lundi 19 octobre 2020

Réactions au stress

Les conditions qui vont nuire au développement de l'enfant et de son cerveau
par Anne Mauffette

Deuxième partie de Les droits et les besoins de l'enfant et son développement à la maternelle, au CPE, à la maison et ailleurs

« L’enfant…ne dispose pas encore suffisamment de ressources du cortex préfrontal pour inhiber des réactions pourtant totalement naturelles en situation de stress ».
« Les poils se dressent, la peau devient rouge. Il y a un serrement de gorge, le cœur bat plus vite, la respiration s’accélère et ils tombent en hyper vigilance. Leur regard part à gauche ou à droite à la recherche d’un ancrage rassurant. Un parent, un prof, un ami, un toutou. Si l’inconfort physique et l’impression de menace se poursuivent, ils finissent par se désorganiser.

Les comportements dérangeants signalent, en fait, qu’ils ressentent un malaise, un mal-être. Et qu’ils ont besoin d’être rassurés, vus, entendus, reconnus 1p. 23 ». « Nos interventions peuvent être porteuses de réassurance ou de stress 2, p151 ».

Voici quelques-unes de ces réactions au stress :

  • Les comportements dérangeants

    Les comportements dérangeants reflètent une demande, un défi, ou une requête d’aide auprès des adultes responsables et bienveillants 2, p. 31 3 ». « (Ils) traduisent (…) un déséquilibre en termes de développement affectif 2, p. 167 ». « (Ce) sont des réactions maladroites face à la pression exercée par l’entourage familial et scolaire à se conformer à une norme plutôt que d’être accueillis et encouragés à développer leurs talents 1, p.31».

    Elles seront nécessaires tant et aussi longtemps qu’on ne répond pas à leurs vrais besoins en termes de développement affectif 2, p. 167 ». Il faut chercher à « comprendre le sens caché des comportements dérangeants des enfants, car ceux-ci communiquent comme ils peuvent 2, p. 14 ».

    « Les adultes partent du principe que l’enfant va s’adapter à tout 1 p. 15 ». « Mais il manifeste ses difficultés tant affectives et cognitives par des comportements dérangeants. Il dérange par sa maladresse quand quelque chose ne va pas, quand le malaise s’installe et pire quand le mal être devient tellement envahissant qu’il n’a plus de mots pour l’exprimer. La réponse qu’on lui fournit, c’est d’analyser de plus en plus ses « déficits ». On fait usage de tests psychométriques qui isolent l’enfant du contexte dans lequel il grandit 1, p. 15 ». On prescrit des médicaments pour « forcer la normalisation des comportements sans pour autant remettre en cause les principes, les valeurs et la cohérence des interventions éducatives ». « On se centre sur la performance scolaire sans questionner l’ensemble 1, p.16». « On néglige souvent les besoins de l’enfant dérangeant en matière de développement global 1, p. 17 ». « La compréhension de ces phénomènes encourage la mise en place d’une intervention structurante basée sur la qualité de présence et l’attention bienveillante, plutôt que la sanction des comportements dérangeants 2, p.175».

    « Et quand un comportement dérangeant émerge, chez un élève ou toute une classe, n’est-ce pas simplement un indice d’un déséquilibre plus ou moins intense auquel il est nécessaire de faire face avant de reprendre l’exploration intellectuelle du monde? (Monzée) ». Dans le jeu par exemple, « l’enfant apprend à mieux maîtriser le déclenchement des comportements réactifs 2, p. 327 ».

  • Les « crises» et les colères
  • « Il y a plusieurs formes de crises chez l’enfant : l’enfant vit trop d’émotions, l’enfant est angoissé, l’enfant a besoin de s’affirmer, quitte à s’opposer, l’enfant exprime un caprice… « D’ailleurs un caprice cache souvent un besoin ». « Souvent il y a des petits comportements qui annoncent la crise : des soupirs, des grognements, des coups de pied au sol, des bras croisés sur le thorax, des poings fermés, des périodes de bouderie et surtout durant la petite enfance, des gestes agressifs envers ses jeux ou des lancers d’objets 3, p. 88 ». « La « crise de bacon » illustre ce qu’il ressent dedans.

    Au départ, il n’a aucune envie de nous manipuler! Il n’a pas les ressources cognitives nécessaires à deux ni à quatre ni à six ans d’ailleurs pour nous manipuler! Il vit une fragmentation 3, p. 85 ».

    « Il appartient à l’adulte de décoder les signes corporels et d’identifier le besoin de l’enfant 3, p.88 ».
    « L’enfant ne peut pas se calmer seul. Quand il est laissé seul face à ses émotions de tristesse colère, peur, son amygdale active la sécrétion de molécules de stress, du cortisol, de l’adrénaline qui en quantité importante peuvent être très toxiques pour son cerveau et tout son organisme 4, p 212 ».

    « L’adulte n’oubliera pas que l’enfant a davantage de réactions émotionnelles exacerbées quand il n’a pas eu le loisir de laisser libre cours à son énergie. L’enfant a un immense besoin d’exprimer sa vitalité, de jouer avec d’autres enfants, dehors, dans un espace suffisant. Il sera alors plus calme et fera moins de colère 4, p.131 ».

  • Les réactions face à l’autoritarisme et obéissance

    « Quand l’adulte exige que l’enfant obéisse immédiatement, l’enfant résiste 4, p.140». « Plus l’enfant est confronté à de l’autoritarisme, à des exigences, plus il résiste- parfois il se soumet, il rumine, ressent une grande colère 4, p. 150 ». « L’obéissance n’apprend pas l’autonomie, à être responsable de ses actes, mais au contraire favorise la soumission 4, p.143 ». « Si les adultes sont dans l’autoritarisme à la maison, à l’école, si quotidiennement pleuvent des reproches, des ordres, des punitions, des cris, des humiliations… l’enfant est alors confronté au stress, le cortisol est élevé, le sympathique en pleine activité et la sécrétion des molécules bienfaisantes bloquées 5. p. 222 ».

  • L’agressivité

    « Quand l’entourage comprend l’enfant, sait l’apaiser, les épisodes impulsifs (taper, etc.) diminuent pour se raréfier vers 6-7-ans. C’est donc l’adulte par son attitude calme, tendre et empathique qui permet à l’enfant de ne plus être agressif 4, p. 128 ».

  • Le retrait

    Certains enfants réagissent autrement face à un excès de stress. Certains vont « partir dans la lune » pour se sentir plus en sécurité. Il ne s’agit pas d’un déficit d’attention. « L’enfant distrait parce qu’il est désintéressé, stressé, démotivé (ne peut pas s’enfuir) et utilise des comportements d’immobilisation (sous réactivité) et se dissocie tant du vécu affectif que des sensations somatiques qu’il induit 2, p.161». Si ces attitudes et comportements sont moins dérangeants pour l’adulte, ils témoignent tout autant d’un mal être qui peut passer presque inaperçu.

  • Le NON de l’enfant


    Photo © Danielle Jasmin
Le refus de l’enfant est souvent vécu comme une opposition à l’adulte. Mais avant d’y voir de la mauvaise volonté ou un trouble, on pourrait examiner les causes de cette négation.

Peut-être que l’activité proposée, en fait obligée, réveille chez l’enfant des expériences difficiles, engravées dans la mémoire, inconscientes ou conscientes. Peut-être l’enfant a-t-il peur d’échouer, car il se sent incapable face à la demande et ne veut pas perdre la face? Peut-être n’a-t-il pas bien compris ce qu’on attend de lui? Peut-être a-t-il peur d’être jugé, peut-être n’a-t-il pas confiance dans les commentaires de l’adulte ou des pairs.

Cette résistance lui cause certainement beaucoup de stress. Peut-on lui permettre de choisir ou lui proposer des solutions de remplacement mieux adaptées?

  • L’enfant Roi

    « L’enfant roi est…très souvent le résultat d’adultes qui se sentent dépassés, et démissionnent, baissent les bras. L’enfant les fatigue. Ils le laissent faire par facilité. L’enfant laissé à lui-même …devient anxieux, souvent agressif. »

    « Les parents…oscillent entre le laisser-faire et la violence verbale et physique. » « Ces enfants rois ne sont donc pas « gâtés », mais au contraire, souvent humiliés, maltraités dans l’intimité de la famille.»

    « Il arrive aussi que des adultes gâtent leurs enfants, cèdent à leurs désirs…par culpabilité, pour compenser un manque de présence affective 4, p. 134 ».



  • Suite: Nos attentes peuvent nuire aux enfants

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