lundi 19 octobre 2020

Nos attentes peuvent nuire à l'enfant

Les conditions qui vont nuire au développement de l'enfant et de son cerveau
par Anne Mauffette

Deuxième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs





Il y a dans la vie des enfants d’aujourd’hui « trop d’attentes et pas assez de plaisir 6 p.59». « Nous obligeons constamment l’enfant à des tâches qui ne correspondent pas à sa maturité 6, p. p. 57 ».

Il faut prendre soin d’éviter de « lui demander de faire ce que son cerveau n’est pas encore capable de comprendre 4, p.211 ». « Il est possible que le fait de favoriser les apprentissages précoces démotive des enfants à long terme 6 p. 59 ».

On a « des attentes irréalisables par rapport à leur capacité de développement 6, p. 73 ». « Si on considère que les écoles ont des attentes de plus en plus élevées (plus tôt) …on conçoit que les écoles peuvent être de moins en moins adaptées à la réalité des enfants 6, p.212 ».

« Les enfants subissent trop d’attentes, encadrés dans un univers normalisé qui ne laisse pas suffisamment de temps au jeu libre et au jeu symbolique 6, p.448 ». « Lorsqu’un enfant « ressent » trop de pression ou qu’il a trop peur, il va trouver un moyen ou un autre pour déclencher une dispute (attirer négativement votre attention), se faire punir (votre attention) et se mettre à pleurer 2, p. 153 ».

  • On s'attend à ce qu'ils s’adaptent


Le changement social des vingt dernières années demande actuellement beaucoup d’adaptation, parfois trop pour l’enfant 2, p. 24 ». « On ne sait pas encore (assez) à quel point l’enfant peut être affecté par nos exigences d’adaptation 6, p. 19 ».

« L’accommodation que nous demandons actuellement aux enfants est importante et peut être impossible pour certains d’entre eux 6, p. 28 ». « Oui, l’enfant peut s’adapter, mais il a besoin d’appuis sur lesquels il peut se baser de manière à réduire ses peurs, voire sa détresse 2, p.25 ». Il faut « comprendre les comportements comme la manifestation de la meilleure stratégie possible (de l’enfant) pour s’adapter à un environnement qui répond au mieux, mais de manière incomplète, voire piteusement, aux besoins des enfants…sur le plan de développement physique et psychique 2, p. 25 ».

« En précipitant certains apprentissages, on force l’adaptation à un moment où l’enfant n’est pas encore prêt » 2, p.124 ». Comment pouvons-nous faciliter l’adaptation des enfants et limiter ou éliminer certains facteurs de stress dans la classe, dans l’école?

  • On s'attend à ce qu'ils soient raisonnables, se raisonnent

    « Demander à un enfant d’« être raisonnable » c’est oublier que son cerveau est encore dominé par le cerveau émotionnel ou archaïque. En effet, « le cortex préfrontal et les circuits cérébraux qui nous permettent de nous « raisonner » n’ont pas encore atteint la maturité nécessaire. C’est seulement à partir de 5-6 ans que cette faculté de «raisonner» commence à poindre chez les enfants ayant reçu une éducation chaleureuse, bienveillante de la part d’adultes qui montrent l’exemple 4, p126 ».

    « Il faut près de neuf ans pour que l’enfant atteigne son âge de raison, une petite douzaine d’années pour qu’il puisse commencer à prendre un peu de distance sur son vécu… 3, p. 52 - 4, p126 ». ».

  • On s'attend à ce qu'ils réussissent


  • « Le but de l’école n’est pas que l’enfant « réussisse à tout prix », ait des bonnes notes, mais de lui donner le goût, l’envie d’apprendre, de connaître, de comprendre, de réfléchir, d’échanger, de questionner, d’entreprendre 4, p. 173 ».


    « L’enfant aimé pour ses notes, sa réussite scolaire, ses performances diverses ne sait plus qui il est ». Il faut « apprendre à l’enfant à ne pas vivre sa vie en termes d’échec ou de réussite, mais à être en accord avec lui-même… et le monde qui l’entoure. On doit rappeler à l’enfant que la qualité d’un être humain ne se mesure pas à l’aune de son physique, de ses réussites scolaires, sportives ou autres, mais de la connaissance et du développement de ses propres ressources, ce qui le met en harmonie avec lui-même sans en tirer une quelconque idée de supériorité ou d’infériorité qui l’amèneraient à entretenir des rapports de domination ou victimisation avec les autres 4, p.167 ».

    « Les efforts qu’il manifeste seront soutenus, encouragés, car ils correspondent à ce qu’il est à ce moment-là. Les échecs, les déceptions seront considérés comme normaux faisant partie intégrante de la vie et une occasion formidable d’apprentissage. 4, p 167 ».

  • On s'attend à ce qu'ils rapportent de bonnes notes

    « Les notes ont « des effets négatifs aussi bien sur celui qui a de mauvaises notes que pour celui qui en a des bonnes 4, p. 173 ». « Elles sont source de stress ». « Le stress aliène l’hippocampe, lieu de la mémoire et des apprentissages 4, p.177».

    « Ne pas mettre de notes, ne pas comparer les élèves, leurs résultats, n’empêchent pas du tout la transmission des savoirs 4, p.173, 180 ». « Les devoirs ne devraient pas exister au primaire. Ils sont source de conflits inutiles à la maison » « Les devoirs sont dommageables pour l’enfant, le mettent sous pression inutilement et le privent d’un temps précieux de jeu 5, p. 260 ».

  • On croit au bien fondé des récompenses, des compliments, des systèmes de conditionnement, des punitions, menaces, du chantage, etc.



    « Que transmettons-nous aux enfants en les punissant, les récompensant? Qu’apprennent-ils avec cette attitude »? « Les récompenses ne rendent pas (l’enfant) autonome, c’est-à-dire responsable de ces actes, mais dépendant de la récompense qu’il compte obtenir. Les menaces comme les punitions sont un rapport de force, une pression exercée sur l’autre. L’enfant obéira, mais uniquement pour éviter la punition contenue dans la menace sans autre réflexion4, p. 155 ».

    « On pense bien faire, leur donner confiance en eux en leur faisant des compliments, par exemple : « Comme tu es intelligent ». « Ce sont des jugements, des étiquettes qui enferment les enfants dans un rôle qu’ils ne peuvent pas tenir. Ils peuvent les rendre…anxieux. Si une personne ne peut s’aimer que lorsqu’on la complimente, elle est devenue dépendante des compliments ». Par contre « quand l’adulte encourage les efforts, les initiatives concrètes, l’enfant comprend ce que cela signifie, il se sent valorisé par ce qu’il a fait. Il se sent fier et heureux4, p. 163 ».

    « Punir l’enfant…est nuisible et provoque chez lui la crainte de l’adulte et non son respect. L’enfant pourra se soumettre par peur de l’adulte, mais n’aura pas intégré les règles éthiques 5, p. 185-86 ».

  • On stigmatise les erreurs

    Il est néfaste de stigmatiser les erreurs. L’erreur est obligatoire lors de tout apprentissage. Il faut juste comprendre pourquoi l’enfant s’est trompé 4 p.73 ».


  • Suite: 5 autres conditions qui peuvent nuire à l'enfant

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