mardi 23 juin 2020

Le développement exécutif par le jeu : L’importance du jeu pour le développement

Cerveau, mémoire, imaginaire
Document préparé par Richard Robillard et Brigitte Fortin

Troisième partie

Le jeu est l’un des moyens les plus efficaces pour permettre aux enfants d’acquérir les connaissances et les compétences essentielles.
UNICEF


  • L’un des objectifs principaux de l’UNICEF est de permettre l’accès à l’éducation préscolaire au plus de filles et de garçons possible dans le monde, car c’est ce qui prépare le mieux les enfants à l’éducation primaire qui suivra. Cependant, pour que cette éducation préscolaire soit efficace, il faut absolument que les acteurs du milieu tiennent compte de l’importance du jeu dans le développement de l’enfant.
  • L’UNICEF en partenariat avec la fondation Lego, a donc publié « Apprendre par le jeu », afin de donner des pistes aux décideurs et intervenants de l’éducation pour intégrer le jeu dans le curriculum, et ce, jusqu’à au moins 8 ans.
    UNICEF. (2018). Apprendre par le jeu. New York: UNICEF. P.6
    (cliquez pour agrandir)
  • Partout dans le monde, les éducateurs sont en train de repenser la manière d’enseigner aux jeunes enfants afin de mettre à profit leur énorme potentiel d’apprentissage. Comme le jeu est le moyen privilégié d’apprendre, il importe de créer des environnements qui favorisent sa mise en place. Ces environnements doivent également permettre la découverte et l’apprentissage pratique, car c’est ce type d’univers au cœur des programmes d’éducation préscolaire qui en assure le succès.
  • Le jeu peut parfois sembler difficile à cerner, mais les chercheurs et théoriciens s’entendent sur les principaux éléments qui caractérisent les expériences ludiques : le jeu doit donner aux enfants la capacité d’agir sur leur expérience et la maîtriser (initiatives, choix), il doit leur donner un pouvoir d’action, permettre d’y jouer un rôle actif en faisant confiance à leurs capacités à se montrer autonomes et acteurs de leur parcours ludique d’apprentissage.
  • UNICEF, 2018


Le jeu, essentiel pour le développement de l’enfant
En jouant, les enfants apprennent à :
  • Élaborer un projet et le mener à bien (« Je veux dessiner ma famille, qui vais-je mettre dans mon dessin ? »);
  • Tirer des enseignements de leurs essais et de leurs erreurs, en faisant appel à leur imagination et à leurs capacités à résoudre des problèmes (« Ma tour s’est écroulée! Peut-être qu’un ami pourrait m’aider à la reconstruire. »)
  • Mettre en pratique les concepts liés aux quantités, aux sciences et au mouvement dans la vie réelle (« J’aime bien ces grosses graines. Combien m’en faut-il pour couvrir cette partie de mon image? »);
  • Raisonner de manière logique et analytique en agissant sur les objets (« Il manque encore des pièces dans ce puzzle. Lesquelles pourraient convenir? »);
  • Communiquer avec leurs camarades de classe et composer avec des points de vue différents (« Je veux faire la maman. Peux-tu faire le bébé? Ou peut-être la grand-mère? »);
  • Retirer une satisfaction de leurs propres accomplissements (« Nous avons réussi ensemble! »);
  • Développer leur créativité et explorer leur sens esthétique et artistique (« Je me demande ce qui se passera si je mélange ces deux couleurs. »).
  • UNICEF, 2018


  • Le jeu permet d’encourager l’acquisition de compétences dans tous les domaines, y compris sur les plans cognitif, social et émotionnel. Lorsque les coins jeux et ateliers sont aménagés dans une perspective ludique, ils sont plus efficaces que toute autre activité. En choisissant de jouer avec ce qu’il aime, l’enfant renforce ses capacités dans tous les domaines du développement : intellectuel, social, émotionnel et physique.
  • Gleave et Cole-Hamilton, 2012


    Voici des exemples de ce que l’enfant apprend en jouant :
  • Expérimenter de nouvelles compétences sociales (partager les jouets, se mettre d’accord...)
  • Réaliser des tâches cognitives complexes (imaginer une construction avec les petits blocs lorsqu’il n’y a plus de grands blocs)
  • Manipuler les objets réels pour comprendre des concepts abstraits(en collant deux triangles, ils peuvent découvrir que cela fait un carré)
  • Répéter des mouvements de danse pour intégrer les rudiments des mathématiques
  • Faire des jeux symboliques pour exprimer ses idées, ses pensées, ses sentiments, maîtriser ses émotions, interagir avec les autres, résoudre les conflits et développer un sentiment de compétence.
  • Le jeu met en place les fondements qui contribueront à l’acquisition des connaissances et des compétences essentielles dans les domaines social et émotionnel. Grâce au jeu, les enfants apprennent à tisser des liens avec les autres, à partager, négocier, défendre leurs droits. Le jeu est un outil naturel que les enfants peuvent utiliser pour renforcer leurs capacités de résilience et d’adaptation, car ils apprennent à nouer des relations, à gérer les difficultés sociales et à surmonter leurs craintes, en se mettant par exemple dans la peau d’un héros imaginaire.
  • Le jeu satisfait le besoin humain de laisser exprimer son imagination, sa curiosité et sa créativité, qui constituent des ressources essentielles dans un monde fondé sur le savoir. Ces qualités permettent de faire face, d’éprouver du plaisir et d’utiliser nos capacités d’imagination et d’innovation. En effet, les aptitudes fondamentales acquises par le jeu sont des composantes indispensables aux compétences du XXIe siècle.
  • UNICEF, 2018



  • UNICEF. (2018).
    Apprendre par le jeu. New York: UNICEF. P.11


    À travers les jeux, l’enfant apprend le monde, son environnement, se l’approprie et tente de l’intérioriser.
  • En jouant avec sa poupée, il apprivoise le quotidien, s’entraîne aux routines journalières.
  • En jouant avec les autres, il apprend à se connaître et à connaître autrui. Il découvre les autres, apprend à les sentir et à comprendre leurs réactions.
  • Se dépenser physiquement libère ses pulsions motrices. S’il ne peut exprimer sa vitalité en jouant, il peut alors devenir agité, anxieux.
  • Grâce au jeu, l’enfant comprend qu’il existe des règles qu’il faut suivre, il apprend à perdre sans s’effrondrer, à rebondir, persévérer.
  • Certains jeux font découvrir la coopération, la créativité, la curiosité, l’imagination, l’envie de construire. L’enfant est en contact avec ses sens à travers les sciences, les arts, la musique, le sport, la physique, la chimie, etc.
  • Guéguen, 2014


  • Jouer dans la nature
  • Jouer dehors procure un sentiment de liberté. La nature offre aussi une source d’émerveillement inépuisable : les animaux, la végétation, le ciel, les étoiles, la campagne, la forêt, la montagne, la mer, les saisons, les minéraux, etc. Il reste à l’adulte à médiatiser ces découvertes de façon ludique. Son goût pour la beauté, pour sentir, contempler, comprendre, apprendre est alors stimulé pour la vie entière. (Guéguen, 2014)
  • L’émerveillement stimule la découverte et la créativité chez l’enfant. Les enfants sont naturellement enclins à acquérir des connaissances et à leur donner un sens personnel, notamment en assimilant la nouveauté à ce qu’ils savent déjà. En ce sens, le rôle de l’adulte devrait en être un de guide et de facilitateur. Le degré de structure tout au long de la petite enfance doit demeurer minimal et servir à favoriser l’invention et la découverte à travers le geste spontané, le jeu. (L’Écuyer, 2019)


  • D’un point de vue neuronal...
  • Jaak Pankseep est un spécialiste des circuits cérébraux du jeu. Selon lui, les circuits sous-corticaux qui incitent les enfants à se taquiner et se bagarrer ont un rôle vital dans la croissance neurale. Le jeu et le plaisir de jouer favorisent la croissance des circuits de l’amygdale et du cortex préfrontal. Ainsi, on peut observer une augmentation du BDNF (brain derivec neurotrophic factor) dans les régions du lobe frontal qui jouent un rôle dans les comportements émotionnels. Le jeu favorise la croissance neuronale et synaptique et la consolidation de certaines voies neurales.
  • Les jeux de contact ont un effet antianxiogène chez les jeunes de toutes les espèces mammifères. Cela stimula la sécrétion d’endorphines qui amène le bien-être et diminue l’anxiété.
  • Pankseep, 1998


  • « Le jeu est le travail des enfants : il développe les compétences cognitives, améliore le langage et les techniques de résolution de problèmes ainsi que d’autres fonctions exécutives telles que la planification, la prédiction, l’anticipation des conséquences et l’adaptation à l’inattendu.
  • En somme, tout ce qui fait le Cerveau du Oui!
  • Le jeu favorise aussi l’intégration.
  • Les enfants accroissent leurs compétences sociales, relationnelles et même rhétoriques lorsqu’ils jouent et qu’ils doivent se montrer diplomates, définir les règles explicites et implicites propres à tel jeu ou à tel groupe de joueurs.
  • Il leur faut trouver comment entrer dans la partie et négocier avec les autres quand ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent.
  • Ils apprennent à se montrer de bonne foi, flexibles, à jouer chacun à son tour avec un certain sens moral.
  • Ils sont également confrontés à des questions d’empathie, pour ajuster leur réaction envers ceux qui ne peuvent pas participer. » (p. 87)
  • « Le jeu améliore non seulement la sociabilité, mais favorise aussi un cerveau équilibré sur le plan psychologique et émotionnel.
  • Il permet aux enfants de s’entraîner à toutes sortes de compétences, comme gérer la déception, se concentrer et donner du sens au monde.
  • C’est l’occasion pour eux d’essayer divers rôles, de surmonter leurs peurs et leur sentiment d’impuissance.
  • Leur équilibre émotionnel et leur résilience s’accroissent, ainsi que leur tolérance à la frustration en cas de contrariété.
  • Et l’on obtient tout cela simplement en les laissant jouer ! » (p. 88)
  • Siegel et Payne-Bryson, 2019


  • Plusieurs études démontrent que chez les animaux, le jeu est régulateur des relations sociales : apprentissage de la vie en groupe, respect de la hiérarchie et de toutes les règles définies par l’espèce comme essentielles pour sa survie et son développement.
  • Le jeu par imitation notamment, donne au jeune animal la possibilité d’apprendre ce qui lui sera utile devenu adulte. L’imitation sert à apprendre, mais, au-delà de son utilité actuelle et future, tout simplement à prendre du plaisir. Cette dimension ludique est un petit bonus, celui d’acquérir dans de bonnes conditions des compétences qui seront un jour utiles, voire indispensables.
  • Huerre, 2007




Suite : Obstacles à l’intégration du jeu dans les systèmes scolaires

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