou en
diagonale, en zig zag, en se croisant,
quatre à quatre par vagues, etc. amène les enfants à percevoir l’espace.
- Marcher en file, en rang deux par deux, se placer face à face, dos à dos sont tous des exercices d’orientation spatiale
- Jouer au détective en observant le trajet de quelqu’un (dans un parcours) puis le refaire et ensuite le représenter sur une feuille au tableau (ou dans le sable) est une autre façon d’aider les enfants à mémoriser des repères et développer leur orientation spatiale.
- Guider quelqu’un les yeux bandés dans ses déplacements
- Marcher sur un rythme puis au signal changer de direction (demi-tour, quart de tour). Si on veut leur demander de tourner à droite ou à gauche il faut attacher un ruban sur la main droite ou y dessiner la lettre D pour donner un repère aux enfants.
- Les jeux de lotos, de serpent et échelles demandent aux enfants de se repérer dans l’espace.
Les enfants construisent progressivement leurs représentations mentales
de l’espace en vivant d’abord des activités motrices dans l’espace.
- L’organisation spatiale
C’est se
souvenir de, ou planifier, l’ordre des éléments et de leur organisation.
Quand vous
placez la vaisselle dans le lave-vaisselle, vous faites de l’organisation
spatiale. Quand les enfants ont l’occasion de mettre la table, ils en font
aussi, en plus de travailler la latéralité.
Créer des formes à partir des formes simples, mesurer fait aussi partie de cette habileté.
L’organisation
spatiale est une capacité nécessaire dans la vie de tous les jours.
Le rangement, par exemple est une tâche
difficile pour certains enfants : cela demande une grande attention:
repérer où vont les objets et se rappeler de la position de tel ou tel bac.
L’organisation spatiale est aussi une clé dans l’apprentissage de la lecture et des mathématiques.
Exemples :
- Les casse-têtes sont un excellent moyen d’exercer l’orientation et l’organisation spatiale. Ils demandent une bonne perception visuelle de la forme et des couleurs des pièces et du sens dans lequel les placer.
- Les jeux du type d’Architek, les Tangrams développent aussi cette habileté.
-
Les peintures et les collages, demandent de s’orienter et de s’organiser
dans l’espace de la feuille.
- Les constructions avec des Légos par exemple, lorsqu’on suit un modèle, exigent de lire un plan, de comprendre le sens de l’orientation des pièces (dans quel sens les placer et où, par rapport aux autres) et leur organisation dans l’ensemble.
- La confection de colliers va amener les enfants à enfiler les perles dans un certain ordre et faire des séquences (mathématiques).
- Le dessin sur de très grandes surfaces et des petites. Voir la vidéos de Segni Mossi Flow
- Les pliages de type «cocottes» ou Origami simples
- Les créations avec des éléments naturels sont des occasions de placement d’objets les uns par rapport aux autre dans une organisation esthétique.
Ici l’enfant a même fait de la correspondance un à un avec les cocottes et les coquillages.
-
Les notions temporelles
Les notions temporelles sont un des concepts les plus difficiles à comprendre
et à maîtriser pour les enfants. Par contre les concepts de premier et le
dernier sont vite intégrés!
C’est par la succession de leurs gestes qu’ils vont plus facilement
percevoir les relations temporelles.
Apprendre la signification de : avant, après, pendant, d’abord, ensuite, puis, hier, aujourd’hui, l’alternance du jour et de la nuit, matin, midi et soir, les saisons, temps long ou court (durée), reconnaître et suivre un rythme.
· La durée
Exemples :
-
L’expression
sonore va donner à l’enfant l’occasion d’identifier des sons plus longs ou plus
courts et de percevoir la durée.
-
La
perception de la durée peut s’exercer à travers les expériences musicales.
-
Les
routines aident l’enfant dans ce sens, l’horaire de la journée et le calendrier
avec ses fêtes aussi.
-
Un
« timer» ou un sablier peut aussi aider les enfants à comprendre le temps qui
passe. On en profitera pour parler des secondes, minutes, heures, semaine,
mois, année.
- Faire tourner des cerceaux (celui qui tourne le plus longtemps), des toupies.
· Le
rythme
Le rythme est une suite logique, dans l’espace et le temps,
d’un mouvement ou d’un son. C’est un alliage de durée (plus ou moins longue) et
d’ordre.
Il y a les rythmes que l’ont voit (des poteaux de clôture) et
ceux qu’on entend (la cadence d’un pas, les rythmes de la musique, d’une phrase.
Il y en a des rapides et des lents. Il y a aussi le rythme de l’alternance jour
et nuit et des saisons.
Les enfants vont répéter des rythmes, s’adapter à un rythme et représenter des
rythmes
-
L’expression
sonore va donner des occasions de discriminer des rythmes, les reproduire.
-
Les
enfants vont apprendre à reconnaître et reproduire des rythmes entendus mais
aussi écrits : exemple : 0 0 0
0 0 0 0 0 0
Voir les articles sur
l’expression sonore pour des exemples : https://jeulibrequebec.blogspot.com/2022/01/petites-explorations-musicales-1.html
https://jeulibrequebec.blogspot.com/2022/11/petites-explorations-sonores-2-la_68.html
-
L’expression
corporelle va permettre aux enfants de se mouvoir de différentes façons sur
différents rythmes :
Voir l’article https://jeulibrequebec.blogspot.com/2023/02/expression-corporelle-ou-danse-creative.html
-
L’orientation temporelle
Dans la vie courante, subjectivement, le temps nous parait relatif (quand on s’ennuie ou chez le dentiste, il parait s’éterniser) et quand on s’amuse, il file, même si objectivement il ne passe pas plus ou moins vite. Les enfants n’ont pas la même notion du temps que nous aussi faut-il les aider à se situer dans le temps en leur donnant des points de références.
-
L’organisation temporelle
C’est de se souvenir de ou planifier
la succession des événements.
C’est aussi mémoriser l’ordre d’un certain nombre de choses
(chronologie).
-
Recomposer
des suites logiques
-
Raconter
des histoires ou en redire en respectant l’ordre
-
Connaître
la suite des saisons et leurs noms
- Composer une petite chorégraphie et s’en rappeler
- Reconnaître les gestes associés au matin, midi au soir. On peut mimer par exemple la séquence du matin (le matin, je me lève, je vais à la toilette, etc.), vite comme quand on est pressé et lentement , en fin de semaine.
-
L’organisation spatio-temporelle
L’enfant va
apprendre à s’adapter et s’organiser dans l’espace et le temps pour se déplacer
parmi des objets. Les enfants qui se cognent souvent dans les objets ou les font tomber ou
dans les personnes, ont de la difficulté à percevoir les obstacles et manquent
d’ajustement spatio-temporel.
Il va aussi apprendre à s’organiser pour faire un projet : pour
faire de la peinture, par exemple, il va
aller chercher une feuille, la rapporter au chevalet ou au mur, l’épingler,
etc.
Exemples :
-
Établir
un parcours par eux-mêmes va demander aux enfants de planifier comment placer
le matériel dans l’espace et à établir l’ordre des gestes à accomplir.
-
Préparer
une fête par exemple, demande aux enfants de prévoir ce qui va ses passer (la
suite des choses : on va faire d’abord
ceci, puis, cela) de décider où cela va se passer, comment on va mettre
les tables, etc.
-
Inventer
une chasse au trésor avec des indices qui mènent à d’autres indices fait partie
de cette catégorie.
-
Déposer
de la peinture sur une surface rigide puis la faire couler en bougeant le
carton ou la boîte demande de surveiller la trace faite par la peinture et sa
vitesse, et orienter la surface pour que la peinture se déplace à l’intérieur
du périmètre. Cela peut se faire seul (avec une bille qui se déplace dans la
peinture dans le fond d’une boîte). Mais si la surface est grande et qu’on
travaille à plusieurs cela demande aussi la coordination des gestes de tous.
-
La vitesse
Percevoir la
vitesse d’un objet tient à la fois de la structuration temporelle et spatiale.
Un objet se déplace dans l’espace et va plus ou moins vite. S’il dévale une pente,
il accélère. Si on augmente la pente, il va encore plus vite. Ce sont des
expériences que les enfants peuvent faire avec des rampes, sur des glissoires.
En fait il s’agit des notions de physique.
Il y a aussi
la vitesse de la course qui peut se mesurer avec un chronomètre.
-
Composantes multiples :
Bien sûr il est difficile de catégoriser certains mouvements
dans une seule composante. En fait la plupart des actions en sollicitent
plusieurs. Elles sont souvent liées : l’organisation spatiale va dépendre
du schéma corporel et de l’organisation de la perception.
Exemples :
- Lancer un ballon dans un cerceau ou un panier ou sur un objet, va demander non seulement de la coordination mais d’évaluer la distance (notions spatiales), adopter la direction de son geste (dissociation, relation spatiale), utiliser sa conscience de son corps, etc. Si l’objet est en mouvement (comme au ballon chasseur par exemple): l’enfant devra anticiper la vitesse du déplacement, la trajectoire et adapter la force et la direction de son geste.
Les jeux de mémoire par exemple, demandent de l’attention, de percevoir des différences et ressemblances visuelles et de se rappeler l’endroit où les cartes étaient situées, donc de l’orientation spatiale.
-
Allier
le mouvement et l’expression graphique (qui est aussi mouvement), comme on le
voit dans la plupart des vidéos de Segni Mossi, font de ces propositions des
activités très complexes et complètes alliant la conscience du corps, le
développement d’un riche vocabulaire corporel, le sens de l’espace et de
l’orientation, la motricité fine, le rythme, l’observation des autres, etc.
Voir : https://www.facebook.com/share/v/1A4FjC6vWq/
Les jeux traditionnels
Ils travaillent souvent plusieurs composantes en même temps.
· La cachette
C’est un jeu qui parait simple mais qui demande tout un apprentissage. Il demande par exemple de savoir si notre corps peut être contenu dans quelque chose ou être vraiment dissimulé dans un endroit. Il faut anticiper la distance et la vitesse du chercheur, les comparer avec la distance à parcourir et sa propre rapidité pour évaluer si on a des chances d’arriver au but sans être pris. L’enfant doit exercer son orientation spatiale (se rappeler où est le but par rapport à sa situation).
Voir L’article sur la cachette : https://jeulibrequebec.blogspot.com/p/la-cachette.html
· Les jeux de poursuites
Jeux de motricité globale par excellence, ces jeux développent aussi chez les enfants une multitude d’habiletés. Ils renforcent leur système cardiovasculaire et pulmonaire, leur donnent de l’endurance tout en leur faisant travailler l’anticipation des déplacements, évaluer leur vitesse et s’orienter dans l’espace. Sans oublier le langage (décider qui a la tague) et la résolution de problème dans les conflits («tu ne m’as pas touché!»)
Voir la vidéo sur les poursuites : https://youtu.be/mOrjnkkkiHs?si=MCJ7jMbDyzQVB-zE
· Les jeux de ballons (lancés ou frappés) amènent à évaluer les distances, à surveiller d’où vient le ballon et vers où le relancer (orientation spatiale) et adapter ses déplacements en conséquence ainsi que sa force et maîtrise sa motricité fine.
Exemple :
- Une balle ou un ballon suspendu va forcer l’enfant avec sa raquette, à anticiper la trajectoire dans l’espace et la vitesse du retour du projectile.
· Le jeu du foulard ou du petit cochon, est assez complexe au niveau l’orientation spatiale. Il demande de s’orienter dans l’espace : tourner dans le bons sens pour courir derrière et rattraper le collègue qui a déposé le foulard ou autre, retrouver sa place.
· La «chaise» musicale :
Disposer les chaises en rond dans l’espace demande de l’organisation spatiale, des notions spatiales et de l’orientation spatiale. Marcher, sautiller exercent la motricité globale.
Tourner dans le bon sens autour des chaises exige de l’orientation et des notions spatiales. Réagir rapidement à l’arrêt de la musique demande de l’attention et de l’inhibition, repérer les chaises disponibles exige de l’attention, de l’orientation spatiale, courir s’y asseoir, de la motricité globale. Si elle est collaborative c’est-à-dire qu’on enlève une chaise mais pas de joueur (pas de perdants) on augmente les occasions de contact.
· Le jeu de poches et toutes les formes de lancer font travailler la notion de direction du geste, l’évaluation de la distance et de la force à exercer, de relâcher l’objet au bon moment.
· Le jeu de pas de géants pas de souris travaille la notion de grandeurs, de distance et l’inhibition.
-
L’environnement
On peut faire de la psychomotricité en tout temps et partout : dans la cuisine (motricité fine), dans un local ou en classe dont on aura poussé les meubles (ensemble), dans une salle prévue à cet effet (salle de psychomotricité, de danse, au gymnase), dans un corridor, au parc, dans le quartier, en promenade. Idéalement, il faudrait une salle de psychomotricité dans chaque garderie et CPE
Qu’est-ce que votre environnement extérieur offre aux enfants comme variété d’activités motrices?
Les
randonnées en forêt sont d’excellentes occasions de motricité.
Mais même
dans une cour juste asphaltée, des jeux sont possibles.
Photo Peachtree
Le
matériel
Les
interactions des enfants avec les matériaux, les objets vont leur apporter des
informations et connaissances.
Quand on
sort du matériel, on va laisser les enfants d’abord découvrir ce qu’ils peuvent faire
avec, en exploration libre. Puis, selon ce que vous observerez, vous pourrez
proposer des variantes, d’autres utilisations et organisations.
On sait si
un matériel est pertinent, en observant ce que les enfants font avec, sans
l’intervention de l’adulte. S’ils l’abandonnent rapidement, par exemple, c’est
soit qu’ils ne le trouvent pas intéressant soit qu’ils ne savaient-il pas
comment s’en servir auquel cas nous proposerons certains usages possible.
Ce qui va se
passer dépend aussi du nombre d’objets. Les caractéristiques des objets vont
suggérer certains comportements.
Exemples :
Avec des cerceaux
-
Les enfants jouent
à deux avec un ballon et se lancent le ballon en lui faisant faire un rebond
dans le cerceau. (lancer, notion de distance, d’à l’intérieur donc de notion spatiale). Ils doivent diriger leur geste (contrôle moteur, direction donc orientation spatiale), ajuster leur geste
de réception à la hauteur du rebond et la vitesse du ballon
- Dans le cerceau
musical, quand la musique arrête on doit se retrouver dans les cerceaux (on
peut ajouter la consigne à deux, à trois, à quatre, etc., ajoutant aux
composantes psychomotrices (déplacements, perception visuelle et auditive, ainsi
l’aspect dénombrement et communautaire).
C’est
pratique d’avoir du matériel spécifique de psychomotricité ou d’éducation
physique mais souvent on peut se servir de matériel polyvalent, récupéré et
même en fabriquer et même impliquer les
enfants.
On peut par
exemple créer, avec les enfants (motricité fine), des cibles en carton. Des balles avec du
papier style journal et du «tape». Des bâtons en papier roulé également qui
deviennent des gourets pour pousser des balles ou des bâtons pour les frapper. Ou
peut aussi utiliser des rouleaux de papier d’emballage. Des boîtes à chaussures
et d’autres plus grandes dans lesquelles on peut s’asseoir (en plus grand
nombre que les enfants) peuvent être utilisées comme ils le veulent.
Des
demi-contenants (bouteilles) de savon liquide à linge peuvent devenir des raquettes
pour attraper des balles.
Vous n’avez
pas de filet, une simple corde habillée de rubans fera l’affaire.
De
simples bâtons espacés au sol, peuvent
servir d’obstacle pour favorise les sauts.
Des chaises peuvent servir pour faire des zig zag, être assis
et se passer le ballon au-dessus de la tête, ramper dessous, etc. En fait,
demandez aux enfants de trouver des utilisations possibles (à la cantonade,
chacun suggérant une idée, ou par équipe, les enfants explorant d’abord puis
démontrant à tout le groupe leurs trouvailles).
-
-
L’importance des autres
Regarder les
autres est une grande source d’inspiration pour les enfants. Ils acquièrent de
nouvelles informations, différentes façons de faire. Ils s’inspirent de ce
qu’ils font tout en apportant des variantes personnelles ce qui résulte en des
connaissances et des habiletés. Dans un groupe, chacun profite de l’expérience
de l’autre ce qui influence l’activité de l’ensemble.
On peut donc aussi parfois alterner les
spectateurs et les acteurs.
Le
rôle de L’adulte
Son premier
rôle est d’observer les enfants. L’observation des comportements spontanés des
enfants nous explique comment ils apprennent et ce qu’ils apprennent.
Il peut
même les filmer pour mieux y
revenir et noter comment ils bougent, ce qu’ils font avec les objets. Il va
pouvoir identifier leurs capacités et leurs besoins. Il doit pouvoir déduire
des actions des enfants, les composantes mises en jeu ou pas et planifier du
matériel et proposer des expériences adaptées. «Responsable de la qualité et de la diversité des moyens à mettre en œuvre» (2
A p.48), Il doit connaître et savoir inventer des moyens pour favoriser
le développement sensorimoteur des enfants et pouvoir les animer.
Il peut aussi proposer des problèmes
à résoudre par les enfants.
Exemples : :
-
Comment
déplacer un bloc sans utiliser les mains par exemple
-
Comment
faire des ponts avec leur corps d’abord seul puis à deux.
Il lui faut
réserver du temps pour l’expression motrice spontanée ainsi qu’orientée.
Et faire
attention qu’il n’y ait pas trop de temps d’attente : proposer deux ou
quatre lignes qui sont en action en même temps par exemple.
Il peut
aussi proposer des sorties qui vont inciter les enfants à bouger et enrichir
leur bagage e mouvements.
Il est
responsable de l’organisation matérielle, des situations proposées et de
l’aménagement d’un environnement adapté aux besoins sensorimoteurs des enfants.
Les
liens avec le programme
Toutes les composantes psychomotrices
ont une influence sur le développement de toute la personne.
Proposer des
activités motrices aux enfants, n’est pas «encore une autre chose à faire», mais
bien une façon de vivre le programme
pleinement, dans le plaisir de bouger. Car les composantes de la
psychomotricité sont en lien direct avec les compétences inscrites dans le
programme et non seulement celles concernant le domaine physique et moteur mais
tous les autres. Nous avons pu voir que par ces expériences l’enfant va :
-
Accroître
ses habiletés motrices
-
Construire sa connaissance de soi et acquérir
un sentiment de confiance
-
Développer
des relations positives avec les autres, une appartenance au groupe et des
habiletés sociales
-
Identifier
ses sensations et sentiments
-
Augmenter
ses fonctions exécutives (attention, mémoire, autorégulation)
-
Développer
du vocabulaire en rapport avec son corps, ses mouvements et son environnement
-
Acquérir
les habiletés lui permettant d’apprendre à lire et écrire
-
Acquérir
les bases nécessaires à la compréhension du raisonnement logique et des notions
mathématiques et des sciences physiques.
Elles ont aussi un impact les
apprentissages « scolaires». Lecture de gauche à droite, suivre une ligne des
yeux, reconnaître les formes des lettres, écrire en représentant et en plaçant
les lettres et les mots dans l’ordre, avec les espaces appropriés, sur une
ligne dépendent de la maîtrise de celles-ci.
Reconnaître les formes géométriques et les représenter, les différentes sortes de lignes, le concept de mesure, de nombre, de quantité, de symétrie, sont toutes des habiletés qui doivent d’abord être acquises par les activités motrices. Et les concepts de sciences aussi (vitesse, masse, direction pression, etc.).
Bref « le
recours aux expériences psychomotrices, forme la base de tous les
apprentissages »1p.8.
Conclusion :
L’enfant se
construit à travers les activités motrices et sensorielles.
Le
développement consiste en une série progressive de transformations qui se
produisent sous l’influence de la maturation et de l’expérience. Chaque expérience ne s’ajoute pas seulement aux précédentes, elle les modifie.
Ces
apprentissages vont dépendre des occasions qui sont fournies à l’enfant.
Malheureusement,
les enfants manquent d’activités physiques 4, p. 486»». Pourtant, «les données récentes
sur l’état de la santé mentale des enfants justifient de mettre l’accent sur un
contexte d’activités où l’enfant peut bouger librement (Marie Claude Cloutier) 2A, p.175»». «Se mouvoir dans l’espace, … c’est se rendre disponible à
être et à apprendre». «Comme l’enfant apprend plus
facilement par l’expérience vécue concrètement,
le jeu, les séances de psychomotricité… les aident à mieux gérer leurs
émotions et contribuent à les rendre plus disponibles pour effectuer les
apprentissages scolaires. Elles peuvent contribuer à la qualité de la présence,
de l’attention et de la concentration de l’enfant 2A, p.170. C’est une intervention éducative qui permet de réduire
progressivement l’importance des indices
comportementaux, notamment chez les enfants qui vivent de l’anxiété, qui ont
tendance à bouger et à être impulsifs ou lunatiques ou qui ont de la difficulté
à s’adapter à un milieu perçu comme insécurisant 2A, p.170».
Les temps de
psychomotricité sont des moments qui amènent à la connaissance de soi, celle du
monde physique autour de soi et celle des autres.
Elles devraient être sources de plaisir et pousser à l’action.
Mais l’éveil
sonore, les arts plastiques, la construction, les jeux symboliques contribuent
aussi au développement psychomoteur.
Toutes ces expériences initient les enfants à des notions, concepts et connaissances qui vont être stables, car construits dans l’action et intégrés dans le vécu
Mais une
heure par semaine d’éducation physique plus les récréations ne peuvent suffire
pour que les enfants aient le temps de développer tous ces aspects de la
psychomotricité. L’éducatrice et l’enseignante doivent donc planifier dans
l’environnement des possibilités de jeux libres psychomoteurs et aussi prévoir
à l’horaire des temps de jeu s’adressant
plus spécifiquement à certains éléments psychomoteurs.
À nous donc
de prioriser l’expression motrice des enfants, le plus souvent possible.
Toutes les
activités suggérées dans ce texte vont rendre les enfants plus agiles, plus
endurants. Elles vont aider à contrer l’obésité, augmenter leur capacité
pulmonaire et cardiovasculaire, améliorer leur coordination et leur force, les
rendant moins susceptibles de subir des blessures. Les enfants vont développer de la
dextérité, de la rapidité et des capacités nécessaires dans la vie de tous les
jours et dans leur parcours scolaire.
À vous de choisir celles qui vous plaisent et peuvent convenir à votre groupe ou à certains enfants.
Références
1. April J. et Charron A. (2013) : La psychomotricité au préscolaire, Des activités nécessaires pour soutenir le développement global de l’enfant, Chenelière .
2. Monzée J.
:
A. Soutenir le développement affectif de l’enfant, CARD, 2014 ;
B. J’ai juste besoin de votre attention : Aider l’enfant et l’adolescent aux
prises avec l’anxiété et le stress, Le dauphin blanc 2016;
C. J’ai juste besoin d’être compris : Comprendre les comportements
dérangeants chez l’enfant et l’adolescent Le Dauphin Blanc, 2014; .
D. Et si on les laissait vivre : Accompagner avec bienveillance les enfants et les adolescents. Le Dauphin Blanc, 2018.
3. House, R. (2011) Too Much too soon? Early learning and the erosion of childhood. Hawthorn Press, Early Learning Series.
4. Proulx C. (2015)l. Plaidoyer pour une enfance heureuse. Éditions du Cram
Notes
1. Les vidéos suggérées montrent des enfants un peu plus âgés, mais beaucoup des activités proposées peuvent s’appliquer aussi aux plus jeunes. À vous de choisir ce qui est adapté pour votre groupe. Certaines ont déjà été mentionnées dans l’article sur l’expression corporelle.
2. Certains passages du texte ont été repris du texte publié en sur les besoins des enfants. Et des photos ont été pris dans des textes précédents
3. Les âges donnés par rapport à certaines habiletés ne sont pas des absolus et ne doivent pas être utilisés comme un test mais à vous donner une idée.
Pour imprimer le document PDF:https://drive.google.com/file/d/1VnkATQcjl6zKfTk6vUve0NcsHpZJVUrB/view?usp=sharing
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