mardi 23 juin 2020

Le développement exécutif par le jeu : Le jeu, lieu de naissance de l’identité individuelle

Cerveau, mémoire, imaginaire
Document préparé par Richard Robillard et Brigitte Fortin

Sixième partie

  • Le jeu : lieu de naissance de l’identité individuelle
    • Le jeu est le lieu de naissance de l’identité individuelle, c’est la façon dont se développe psychologiquement le soi. (Winnicott, 1971)
    • Jouer, ce n’est pas mettre de l’information dans la tête de l’enfant, mais plutôt faire sortir les idées de l’enfant : ses souhaits, ses aspirations, ses préférences, ses désirs et ses rêves.
    • Le jeu favorise le développement d’un être distinct, viable alors qu’il explore les intérêts de l’enfant, ses désirs et ses objectifs. Il détourne l’enfant de sa dépendance aux adultes et ouvre la porte au désir d’aller plus loin, de découvrir et de comprendre ses expériences. Le jeu, c’est là où cet esprit sous- jacent de la croissance se révèle. En bref, le jeu, c’est l’acte d’autocréation.
    • C’est pourquoi il importe autant que ce jeu soit caractérisé par la liberté, le plaisir et l’exploration.
    • MacNamara, 2017


    Il y a trois caractéristiques essentielles au jeu afin qu’il puisse amener l’enfant à développer son identité.
    1. Ce n’est pas du travail : quand les enfants jouent, ils sont concentrés, engagés et ont du plaisir à expérimenter. Lorsqu’on les pousse à obtenir des résultats, cela devient du travail et l’enfant n’est pas fait pour le travail.
    2. Ce n’est pas la réalité : Le jeu est sensé se produire hors des réalités quotidiennes. Il est sensé être libre de risques et de conséquences pour que l’enfant n’ait pas à se concentrer sur un résultat précis.
    3. Il est expressif et exploratoire : par le jeu, l’enfant met la main sur le volant qui dirige sa propre vie et il en devient un agent actif en explorant et en découvrant. Il devrait donc initier ses jeux au lieu de suivre ceux qu’on lui propose.
    MacNamara, 2017
    • Les enfants ont besoin de découvrir leur propre histoire dans le jeu plutôt que d’être envahis par les histoires des autres.
    • Le jeu est essentiel au fonctionnement humain sain pendant toute la vie, mais d’une importance critique pour le développement dans la petite enfance car c’est là que le soi s’exprime, là où prennent place la croissance et le développement et là où la santé psychologique et le bien- être sont préservés.
    • Quand les enfants jouent, leur cerveau est sculpté par leurs interactions avec leur environnement. (Brown et Vaughen, 2009)
    • Lorsque les neurones se déclenchent ensemble, ils forment des chemins plus solides parce que le cerveau fonctionne sur un système de type « utilise-les ou perds-les » (Brown et Vaughen, 2009)
    • Les parties du cerveau tant motrice que perceptuelle, cognitive, sociale, émotionnelle s’intègrent ou s’allument lorsque l’enfant joue. Des réseaux systémiques complexes se construisent et deviennent la base pour la résolution de problèmes utilisée à l’école et dans la vie adulte.
    • Lorsque les enfants jouent, ils s’engagent dans des essais et erreurs et forment ainsi de nouvelles relations entre les objets ( Perry and al., 2000). La pensée critique, le langage, la communication, l’autoexpression et les habiletés cognitives se développent tous à travers le jeu.
    • Comme les enfants touchent et explorent les objets avec leurs mains, ils sont capables d’attacher des idées abstraites dans un monde concret (Perry et al., 2000) Les déficiences de développement cognitif, langagier, émotionnel et physique ont toutes été liées à un déficit de jeu.
    • Le jeu est aussi l’endroit où l’enfant a le plus de chance d’exprimer sa créativité. Mais on ne peut enseigner à un enfant à être créatif et curieux. Cela se cultive en jouant, là où un sentiment de responsabilité et de pouvoir se forge dans un environnement sans conséquence.


    • Le jeu préserve la santé psychologique et le bien-être
    • Dans le jeu, le cerveau d’un jeune enfant travaille à libérer son contenu émotionnel et à le comprendre. Cela est utile pour équilibrer le système émotionnel qui est régulièrement mélangé au long de la journée. Cela sert aussi à comprendre son univers intérieur en le rendant visible. Le jeu permet à l’enfant de transformer ce qu’il ne comprend pas en quelque chose de maniable (Frost, 2009)
    • Selon Panksepp (2009), jouer préserve le fonctionnement émotif chez toutes les espèces de mammifères et aide à réduire le stress et l’ennui tout en cultivant la résilience. Certains experts ont lié la déficience du jeu avec l’anxiété, les problèmes d’attention et la dépression.
    • Bien que le jeu semble léger, il aborde des thèmes sous-jacents qui sont sérieux.
    • MacNamara, 2017


    Stratégies pour promouvoir les conditions idéales pour faire place au jeu:
    1. Rassasier leur appétit pour la proximité et les contacts: le temps de jeu doit être précédé par des rapprochements.
    2. Créer des vides à remplir: donner à l’enfant l’espace et le temps nécessaire tout en le laissant maître du jeu.
    3. Créer de la structure, des rituels et des routines pour protéger lejeu: il s’agit de rituels qui structurent la journée comme choisir le moment où les amis sont présents, limiter l’utilisation d’écrans, équilibrer le jeu avec des activités structurées, des responsabilités, etc.
    4. Ne pas tenter d’encourager le jeu par l’éloge ou la récompense: cela enlève la fierté de l’enfant devant ses propres accomplissements.


    Suite : Conclusion, réflexions et références

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