jeudi 1 octobre 2020

NOTRE SYSTÈME ÉDUCATIF: BASÉ SUR LES RUPTURES

NOTRE SYSTÈME D’ÉDUCATION : BASÉ SUR LES RUPTURES

par Anne Gillain Mauffette


Avons-nous pensé au nombre de séparations que nous imposons à nos enfants, juste dans leur enfance ? 



Il y a d’abord la séparation avec la famille pour aller en CPE.  Une fois acclimaté à une nouvelle personne signifiante, l’enfant  va l’année d’après être changé de groupe où il sera sous la responsabilité d’une nouvelle éducatrice. Il va ainsi devoir, chaque année, s’attacher à une autre personne puis la quitter. Et c’est sans compter, les absences donc les remplaçantes, les congés préventifs qui font que l’éducatrice ne vient même pas dire au revoir aux enfants, les congés de maternité, etc., qui font apparaître et disparaître les personnes centrales de leur vie.

Il en va de même à l’école. Chaque année, on a une nouvelle enseignante dont on va devoir deviner, comprendre les modes de fonctionnement et s’adapter à ses manières de faire. Les enseignantes aussi doivent réapprendre à connaître chaque enfant. Que d’informations précieuses perdues! Quel temps perdu en chaque début d’année.


Les enfants ont besoin de stabilité, de continuité dans les relations. 


On ne leur offre que des changements fréquents. Pour certains enfants ayant noué des relations insécurisées avec un ou l’autre parent, c’est l’enseignante qui peut devenir leur ancrage. Mais encore faut-il que l’enfant ne se sente pas abandonné en cours de route.

De plus, on ne se contente pas de changer d’enseignantes : les groupes classes sont aussi remaniés sans égard aux amitiés des enfants. Pourtant, si les enfants se connaissent mieux, ils se sentent davantage en sécurité et apprennent mieux. Le niveau de coopération est plus élevé.

En agissant de la sorte, nous nions les besoins affectifs des enfants. En fait, l’école n’est pas faite en fonction des réalités des enfants. On a arbitrairement fondé notre système d’éducation sur les ruptures, la perte, le chagrin.

On s’étonnera ensuite de voir des enfants avoir des difficultés relationnelles 

Pourrions- nous penser à une école où les enseignants suivraient les enfants pendant deux, trois ans, pour un cycle? Cela ne serait-il pas plus facile pour tout le monde ? Le lien adulte-enfants et entre enfants et la clé de la motivation et du goût de l’école.                                                                                                      
La profondeur des relations avec les familles serait amplifiée : il faut du temps pour que la confiance s’installe.

Cela devrait  être possible. Des écoles préscolaires en Italie à Reggio Emilia le font. Je connais plusieurs enseignantes qui l’ont fait avec bonheur et d’autres qui ont voulu le faire mais se sont vues refuser cette chance. Car c’est une chance de pouvoir avoir le temps de voir progresser et s’épanouir les enfants sans les perdre de vue si rapidement.  Je connais aussi des enseignantes de maternelle qui craignent pour certains de leurs enfants plus délicats et qui aimeraient continuer de les accompagner un peu encore dans leur parcours. Pourquoi n’est-ce pas plus  facile, plus fréquent?

J’entends déjà des objections : «mais si l’enfant n’aime pas son enseignante» «et si le groupe est  «difficile», «mais je devrai connaître le programme du niveau suivant» « et il y a la convention collective » et, et, et.

Et pourtant il y a tout à gagner à essayer. Vous m’en donnerez des nouvelles si vous osez ou le pouvez.



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